Et on applaudit Eun-yo qui revient deux plombes plus tard! Ouah... ça faisait une éternité^^ Aussi, j'ai méchamment lambiné pour écrire le chapitre de publication correspondant, aussi long que celui-ci, pis j'ai pas trop le temps en ce moment '-- Je vais essayer d'aller fureter ça et là pour voir ce que j'ai manqué, histoire de rattraper le temps perdu. Quand à vous, voici le neuvième chapitre pour vous occuper^^ Deux à trois fois plus longs que les autres (c'est à partir de celui-ci que les chapitres atteignent-enfin!- une longueur convenable), il est assez important pour la suite de l'histoire. A propos, c'est dans ce chapitre que se trouve le gentil petit lemon qui a tant effarouché nos modos^^
Enjoy!
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[Chapitre neuf]
Fleur de sang
A St Poplar, c’était l’effervescence. La grande soirée biannuelle donnée par la Reine du printemps était prévue pour le soir même aux Grand Palais des milles fleurs, le bâtiment le plus ancien et le plus beau de la ville. Une armée de fournisseurs avait comblé le palais de nourritures pour agréer aux convives. Un orchestre devait tout spécialement venir jouer ce soir-là. L’administration avait dû gérer le casse tête des invitations ; car tout le monde n’avait pas l’honneur de venir au palais, c’était réservé à l’ancienne élite des grandes familles de la ville. La plupart des gens faisaient la fête chez eux, ou dans la rue. Justement, les secrétaires avaient pesté contre l’ajout inopiné de sept certains individus… Il était huit heures du soir. Le commencement était prévu pour dix heures. Partout l’on se préparait. Il en était de même dans l’appartement d’un certain groupe d’anciens agents du gouvernement. Cet appartement était situé dans la tour ronde qui dominait ce coin de la Borne. Il était étalé sur tout l’étage, et n’avait pas coûté grand-chose. Habitués au luxe, aux grandes chambres individuelles aux fresques moulées de dorures et aux murs tendus de rideaux de soies, avec salle de bain intégrées et meubles de qualité, ils devaient composer avec la vétusté de leur nouveau lieu de vie. Mais pour la première fois depuis qu’ils avaient quittés Enies Lobby, ils se moquaient de leur environnement. L’appartement résonnait d’éclats de rire et ils semblaient manifester une joie frivole à l’idée de participer à la fête, eux pour qui les mots « festivités » n’avaient jamais été qu’un rêve dans un autre monde. Livrés à eux-mêmes, délivrés du joug du gouvernement, ils découvraient toutes ces choses qui leur étaient inconnues. La porte d’entrée donnait sur un couloir qui partait à droite et à gauche. A gauche, tout au bout, il y avait la chambre que Califa s’était octroyée. Du côté de la paroi en face de la porte, un peu à gauche, il n’y avait pas de porte mais une arche qui donnait sur une espace ouvert, qui contenait la cuisine et la salon, sans séparation ; le salon était pourvu d’une baie vitrée donnant sur la triste vue de la Borne. Juste après avoir passé l’arche, il y avait la porte à droite d’une petite pièce parallèle au couloir de l’entrée. C’était la salle de bain/toilette. Enfin, à droite de la porte d’entrée, le bout du couloir tournait à angle droit, et au fond, il y avait deux petites chambres, une au fond et une à gauche, où s’entassaient respectivement Kumadori, Jabura, Fukuro et Kaku, Blueno, Lucci. (Il était absolument impossible d’essayer de faire tenir Lucci et Jabura dans la même pièce plus d’une heure d’affilée sans qu’ils ne détruisent l’appartement). Les couloirs étaient peints d’une triste peinture beige qui s’écaillait. Le carrelage était jonché de poussière. Le salon, aux murs nus de plâtre blanc, ne comportait pour tout meuble qu’un sofa défoncé, une vielle table basse, quelques fauteuils dépareillés, et une plante verte dans un coin, à qui la baie vitrée sale laissait tout juste passer assez de lumière pour qu’elle ne meure pas. La cuisine comportait des installations vétustes, la salle de bain se résumait à un lavabo fendu sur un établi carrelé en dessous d’un grand miroir fissuré, avec quelques planches en dessous pour servir d’étagères, qui coupait en deux dans le sens de la longueur l’espace déjà restreint ; au fond se trouvait un lourde baignoire émaillée au robinet terni. Il ne restait au total que deux ou trois mètres carrés d’espace. Dans la chambre de Califa se trouvait un lit, une table de chevet branlante et au fond une armoire étroite de bois sombre. Mais on pouvait dire qu’elle avait de la chance à côté des hommes. Dans la chambre du fond c’était un grand matelas jauni seulement posé sur un sommier, ce qui obligeait Kumadori et Fukuro à dormir côte à côte, tandis que Jabura devait se contenter du sol, agrémenté de quelques épaisseurs de couvertures. La situation était à peu près la même dans celle de gauche, où l’on trouvait un petit lit étroit, que prenaient à tour de rôle les trois autres membres du groupe. Cependant la situation n’était pas si désastreuse, et ils travaillaient activement pour l’améliorer. Chacun avait commencé par nettoyer une partie de l’appartement : Califa s’était chargée de sa chambre, Jabura de la cuisine et Lucci du salon, Kumadori s’occupait de la salle d’eau, Blueno du couloir, Kaku de la chambre de gauche et Fukuro de la chambre du fond. Fukuro avait trouvé comment réparer la gazinière de la cuisine et Blueno quand à lui s’était révélé un bon cuisinier. Surtout, ils amélioraient