OK, j’ai enfin pris le temps de lire l’intégralité des chapitres qui composent pour le moment ta fiction. Et dans mon commentaire, je vais passer sur tout ce qui est aspect grammatical ou faute syntaxique etc. Ce qu’il faut que tu saches là-dessus, c’est qu’il y en a, et que de temps en temps, il y en a même plutôt pas mal – notamment des problèmes assez récurrents de concordance des temps, passé et présent de narration s’entremêlant malheureusement. Mais bon, le tout, défauts mis à part, demeure tout de même d’une bonne facture : ça se lit tranquillement, et c’est simple, mais d’une simplicité appréciable.
Autre détail sur la forme : même si l’écriture est plutôt – comme je viens de le dire – satisfaisante, il est à noter que de nombreuses séquences sont (volontairement ou non) franchement confuses. En tant que lecteur, on s’y perd drôlement vite. Le souci résidant sans doute dans le fait que tu te mettes (trop) à la place de celui qui découvre ton propre récit sans pour autant le découvrir, puisque tu sais exactement ce que tu vas développer. Je ne sais pas si je suis assez clair mais en gros, tu penses certainement être précis dans tes descriptions alors que d’un œil extérieur à ta représentation des choses, c’est tout de suite plus diffus. (Je retiens surtout les passages où tu énumères d’abord tes personnages, puis lors d’une scène d’action, tu y reviens en disant : « ah, au fait, le gars qui est en train de se battre, c’est celui que j’ai présenté en premier. » Assez rebutant de prime abord, je dois dire.)
Dernier point que je souhaitais souligné concernant la forme du récit, et là c’est déjà beaucoup plus subjectif, je ne suis pas trop fan de ta manière d’intervenir intempestivement au cœur de l’histoire afin de placer une remarque censée faire rire ou sourire, je pense principalement (par exemple, encore une fois) à ce chapitre où tu évoques l’orthographe du mot ouragan en interpelant Jacky. Il faut quand même savoir que quand on n’est pas Jacky D. Kaput – ce qui est vrai la plupart des cas –, c’est suffisamment troublant pour nous détruire littéralement l’ambiance, et ainsi, on est instinctivement poussé vers la sortie. Conséquence : on se sent étranger dès lors à ton texte, comme si tes personnages ne vivaient plus par eux-mêmes, comme s’ils n’étaient plus qu’un moyen pour te mettre toi-même en avant, et non pour mettre en avant une histoire à part entière.
Et je profite de ce constat pour quitter le terrain de la forme, tout en y restant quelque peu, en relevant que tu as tendance à avoir des idées pour faire progresser ton scénario (ce qui est une bonne chose) mais que, maladroitement (peut-être par trop d’enthousiasme), tu vas un peu vite en besogne en ne prenant pas le temps nécessaire afin de véritablement poser les bases d’une intrigue qui se voudrait alors intéressante. De cette façon, je remarque que (trop) souvent, les dialogues que tu insères dans tes chapitres ne sont plus tant le reflet de la volonté même de tes personnages que de ta propre volonté de faire avancer le schmilblick au plus tôt (cf. les répliques qui reviennent sans cesse du style : « Première question… deuxième question – etc. – dernière question… » Je caricature légèrement mais c’est pour appuyer cette impression qu’on a de lire à chaque fois des interrogatoires de flics alors qu’on devrait en toute logique avoir affaire à des échanges plus, j’irai jusqu’à dire, humains : la scène introduisant le passé d’Arsène en est une des preuves.)
J’ai sûrement oublié des trucs par-ci par-là (j’aurais dû noter mes remarques au fur et à mesure), mais bon, je crois qu’on peut néanmoins passer au scénario en lui-même à présent. Je suis un peu gêné de devoir dire ça mais j’ai encore des reproches à formuler. Si tu l’avoues toi-même en disant que le principe des Parcourriers est inspiré de près ou de loin de divers manga existants, je regrette amèrement que les caractères des personnages ne soient pas plus inédits que ce que tu nous présentes. En effet, on a la sensation d’être face à des modèles plus ou moins conventionnels, chacun des aventuriers ayant un ou plusieurs traits des héros populaires. De même, les rebondissements sont souvent convenus, et au final, nos amis parviennent sans jamais trop de mal à se défaire de toutes les situations. (J’espérais par exemple, avant l’intronisation d’Arsène, qu’ils auraient un réel problème à surmonter après leur dérouillée contre le voleur.)
Euh… ça commence déjà à faire long, et ça me parait un peu lourd également. Du coup, je ne sais même pas si mes critiques te seront bénéfiques ou pas. Mais il faut savoir que si j’ai pris la peine de reprendre tout ça, c’est parce que je sens que tu pourrais être capable de faire quelque chose de bien meilleur ! Et d’un autre côté, ce n’est pas parce que j’ai beaucoup parlé que je n’aime pas ta fiction. Tout au contraire, je trouve qu’elle a un intérêt plus que palpable, soutenue par un rythme et une écriture tout à fait respectables, et dont, surtout, le potentiel ne semble pas encore être entièrement exploité.
Voilà, voilà, j’espère que je n’ai pas été trop ardu dans mes constats, et j’espère de même que tu continueras tout ça avec entrain. Je lirai sans faute la suite. Et en attendant, je te souhaite un très bon courage !
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