Je sens que je vais m'y installer confortablement, au fond de ce petit Cabinet d'Ecriture *ricane* Hem, hem. Permettez-moi de vous présentez ce one-shot qui se veut faisant partie du genre de la Science Fiction. Il s'agissait à la base d'un petit délire sadique sans le moindre souci de réalisme, qui à peu peu à peu pris de la profondeur (*mais pas trop non plus, il aurait pu atteindre le... * EUN-YO!* *Quoi?* *Ferme-là* *D'accord.*) L'ambiance y est assez particulière; futuriste, sombre, violente. Je ne peux nier quelques apparentées avec un Barjavel ou un Scott Westerfeld. Pour les âmes sensibles: petit passage gore et autres sous entendu sanglants, ainsi que quelques vulgarités.
Le synopsis, ridicule, pourrait se résumer ainsi: " Comment une virée dans un parc d'attraction, en 2172, peut virer au cauchemar aussi rapidement que vos rêves douillets et facile; comment, en ce futur, les choses peuvent-elles dériver de leurs rails immuables pour franchir la frontière." OUI, c'est tout.
J'ai scruté mon texte, mais malgré ma vigilance extrême et toujours renouvelées, quelques fautes de frappes ont pu subsister, je m'en excuse.
Are you ready?
---
[Fic originale:Science fiction] [One-shot]
DESTROYA
14 décembre 2172, Paris
En une explosion de lumières multicolores, la machine monta, entraînant avec elle, comme des fourmis attachées à son flanc, tout en contingent d’hommes sanglés, leurs hurlements résonnant vers le ciel noir et impassible de la nuit. Hurlements de terreur et de plaisir, qui mêlés aux cris audibles d’un bout à l’autre du parc, aux musiques technos assourdissantes qui s’échappaient de chaque attraction, se combattant, se chevauchant, se mélangeant, aux réclames gueulées par les robots annonceurs aux jeux d’argent et les scarificateurs aux noms et aux tenues racoleuses, pour mieux attirer le consommateur avide de la vison d'un sang brouillon, rapide et sans élégance, mort anonyme et glauque destinée à satisfaire son besoin d’hémoglobine quotidien rapidement, sans lui casser la tête et sans qu’il ne se soucie de la qualité du spectacle, comme on se nourrit dans un fast-food, bref tout cela composait un vacarme assourdissant, à la limite de l’insupportable, un ouragan de sons sans signification, primitif, qui vous entraînait, vous emportait, vous hypnotisant, quasiment contre votre gré, et constituait plus que tout autre chose l’«ambiance» de l'un des plus grands parc d’attraction d’Europe. Les machines à apesanteur pouvaient projeter des modules de toutes les formes possibles, à des hauteurs et des vitesses extrêmement élevées, dans toutes les directions souhaitées, avec des gens à l’intérieur, capsule fermée ou ouverte, ou simplement attachés sur la paroi à l’horizontale, la verticale, l’oblique, la tête en bas, le tout garantissant des sensations au-delà de toute adrénaline. Ce qui permettait la création d’attraction toutes plus folles les une que les autres, de tout les niveaux imaginables. Certaines pouvait même vous jeter dans le vide à pleine vitesse, et permettait aux voyageurs rattrapés par le champ de force de se payer la frayeur de leur vie. Les pitoyables manèges du XXI siècle, quand on y repensait, faisaient pitié. Entrait qui voulait, dûment prévenus, qui prenait le risque s’exposait à des séquelles. Un bataillon d’hélicoptères décollaient chaque soir des urgences, avec un ou deux morts par mois. Cela n’entamait en rien le succès du parc, et l’augmentait même, la direction déclinant toute responsabilité aux usagers mis en garde. Le lendemain d’un décès, toutes les têtes brûlées se précipitaient sur l’attraction responsable, avides de sensations. Les distributeurs de cachet anti-vomissement se trouvaient partout à la sortie des attractions. Il n’y avait d’ailleurs pas que cela, le parc comportait aussi des casinos où l’on pouvait tout miser, y compris sa vie, sur un simple coup de dé, arcades de jeux vidéos, des restaurants et hôtels de luxe, bâtiments administratifs, tout y fonctionnait comme une véritable ville. Il ne fermait jamais de l’année. Sa superficie équivalait un petit département, et il était illusoire de tenter d’imaginer le nombre de visiteurs qu’il recevait chaque année, ni la somme que cela rapportait à leurs dirigeants. Certaines choses sont si importantes qu’elles en deviennent abstraites. Car l’endroit