leurs quotidiens par des achats réguliers, ces quelques jours. Cela avait d’abord été des habits, de la nourriture pour remplir les placards de la cuisine, des matelas pour ceux qui dormaient par terre, une table pour manger ; ensuite étaient venus quelques menus éléments de décoration, une gravure au mur, une statuette sur la table de chevet, de petits luxes comme du parfum bon marché. Mais l’argent des travaux de rue s’en allait, et ils se demandaient avec anxiété comment le renouveler, se refusant à recommencer. Ils comptait sur cette soirée pour, peut-être décrocher un travail, une utilité quelconque qui leur rapporteraient. Pour l’heure, ils oubliaient leurs soucis, se laissaient aller à la joie des préparatifs. Le repas mijoté par Blueno avait été englouti en vitesse, et à présent chacun s’occupait. L’un des derniers plaisirs qu’ils s’étaient autorisé était l’achat, l’après midi même, de vêtements de soirée. Pendant que Fukuro terminait rapidement la vaisselle, Califa avait enfilé sa robe. Elle était rouge foncé, couleur sang ; la jupe longue s’arrêtait à ses pieds, mais était largement fendue des deux côtés. Le buste était de forme débardeur, avec un col qui dépassait devant, par-dessus son décolleté. Comme à l’habitude de la jeune femme, ses longues jambes et sa généreuse poitrine étaient bien mise en valeur. La couleur de sa robe s’accordait bien avec ses cheveux dorés, rassemblés en une tresse qu’elle avait passée par-dessus son épaule pour qu’elle soit devant au lieu de dans son dos. Avec ça elle portait des gants blancs qui lui arrivaient au coude, des escarpins noirs et ses boucles d’oreilles en perle qu’elle avait conservé durant leur fuite. Kumadori l’aperçut quand elle sortit de sa chambre pour se rendre à la salle de bain. - Yoyooi ! Tu es superbe, Califa ! Telle la princesse des flammes échappée de l’autre monde ! - Merci. Tu n’es pas mal non plus. Il était vêtu d’une sorte de kimono en soie grise, composé d’un pantalon dont le bas s’évasait sur ses pieds (ses habituelles sandales surélevées avaient été remplacées par des chaussons pointus gris foncés, les sortes de ballerine que portent les judokas) et d’une veste maintenue à la taille par une ceinture aussi en soie mais plus foncée. Il avait accentué son maquillage de d’acteur de kabuki et dompté sa crinière de lion. Dans la salle de bain, Califa fut presque troublée par son reflet. C’était toujours étrange de porter autre chose que du noir, surtout une couleur aussi violente. « Mais j’aime bien », songea-t-elle. Il lui semblait voir une autre femme dans le miroir, une femme normale, qui aurait une vie rangée et se rendrait à une soirée avec ses amis, et non pas une assassine en fuite. Elle se rajouta un peu de parfum et procéda à quelques ajustements de maquillage, bien qu’elle n’en ai guère besoin. Dans les chambres des garçons (enfin des garçons, non, la plupart tournaient autour de la trentaine^^), c’était le bazar. Jabura fit irruption dans la chambre de gauche. - Où sont mes chaussures ? - Qu’est ce que tu veux qu’on en sache ? s’énerva Kaku, occupé à nouer le nœud de sa cravate blanche. Il avait mis avec un pantalon blanc, une chemise bleu marine et des souliers noirs, et pour une fois, il comptait aller tête nue. - Tu es très classe, observa Jabura, on dirait un sergent de la marine. - La ferme ! - Je ne trouve plus mes chaussures ! Je suis sûr que c’est vous qui me les avez planqué ! - On a que ça à faire, rétorqua Blueno. On n’est plus des gamins dans notre tête, contrairement à toi. Tu les as sans doute égaré dans un coin. Son costume noir (il n’avait pas pu s’en empêcher, le noir était tout de même la couleur qui correspondait le mieux pour un habit de soirée) strict, sans cravate, mais avec des boutons dorés sur la poitrine et les manches, d’où dépassait l’encolure et le bout des manches d’une chemise rouge, agrémenté aux pieds de gros souliers tout aussi noirs, le rendait encore plus imposant, et Jabura s’en retourna dans l’autre chambre en maugréant. Il finit par retrouver ses chaussures sous le lit. Derrière celui-ci, Fukuro enfilait sa grande veste beige qu’il laissa ouverte par-dessus une chemise mauve. Sa ceinture retenait son ventre bedonnant par-dessus son pantalon noir ; on lui aurait mis un cigare et des lunettes de soleil il aurait ressemblé à un parrain de la mafia. Ils se rassemblèrent dans le salon, s’observant du coin de l’œil, faisant des commentaires. - Oh Califa, veut-tu être ma cavalière ? s’écria Jabura quand il la vit. Lui-même, bien qu’ayant conservé sa tresse, avait abandonné ses lunettes et son look habituel pour revêtir un grand manteau noir qui flottait derrière lui. Les attaches métalliques de chaque côté étaient ouvertes ; Fukuro lui ayant déconseillé de se montrer torse nu en dessous, il avait choisi une ample chemise jaune foncé. Son pantalon large vert kaki foncé, presque noir, bouffant au dessus de ses genoux, était rentré dans de grandes bottes en cuir évasées à hauteur du mollet. Il fallait reconnaître que c’était du plus bel effet. - C’est du harcèlement sexuel. - Tu ne devrais pas faire de propositions qui sont au dessus de ta portée, commenta Lucci avec son fameux demi-sourire ironique aux lèvres. Il avait un certain don pour le sacarsme. - Qu’est ce que tu viens de dire ?! Lucci s’était vêtu sobrement, comme habituellement, pantalon noir, souliers italiens pointus comme des dagues avec un léger talon, chemise