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Capitaine Alatriste donc, film espagnol de Agustín Díaz Yanes, inspiré des récits de Arturo Pérez-Reverte et sorti en 2006. Avant d'en dire quoi que ce soit et sans préambule, Synopsis Messieurs Dames !
"Au début du XVII" siècle, Diego Alatriste fait partie des fameux Tercios et combat dans les Pays-Bas Espagnols. De retour au pays, il retrouve une concubine problématique, se voit chargé d'un filleul adoptif dont il ne sait que faire et surtout, ne sait quoi faire de sa peau. Risquant sa vie dans des coups de mains sanglants et les guerres qu'il doit à Philippe IV, Alatriste survit par son audace et son habileté à la rapière. Toutefois, tout le monde vieillit... combien de temps, Diego le fatigué pourra-t-il forcer sa chance et surtout, qui risque donc de l'accompagner dans son inéluctable chute...?"
Alatriste donc, film qui me titillait depuis longtemps et que j'ai vu il y a peu, je me suis dit que ça valait bien un petit truc. Le film est de prime abord un petit bol d'air, en effet à part Mortensen qui fait un petit peu star-mais-pas-trop sensée attirée le regard du chaland, le reste du casting est bien entendu entièrement hispanique et c'est que du bonheur. Même si on peu voir deux-trois habitués d'Almodovar et de Del Toro, découvrir de nouvelles tètes et de bons acteurs inconnus, ça fait toujours plaisir... Mortensen a dut être choisit pour son image un peu bourru et probablement parce qu'il était une des rares stars à pouvoir se débrouiller assez pieds dans la langue de Cervantes. Ma foi, ce n'est pas un acteur qui me déplait et il est simplement exemplaire en Alatriste.
Pour un film historique, il s'en tire pas mal. Madrid n'est pas assez crasseuse sans doute, mais sinon c'est du bon, le costume fait toujours son petit effet et aucunes incohérences majeures ne pointent le bout de leurs nez. Le réalisateur aime Velazquez apparemment, il n'a même pas résister à la "horde de nains" au passage des ambassadeurs britanniques, c'est suffisamment cocasse pour passer... Autre petit truc pour geek, les combats sont particulièrement scotchant. Je suis assez énervant avec ça, mais pour une fois, ils sont parmi les plus réalistes que j'ai pu voir (avec les Duellistes peut-être). On sent vraiment la tension de mort, la violence, la soudaineté, la laideur du combat; les combattantss hurlent de rage ou de douleur, s'insultent, s'essoufflent, se cognent sans merci et ça dure pas trois plombes ! c'est que du bon !
La force du film, c'est je pense que l'histoire n'a en fait qu'assez peu d'intérêt. Le scénario ne sert que de créateur et d'adjuvant de situations; la force du film, c'est ses personnages et la construction des relations entre eux. A cet égard, ils sont tous impecs, que ce soit l'oscillant et fatigué Alatriste; le jeune et bouillant Inigo; Angelica, la fille fatale qui ne sait ce qu'elle veut; Maria, l'actrice victime des indécisions du héros; le pragmatique Malatesta; même l'infâme comte-duc et l'inquisiteur, qui ont plus un rôle satellite, sont léchés et excellents. Ils ont d'ailleurs tous leur moment de gloire, leur instant à eux. Même des petites scènes apparemment sans grandes importances sont terribles, mon moment préféré est probablement le dialogue minimaliste, mais extrêmement poignant entre Malatesta et son amie, juste avant son combat contre Inigo. Alatriste tire toute son énergie de ses personnages, qui évoluent dans un monde qu'ils ne maitrisent pas et qui les dévore. C'est un temps de troubles, de changement et l'on se demande si les personnages ne vont pas s'écrouler d'eux-mêmes sous le poids de la fatalité. Ceux qui ne peuvent prendre le train en marche sont écrasés et les imprudents trop pressés, dévastés. C'est un film cruel, sur un instant cruel de l'histoire, avec des gens "normaux" tant que cela se peut, qui font ce qu'il faut pour vivre et survivre...
Comme pour rendre compte de la temporalité insaisissable du XVIIe, le film adopte un style étrange de changement de scènes. Si par endroit, il est aisé de suivre les sauts temporelles, il est parfois impossible de se rendre compte de combien de temps l'action à progressé. Les scènes passent de l'une à l'autre, parfois avec un saut de quelques heures, puis de quelques jours, puis un mois entier passe, sans aucun repère. C'est très perturbant, mais l'idée du temps qui file est d'autant plus forte, tout semble bref, filant, la fin et la mort venant sans aucune précaution...
Alatriste n'est certes pas le chef d'œuvre inconnu, mais un bon film, honnête et fort là où il se doit d'être. C'est un vrai bon film à personnages, poignant et intense où l'amour, la mort, la piété filiale, la rivalité, l'amitié virile sont représentées de bien belles manières. Maitrisé de bout en bout, voila un petit moment de cinéma qu'il serait bien bète de louper...
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Let's Go to Work Folks !!![/align]