2013. Les États-Unis d'Amérique. Une foudroyante épidémie d'un type inconnu frappe le pays, modifiant profondément le physique et la mentalité des infectés pour les transformer en froides machines à tuer. 20 ans plus tard, l'humanité est au bord de l'extinction à cause de cette épidémie, nommée Cordyceps. Les hommes se sont réfugiés pour les plus chanceux d'entre eux dans des zones de quarantaines, d'anciennes grandes métropoles où les allers et venus sont strictement contrôlés par les forces militaires de ce qu'il reste de l'État américain. Au milieu de cette dramatique situation, Joel, la cinquantaine, essaye de survivre au quotidien avec ses activités et trafics illégaux. Un nouveau contrat va changer la donne.Le chant du cygne de la PS3 vient peut-être de débarquer en 2013 avec
The Last of Us, dernière production du studio Naughty Dog. Les dernières années du studio ont principalement été marquées par le développement de la trilogie
Uncharted, titres d'action/aventure à succès qui avaient permis à la PS3 de bénéficier d'une nouvelle licence forte. Naughty Dog s'essaye donc avec
The Last of Us à une nouvelle aventure, couronnée elle aussi de succès ?
The Last of Us est présenté comme un
Survival Horror où l'action a sa place. Dans la lignée tracée en son temps par
Resident Evil 4 (2005), le titre alterne les séquences calmes jouant sur une peur d'ambiance et les séquences d'action où la peur se veut davantage une réaction à ce qui se trame à l'écran. Sur ce plan, l'aventure est une réussite : à l'instar d'autres mastodontes du genre, on parvient à tressaillir ou à être dérangé par la trame horrifique proposée. Après, quant à savoir si
The Last of Us est un jeu répondant aux canons classique du
Survival Horror... Non, nous sommes vraiment en présence d'un titre qui est l'héritage du
Survival Horror/Action de ces dernières années.

Pour embarquer le joueur une quinzaine d'heures durant dans son univers post-apocalyptique, le jeu propose trois types de phases différentes qui s’enchaînent tout du long, voire parfois se croisent. Le premier de ces gameplay est celui de la survie. Dans un monde autrefois prospère, libre à vous de récupérer les objets du quotidien utiles à votre survie. Par exemple, en récupérant des bouteilles d'alcool et des bandages, vous pouvez confectionner des kits de soin utiles en cas de coups durs. Le jeu vous invite donc à fouiller à outrance les différents environnements pour trouver les éléments que vous pourrez associer pour obtenir des objets efficaces dans le but de survivre à cet hostile environnement. Les objets proposés sont nombreux et invitent à faire des choix cruciaux : par exemple, avec les mêmes éléments, mieux vaut-il confectionner des kits de soin ou bien préparer des cocktails Molotov en vue des situations tendues ? Ces parties du jeu sont intéressantes car elles permettent de décompresser quelque peu, de profiter du formidable univers graphique proposé (surtout parce que l'on ne se sent pas enfermés dans des couloirs étroits durant la progression) et découvrir des éléments qui approfondissent le
background de l'histoire (notamment la période où l'infection s'est déclarée et les premières années liées à la survie des différents groupes d'hommes).
Le deuxième gameplay proposé est axé sur la furtivité. Votre personnage principal n'étant pas capable de faire apparaître de façon illimitée des munitions pour les différentes armes à feu qu'il peut trouver sur sa route, il vous est vivement conseillé de faire attention dans les rencontres tendues à jouer davantage sur la furtivité que votre habilité à coller des balles entre les deux yeux de vos adversaires. Personnellement, j'ai bien apprécié ces phases, qui m'ont férocement rappelé le gameplay de
Splinter Cell (2002) : amené à être souvent accroupi, vous jouez à cache-cache dans les décors avec vos assaillants pour pouvoir les attraper dans leur dos. Là, deux options s'offrent à vous : soit vous vous en servez comme bouclier humain, soit vous abréger les jours de votre victime... Même si il est dommageable, contrairement à
Splinter Cell ou
Metal Gear Solid, de ne pas pouvoir interroger ses cibles pour avoir de plus amples informations sur ce qu'il se trame, le jeu se veut généreux avec les joueurs qui jouent le jeu de la furtivité avec des munitions supplémentaires et tout simplement la survie (votre personnage principal n'étant pas capable de digérer outre mesure quelques balles dans son corps). Le jeu met notamment en avant ce gameplay quand le joueur se retrouve à infiltrer des zones d'infectés appelés « Claqueurs » : ces derniers sont aveugles, très résistants, se repèrent au son et provoquent une mort instantanée si ils vous attrapent ; tension garantie lorsqu'ils sont dans les parages accompagnés d'infectés lambdas qui ne se privent pas eux de faire du bruit histoire de les rameuter !