blanche simplement ouverte à mi torse ; il avait seulement pour l’occasion, faisant fi des recommandations des docteurs pour la soirée, enlevé ses bandages, rattaché ses cheveux en arrière avec un lien en cuir, et dépensé une bonne partie de l’argent qui restait pour commander chez un chapelier un couvre chef semblable à celui qu’il avait perdu à Enies Lobby, noir avec une bande blanche, qu’il avait eu la satisfaction de poser sur sa tête quelque minutes plus tôt. Hattori arborait son habituelle cravate noire. Pendant que Kumadori s’employait à calmer Jabura, Kaku remarqua : - Dites… Je viens de penser à quelque chose. Le palais où nous devons aller est assez loin, nous sommes dans un quartier défavorisé. - Chapapa ! Et alors ? - Alors, vous ne croyez pas que cela va faire bizarre si on déambule dans les rues en tenue de soirée ? - Exact, reconnu Califa. - Nous n’avons cas y aller en geppou, suggéra Blueno. - Oui, ça vaut mieux, mais il faudra atterrir discrètement. Dehors, Bart Dumpty, ivrogne de son état, vit des mecs bizarres, avec des habits spaces, des machins colorés de la haute, sortir de la tour. Il les suivit jusqu’à la ruelle sombre qu’ils empruntèrent. - Hé les gens… Hic ! Z’avez interêt à faire gaffe à… hé bé ? Il cligna des yeux. Dans l’impasse il n’y avait plus personne. - ‘tain… J’avais pourtant pas bu tant que ça… J’deviens maboul ou quoi ? La nuit était presque tombée à présent ; le ciel comme de l’encre à l’est prenait ensuite toutes les nuances de l’indigo pour arriver à l’ouest à un délicat mauve, dans cette partie du ciel encore auréolée de la lueur abricot du soleil couchant. Dans les rues de l’Institution régnaient une agitation bon enfant. Partout des gens plus ou moins endimanchés ou costumés se promenaient, d’autre chantaient ou discutaient, en groupe ou solitaire. Des enfants couraient dans tout les sens en criant, en jouant à se poursuivre. La température clémente permettait aux gens de laisser les fenêtres ouvertes, laissant planer d’agréables odeurs de repas de fête. Les lanternes accrochées aux murs éclairaient doucement la rue, et leur éclat se mêlait à celui des vitrines des magasins exceptionnellement ouverts la nuit. A un coin de rue, un groupe jouait de la musique, la chanteuse vêtue d’un jean, d’un corsage violet pâle, d’une redingote violet foncé, de chaussures à tout aussi violettes et d’un chapeau de travers sur sa tête, s’époumonait pour un petit groupe qui tapait des mains en cadence. En voyant les CP9, les gens les acclamait ou les montraient du doigt, mais sans méchanceté, impressionnés. Les assassins en demeuraient tout étonnés, guère habitués à voir des sourires sur leur passage. C’était comme une sensation, à la fois nouvelle et très ancienne, qui apparaissait, une chaleur qui s’épanouissait dans leur poitrine. Ils se surprirent à sourire, à savourer l’air de la nuit. Plus l’on s’approchait du palais, plus l’agitation augmentait. Certaines rues étaient barrées par des cordons de policiers du centre. Mais ils semblaient laisser passer le groupe comme s’ils sentaient instinctivement, rien qu’en les regardant, à qui ils avaient à faire. Enfin, au détour d’une rue, le bâtiment apparu, posé tel un bijou sur l’écrin d’une grande place soigneusement pavée. La grand palais des milles fleurs devait son nom à l’architecte Don Quesb, qui l’avait construit trois siècle plus tôt, ainsi que bon nombre d’édifices de la ville. C’était un grand sculpteur, et un fou des fleurs, par conséquent les façades de marbres, les fresques, les balcons des nombreuses fenêtres, les pièces intérieures, étaient constellées de fleurs de pierres, orchidées, iris, coquelicot, tulipes, boutons d’or et que sais-je encore. Sur l’escalier était jeté un tapis rouge, et des meutes de journalistes se pressaient. Gravissant les marches d’un pas royal, le groupe fut bombardé de flash tel des célébrités. Les paparazzi dissertèrent sans fin sur la présence de ces nouveaux venus, s’interrogeant pour deviner leurs noms, leurs âge, d’où ils venaient, quelle était la raison de leur venue. Aucun n’approcha, même de loin, de la vérité. - Monsieur ! Un gardien en costume se planta devant Lucci. - Nous sommes navrés, mais nous devons vous priez de laisser votre oiseau à l’entrée, les animaux sont interdits dans l’enceinte du bâtiment. Il était très jeune, le gardien. Sans doute un étudiant qui travaillait pour se payer un sweat-shirt Doskoi Panda. Lucci le regarda sans mot dire. Le garçon tenta de se donner une contenance. - C’est le règlement… - Laissez moi passez. Il hésita, travaillé par un reste de conscience professionnelle, puis fini par s’effacer en grommelant. Ils poursuivirent leur chemin. A l’intérieur, après avoir traversé un hall majestueux, ils arrivèrent dans la salle de bal. A intervalles réguliers étaient placées de grandes fenêtres donnant des balcons. La salle était de taille relativement modeste, mais très riche, avec au plafond de nombreuses peintures représentant des scènes historique de St Poplar. Le sol étaient scintillait sous la lumière des lustres, au centre se dressait une rose de la taille d’un homme, chef d’ouvre de la salle, sculptée avec tout ses détails dans un marbre blanc délicatement rosé. A l’intérieur il y avait déjà une centaine de personnes et il continuait d’en arriver. C’était les personnalités éminentes de la ville, les fils et les filles de, les grandes familles, les membres du