Prologue : Où on y découvre les affres d’un rendez-vous programmé
La journée du 14 juin a commencé pour moi à 8h30, heure de mon réveil. Après m’être préparé, j’ai pris la direction de la gare pour prendre mon train. Le voyage s’est globalement bien passé jusqu’à ce que je m’endorme comme une masse, avant de me faire réveiller par un sms de Liloo suivi d’un appel de Leto.
Flashback
Vous vous demandez sans doute pourquoi le sommeil a pu aussi facilement me vaincre alors même que je m’apprêtais à rencontrer les énergumènes qui peuplent ces verts jardins bleus ? Eh bien, la réponse est plutôt simple, et pour pouvoir évoquer celle-ci, il faut remonter le temps d’un jour c’est-à-dire jusqu’à la veille. Durant la nuit de vendredi à samedi, j’ai en effet difficilement trouvé l’arche de Morphée du fait de l’appréhension que je pouvais avoir avant une telle échéance. N’allez pas croire non plus que je subis une quelconque phobie sociale mais je ne peux nier que j’étais franchement impressionné à l’idée de m’entretenir de vive voix avec tout ce beau monde…
Fin du flashback
Diling, diling, diling !! (C’est une imitation de la sonnerie de mon super potable.) Je me permets de reprendre le cours de mon récit sur l’appel de Leto. Ainsi, étant donné que je venais de me réveiller, j’ai eu un réflexe plutôt étrange qui m’a fait appuyer sur le bouton de droite au lieu de celui de gauche. Conséquence : j’ai raccroché avant même de pouvoir répondre. Alors en effet, je l’ai rappelé. Courte conversation pendant laquelle Leto m’a appris qu’il avait fait l’effort de venir me chercher Gare de l’Est pour être sûr que je ne me perde pas bêtement dans les souterrains de la capitale. A la descente du train, je repère presque immédiatement un jeune homme aux cheveux légèrement bouclés, portant un chapeau de cow-boy sur la tête ainsi qu’un mini-Totoro dans la main. Aucun doute ne pouvait plus être permis : voici donc le fameux Leto ! Comme j’ai pu le dire précédemment, j’ai d’abord été impressionné… jusqu’à ce que Leto me fasse remarquer qu’il était presque aussi grand que moi ! Etape suivante : le métro. Le trajet s’est passé relativement calmement, sans trop de péripéties incongrues, sans trop de dangers superflus. Nous avons tranquillement discuté du forum, des études (surtout du bac qui approche), de Liloo et du nec plus ultra, des fruits et des légumes, en un mot comme en cent : de tout. Contrairement à Zazie (dans le métro), je n’ai jamais beaucoup aimé ce mode de transport et je n’ai donc pas été fâché de voir ce court voyage arriver à son terme.
Chapitre 1 : Où on y découvre le parc, les gens et les oiseaux
Leto et moi-même sommes probablement arrivés devant la claire fontaine vers les 14h30. Là-bas, j’ai fait la connaissance du p’tit Ryûk (haut d’à peine 3m40), de Shaolan, de ShikaDh et de Liloo, laquelle portait une superbe grenouille dont la taille était tout bonnement remarquable. Rapide présentation. Puis, tout à coup et sans crier gare, Leto s’est mis à courir comme un fou ! Objectif Bullzor, si je puis dire. N’importe comment, le rideau avait déjà commencé à se dérober sous nos yeux : l’heure des confrontations avait sonné. L’heure des comptes aussi, parce que de l’aveu de Leto, Bullzor lui rapportait via des MPs récurrents tous les secrets qui pouvaient égayer ma psychologie torturée. Aussi, m’étais-je intérieurement promis de réprimander mon ennemi juré dès lors que je le verrai. Mais fidèle à mes habitudes, ne tenant jamais mes résolutions, je me suis simplement contenté de serrer la main de celui qui me balançait de manière si régulière qu’on pourrait jurer assister à un opéra seria. D’un regard timide, j’ai pu voir également à quoi ressemblaient ange bleu, Robin K, Dark Sol, Spitfire (dont le pseudo aura été, à l’instar de ramthlp, pas mal controversé) et… ramthlp justement.