était aussi devenu l’un des lieux les plus à la mode d’Europe, celui où toutes les stars se faisait prendre en photos, toute les personnes médiatiques et les riches héritiers, cette partie de la population du monde « tendance », qui ne faisait strictement rien de leur vie à part faire la fête, mannequins, stars de la chansons et de la danse, DJ, acteurs et même politiques, tout le monde se devaient d’y aller au moins une fois par mois. Le prix d’une entrée pouvait valoir jusqu’à deux cents nan’s, la nouvelle monnaie mondiale, qui valait environ mille euros pour un nan’s. Il n’était pas à la portée de tout le monde de s’y rendre. La foule, sur le sol et les chemins aériens, circulant parmi les flux mondianet qui aboutissaient parfois à des écrans holographiques géants, ou sur les casques, antennes, lentilles et dispositifs cérébral personnel des visiteurs, était surtout composée de jeunes branchés, aux tenues et au looks si disparates que l’on en pouvait en retenir qu’une seule règle : apparemment, il fallait impressionner l’autre, se faire remarquer le plus possible, par tous les moyens. Il en résultait un chaos bigarré, multicolore et clignotant, qui faisait mal aux yeux, mais qui n’était rien en comparaison des artifices lumineux déployés par les attractions. Personne ne sentait le froid, tenu à distance par résonance magnétique, et tous baignaient dans la chaleur électrique, ce qui expliquait les tenues très légères de certains. De toute manière, le froid ne concernait pas ces visiteurs, ce n’était qu’une brève morsure du monde extérieur, entre la chaleur maintenue dans la capsule de l’hydro jet et le champ de force de la maison, ou des paroles dans les hauts parleurs, auxquelles ils ne prêtaient strictement aucune attention, sans aucun lien avec la réalité, leur réalité. « La température extérieure est de 7 degrés». Pour la plupart ils auraient été surpris de savoir que c’était l’hiver, et qu’il faisait véritablement froid. Une bande de filles se promenaient en bikinis entièrement constitués de véritables diamants. Les odeurs étaient aussi multiples : celles des diffuseurs artificiels, exotiques et fascinantes, planaient dans l’air avec distinction, précédées par les lourds effluves de métal surchauffé, de hamburger, de crêpes, de gâteau chimiques, et des milles autres nourritures, friandises sucrées et salée, bonbons et boissons proposés. Aujourd’hui, j’ai les cheveux roses. La semaine dernière, ils étaient rouges foncés. Quant à mes yeux, ils sont depuis quelques mois fixés au violet, une couleur que j’apprécie beaucoup. Actuellement, je suis dans un cockpit translucide, en compagnie de mes trois potes, Den, Jack et Liz. L’hydrojet descend à une vitesse vertigineuse vers la piste d’atterrissage privée du parc, titanesque chemin lumineux ornés de taches de colorées qui paraissaient chuter vers lui, s’y coller, et repartir aussi vite qu’elles étaient venues, en un fascinant grouillement continu. C’était les engins volants de toute sorte qui déposaient leurs clients. Je dois dire que c’était plutôt impressionnant. Les dimensions de la piste, entièrement noire passé la zone d’atterrissage mais surplombée de chaque côté par des flambeau électrique, irréels, me paraissaient à présents si importantes que je ne me risquerais pas à tenter une évaluation. Elle nous menait vers le gigantesque (déciment je penche vers l’hyperbole, comme dirait ma casse-couilles de prof de lettre) portail du parc, qui semblait vouloir s’élancer jusqu’au ciel, presque aveuglement à force d’illuminations. - Putain sa mère, lâcha Den, ça envoie. Il avait résumé le sentiment général. Nous entendions déjà la rumeur nous appeler, nous entraîner. Nous venions nos premiers examens blancs. Pour nous féliciter, nos parents nous payèrent un voyage express et un séjour de deux jours au parc. Naturellement, nous avions de quel parc il s’agissait, celui de Paris. Personne ne l’appelait par son vrai nom, un machin compliqué et ridicule d’ailleurs, non, c’était « le parc », et tout le monde comprenait de quoi il s’agissait. Naturellement, il va sans dire que nous étions particulièrement ravis de notre virée. Nous fréquentons tout les quatre un lycée privé et hors de prix de la banlieue de Londres, car nos parents fortunés pensaient que l’Angleterre était meilleure que la France, pour