conseil, les diplomates sans nom ni substance, ceux qui avait de l’argent, les huiles, les entrepreneurs… Le bruit des rires léger, des conversations à demi mot, du froufrou des robes et le son des coupes de champagne qui s’entrechoquaient emplissait la pièce. Un instant, nos amis demeurèrent plantés devant l’entrée, ne sachant où aller, à qui parler. Ils finirent par se diriger vers l’endroit où l’on va quand on a rien d’autre à faire, le buffet. Beaucoup de gens les observaient discrètement, du coin de l’œil, mais personne ne s’approchait. - Bonsoir, fit une voix timide. C’était LaWokt, raide et emprunté dans son costume vieillot. - Content de voir que vous vous remettez, monsieur, dit-il à l’intention de Lucci, qui se borna à hocher la tête. - Tu es l’assistant du docteur, non ? lui demanda Kaku. Tu peux nous expliquer ce qui se passe ici ? - Oh, c’est seulement une fête qui a lieu deux fois par an, sourit-il, devinant leur trouble. Il y a un peu tout le monde, les gens importants. Il y aura le repas, puis le discours de Mme Armenia et d’autre gens, et le bal. Cela ne sert pas à grand-chose, c’est comme une sorte de rassemblement officiel. - « Les gens importants » ? Qu’est ce que tu veux dire ? - Eh bien… C’est un peu toutes les grandes familles de la ville, vous comprenez… Les gens un peu connus… LaWokt fronçait les sourcils, cherchant à définir ceux qui étaient présents. Sans savoir pourquoi il était troublé. Une conversation s’engagea alors entre lui, Kaku, Fukuro et Jabura. - Tu veux dire que tout le monde ne peut pas venir à cette fête ? - Non, fit LaWokt comme si c’était évident. Il faut avoir été invité par la maire ou par l’un des élus. - Chapapa ! C’est notre cas. C’est l’adjoint, là… Kina je crois. - Mr Kina est le chef des forces de l’ordre du Centre. - Le Centre ? Qu’est-ce que c’est ? se renseigna Jabura. - C’est un grand bâtiment à l’écart de la ville. Il contient la force exécutive de la municipalité. Il se rapprocha d’eux et chuchota : - On dit qu’il y aurait plus de deux cents hommes formé au combat là-bas ! - Et donc pour la fête ? Kaku ne savait pas pourquoi il insistait sur ce point. Quelque le mettait mal à l’aise, mais il ne parvenait pas à saisir quoi au juste. Quelque chose qui avait trait à la richesse, et aussi aux secrets. Il pensa brièvement à Angelo, le vagabond qui semblait tant en savoir là-dessus. - Quelles sont les conditions pour entrer ? Pourquoi les gens ordinaires ne le peuvent-ils pas ? LaWokt ne répondit pas. - Il faut être utile au pouvoir en place, c’est cela ? demanda Kaku avec douceur. - Ecoutez… Le jeune garçon se tu, regarda nerveusement autour de lui. - Rapprochez-vous… Les autres se penchèrent, intrigués. Il ouvrit la bouche, la referma, hésita encore puis se lança : - Vous savez, on peut dire qu’en fait, c’est comme si il y avait… deux St Poplar. Celle que vous voyez là, elle est bien en mise en valeur, avec les jolies avenues et tout. Mais de l’autre côté après les faubourgs, dans le quartier que appelle la Borne (ici c’est l’Institution), il y a pas mal de gens qui ont du mal à joindre les deux bouts. Pas grand monde ici ne fait cas de leur présence ; je n’étais même jamais aller là-bas, jusqu’à ce qu’un ami m’y emmène. C’est là-bas que vous logez, non ? (Il y a/sous la surface/une part de St Poplar/qu’on ne vous a pas montré…) - Et donc la fille d’hier, elle… commença Jabura. Une cloche retenti soudain. LaWokt tressaillis violemment, et regarda autour de lui comme s’il se réveillait. Il considéra les trois hommes d’un air méfiant ; - Je dois y aller, dit-il précipitamment. - Attends ! cria Kaku. Mais il était déjà parti. Ils le virent rejoindre Goodhero qui bavardait dans un coin de la salle, et se fondre dans le groupe. - Mesdames et messieurs ! Je vous invite à rejoindre vos tables afin de profiter du banquet de la soirée ! résonna la voix d’Armenia. Kaku, Fukuro et Jabura retrouvèrent Califa et les autres, déjà installés avec la maire et le commandant, le commis en charge des finances de Water Seven, quelques membres du conseil, et un chef d’entreprise et sa fille. Ils avaient été accueillit comme de vieux amis. Le repas se déroula dans l’allégresse générale, du moins pour quatre des nakamas. Califa parlait avec Kina d’un possible relogement, et Kumadori évoquait avec Armenia un futur emploi à venir pour le groupe. Mais Kaku fixait son assiette, perturbé. Adélaïde Fougue maugréait en silence. La fête bi-annuelle du palais des milles fleurs, chaque fois c’était la même chose. Son père l’y traînait invariablement, et elle finissait toujours jouer les piques assiettes près du buffet, accrochées aux basques de son père tandis que des quantités de gens inconnus s’extasiaient (« que votre fille a grandi ! « qu’elle est jolie !») devant elle. Elle soupçonnait que c’était une manière de montrer aussi sa réussite, surtout depuis le départ de sa mère, il ne voulait plus y aller seul. Elle avait donc anticipé une soirée abominable. Mais elle s’était tout de même habillée avec soin, petite robe noire à fines bretelles, talons et bijoux. Ses cheveux roux et bouclés retombaient gracieusement dans son dos ; son visage au teint de lait piqueté de mignonnes tâches de rousseur était illuminé par ses yeux verts. Cette soirée allait être très particulière, mais elle n’avait aucun moyen de le savoir. Au début, pendant que son père discutait avec un ami, notaire très en vue, elle laissa son