Pour reprendre la formulation de mon cher maître à qui je suis entièrement dévoué (sauf tous les jours et toutes les nuits) : présentation, installation, Mah-Jong. Le Mah-Jong est un jeu intéressant. Je me suis remémoré brièvement mes dix ans, âge auquel j’ai appris les règles de ce jeu. Hélas, je me suis rappelé que… j’avais presque tout oublié… Résigné, je me suis décidé à soutenir moralement Leto pendant que celui-ci disposait ses pièces tel un stratège fort de l’enseignement de Sun Tzu, préparé à l’art de la guerre. Je lui ai dit gentiment que je croyais en lui et… en sa défaite. Et puisqu’un deuxième groupe dont les unités ont été listées plus haut par mes confrères s’est décidé à entamer une partie de Mah-Jong de leur côté, quatre d’entre nous (el-d-brokeur, ramthlp, Ryûk et moi-même) se sont mis en tête de faire un Elixir.
Chapitre 2 : Où on y découvre l’existence d’un maître venu d’Erbaf qui ne sait pas dessiner un mouton
el-d-brokeur et Ryûk se sont évertués à expliquer les règles d’Elixir dans le but que tout soit bien clair avant de débuter le massacre. Honnêtement, ils s’y sont plutôt bien pris parce que j’avais alors pratiquement compris que… y’avait pas mal de choses que je n’avais pas encore comprises. Qu’importe, on va commencer. Et les zones d’ombre seront éclaircies au fil de la partie. Peu après, j’ai découvert qu’il y avait des gages à exécuter, d’autres à lancer, qu’il y avait des cartes à piocher et d’autres à défausser, et tout ça dans le seul objectif commun de pourrir les autres pour gagner soi-même ! Un éclair a dès lors jailli dans mon esprit : Elixir est un jeu qui allait assurément me plaire ! Mais mon bonheur tacite a malheureusement été de très courte durée puisqu’entre deux discussions pour apprendre à se connaitre mutuellement, Ryûk s’est amusé à me lancer un sort assez contraignant : à partir de dorénavant, je devais donc me plier à un protocole assez avilissant qui m’obligeait à l’appeler « maître » et à le vouvoyer, et ce, à chaque fois que je devais lui adresser la parole. Aussi incroyable que ça puisse paraitre, ce gage ne m’a pas trop affecté, tant au niveau de mon comportement qu’au niveau de mon jeu car, si les médecins doivent respecter le Serment d’Hippocrate, je n’ai eu aucun mal à me plier, quant à moi, au Serment d’Hypocrite. Enfin bref, petit à petit, on a pris véritablement goût à torturer nos adversaires respectifs et c’est, par conséquent, assez logiquement que Ryûk s’est vu dans l’obligation d’ajouter un « saperlipopette » à chacune de ses prises de parole, qu’el-d-brokeur a dû rester debout durant cinq longues minutes, que ramthlp a calqué sa personnalité sur celle de Gollum ou encore que j’aie été forcé de finir mes phrases avec des rimes en « poil au »… Mais toujours est-il que même confronté à un énième gage qui m’a réduit au silence total, contre toutes attentes, j’ai réussi à abattre mon dernier sort pour rafler la mise ! (Une confession cependant : je dois avouer avoir eu une certaine chance, celle propre aux débutants.)