des raisons incompréhensibles par ailleurs, de sorte qu’isolés dans notre quartier et notre lycée français, protégés par un champ de force, nous vivons loin de notre pays. Sauf aujourd’hui. Industriels, diplomates, publicitaires, il est inutile de vous dire quel métiers exercent nos parents, vous en étiez déjà doutés. Par contre, quand j’ai dit que les trois ados présents avec moi étaient mes potes, cela mérite précision. Jack est mon pote. Pas mon copain, non, il ne m’a jamais considérée comme ça. Mais il était vraiment mon ami. Il avait hérité son prénom de l’abréviation de celui de je ne sais quel ancêtre, du fait du conservatisme de sa famille. Un fait rare, quand la plupart, des prénoms aujourd’hui son formée d’une ou deux syllabe simples, vaguement anglicisées, style Téa ou Kris. Par jeu, il avait adopté un style aristocratico-gothique. Comprenez : il met des vêtements à l’ancienne, des pantalons de velours noir, chemises blanches, long pardessus, avec des accessoires goth, comme des pendentifs avec des croix d’argent, ou des bracelet à pics. Il s’était fait des yeux noirs et des cheveux noirs qui lui arrivaient au menton, selon la mode d’un vieux manga, avec des chapeaux haut de forme. Ces tenues étaient presque discrètes en comparaisons de la débauche de tout et de n’importe quoi extravagant qui régnait sur les jeunes riches, mais moi je le trouvais étrangement classe. Comment dit-on, élégant. En plus, il se distinguait de la masse par un calme, une réflexion dans ses paroles qui contrastait complètement avec l’hystérie collective sous-jacente qui semblait toujours présente, à l’état latent, chez les groupes. Il lisait aussi des livres, quoique ils fussent depuis longtemps électroniques, et s’arrêtaient pour les plus anciens à l’an deux mille cent. C’est pour ces raisons, je crois, que nous nous apprécions. Moi, je m’appelle Lou. Je porte une petite robe, une espèce de longue chemise sans manche qui se boutonne par devant, à l’ancienne, avec des grosses boots à lacets et des chaussettes qui remontent haut sur mes cuisses, une sacoche de cuir noir à laquelle pendait je ne sais combien de joujoux, imitant Jack dans ce côté désuet qui me plaisait tant, ainsi que dans les bracelets à clous et le maquillage sombre. Jack traîne souvent avec un type qui s’appelle Den, pas méchant mais pas une lumière. C’était un soi-disant expert du mondianet et du code, mais en réalité un fumiste qui ne saurait pas casser un barrage pour aller voir ses sites pornos. En bon mouton qu’il était, il avait mis une combinaison moulante à la mode, bleu marine avec des lignes mouvante orange fluo. Parfaitement remarquable, parfaitement invisible. Et Liz. C’est la copine de Den. Non pas sa copine de couple, je veux dire juste une amie. Liz est une de ses filles à demi-populaire, qui traînent avec tous les groupes, s’incrustent partout, pour tenter e grappiller une miette de reconnaissance, et qui pour la même raison font tout le temps des trucs pour se faire remarquer le plus possible, le plus souvent débiles. En fait, on devait partir à deux, mais comme nos parents n’étaient pas d’accord, Jack a du inviter Den, et Liz s’est soudain rappelée qu’elle et lui était « pote », alors qu’elle ne lui avait sûrement pas parlé depuis six mois, et elle a profité pour venir, et voilà. Je ne l’aime pas, et je crois qu’elle non plus ne m’aime pas davantage. Mais si nous ne voulons pas que ce voyage se transforme en enfer, nous nous devons de faire comme si de rien était. Et c’est ainsi que nous fonctionnons, dans la plus parfaite hypocrisie. Elle m’a choqué quand elle est arrivée. Je veux dire, pas juste agacée ou consternée, vraiment choquée. Je ne pense pas être vieux jeu mais pour moi il y a des choses qui ne passent pas. C’est d’un total manque de respect, et même de… oui de décence. Pure et simple. Je croyais avoir tout vu, mais je me trompais. Sa coiffure était multicolore, ce qui en plus de faire mal aux yeux, était d’une laideur incroyable. Je parie que vous pensez qu’elle avait dû mettre une tenue outrageusement sexy, ce qu’elle aurait d’ailleurs fait en temps normal, d’ailleurs. Mais non, ce n’était pas ça. Je m’y serais attendue, et il en faut plus que ça pour me choquer. Non, elle portait simplement un tee-shirt et un pantalon noir. Mes yeux se sont agrandis quand