regard errer dans la salle, pleine d’ennui. C’est ainsi qu’elle assista, sur les coups de dix heures et demie, à l’arrivée de sept personnes dans la salle. Six hommes. Et une femme. Ils se remarquaient de loin, à cause de leur prestance, de leur port de tête, de l’impression qu’ils donnaient de sûreté, de confiance en eux. Elle les vit à peine, ne prit pas le temps de les détailler. Son cœur battait à tout allure. Elle avait soudain très chaud. « Qu’est ce qui m’arrive ? » se demanda-t-elle. La jeune femme ne pouvait détacher son regard d’un homme qui était arrivé un peu en retrait au milieu du groupe. Mais il semblait reprendre du poil de la bête et fanfaronner devant ceux qui les observaient. Il était grand, musclé, chacun de ses mouvements dégageait grâce, puissance et souplesse, son regard noir traversait la salle. Une cicatrice ancienne barrait son visage, à la peau mate, tannée par l’effort. Il avait de longs cheveux bruns rassemblés en une tresse épaisse dans son dos, une longue et fine et moustache qui partait de chaque côté, aussi longue que ses cheveux, et un petit bouc au menton lui ajoutant une touche un peu plus âgée, qui contribuait à son charme. Une expression sardonique sur le visage, il riait, fier et élégant dans son costume de mercenaire vaguement oriental, grand manteau noir, pantalon bouffant et bottes en cuir. Hypnotisée, avec la conscience qu’elle devait paraître stupide à le fixer ainsi mais sans pouvoir s’en empêcher, elle les suivit du regard. Le groupe se posta près du buffet, isolé. Adélaïde s’efforça de détourner les yeux, de penser à autre chose. En vain. Elle n’entendait plus rien de ce qui se passait autour d’elle, sa tête tournait. Elle resta plantée, anxieuse, sans se rapprocher d’eux mais sans s’éloigner non plus, pendant ce qu’il lui paru une éternité. L’homme était toujours là avec deux de ses compagnons, à discuter avec un grand garçon maigrichon, mais les autres étaient partis. Elle s’étonnait de cette réaction ; elle avait déjà eu quelques amants, mais dans l’ensemble elle se fichait plutôt des hommes. Si on lui avait dit qu’un jour elle serait si troublée par l’un d’eux, elle aurait bien rit. Et pourtant, quand la cloche sonna pour annoncer le début du repas, elle appréhenda le moment où elle ne pourrait plus le voir. A son père qui lui demandait si elle allait bien, elle ne répondit que par monosyllabes. A regret, elle s’éloigna et se dirigea vers leur table, la table des plus puissants de la ville, le cœur lourd. Quand elle s’assit, elle vit soudain que les compagnons de l’homme au manteau noir en face d’elle. Frémissante, elle se retourna… Elle crut recevoir une recevoir une décharge électrique en comprenant qu’il allait s’asseoir en leur compagnie. Piquant un fard, elle baissa le nez sur son assiette. Quand elle se fut calmée, elle releva la tête. Il était à côté de la superbe femme blonde très sexy dans sa robe rouge. Il discutait et échangeait des plaisanteries avec elle. Adélaïde sentit la flèche de la jalousie s’enfoncer dans son cœur, une vague brûlante qui balaya sa gêne. Dès lors elle tenta de se faire remarquer, d’accrocher ses yeux à ceux de l’inconnu, mais il ne semblait pas seulement s’apercevoir de son existence. A un moment la blonde se tourna vers elle, narquoise, comme si elle se moquait de ses efforts infructueux. La jeune femme trembla de colère. Le repas lui sembla passer au contraire très vite. Le dédain de l’autre commençait à lui faire mal, une douleur soudaine et très vive, faite de désespoir et de dépit. Mais pourquoi accordait-elle autant d’importance à ce type qu’elle n’avait jamais vu ? Il fallut se lever, se préparer pour le bal. Adélaïde se rendit aux toilettes et sortit quelques minutes. L’air frais la calma, et en rentrant elle se demanda, amusée, quelle mouche l’avait piquée pour se faire tant d’émotions pour un inconnu. Mais la vision de cet homme et de son amie en robe rouge, qui la regardait ironiquement par dessus son épaule comme si elle lisait en elle comme dans un livre, dansant ensemble, étroitement enlacés, fut insoutenable. S’en était trop. Elle mit fin à toutes ses inhibitions, toute sa timidité. Sans même se demander ce qu’il penserait d’elle, sans même penser à son père, elle décida de faire tout son possible pour se rapprocher de l’inconnu. Tout. Dès qu’il eût lâché sa compagne, elle tenta une approche, les joues en feu, le cœur jouant des castagnettes. Elle battit des paupières (avantageusement, elle l’espérait) et risqua même un signe de la main. L’autre, négligemment appuyé contre le bar, s’entêtait à ne pas vouloir la regarder. Elle essaya autre chose, et attrapa au hasard un garçon (fils de bonne famille) pour le faire danser avec elle. La plupart ne demandaient que ça, mais d’habitude elle ne se laissait pas convaincre facilement. Maintenant, elle allait elle-même les chercher, et enchaînait les danses le plus ostensiblement possible. Tout ça pour rien. Elle commençait à être énervé. Personne ne l’avait jamais ignorée à ce point. Epuisée, dégoûtée, vaincue, elle se laissa tomber sur une chaise. Il était temps de cesser cette comédie. Elle n’arrivait à rien. Cette constatation définitive la laissa pleine d’amertume et de ressentiment, un arrière goût de déprime. Machinalement, elle continuait à observer l’homme mystérieux d’un œil rêveur et mélancolique. Mystérieux, car elle s’en rendait compte soudain, elle ne connaissait pas