Chapitre 8 : Duo, complot, piano (flash back, partie 2)
A l’auberge du « poney fringuant », se trouvait une petite table en bois dans un des recoins de la pièce, caché par un trophée de chasse représentant une tête de cerf. Habituellement inoccupée, cette place discrète de l’auberge était ce jour là l’endroit que deux hommes avaient jugé idéal pour s’installer. Leurs chopes à la main, Closter et Nadar discutaient allègrement, sans se soucier du vacarme provoqué par les autres clients. Après leur rencontre, quelques minutes auparavant, les deux jeunes garçon avaient rapidement sympathisé et Nadar avait décidé d’accompagner le voleur jusqu’à l’auberge. Au cours de la conversation, Closter interrogea son nouvel ami :
-En fait, qui étaient ces quatre personnes tout à l’heure ?! Pourquoi en avaient elles après toi ?!
-A vrai dire, je n’ai aucune idée de l’identité de mes agresseurs, je ne sais qu’une seule chose : ils en ont après moi car Arzelle a décidé de m’épouser. -Arzelle ? Qui est-ce ?
-La fille aînée de Jwarl, un Korr très riche qui s’est installé à Frenkor depuis peu.
-Ah, et c’est une question d’héritage ?
-Oui, je pense que je gêne un ou plusieurs puissants seigneurs qui veulent épouser la fille du Korr, et ainsi récupérer sa fortune.
-Ah ah ah ! Tu es chanceux ! En contrepartie, c’est toi qui devient riche !
-Non, moi, je ne l’aime pas, c’est bien ça le problème, je n’ai absolument pas envie de me marier avec elle.
-Ah, ça change tout. Que comptes tu faire alors ?
-Je ne sais pas, pour l’instant rien. Comme tu l’as vu, je me débrouille plutôt bien avec mon épée et j’arrive facilement à repousser mes agresseurs.
-D’accord, pour le moment, mais après ?!
-J’hésite à engager un tueur pour assassiner Arzelle.
-…
-Oui, c’est vrai que c’est un peu radical, mais je n’ai rien trouvé d’autre. Je ne sais vraiment pas quoi faire.
-Je comprend…
-Attend, j’ai peut être une idée, mais j’aurais besoin de toi.
-Euh, moi je veux bien, mais j’aurai besoin de d’un salaire…
-Aucun souci, ne t’inquiète pas pour ça, écoute : j’ai entendu dire que toutes les servantes qui travaillaient pour le Korr ont été renvoyées par son fils qui se plaignait de leur incompétence. Tu pourrais t’infiltrer dans le château en tant que remplaçant. Ensuite tu espionnes Arzelle pour essayer de savoir quels sont ses prétendants, une fois que je connais leurs noms, je n’ai plus qu’à m’occuper d’eux ! Oui, ça peut marcher ! Tu n’es pas connu ici, personne ne te soupçonnera d’être un espion !
-Oui, pourquoi pas. Et, je serai payé combien ?
-15 dragons d’or, ça te semble suffisant ?
-Marché conclu, lui répondit Closter, heureux d’avoir trouvé un emploi.
Il reprirent alors leur conversation. Pendant plusieurs heures encore, il parlèrent avec entrain, puis Nadar annonça :
-Il est trop tard pour que je retourne chez moi, je vais passer la nuit à l’auberge. Je devrai partir tôt demain matin, on risque de ne pas se revoir. Je passerai donc te retrouver dans deux jours, sous un saule pleureur, près du donjon de la forteresse du Korr. Je te laisse pour la même raison, j’ai besoin de sommeil.
-Pas de problème, j’irai m’engager chez Arzelle demain.
Nadar se leva et se dirigea vers l’accueil. Le voleur fit un signe de main au jeune homme, et regarda autours de lui. Les clients étaient déjà tous partis, et ne restait que ceux qui avait emprunté une chambre. Malgré l’heure tardive, le pianiste continuait de jouer. Closter s’aperçut alors que ce dernier le fixait, mais lorsque le regard du petit homme croisa celui du voleur, il tourna immédiatement la tête vers le clavier de son instrument.
Le jeune garçon s’étira, et quitta la table pour se rendre aux toilettes. Il dépassa le piano, traversa la taverne, et arriva devant la pièce. Alors qu’il s’apprêtai à entrer, un panneau retint son attention. Il était marqué : « interdit au grand public ». La porte sur laquelle était accroché la pancarte était entrouverte et laissait voir un grand couloir. Closter s’y engagea et découvrit un passage au fond de la pièce.