je l’ai vue. Même Den avait l’air un peu saisi. Elle braillait : - Je me suis déguisée en négative ! avec son grand sourire qui me donnait envie de la frapper. Avant même la moitié du XXI ème siècle, il était devenu manifeste que les sociétés occidentales ne pourraient s’en sortir. Elles croulaient sous les dettes, le chômage, le mécontentement général, les gouvernements se succédaient sans pouvoir rien changer à la situation. On ne faisait même plus attention à un changement des dirigeants de l’état, pas plus qu’à leur promesse usées par la racole. La misère allait croissant, au point que l’on se demandait si les pays européens n’étaient pas en passe de devenir des pays sous développés. Au milieu de la débâcle générale, ce fut un délégué norvégien qui trouva la solution. Son nom serait plus tard inscrit dans les livres d’histoires. Au début, il fut hué, méprisé, rejeté. Puis les états durent se rendre à l’évidence. Ils n’avaient plus le choix. Il fallait essayer, au mépris de toutes les règles, conventions, déclaration des droits de l’hommes et même simple morale. Pourquoi est-ce que ça n’allait pas ? avait demandé en substance le délégué norvégien. Parce nous essayons de donner à tout le monde prospérité, santé et confort à tout le monde. Tout le monde voulait jouir d’une vie agréable, personne ne voulait trimer et être pauvre. . Or, c’était impossible, et c’était dans l’acharnement éternel à cet idéal que résidait le malheur des sociétés. Il fallait accepter l’idée que tout le monde ne peut pas profiter, que certains devaient être sacrifiés sur l’autel de la grande machine. Dans ce cas, pourquoi ne pas ériger cette constatation comme modèle de base du fonctionnement de la société ? Et c’était ainsi qu’étaient apparus, peu à peu, les négatives, en français négatifs. Au début ils étaient très peu nombreux, pour des questions d’éthiques. Leur nombre augmenta jusqu’à composer un cinquième de la population totale. La transition se fit en douceur, pour laisser aux gens le temps de s’habituer à l’idée. Les négatives étaient tout simplement des gens de néant, en opposition à la population positive, bien réelles, qui profitaient de tous les bienfaits. Les négatives travaillaient dans les usines 14 heures par jour, effectuaient tout. Cette partie de la population, investie à fond, suffisait à tout faire fonctionner, comme l’avait déjà imaginé certains penseurs au XX ème siècle. Pas de congés, pas de week-end, pas de droits, de syndicat, de protestation. Ils étaient comme un support, l’appui sur lequel se bâtissait tout le reste. En réponse à ce sacrifice, les autres hommes débarrassés de l’angoisse du lendemain, purent prospérer, se consacrer à l’art, aux loisirs. L’homme est fait pour s’amuser. Il n’y plus de travail, d’incertitudes, d’effort, de douleur. Tout les mécontents s’apaisèrent pour ceux enfin délivrés de leur sort, et libres de faire ce qu’il souhaitaient. Histoire de bien vous faire comprendre : les négatives n’étaient pas considérés comme des êtres humains. N’étaient pas des êtres humains. Les êtres humains, c’était le plus de la borne, l’humanité en chair et en os, pas les ombres sans poids, pâles copies sans existence qui servaient juste, dans l’esprit des hommes du XXII ème siècle, à maintenir l’armature en place dans les coulisses. Avec la mis en place de la technologie, Ils étaient élevés dans des laboratoires souterrains, conditionné au fait de n’être rien, d’après une éducation, ou plutôt un dressage, uniquement basé sur la souffrance. Elle anéantissait le peu de personnalités qu’il aurait pu leur rester dans leurs conditions de vie. Pas d’éducation, de morale, de langage, d’amusements. Leur enfance constituait à être détruit, puis greffé d’appareils cérébraux dont les influx leur transmettaient à leur corps le travail et les mouvements à effectuer. Pour les rares résistants, c’était la lobotomisation, histoire d’effacer ce qu’il aurait pu rester au fond de leur cerveau. Ils investissaient leur énergie sexuelle inemployée, bloquée par des hormones chimiques, dans le travail. Et c’était tout. Le reste du temps, ils n’était rien, dormaient d’un sommeil artificiel, nourri par des pilules qui leur donnait la forme nécessaire. Laissez un négative sans instruction de son module cérébral, il restera debout, à fixer un point imprécis