Ce que je trouve intéressant, c'est qu'on a deux lectures en parallèle, presque en concurrence, de la réforme proposée par Azami.
On a bien sûr la lecture négative, celle qui va soutenir l'action du manga et qui est révélée par les propos d'Azami face au Conseil d'Administration (?): un monde clivé entre ceux qui inventent et ceux qui reproduisent, entre les savants et les exécutants, bref, ce qui est dit clairement, un schéma classique d'utopie basculant en dystopie. Avec donc le schème des castes, celui de l'uniformisation, celui de l'ordre absolu, etc.
Mais il y a aussi la lecture positive, celle qu'Azami vend aux étudiants, et qui n'est pas dénuée de sens des points de vue pédagogique et politique. La critique de l'ancien système est somme toute légitime et ce que le manga nous en a montré, avec un énorme angle mort il est vrai, n'est pas forcément reluisant. Totsuki, telle qu'on la perçoit, c'est une école où l'élitisme est poussé au maximum, où la compétition torpille toute idée de progrès ou de maturation. C'est un lieu où il faut à tout prix viser l'excellence si on veut survivre, et pour cela mieux vaut se spécialiser à outrance, qu'un lieu où l'on apprend à faire la cuisine. Un lieu où les clubs, association et séminaires sont si importants qu'on a l'impression que les élèves ne vont tout simplement pas en cours. Ça, c'est l'angle mort: on ne connaît rien ou presque des cours "normaux" suivis par les élèves, mais l'impression reste qu'en fait les élèves sont livrés à eux-mêmes, doivent se prendre en charge pour progresser, chacun de son côté.
C'est un peu le degré zéro de la pédagogie, reconnaissons-le. Là, on a un programme, un cadre et une volonté de formation de ceux qui ne sont pas des génies et qui aspirent simplement à devenir de bon cuisiniers. Et la présentation d'un idéal dans le sens de l'instauration d'une identité propre à cette école en termes de goûts et d'excellence. Ce qui correspond à la plupart des écoles, de disciplines "artistiques" ou autre, soit dit en passant (on reconnaît où a été formé tel étudiant, à telles compétences ou telles inclinaisons). Ce n'est pas choquant a priori et il faut tout l'étalage d'une idéologique sous-jacente "mauvaise" pour tourner cela en menace. D'ailleurs, la grosse erreur, c'est bien la suppression des clubs et autres: il aurait suffi de les recadrer, d'en redéfinir le périmètre et de remettre en priorité les cours principaux pour que ça semble assez équilibré.
Et politiquement, Totsuki ancien régime, c'est le modèle libéral dans toute sa pureté, quant le modèle d'Azami est clairement du côté du modèle productiviste, d'où les caractérisations positive et négative attribuées dans le manga aux deux modèles.
Sinon, heureusement que la réforme est passée après le Festival, sinon, côté stands, ça aurait été un peu la misère pour accueillir le public...
Le final nous annonce un duel autour du Polar Dorm (là aussi, je ne vois pas bien la logique de dégager une pension, mais bon, il faut du drama...) entre Soma et notre n°8. Ça pose plusieurs questions/problèmes: - Le n°7, du Polar Dorm, ne semble pas pouvoir s'opposer à cela mais conserve son statut: bizarre. - Dans ce nouveau régime, a-t-on encore le droit de tout régler à coup de shokugeki? - Comment les Elite Ten sont-ils désignés si ce sont eux qui doivent créer mais qu'il n'y a plus de lieux de création (ou alors il y a des tournois ponctuels pour solutionner cela)? Les meilleurs faiseurs (via les notes), deviennent les nouveaux créateurs? Mais comment répartir les sièges entre les différentes années alors? - le n°8 a été caractérisé comme pragmatique et manipulateur, pas comme inventeur: a-t-il encore sa place dans les Elite Ten? - Soma ne peut pas rentrer dans le cercle des Elite Ten dans ce cadre particulier du scénario: peut-il dès lors affronter le n°8, et le vaincre? La solution serait qu'il l'emporte mais refuse le siège, ne reconnaissant pas la nouvelle institution. - Mimisaka, disciple du n°8, a rallié Soma. Comment va-t-il se positionner? D'autant que sa situation est paradoxale: c'est le maître de la reproduction, mais en rien un créatif (critère déterminant pour les Sièges dans le nouveau régime, non?). - À l'inverse, Soma, clairement aux antipodes du projet en tant qu'élève, correspondrait pourtant parfaitement au statut d'un Siège de l'Elite Ten puisque lui est créatif, non?
Sinon, tout cela ne va-t-il pas finir en shokugeki entre Azami et le père de Soma?
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