son nom, ni celui de ses compagnons. Or il était facile de prévoir qui serait invité à la soirée, et elle connaissait tout le monde dans la salle, au moins de vue. Les mêmes revenaient souvent d’années en années. Sauf qu’elle n’avait rencontré ces sept là. Pas même peu de fois, ou quand elle était petite, jamais. Si elle avait la seule dans le cas, elle se serait fait une raison, mais apparemment personne ne savait qu’ils ils étaient, et nombreux étaient ceux qui murmuraient dans leur dos. D’où sortaient-ils et pourquoi diable avaient-ils été invités ? Sa curiosité piquée, elle s’approcha de nouveau, sirotant l’air de rien son cocktail, histoire d’entendre ce qu’ils racontaient. Plus tard, la plupart diraient que c’était à ce moment là qu’elle signa sa perte. Mais elle déjà perdue. Elle avait été perdue dès l’instant où son regard était tombé sur les tueurs, et où la présence de Jabura avait commencée à lui tourner les sangs. Le papillon s’était peu à peu approché, irrésistiblement attiré par l’étrange beauté de la nouvelle, mystérieuse et exotique araignée, et venait maintenant de se poser sur sa toile. - Alors ? Vous avez obtenu des résultats ? demanda Jabura. - La promesse d’un nouveau logement ici et du travail rémunéré de défenseurs de la ville, répondit Califa. - « Défenseurs de la ville » ? Qu’est ce que ça signifie ? se renseigna Kaku. - Juste que nous devons aider les forces de l’ordre à éliminer les menaces de la ville, comme les pirates qui l’attaquent pour la piller. - C’est parfait, se réjouit Lucci. - Mais ne pourront pas rester ici longtemps, tempéra Fukuro. Tôt ou tard ils sauront qui nous sommes et voudront nous éliminer. - Dans ce cas, c’est nous qui les éliminerons, puis nous prendrons le large, yoyoii! proposa l’acteur de kabuki avec un sourire quelque peu jubilatoire, sans que l’on puisse savoir si il était sincère ou si il jouait un personnage. Adélaïde ne put retenir un hochet. Il avait fait peu de bruit, très peu de bruit, mais ce fut suffisant pour que Lucci se tourne lentement vers elle, bientôt suivi de l’ensemble du groupe. - Vous ne vous sentez pas bien ? s’enquit soigneusement Lucci. La voix de l’homme était douce, mais ses yeux glacials, et le jeune femme sentit la peur la saisir aux entrailles, le même instinct de survie, le même frisson viscéral qui parcoure le lapin sur le point de tomber sous les dents du tigre (ou, dans le cas présent, du léopard) la poussa à reculer d’un brusque mouvement. Puis cette impression fugace passa, et elle se retrouva simplement prise au dépourvu, une fois de plus le rouge au joues. Aucune excuse ne lui venait à l’esprit. Elle se mit à bafouiller : - Oui… Je vais bien, je n’ai… C’était juste pour… L’esprit vide, elle tenta un grand sourire, et cessa aussitôt devant le regard froid des sept nakamas. Sur une inspiration soudaine, elle fit alors le seul geste qui pouvait éventuellement expliquer sa conduite. Sans un mot (mais intérieurement elle était inquiète, certaine de se faire rabrouer), elle tendit la main en s’inclinant à demi devant l’homme au pigeon. C’était le geste traditionnel pour inviter quelqu'un à danser. Il était aussi de coutume que les femmes choisissent leurs cavaliers. Un message circula silencieusement entre les yeux des nouveaux défenseurs de la ville. Ils ne pouvaient rien faire ici au milieu des gens. Ce serait pour plus tard. Il ne servirait à rien de faire des esclandres et de s’attirer les foudres de leurs nouveaux bienfaiteurs. Alors après une seconde de réflexion, l’homme au chapeau se saisit de sa main. Elle fût si surprise qu’elle failli le lâcher. Il l’entraîna rapidement sur la piste. Une réflexion curieuse lui traversa l’esprit (il me tient non pas comme sa partenaire mais comme une prisonnière à amener à l’échafaud) puis elle s’en alla comme elle était venue. Sans savoir pourquoi elle était très mal à l’aise. Elle avait l’impression que les mains sur sa taille et sur son épaule étaient de pierre, comme les fleurs de l’architecte. Le corps de l’homme ne dégageait aucune chaleur ; elle aurait tout aussi bien pu danser avec un robot, une mystérieuse machine de chrome et de métal luisant, qui aurait la froide efficacité et l’esthétique sobre des nouveaux mécanismes élaborés par les ingénieurs mais totalement dépourvue de chaleur humaine. Elle secoua la tête, perturbée par les pensées étranges et inconnues qui lui venaient à l’esprit. Elle remarqua, avec ironie, mais non sans une certaine satisfaction, qu’elle avait maintenant l’attention de celui qui lui avait produit tant d’effet quelques minutes plus tôt. Jabura, en effet, les observait les sourcils froncés. Blueno réfléchit un moment, puis dit : - Il faudra que tu m’expliques pourquoi dès que Lucci a quelque chose, tu veux l’avoir aussi. - Heiin ? N’importe quoi ! Je me disais juste qu’elle était mignonne, cette fille ! - N’importe quoi ? Et le pouvoir d’un fruit du démon, alors ? Et Gatherine ? - Quoi Gatherine ? - Elle avait aussi un faible pour… - Tais-toi ! Je ne supporte plus d’entendre ces inepties ! Blueno se tut mais lui lança un regard éloquent. Dès que l’orchestre eût cessé de faire retentir sa suave musique, il la lâcha et s’écarta pour rejoindre ses compagnons. Pendant le silence remplissant l’intervalle entre deux chansons, elle décida d’aller s’asseoir sur les chaises pour réfléchir à ce qu’elle avait entendu. Mais elle n’eut pas le temps de les atteindre que déjà une