dans l’air, debout, les bras le long du corps, immobile. Jusqu’à ce qu’ils tombes par manque de ressource, si la situation ne se modifie pas. Ils tomberaient tout droit, sans un soupir, comme un objets. Des non-êtres. Les autorités s’étaient aperçues d’un autre problème. Même si tout allait mieux, les gens conservaient leurs instincts de violence. Il leur fallait se défouler, et encore plus à présents qu’ils n’étaient plus occupés huit heures par jour. Il y avait toujours de meurtres, de viols, d’agressions. Les gens assouvissaient leurs pulsions. Le problème fut rapidement réglé. En effet, l’évolution de la société avait peu à peu été orientée vers un mode de vie plus brutal, de sorte que l’idée devint naturelle. En effet, avec la télé ou le mondianet, qui étaient de toute façon devenus la même chose, plus personne n’était choqué par une scène de violence, de gore ou de sexe. Elles étaient parfaitement banales, et ne suffisaient plus à satisfaire les besoins de violences qui sommeillent au fond de nous, autrefois canalisée par des occupations permanentes comme le travail, et sévèrement réprimée par les pouvoirs en place. Mais à présent, ce n’était plus possible. Or, on disposait d’une réserve inépuisable de pantins dociles. C’est ainsi qu’en plus des travailleurs ou des serviteurs, apparurent les pains. Les gens pouvaient se défouler librement entre eux, à tout, dès qu’ils se sentaient stressés ou qu’ils s’ennuyaient, il pouvait s’offrir le plaisir d’un petit meurtre, ou même d’une séance de torture. Autre découverte précieuse : les négatives pouvaient encore ressentir la douleur et la manifester, ce qui ne rendait le jeu que plus amusant. Alors, véritablement, on approcha d’un monde parfait, où toutes les colères, frustration, agacement, ennuis, peurs étaient promptement évacuées. Les hommes du XXème siècles étaient heureux. Mais aussi heureux soient-ils, ils continuaient pourtant de savoir que la mort existait aussi pour eux. C’est pour cela qu’ils auraient toujours besoin de pains, pour l‘oublier un instant. Ce qui nous ramène à notre parc d’attraction. Les pains étaient partout. Aux mains des sacrificateurs bien sûr, qui vous proposait moyennant paiement comme leurs noms l’insinuait subtilement un sacrifice de votre choix, en moins d’une minute, ou encore aux jeux d’argents où l’on pariait aussi leur vie ou pire… attachés aux attractions à sensations de manière à ce que les ceintures lâchent, pour ajouter au « fun »… découpés à la hache… électrocutés… empoisonnés… La mort, quotidienne et jouissive pour les visiteurs, était partout. Il serait vain de leur reprocher leur cruauté, ni de leur en vouloir. Ils auraient sans doute été horrifiés d’assister à de tels traitements sur leurs semblables, mais là il ne s’agissait que de pains, pas d’êtres humains. Pour eux, tout cela était depuis longtemps naturel, parfaitement entré dans les mœurs. La morale, c’est une question d’éducation. Tous les négatives, garçons et filles, portaient toujours un pantalon et un tee-shirt noir. Bien plus tard, je ne sais plus trop quelle heure il est. Je ne sais même pas si il fait encore réellement nuit, étant donné qu’elle est toujours artificiellement maintenue dans le parc. Nous avons marché, fait des tours d’attractions étourdissantes, dont le simple souvenirs suffisait à me faire tourner la tête, encore et encore, mangé, bu, dansé, encore fait des attractions… Maintenant nous marchons dans une large avenue, rassasiés, observant le fouillis placidement, légèrement hébété, sans pensée. On ne m’avait pas menti sur ce parc, c’est vraiment exceptionnel. Den a voulu aller voir un sacrificateur, mais Jack l’en a empêché, je ne sais pas trop pourquoi. Ensuite, c’est Liz qui voulu jouer avec les machines à sous, mais elle s’est contentée de perdre ce qui aurait pu lui servir à acheter son prochain sac à main à cinquante nan’s. Je trouve toujours sa tenue abjecte. Horrible. Elle voulait avoir de l’attention, c’est réussi. Beaucoup de gens se tournent vers nous, à mon grand dam. J’ai honte d’être associée à ça , même si ils devaient probablement nous trouver excellents. De toute façon, on ne s’étonne plus de rien, et la plupart se contentaient de glousser, avant de se détourner et de nous oublier aussitôt. Moi, si j’avais vu une fille habillée comme ça, je crois