Duel cornélique en perspective. Euh... Cornélien.
*Bruit du tissu qui se déchire* (ça fait plaisir à certains apparement).
J'adore les deux personnages qui vont s'en mettre plein la gueule aujourd'hui (ce qui est le cas de le dire, vu leur tempérament). Pire, si je ne renierai jamais le côté incroyablement brut et immense de Zapan (monstrueux dans tous les sens du terme), je savais que je ne voterai pas pour lui. Ce qui me fait d'autant plus mal, étant donné la réputation de fanboy de Gunnm que j'essayer d'entretenir plus ou moins (pas grave, je me lâcherai demain).
Le truc est qu'en face il y a un personnage fantastique du nom de Ryô Narushima.
Ca ne vous dit peut-être rien, sa description vous fait sans doute le haïr dès les premières pages (en bref : un adolescent chétif et timbré qui tue ses parents à coup de couteau - fait divers pour le 20H de LF - qui se retrouve dans une maison de redressement et qui va y apprendre le karaté), mais c'est ainsi. Ryô n'est pas un héros, c'est juste le personnage principale le plus immoral que l'on puisse connaître, tout support confondu.
A cet instant, vous dites piège : comment voter pour un personnage qu'on ne pourra jamais blairer ? A moi de répondre : parce qu'il est fait pour cela. He oui, s'il avait été un personnage bashable car involontairement irritant, casse-pied et mal géré, ça aurait tout changer.
Sauf que Ryô est haïssable, mais la démarche n'est évidemment pas involontaire de la part de l'auteur. Ce type est le connard ultime, égoïste, imbu de sa personne. Mais ceci ne sert qu'à développer le thème de la bestialité dans la société, et l'incompactibilité des deux concepts, qui conduit à leur choc, à une rupture monumentale qui se trouve au point où ils se rejoignent (le fait divers, le Lethal Fight, l'exposition devant un public etc.). De cette impossibilité d'existence commune résulte le combat, la lutte ; c'est à dire le centre du manga dont Ryô est le rouage.
Il n'y a pas plus atypique que ce personnage, pas plus dégoûtant, pas plus monstrueux. Mais Ryô est aussi un formidable caractère pour que son auteur décrive dans tout le manga la montée du mythe du Démon Narushima, l'Homme qui va devenir une Divinité crainte par tous ceux qui l'ont approché.
L'ambigüité quant à se positionner par rapport au personnage est tout à fait légitime, sachant qu'il est très difficile de se prendre d'empathie pour lui. Mais Ryô n'est pas là pour paraître sympathique, bien au contraire, plus il ira loin, plus la rupture entre civilisation et monstruosité (mythe) va être visible, va distendre le réalisme du manga pour atteindre le spirituel.
Ryô est ce lien perpétuel entre les deux.
Il reste à mon sens l'un des GC (Grands Connards) les plus aboutis du manga, l'une des figures emblématiques de tout ce qu'il y a de plus détestable dans la nature humaine, tout en nous happant dans sa philosophie peut recommandable, condamnable même, mais diablement mise en oeuvre.
Ryô ! Ryô !
Il n'est pas la gueule d'amour rêvée mais... Il claque méchamment quand même !