Citation:
Le bleu est une couleur chaude, Julie Maroh
La vie de Clémence bascule lorsqu'elle croise Emma pour la première fois. Une oeuvre sur l'homosexualité, sans clichés abusif, tendre, parfois acide mais toujours juste. Si l'histoire est excellente, le dessin et le choix de couleur n'est pas en reste.
@ Liloo : C’est marrant, tout en ayant apprécié l’album je ne suis pas du tout d’accord avec toi.
J’avais été assez gênée par le dessin dans
Le Bleu est une Couleur Chaude. le coté crypto-manga pas toujours bien digéré, avec un recours un peu systématique aux codes graphiques nippons donnait au dessin un caractère un peu impersonnel. Plus des fautes de proportion, un coté un peu rigide et des couleurs ternes…
Après c'était une histoire vraiment prenante, malgré une avalanche de poncifs (la lesbienne
butch, ect...) Bref, j’ai beaucoup de mal à en dire, mais le coté personnel et la sincérité du propos emportent quand même l’adhésion. J’ai bien aimé.
Aujourd’hui je voudrai vous parler d'un autre album produit par ces gloires montantes de Kerascoët. Il faudra leur consacrer un topic, un jour, tant leur "patte" est séduisante.
Beauté est le premier tome d'une histoire qui en comportera plusieurs. On découvre Morue, l'héroïne, souillon dans un village médiéval. Morue, ainsi nommée à cause de l'odeur des poissons qu'elle écaille toute al journée et sans doute aussi à cause de son physique ingrat, est la risée du village. Moquée, parfois battue, elle se réfugie un jour dans la foret et trouve un crapaud. La laideur de la bête lui rappel son propre sort, et elle pleure des larmes de compassion. Le crapaud se révèle alors être une fée, qui pour récompenser le bon cœur de Morue lui offre un unique vœu. Et ça ne tombe pas si mal : des désirs, Morue n’en a pas quarante.
Commence alors une fable acide qui tord le cou aux contes de fée à la manière Kerascoët : de cette base empreinte de merveilleux, ils font une histoire violente au ton sombre et sarcastique. Il faut dire que ce duo à un style propre : un dessin simple, enlevé, spontané, un peu naïf, mis au service d’une intrigue qui met en scène l’insondable mesquinerie dont peu faire preuve l’humanité. Ici, ils expérimentent une nouvelle technique de colorisation, qui donne un niveau de détail incroyable à leurs décors et costumes. Graphiquement, c’est emprunt d’une inspiration très décorative, c’est beau, c‘est riche, et ils s’en donnent à cœur joie sur les expressions et grimaces de leurs personnages. Le tout servi avec humour. Un humour bien noir.
Bref, un album indispensable.
J’espère juste qu’ils ne reproduiront pas ce qu’ils ont fait avec
Miss Pas Touche. Vu le succès, les deux premiers tomes, qui se suffisaient à eux-mêmes, ont été prolongés par une séquelle de deux autres tomes qui explicitait beaucoup plus le caractère névrotique du personnage principal. C’était plus évident, plus « facile », plus pessimiste encor, et donc, moins frais.