Bon, ça va encore en faire criser certains, et d'autres vont me dire qu'en cette période de grève où aucune série (ou presque) n'est plus guère diffusée, il faut savoir savourer le moindre met, aussi indélicat soit-il ; mais l'un dans l'autre, je préfère ne pas faire dans l'artifice et par conséquent, je le dis d'emblée : je n'ai pas aimé. Encore ? Oui encore et oui, comme toujours. Et non, ça ne me fait pas plaisir de dire que Prison Break, c'est de la daube ambiante parce que oui, ça l'est, et parce que je ne fais que restituer ma part de vérité face à un constat qui est, depuis longtemps - trop longtemps - le même : la série se meure et rien ni personne dans le lointain horizon ne semble pouvoir freiner cette marche funèbre. Pourtant, et pourtant... il y avait vraiment de quoi bien faire mais non, ce ne sera pas le cas parce que oui, la recette est encore et toujours la même, celle d'un refrain qui, comme la métaphore à trois francs six sous l'indique, n'est que trop répétitif et donc, par suite, trop lisse et trop terne, sans relief et sans réel fait surprenant ou renversant. Pareil, tout pareil qu'avant. Faut dire qu'avant, c'était déjà pas bien alors pourquoi devraient-ils changer de chaussure puisque celle-ci était déjà à leurs pieds ? Quand on sait faire du mauvais, y'a pas ! Faut rester dans le mauvais ; c'est, je crois, une loi tacite du monde séristique.
Je viens de regarder le dernier épisode en date, épisode perdu dans une période qui, sans concurrents notables (hormis Moonlight ou Gossip Girl, ovnis du petit écran actuel), aurait pu me convaincre d'aimer à nouveau, d'apprécier à nouveau une série qui m'avait jadis procuré un certain plaisir, extase à un divertissement enfin divertissant. Eh bien, niet. Que nenni de tout ça, restons dans le médiocre (voyons !). Quelle idée d'avoir cru en Prison Break... Quelle idée...
Seulement, j'y ai cru, et j'y ai cru parce qu'objectivement, on pouvait y croire. Pardon ? Tu as dis ? ----- J'ai dit que oui, on pouvait y croire. Le fait de voir Scofield être confronté à une menace qui dépassait son entendement, qui l'acculait dans une position inconfortable (joli euphémisme), ou qui - enfin ! - le faisait perdre pied, était une chose qui m'était inattendue et qui a par ce biais suscité mon attention et mon envie de connaitre la suite du récit (fait suffisamment rare pour le souligner). Et les scénaristes sont encore allés plus loin, et les scénaristes ont enfin su pousser le bouchon encore plus loin. Et les scénaristes firent tout déballer à Scofield, trahissant pour la première fois. Et pour la première fois, je me suis écrié, perdu dans mes pensées : Ah enfin ! Enfin un peu de cohérence dans ce monde incohérent au possible ! Car en effet, il apparaissait clairement et notoirement que le bel homme tatoué n'avait pas d'autre choix que de se vendre, que de coopérer pour espérer une chance, aussi infime soit-elle, de salut. Et les scénaristes sont encore allés plus loin et les scénaristes ont osé encore un peu plus. Car les scénaristes firent même avouer Whistler. Car les scénaristes firent même venir Morgan, car les toujours mêmes scénaristes firent même avouer la Morgan en question. Ce fut alors le summum. Aussi me suis-je dit : Et si on avait retrouvé Prison Break ? Question idiote qui a amené une réponse tout aussi idiote et ce, de manière quasi spontanée et à une vitesse incroyable ! Vous vous êtiez sûrement dit que Sydney Bristow, héroïne d'Alias - série par ailleurs plaisante et accrocheuse - était trop invraisemblable dans ses évasions sidérantes ? Mais c'était avant d'avoir vu Morgan en action ça ! Parce que du style Mission Impossible qui devient possible, elle a fait fort la tigresse. Attachée et devant des hommes, censés être des pros surentrainés, fallait le faire quand même... D'autant qu'elle avait un couteau la miss... Mais (et pardonnez-moi