Il regarda l’entrée avec curiosité et s’arrêta devant celle ci. Il jeta un coup d’œil autour de lui et tendit l’oreille, suspicieux. Personne. Il appuya délicatement sur la poignée, et grimaça lorsque la porte émit un horrible grincement. Une fois l’accès ouvert, il s’immobilisa de nouveau pour vérifier si le bruit avait attiré quelqu’un, puis, une fois rassuré, il commença son ascension dans les escaliers. Le bois dont les marches étaient faites était si vieux qu’à chaque pas qu’effectuait le jeune homme, un craquement sourd se faisait entendre. Il ne songea même pas à s’aider de la rambarde tant celle ci était en mauvais état. En effet, elle était parcourue d’une grande fissure et avait commencé à se décoller du mur. Enfin, il arriva en haut. Un autre couloir s’étendait sur plusieurs metres et permettait d’accéder à une pièce qui couvrait une petite partie seulement de l’étage. L’obscurité avait imprégné la pièce car la seule fenêtre présente était recouverte d’un grand rideau mauve qui empêchait la luminosité de s’installer dans le couloir. Closter s’avança vers l’énorme porte de la mystérieuse pièce, le cœur serré par l’excitation que lui procurait cette escapade interdite.
Soudain, sans pouvoir l’expliquer, il fut prit de panique et stoppa tout mouvement. Quelque chose n’allait pas. Suivant son intuition, il se retourna pour faire demi tour, et sursauta en voyant quelqu’un aux pieds des escaliers. C’était le pianiste. Il lui lança un regard noir derrière ses grosses lunettes et le jeune homme commença à se sentir mal. Depuis que l’homme à la blouse bleue avait arrêté de jouer, le calme régnait dans tout l’auberge. Sans bouger, ce dernier articula d’une voix seche et agressive :
-Excusez moi monsieur, cette partie de l’établissement est interdite au public.
Un sueur froide dégoulina sur le front de Closter, le petit homme dégageait quelque chose de malsain. Il descendit en vitesse et passa devant le pianiste qui attendait, immobile. Il s’excusa maladroitement et retourna s’assoir à sa table.
Pendant son absence, un homme s’était installé sur la table, et sirotait une boisson alcoolisée. En voyant arriver le jeune garçon, l’homme se leva et prit la parole :
-Ah ! Je ne savais si cette table était occupée ou pas et je me suis permis de m’installer, cela ne vous dérange pas ?
Closter dévisagea l’homme. Il était très vieux, mais surtout, il lui rappelait quelqu’un. Son visage s’éclaira soudain, c’était le vieillard qu’il avait rencontré plus tôt dans la journée, et qui lui avait indiqué l’endroit où se situait le marché. Apparemment, le petit homme l’avait également reconnu, car il se mit à sourire et se rassit sans même attendre de réponse de la part de Closter. Le jeune homme prit alors la parole :
-Quelle coïncidence de se retrouver ici ! Vous habitez Frenkor ?
-Oui, j’ai une petite propriété qui me sert également de bureau de travail. Je suis magicien je m’appelle Holt,
-Closter, répondit le garçon.
Le vieil homme tendit une carte au jeune homme en lui disant :
-Voici mon adresse, si un jour vous avez besoin de mon aide. Je dirige également depuis peu un réseau d’assassin, qui accepteront de travailler pour vous, à condition que vous ayez de quoi les payer.
-Je vous remercie. A vrai dire, il se peut que je sois intéressé par une potion.
Closter lui raconta ainsi sa rencontre avec Nadar, et toute son histoire. Le magicien acquiesça d’un mouvement de tête, le sourire aux lèvres. Il proposa au garçon :
-Très bien, je sais ce qu’il vous faut. Dites à votre ami de passer me voir, je lui donnerai ce qu’il cherche.
Sur ce, l’homme à la canne se leva et salua le voleur :
-Je vais vous laisser, enchanté de vous avoir rencontré, monsieur Closter.
-Moi de même, bonne soirée.
Le voleur soupira. Bien que sa rencontre avec Holt lui avait réellement fait plaisir, il avait passé une longue journée et la fatigue commençait à se faire sentir. Il sortit un crayon de sa poche et griffonna un message sur le dos de la carte, pour avertir son ami de l’accord qu’il venait de passer avec Holt. Puis il interpella un serveur et régla l’addition. Il se rendit ensuite à l’accueil, où il put prendre une chambre pour la nuit, et en profita pour demander à l’employé le numéro de chambre de Nadar.
Il monta donc à l’étage, par l’escalier public cette fois, et remarqua la propreté des lieux. Cela n’avait rien à voir avec l’autre entrée qu’il avait emprunté quelques minutes auparavant. Il rechercha la chambre du jeune homme, et y glissa la carte sous la porte. Il fit ensuite quelques pas qui lui permirent de trouver sa propre chambre, où il passa la nuit.
Commentaire de l'auteur : Le flash back se termine avec ce chapitre, on y a retrouvé Closter qui ne sort pas de l'auberge. On reviendra donc au "présent" avec le prochain chap. Et pour finir : désolé pour le retard, je sais, on n'est pas lundi ^^.
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