Chapitre 3 : Où on y découvre l’allégresse d’une discussion générale
C’est le moment qu’a choisi Liloo pour avoir une envie irrépressible de la friandise préférée de Chopper, envie rapidement partagée par quelques autres dont Robin K ou Ryûk. C’est aussi le moment qu’a choisi Demon Slash pour montrer le bout de son nez. Autant vous le dire de but en blanc, j’ai été très troublé par la capacité volumique de certains des membres de ce forum à transporter sept énormes barbes à papa alors qu’il n’étaient que trois fois deux bras. Il y a pire bien évidemment, mais n’empêche que la performance était loin d’être si anodine qu’il n’y parait en surface. Quoiqu’il en soit, pendant que les excités du sucre se sont absentés pour combler leur plus profond désir collectif, ceux qui sont restés sur place ont alors incisé la baudruche de plusieurs conversations croisées et donc générales. Si Ryûk est une brute concernant ses manga (il fallait voir comment il a essayé de dégommer la face de Leto avec ses The World is Mine), il n’a pas vraiment répondu à l’une de mes questions existentielles : d’où pouvait bien lui venir sa propension quasi-divine à lire autant de séries sans posséder une collection effective beaucoup plus élargie que la mienne ?
Pour étouffer mon offuscation, je me suis concentré sur l’équipe de France de foot, où, après avoir écouté les arguments de chacun, on est arrivés à une conclusion évidente s’il en est : elle va très mal et Malouda y est pour quelque chose. Déviant sur le GT, ShikaDh a en effet été le seul à soutenir que Sena méritait de l’emporter contre Nicky, tandis que Bullzor a tenté de me charrier sur la défaite précoce de Yûko, me rappelant au passage que j’avais perdu du temps à taper une défense pour du beurre. Ce à quoi je lui ai rétorqué qu’au fond, ça m’avait sans doute fait moins de peine que lui en avait eue pour l’éviction d’Asuka parce qu’alors, l’espoir était présent à ses yeux. Il est étonnant de constater que l’être humain est toujours d’autant plus déçu d’un contrecoup quand l’espoir lui est permis que si, depuis le début, seule une tragédie grecque le gouvernait, attendant son heure pour annihiler les contours d’un futur heureux. Ma mémoire commence à flancher. C’est pourquoi je vous prie de bien vouloir m’excuser pour les omissions que j’ai pu commettre dans cette partie précise de mon rapport de mission. Et les autres sont revenus de leur odyssée, à la recherche du Graal sucré. Ils ont commencé à se goinfrer. La journée allait basculer.
Chapitre 4 : Où on y découvre de nouvelles blagues Carambar et un dealer de drogues complètement bourré
On le sentait dans l’air depuis un moment déjà, et rien ne semblait plus pouvoir arrêter la marche inexorable d’un temps qui s’égrenait tout doucement. Révolution d’une harmonie de groupe, c’est là, à cet instant précis de la rotation de notre chère planète bleue que Bullzor et ramthlp ont choisi de nous quitter. On était en pleine (nouvelle) partie d’un Elixir forcément plus monstrueux par la présence d’un contingent de nouveaux joueurs inédits. Haineux, ne pouvant réprimer sa nature finalement très animale et hostile, Zozor a décidé de dire bye-bye à tout le monde avant de le faire avec Leto et moi-même. Et pour l’occasion, il a même poussé le vice dans les derniers retranchements de son habitat en me faisant l’honneur de me saluer en tout dernier lieu. Et, se donnant un style bon chic bon genre, il a cru bon de me bousiller la main tout ça parce que je lui avais un peu plus tôt lancé une très amicale vanne quant à ses points drainés à MKWii. Comble du comble, il n’a pas réussi à assouvir ses desseins, avouant qu’il n’avait pas de force. A vrai dire, j’ai sincèrement été étonné qu’il n’ait pas réussi à torturer ma main droite, sachant que moi-même, je n’ai aucune force. Rétrospectivement, je me demande si Zozor n’a pas fait preuve à ce moment-là d’une certaine pitié à mon égard… Si c’est le cas, je veux lui dire que je m’en moque, car de mon point de vue, il s’agira quand même d’une superbe victoire !