du terme) ils sont cons ou quoi à Sona ? Fallait y penser hein ? Allez les gars, elle est sympa notre nouvelle prisonnière donc on va gentiment lui laisser son couteau pour qu'elle puisse nous zigouiller ensuite ! Mais bon, après tout, seule la choré' compte. Du spectacle en veux-tu, en voilà ! Crédibilité zéro ? Parfait, la crédibilité, c'est comme le chômage : plus c'est bas, mieux c'est. En parlant de crédibilité tiens. Croyez-vous plausible qu'un général, seaux de la prison terrible nommée Sona, puisse venir délivrer un otage, détenu par une organisation capable d'envisager et de mettre en place l'évasion de prisonniers de cette forteresse imprenable, armé seulement de deux ou trois amuses-gueule hilarants à défaut d'être efficaces dans leur boulot ? Et le comité d'accueil ? Le général, il est bien mignon mais faut dire qu'il est tout de même naïf non ? Ah ! que j'aime Prison Break. Tant d'encre virtuel versée à écrire sur une oeuvre qui n'a d'oeuvre que de nom. Mais encore, je n'ai pas parlé du pseudo conflit entre Burrows et Sucre... Sincèrement, on n'y croit pas deux traitres secondes... mais bon, ils sont tellement doués aussi ! Et puis, Bellick et son combat, super. Mais euh... ça sert à quoi à part nous donner un peu de Fight Club pour nous faire patienter ? Et puis, Mahone est revenu, cool. Mais euh... et sinon ? (Encore que, le seul personnage un tant soit peu touchant demeure bien Mahone... je vais ainsi m'abstenir de tout commentaire à son sujet.) Et puis, et puis... Et puis, c'est lassant. Et puis, c'est toujours la même rengaine. Et puis, voilà, c'est Prison Break.
Et pourtant... Comme je l'ai déjà dit, et pourtant... y'avait forcément mieux à faire. Parce qu'ici on a l'impression d'avoir affaire à un épisode bouche-trou (comme tous les épisodes depuis la première saison). Parce qu'ici toute l'action engendrée par les trois quarts de l'épisode n'ont au final que servi à s'enliser toujours plus dans les profondeurs de l'éternel retour. Parce qu'ici, on revient sans cesse au point de départ. Parce qu'ici Scofield passe toujours par la case Prison, quel que soit son lancer de dés, aussi beau soit-il. Parce qu'ici enfin, c'est le train-train quotidien : à chaque cliff, on répond par un épisode qui n'a que fort peu d'utilité, parce que voilà, c'est comme ça et je vais bien, tout va bien, je suis gai, tout me plait. Cycle sans fin d'un supplice toujours renouvelé. A présent, il ne manque plus qu'une chose pour parfaire ce tableau idyllique : que Sara nous revienne d'entre les morts... Pas crédible ? Mais on s'en fout de ça ! Et d'ailleurs, ce n'est pas si pas crédible que ça - nous diraient les fabuleux scénaristes - car attendez ! on n'a jamais eu la vraie confirmation que Sara était bel et bien décédée... Ben ouais, la tête reçue par Burrows est une chose mais il n'est que chose facile de créer en deux temps trois mouvements un clone... Et surtout, surtout... le pauvre LJ avait fermé les yeux lors de la décapitation de la chérie de Scofield ! Ben ouais, pas bête hein ? Toutefois, j'en doute... Ben ouais, c'est bien connu, même en grève, les scénaristes de Prison Break font des merveilles... Ben ouais !
Au fait, et si le no man's land vécu par le père Scofield était un clin d'oeil au futur no man's land que nous réserve la suite des évènements ? Et si cela présageait d'un no man's land des téléspectateurs envers la série ? Pas crédible, certes... mais ce qui n'est pas crédible a sacrément du succés en ce moment alors...
Edit pour Leto : J'avoue que j'exagère... mais disons que c'était justement une touche de mauvaise foi qui témoignait de ma frustration de toujours voir en Prison Break une entité déplaisante de mon point de vue. Mais ça, c'est plus un secret je pense...
Dernière édition par EnOd le Sam 12 Juil 2008 16:23, édité 5 fois.
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