que je serais allé lui flanquer deux gifles. Je ne sais pas trop pourquoi. Je n’aime pas les néga, alors que la plupart des gens ne leur prête strictement aucune attention, sauf en des circonstance particulières, et encore. Quand j’étais petite, ils m’impressionnaient, avec leurs habits noirs. Je me demandais pourquoi ils ne parlaient pas, pourquoi ils évoluaient en marge de nous. Un jour, j’avais voulu parler à l’une d’eux. Elle ne m’avait pas répondu, me fixant de ses yeux immenses, pâles, comme brûlés,abyssaux, sans cligner des paupières. Après ça, durant des années, je fis des cauchemars récurrents dans lesquels des filles en noir me poursuivaient, le regard vide. Ce regard qui m’avait hantée si longtemps. Ma mère m’avait d’ailleurs sévèrement punie. Cette peur mêlée de fascination pour les néga et mon goût pour le rétro, et les livres, constituaient mes seules bizarreries dans le gris suintant l’ennui d’une vie assurée en tout. Pourtant, j’avais parfois l’impression d’un vide, comme si je manquais quelque chose, ou plutôt que j’ignorais quelque chose… malgré toute mon éducation. Les sacrifices, aussi, me mettaient mal à l’aise. Pourtant, j’avais à peine appris à l’école que les néga étaient aussi nécessaire pour ça, c’était évident. Néanmoins... Je fus tirée de mes réflexions par la progression croissante d’un son puissant. J e n’avais pas remarqué, mais nous approchions d’une zone d’intense activité. La foule était beaucoup plus dense, l’ambiance plus électrique. La musique montait rapidement, la chaleur aussi, tandis que nous approchions du point sensible. - What’s the fuck? demanda Liz. Au cas où vous auriez du mal avec le jargon, on peut traduire ça par « c’est quoi ce bordel ? » . - Les auto-tamponneuses, répondit Jack. Ah, oui. Les fameuses auto-tamponneuses du parc. Connue pour être parmi les plus grandes et violentes d’Europe. Je crois que c’est là que j’ai commencé à me sentir mal. Je n’avais apprécié les auto-tamponneuses, ni compris à quoi ça servait d’être cogné de partout sur fausse piste de voiture. - Ah ouais merde, putain, je me disais bien qu’on avait oublié un truc, s’écria Den. Faut qu’on se les fasse ! - On y va ! Je suivais le mouvement. Hors de question de passer pour une mauviette, ou de me faire traiter de rabat-joie. Ici, l’ambiance est… stroboscopique. La musique des ondes technos dépassait tout, vous broyait le cerveau, vous vrillait la tête, vous vrillait les oreilles, impérieuse, vous emplissait, vous emportait. L’éclairage passait d’une alternance très rapide de rouge d’argent, vous faisant apparaître le monde dans des flash hallucinants, à rendre fous. La cohue se bousculait, hurlait, réduite à une seule masse, un seul corps chaud et vociférant. La piste était à l’abri de la pluie par un toit fixé en hauteur, les côtés étant laissé ouverts, et qui devait faire des centaines de mètres. Nous enfonçant dans la foule compacte comme un mur, bousculant, donnant des coups de coude, comme tout le monde autour de nous, nous nous frayons un chemin vers le guichet. Je me sentais étouffer. Enfin, devant un mur pailleté, un laser oculaire flasha nos yeux, reconnaissant notre identité et retranchant ainsi la somme voulue du compte que nous aviez alloué nos parents. J’avais eu le temps de jeter un coup d’œil à la piste. L’étendue métallique, striée de zones plus sombres, vibrait sous le déplacement des voitures, qui ressemblaient à des minis vaisseaux de courses sur roue, reliés à la piste par mondianet. L’air était saturé d’un odeur cuivrée de métal surchauffé. L’habitacle était ouvert champ de force capitonnait l’intérieur, pour empêcher toute blessure. Les voitures, si on les appeler ainsi, fonçaient à des vitesse improbables sur des dizaines de mètres avant de se percuter avec un bruit d’enfer, de tout les côtés. Rien qu’à l’idée de me trouver là dedans, mon estomac se soulevait. Pourtant je résistai. Une sonnerie stridente retentit et toutes les voitures stoppèrent net, comme par magie. Leurs occupants en descendirent, et furent aussitôt remplacé par d’autres fous furieux. Marchant sur la piste si chaude que je la sentais sous mes chaussures, nous nous dirigeâmes, Jack et moi, vers le véhicule qui nous avez été assigné, tandis que Den et Liz en prenaient un autre. - Tu veux conduire ? - Ouais, moi je suis pas très