autre silhouette apparaissait devant elle. Pour la première fois elle croisa le regard dans le visage animé d’un sourire vaguement charmeur sur le visage, le type aux longues moustaches. Ce dernier vit tout de suite l’effet qu’il avait produit. Il avait l’habitude. Adélaïde n’avait même pas eut le temps de se remettre de ses émotions que déjà son cœur se mettait à battre à la chamade, cette fois d’exaltation. Si elle avait eu le temps de réfléchir cinq minutes, peut-être aurait-elle compris qu’elle était en danger et ce serait enfui. Mais ce soir là, aucune chance ne lui avait été laissée. - Je croyais que c’était aux femmes de choisir leur cavalier. - Laissez moi faire une entorse à la tradition. Et l’homme loup s’inclina selon le même geste qu’elle précédemment. Avec l’impression qu’elle allait exploser tant son trouble était grand, elle prit sa main, et l’autre la tint fermement. Comme la musique reprenait, une mélodie plus rapide, soutenue par le piano et les violons, Adélaïde se sentit transportée. Il la maintenait fermement contre lui d’une poigne de professionnel. Cette fois ce ne fut pas ses joues mais son corps entier qui s’enflamma. Il lui faisait ressentir chaque changement de tempo, chaque variation du thème de la musique qui grondait et tournait, emplissait la salle, comme l’émotion qui emplissait son cœur. Parfaitement synchronisés, ils se mouvaient à travers la salle. Elle aurait voulu que ce moment, plus intense à chaque seconde, ne se termine jamais. Ils se mirent à tourner de plus en plus vite. Elle avait l’impression que tout autour d’elle devenait flou, tourbillonnant, sauf le visage de son partenaire. Dont elle ne savait toujours pas le nom, d’ailleurs. Elle voulu lui demander, mais elle n’avait plus de souffle. Sa tête tournait. De son côté, Jabura appréciait cette danse sensuelle et envoûtante, avec cette ravissante jeune femme. Combien de temps, combien d’années d’entraînement, de combats acharnés, sans jamais penser à lui-même ? Ce genre d’intermède avait été bien trop rare. Quel dommage que…Et cependant, il se retenait encore, car quelque part au fond de lui, il entendait l’éternel credo tu n’existes pas, la seule manière dont tu peux exister, c’est pour servir le gouvernement, tu ne peux pas avoir de vie en dehors de son service, tu n’as pas le droit de vivre pour toi, pas le droit de ressentir des émotions autres que la gratitude pour le gouvernement et la joie de le servir et le plaisir de tuer pour lui, pas le droit, PAS LE DROIT et soudain il comprit que c’était fini, qu’il était délivré d’eux, qu’il pouvait marchait dans la rue en regardant le ciel et en sifflotant et en humant les odeurs du soir, il pouvait chanter et faire ce qu’il voulait, il pouvait danser avec cette jeune femme toute la nuit sans que leur pieds touchent seulement le sol, personne ne pouvait l’en empêcher, c’était fini, et ce fût comme si un monde nouveau apparaissait, une grande porte qui s’effaça, laissant entrer le vent dans une pièce longtemps close et obscure, un monde de chaleur et de lumière qui s’ouvrait devant lui, c’était fini, et la musique s’arrêta. Mais elle continuerai longtemps dans le cœur d’Adélaïde. Quelques personnes applaudirent les valses du couple, qui avait continué quelques secondes sur les battements de leur cœur. Ils se regardaient légèrement essoufflé, chacun venant de découvrir un monde, pour l’un celui de l’amour et pour l’autre celui de la liberté. - Au fait, vous ne m’avez toujours pas dit votre nom, plaisanta Adélaïde. Il fut surpris de la reprise de la conversation de tout à l’heure, qui lui parut saugrenu car tant de chemin avait été parcouru depuis ce moment. Il lui semblait difficile à croire que seulement quelques minutes s’étaient écoulées. - Jabura. - Adélaïde. Ils se promenaient en silence, Jabura n’ayant plus envie de retourner auprès de ses compagnons, et Adélaïde pas davantage auprès des siens. Ils se retrouvèrent sur un balcon, loin des regards inquisiteurs des uns et des autres. La nuit était un peu fraîche. Ils étaient accoudés l’un près de l’autre. Le temps passa, et aucun d’eux n’avait envie de quitter cette étrange et si apaisante veillée. Soudain, elle le tira par le bras. - Viens, je voudrais te montrer quelque chose. - Attends… Après son abandon de tout à l’heure, la mauvaise conscience commençait à rattraper Jabura. Qu’allaient penser les autres ? Il ne pouvait pas les abandonner. Or rester avec eux signifiait… Mais il ne pouvait exécuter les ordres. Pas cette fois-ci. - Allez ! insista-t-elle en riant. Des étoiles plein les yeux, on aurait dit une enfant. Il la suivit. Ils retournèrent dans la salle, et se glissèrent par une petite porte sur le côté, gardée une sorte de groom. - Mademoiselle Fougue, ce n’est pas convenable. Comptez sur moi pour le dire à votre père. - Je suis adulte maintenant. Laissez nous passer. Avec un soupir, le gardien les laissa sortir. Il gravirent un escalier étroit, puis débouchèrent sur une terrasse en hauteur qui surplombait le bâtiment. - Normalement, elle est interdite au public. Mais le gardien m’a à la bonne, expliqua Adélaïde. Jabura resta silencieux. La vue était magnifique. Ils contemplaient toute la ville illuminée. Encore un lointain souvenir s’éveilla dans l’esprit de Jabura, (oh voilà la ville de lumière) cela lui arrivait souvent ces temps-ci. Une rafale de vent, plus fort et froid ici qu’en bas, souleva leurs vêtements. Adélaïde