Une fois le plus régulier votant du GT disparu du parc de la Villette, on a pu continuer notre Elixir, tranquillement, sous un soleil en déclin, sous un vent en devenir. J’ai parfois déconnecté mon unité centrale du jeu, saisissant, par exemple, trois ans plus tard que si Liloo venait de faire deux tours à cloche-pied, c’était parce qu’elle venait de se prendre un gage contre elle. Mais il faut faire état de compréhension envers moi : j’étais perturbé, cherchant furtivement les toilettes publiques du regard. (Eclipse narrative de la pause pipi.) Lorsque je suis revenu après quinze mois d’absence principalement due à mon merveilleux sens de l’orientation toute naturelle, la partie était bouclée, certains avaient plié bagages (comme el-d-brokeur), et Nator et SSof étaient arrivés à leur tour. Faisant toujours des siennes, il a alors vite fallu contenter un caprice (un autre) de mamzelle Liloo, qui voulait absolument passer un coup de fil à seleniel. ange bleu dira d’ailleurs à ce sujet que seleniel venait de l’appeler pour lui dire qu’il n’appellerait pas (!) Mais cet argument (que j’ai trouvé d’une efficacité redoutable) n’a pas empêché Liloo de forcer Nator à effectivement contacter le nouveau père de famille.
Après quoi, on est tous passés, par petits groupes, à autre chose. Conversations pour les uns, Awalé pour les autres. S’il était dit que le p’tit Ryûk aurait une chance insolente à ce nouveau divertissement (de mauvaise foi, moi ? allons donc !), mettant en particulier Shao KO (jeu de mots, youpi !) somme toute rapidement, j’allais, me concernant, me prendre une méchante rouste face à Leto. En dix minutes, au cours d’un bref débat autour de la valeur réelle d’Es21, ce dernier m’a infligé trois cuisantes défaites. Mais le vent qui se levait depuis quelques instants, apportant un froid encore inconnu jusque-là, augurait le tournant que j’espérais. Ainsi, déconcerté (même si on l’était tous) par Mr D., un dealer renommé de drogues à effets psychotropes, Leto a enfin daigné lâcher du leste pour m’offrir ma première victoire contre lui ! J’exultais. Et Nator racontait des blagues Carambar, qu’elle jugeait (et c’est un fait) lamentables. Soit dit en passant, c’est au détour de cet épisode qu’on a, chacun à sa manière, pris conscience du pourquoi de la nullité évidente d’Elie Semoun.
Epilogue : Où on y découvre la fin d’un songe à l’est d’Eden
L’horloge interne tournait. L’horloge externe indiquait qu’il était temps de tout remballer. Le p’tit Ryûk avait son train à prendre, tout comme moi. Bien que je ne l’aie pas expressément précisé dans mon compte-rendu, le groupe s’était encore vu réduire en nombre, départ de ShikaDh comme exemple à l’appui. Dans les dédales d’un soleil dont le reflet s’amenuisait de seconde en seconde, on a opté pour l’option suivante : prendre un verre Gare de l’Est. C’est que les gens ont eu, et je les en remercie, une petite pensée pour Ryûk et moi-même, car le premier devait rallier la Gare du Nord et le second, en l’occurrence EnOd, devait, lui, attendre son train à l’est d’Eden. Malheureusement, « les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas ». C’est de cette façon qu’on a pris le métro. Leto m’a avancé mon ticket parce que je n’avais plus que 45 centimes en poche (merci Leto !), on s’est gentiment moqué de la ville dans laquelle je faisais mes études parce que j’étais troublé par l’affluence de Paris, j’ai même appris que des personnes pouvaient monter dans le métro à l’arrêt d’une station ! Et c’est à l’arrêt d’une autre station que Ryûk nous a quitté, il ne voulait pas laisser filer la ligne 5. On s’est ensuite dirigés vers la sortie pour retrouver la lumière d’un jour en partance. Installation dans un bar à proximité de la gare. J’ai retiré de l’argent. On a bu un coup. On a fait un rapide résumé de la journée. Derniers échanges.
Assis à la place 24 qui m’avait été assignée lors de l’achat de mon billet, je me suis dis que j’avais passé une excellente journée, en compagnie de très charmantes personnes, intéressantes, gentilles et accueillantes. Et je me suis à nouveau endormi.
xoxo
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