douée. Nous sentîmes les champs de force se mettre en place, nous oppressant contre les sièges. L’effet stroboscopique s’intensifia. Je fermai les yeux. Une voix désincarnée, métallique, hurla au dessus de nous, me perçant les tympans au passage : - ARE YOU READY ? - Tu flippes ? - Non, répondis-je, très convaincante tout en sourire crispé, essaye juste de pas nous faire éclater dans trop de voitures. - Mais c’est le jeu ! - ET C’EST PARTI !!! Nouvelles sonnerie suraigue. Les lumières explosèrent en une série de bandes fusantes, éblouissantes, fusante, avant de repartir sur l’effet épileptique. La musique hurlante revint de plus belle. C’était parti en effet. Jack démarra, et l’accélération me plaqua contre le siège. Je priai, le ventre noué, en une pensée incohérente « je vous en prie qu’on ne se prenne pas un truc à toute vitesse je vous en prie je vous en supplie ». Tous les muscles crispés, je me préparai au choc. Et il y en eu. Nous sommes mis à tourner dans tous les sens, Jack hurlant de joie, moi de terreur. Il vira à gauche, fonça à travers le flot métallique pour percuter par l’arrière un groupe compact qui s’éparpilla en tout sens comme des quilles heurtées par une boule de bowling. Certains décollèrent même du sol. Quant à nous, tout le véhicule fut secoué. Cependant ce n’était aussi terrible qu’il n’y paraissait, nous étions solidement maintenus. Au bout de quelques minutes, je me détendais peu à peu. Nous avions entamé un jeu de course poursuite avec les deux autres, s’entrecroisant, se fuyant et nous jetant les uns sur les autres en toute occasion. Jack riait beaucoup. Je commençais même à m’amuser. Toutes les voitures s’arrêtèrent soudain, sans sommation. Ni sonnerie stridente. Un bug technique ? Improbable. La voix tonitruante beugla : - SURPRISE, SURPRISE !!! Je ne comprenais pas la suite, mais les autres passagers avaient l’air tout excité. - Oh, fit Jack. Puis ce fut le début de l’horreur. Quelqu’un tentait de monter sur la piste. Non… deux personnes s’y trouvaient et commencèrent à avancer vers le centre. L’une d’elle était un employé du parc, souriant à s’en faire péter les jointures. L’autre portait un pantalon et un tee-shirt noir. Je le fixai stupidement, sans rien dire. C’était un garçon. Grand et mince. Il avait les cheveux ras, et de saisissants yeux verts, d’un vert très clair, qui illuminaient son visage comme un phare. Non. Cela ne va pas. Je n’arrive pas à exprimer ce que je j’ai ressenti. Il ne faut jamais regarder les negatives. Mais à m’entendre, vous imaginez déjà que j’ai eu un coup de foudre ou une autre stupidité du même genre. C’est bien différent. Il était d’une banalité exemplaire, dans son apparence, ses gestes. Et pourtant il résonnait d’une insulte à sa condition, d’une insulte si forte et si belle que je me demandais comment on pouvait ne pas le remarquer. Mais personne ne le regardait. Personne ne le regardait vraiment. Il se tenait droit, et avançait dans ses habits noirs, d’un pas marqué. Les gens hurlaient, avides, l’employé offrait toujours sa grimace débile, et tandis qu’il marchait vers sa mort atroce, stupide et anonyme, il rayonnait jusque dans le port de tête d’une dignité oubliée de notre époque, oubliée de tous. J’vais envie de hurler. Il stoppa au centre, regardant au tour de lui calmement, envers et contre tout les autres. Ce n’était pas un esprit débile, un esprit réduit au néant, ni résigné. Il regardait, et son regard était sans indulgence. Il attendait, et sur un dernier sourire horrible du figurant avant qu’il ne s’en aille, emportant avec lui sa pourriture, et le cirque recommença, une nouvelle proie dans l’arène. Mon cri restait bloqué dans ma gorge. Si je constatai ainsi sa présence, c’est qu’elle était sublimée par un horreur, si dense, si atroce, qu’elle me paralysait et me donner envie de vomir. - Je veux descendre gémis-je d’une voix rauque, une voix de lâche. Jack ne répondit pas. Je ne le regardais même pas. - Je te dis que je ne me sens pas bien! Il est resté debout jusqu’à la fin. Autant que je le sache. Les voitures ont démarré, rugissantes. Jack fit mine de se tourner vers lui, puis vira au dernier moment. Nous partîmes en sens inverse. A l’ultime instant, je croisai son regard calme. Puis il n’y eut plus que le crissement des voitures sur la piste, la frénésie