en profita pour se blottir contre Jabura. Qui la repoussa. La jeune femme se rapprocha de nouveau de lui. - Personne ne peut venir ici. C’est interdit, nous aurons la paix, si c’est cela qui t’inquiète. - C’est pas question de ça… Il faut que tu t’en ailles. Ce ne serait pas du tout une bonne idée. - Pourquoi tu fais ça ? demanda-t-elle d’une voix suppliante, en s’accrochant de nouveau à lui - VA T’EN ! rugit-il en la poussant violemment vers la porte. Elle trébucha et s’étala par terre. Surprise et blessée, elle leva des yeux pleins de larmes vers lui. Elle regarda l’escalier, Jabura, puis de nouveau Jabura. Elle esquissa un geste pour se lever en direction de l’escalier, puis s’immobilisa à genoux, indécise. Lui se disait que si elle continuait de le regarder avec ces yeux, il allait devenir complètement fou. Il lui tendit la main pour l’aider à se relever. Tournant le dos à l’escalier et à la vie, elle la prit. Elle se releva, s’aggripa au bras de Jabura qui n’eût pas cette fois la force de la rejeter. Elle posa sa tête contre son torse. Et il referma ses bras sur elle. Au bout d’un moment, elle releva la tête, et posa ses lèvres sur les siennes, tout tenant sa nuque de la main. Il se recula prestement, sans lui laisser le temps d’approfondir le contact. - Arrête ça. Il faut que… Mais elle se serra contre lui. - … tu t’en ailles... - J’ai froid, dit-elle. Il retira son manteau et le lui mit. Il était bien trop grand pour elle, et il fallu retrousser les manches. Comme il s’en occupait, comme un père qui prend soin de sa fille, elle se pencha et plongea son visage dans le col de sa chemise. Ce fût à ce moment là que Jabura perdit la raison, rendu fou par son geste et par la vision de la jeune femme dans son manteau trop grand, les cheveux volants au vent et les grands yeux brillants. Il la souleva d’une seule main à la taille sans le moindre effort, la plaqua contre le mur et l’embrassa cette fois sauvagement. Elle réagit à son baiser, et tandis que ses pieds ne touchaient pas le sol, fit lentement descendre ses mains dans son dos. Il laissa ensuite ses lèvres descendre dans son cou, la reposant par terre. Il rejeta le manteau par terre, repoussa impatiemment les fines bretelles de sa robe noire pour laisser sa langue explorer ses épaules, tout en effleurant ses hanches avec ses mains. Elle s’assit lentement sur le manteau, entraînant Jabura. Leurs lèvres s’unirent de nouveau, et elle commença à défaire les boutons de sa chemise. Pour elle, c’était quelque chose de nouveau, jamais elle n’avait rien trouvé de comparables aux sensations qui la parcouraient parmi ses quelques petits amis. Pour lui, c’était une sorte de tempête qui balayait tout tandis qu’il se laissait entraîner sur cette route dangereuse, la parcourant toujours plus loin à chaque seconde. Quant il fût torse nu, elle fit courir ses doigts sur son torse, tandis que la main du loup remontait lentement sa cuisse. Elle gémit quand il atteignit son but, passa fébrilement ses mains dans ses cheveux, défaisant sa tresse. Impatient d’atteindre son ventre,il lui ôta sa robe. Leurs souffles accélérèrent, leur étreinte devint encore plus intense. Cependant le plaisir de Jabura était maintenant troublé par des réminiscences sur le bien, le devoir. Qu’était-il en train de faire ? En plein cœur de la jouissance, (cela lui rappela la sensation, en plein combat, gravement blessé, de ces terribles éclairs de lucidité qui se produisaient au milieu de la souffrance), il compris la vérité. Il cessa de bouger. - Ferme les yeux, ordonna t’il à la jeune femme. Elle obéit, tremblante de plaisir. - Connais-tu quelque chose de très beau, ou que tu aimes beaucoup ? Elle acquiesca. - Alors pense y de toutes tes forces. Jamais il n’aurait eu aucun moyen de savoir qu’elle pensa à lui. - Pardonne moi… Au sommet de sa félicité, elle ne comprit tout d’abord pas. Puis une terrible une douleur survint, innommable, comme si tout son corps se déchirait. Elle sombra heureusement avant de comprendre à quel point elle avait été atrocement trahie. Jabura contempla le corps nu, à la beauté à jamais souillée de sang, et se sentit plus noir, plus sale qu’il ne l’avait jamais été durant toutes ces années de meurtre et de trahison. Jamais il n’aurait cru possible, jamais il n’aurait imaginé ressentir un tel dégoût de lui-même, comme si son esprit tout entier se fissurait. Une larme s’écrasa sur le sol de pierre froid et indifférent. Dans la salle de bal, il eût l’impression d’entrer dans un univers surréaliste, coloré et acide. Les regards de ses nakamas lui vrillèrent ses pensées. - Félicitation, dit doucement Lucci. Un problème de réglé. Personne ne trouvera jamais de preuve nous accusant. Jabura, murmura, inconscient de lui-même, songeant au lointain éclair de lumière qui avait déchiré les ténèbres, tout à l’heure ou bien mille ans plus tôt, alors qu’il dansait : - C’est fini… Lucci, qui l’avait entendu, se retourna, et laissa tomber, comme une sentence : - Rien n’est jamais fini.
------ Nan, sérieusement, c'était soft, quoi^^
*Eun, tais-toi.*
*D'accord.
Bon bah comme d'hab, vous en avez pensé quoi? N'hésitez pas à vous exprimer.
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Vous n'avez rien à faire? Moi non plus. Venez donc voir ma fic mes mignons: viewtopic.php?f=27&t=8414 "D'ailleurs, je me surnomme parfois Celui Qui Reste en Plan."
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