Le troisième et dernier gameplay proposé est tourné vers l'action, de manière assez similaire à ce que l'on connaît de Naughty Dog à travers
Uncharted : armé de quelques munitions, vous devez essayer de vous en sortir face à des groupes bien armés et bien organisés pour ratisser les zones où vous vous terrez. Ici, le gameplay est attrayant et on retrouve des sensations sympathiques des précédents titres cités. J'ai pour ma part surtout apprécié le maniement de l'arc, arme surpuissante dans ce jeu qui permet une très bonne furtivité. De plus, n'étant pourtant pas un adepte des armes types grenades dans les divers jeux, j'ai adoré utiliser les pièges types boites de conserves explosives ou bien les cocktails Molotov déjà cités.
The Last of Us est doté d'un mode multijoueurs qui s'associe à ce gameplay et ressemble férocement au mode multijoueurs de
Uncharted 3 : relativement amusant mais pas indispensable.
The Last of Us est un jeu qui bénéficie d'une direction artistique démente : chaque salle ou chaque endroit que vous allez traverser dans ce jeu raconte une histoire propre ou bénéficie d'un soin particulier. Par exemple, chaque maison ou appartement que vous visitez a son ambiance propre et on a de terribles impressions de déjà-vu quand vous traversez des banlieues pavillonnaires laissées à l'abandon. Naughty Dog frappe fort ici car l'immersion dans cet univers post-apocalyptique est de taille pour le jeu. De plus,
The Last of Us est l'un des jeux les plus beaux que l'on peut trouver sur PS3 : sincèrement, j'ai vécu à nouveau la claque graphique que j'avais déjà vécu avec
Uncharted 2 (réalisation globale et cinématiques). En voyant un tel résultat à l'écran avec une PS3 en fin de vie, même si tout n'est pas parfait (aliasing parfois prononcé), ça laisse songeur pour le saut vers la
Next Gen promis en fin d'année...
Reste à aborder le véritable point fort de
The Last of Us, celui qui doit normalement vous amener à vivre au moins une fois cette expérience : l'intensité sentimentale de son scénario. Dès le prologue, le dit scénario risque de vous toucher et ne plus vous lâcher. Bénéficiant d'une
motion capture de haute volée et d'une technique irréprochable, les cinématiques servent admirablement un scénario très prenant. Ici, la survie n'est pas un vain mot et les situations exposées ne pourront qu'interpeller le joueur dans ses convictions. Le jeu ne se veut clairement pas manichéen et personnages principaux comme antagonistes ont des raisons valables de faire ce qu'ils font dans cette situation critique, libre au joueur de supporter ou non ce qu'il sera appelé à faire dans certaines situations... J'ai adoré suivre cette histoire qui m'a surpris plus d'une fois, et c'est bien là la force de ce titre, servie il est vrai par un gameplay des plus plaisants.
Qui dit « Histoire addictive » dit « personnages évocateurs » pour la vendre. Pas de détour possible ici : le duo Joel/Ellie (les deux personnages présents sur la jaquette du jeu) risque de faire parler de lui durant très longtemps ! Sincèrement, cela fait bien longtemps que je n'ai pas été secoué ainsi par des personnages présentés dans un jeu-vidéo. Leur relation est si intense à découvrir que je ne me risque pas à dévoiler le moindre déroulement de son fil mais on tient bien là une motivation majeure pour découvrir la fin du jeu. Joel et Ellie ne sont pas seuls dans cette aventure et les autres personnages ont aussi leurs moments de gloire, associés plus souvent à des retournements de situation importants. À ce niveau là, pour ma part, la réussite est totale dans l'écriture des personnages, notamment pour Joel et Ellie qui tirent clairement la couverture à eux.
En conclusion, The Last of Us a été une très, très, très belle expérience vidéoludique pour ma part. Même si je n'ai pas été très surpris par les mécaniques de gameplay mises en avant (elles sont bonnes, il ne faut pas se leurrer, mais elles tiennent en partie de la trilogie Uncharted), j'ai littéralement adoré le scénario et les personnages présentés dans cet univers post-apocalyptique. Assurément l'un des jeux incontournables de l'année 2013, ainsi qu'une nouvelle référence du genre Survival Horror/Action.