morbide, la fin. Ma tête tournait. Lorsque nous revînmes au centre de la piste, une longue traînée de sang s’y étalait. Je comprenais à présent d’où venaient les zones sombres et l’odeur cuivrée qui régnait sur la piste. Quelle idiote j’avais été. Plus loin, j’entraperçu le corps tordu, le bassin fracturé. Il était encore vivant. Les voitures revinrent à la charge. Il fut alors ballotté, renvoyé contre les corps, et d’une voiture à l’autre. Cela fut largement ce qu’il y eu de plus atroce. La torture ne cessait jamais. Combien de temps ? Des heures ? Il me semblait être condamnée à rester là pour toujours. Le corps était secoué de convulsions. L’un de ses yeux avait éclaté, le visage était si déformé qu’il n’était plus reconnaissable. Toute sorte de fluides giclaient, notamment du sang qui teintait littéralement les voitures, on le voyait apparaître et disparaître dans les flashes ultra rapides. La musique devenait irréellement rapide, psychédélique. Se mêlaient au craquement sec, régulier, des os qui se rompaient. Je crois que je suis en train de perdre la raison. Nous voyons toujours le corps par intermittence. Un bras s’aplatit complètement dans le dos, déchiré. Les jambes furent mises en pièce. Les côtes cédèrent les une après les autres. Quand une voiture lui roula dessus, la colonne vertébrale se rompit. Je pense qu’il était encore conscient. Il en criait pas, et cela exaspérait d’avantage les joueurs. Mise à mort interminable. Jack évitait toujours le cadavre, mais emporté par son élan il ne pu cette fois-ci s’arrêter. Il ne restait plus qu’à présent qu’un paquet de viande méconnaissable. Un choc mou, des gouttes de sang de sur le pare-brise. Tout se rompit. A l’intérieur de moi aussi. La sirène se déclancha couinante, à peine différente de la musique. Mais elle stoppa tous les véhicules sur la piste écarlate. Quelqu’un avait appuyé sur le bouton d’urgence. Une fille sorti de l’un deux, écumante, les cheveux roses. Son ami tenait de la retenir. En vain. Elle reçu les injures sauvages de tous, n’en eu cure, courut, trébucha, se relava rouge. Elle se jeta le figurant, frappa du poing, méthodiquement, jusqu’à qu’il tombe. Elle continua de frapper à coup de pied, le regard halluciné. Tout autour, c’était la stupeur et la consternation. Puis la colère et la haine. Sauvagerie, partout. - Ordure ! Ordure ! Ordure ! « Informations Directes, bonsoir. Nous évoquerons sans plus attendre l’horrible accident quia frappé le parc de Paris. Prise d’une crise de démence, une visiteuse de seize ans, à causé la mort d’un employé au stand des auto-tamponneuses. Heureusement, elle fut rapidement maîtrisée. Un enquête est en cours, notamment auprès des compagnons de la jeune meurtrière, afin de déterminer les circonstances exactes de l’incident. A la fin de cette émission, nous entendrons deux membre de la famille de la victime, si tragiquement éprouvée. Maintenant passons sans plus attendre aux… » Au parc, tout était redevenu normal. Des milliers de négatives mourraient tous les jours, de façon sordide ou rapide, en tout cas ordinaire. Tout le monde se dépêcha d’oublier Lou. Les visiteurs affluent, toujours plus nombreux et un agrandissement est prévu pour une décennie plus tard, ce qui propulsera l’infrastructures au rang de plus grand parc de loisir du continent. La famille de la jeune fille du payer une idemnitée conséquente à la société qui gérait l’endroit. Ils ne revirent jamais plus leur fille. Elle avait disparu des registres. Les papiers gras et les ordures du public étaient évacués à l’extérieur par un système sophistiqué. Comme les problèmes. Une fois dehors, ils s’éparpillaient, s’en allaient au loin, éparpillés dans le grand vent des nuits.
----
Vous l'avez compris, je n'aime pas beaucoup les parcs d'attraction.
Si par hasard vous auriez aimé cette... chose, sachez que je serais en mesure de vous fournir deux autres one-shot, l'un de OP, l'autre original. Mais je comprendrai si vous n'insistez pas. Et puis il y a toujours ma fanfic sur l'histoire du CP9.
Que vous commentiez ou pas, merci d'avoir lu.
_________________

Vous n'avez rien à faire? Moi non plus. Venez donc voir ma fic mes mignons: viewtopic.php?f=27&t=8414 "D'ailleurs, je me surnomme parfois Celui Qui Reste en Plan."
Dernière édition par Eun-yo le Mer 8 Fév 2012 17:33, édité 4 fois.
|