Synopsis
Téhéran, 1978. Marjane est une petite fille de huit ans dont la vocation aussi simple qu'ambitieuse est de devenir le prochain et dernier prophète. Fan inconditionnel de Bruce Lee, elle a un tempérament fort et est choyée par toute sa famille.
Tout le film est un immense flash back de sa vie jusqu’à ce qu’elle arrive à Paris en 1992, passant par son enfance au milieu de la guerre civile et ses échauffourées avec ces professeurs qui l’obligeront à quitter l’Iran pour aller à Vienne avant de terminer par son retour dans le pays natal.
Bande Annonce
Mémoires de Persépolis
Ce film, réalisé par Marjane Satrapi, est une adaptation de la bande dessinée du même nom écrite par cette même personne, créant deux autobiographies dans deux styles différents. Non seulement cette adaptation avait tous les moyens d’être profondément humaine, mais en plus l’auteur-narrateur-personnage principal a réussi à faire un film d’une très grande qualité, par son témoignage poignant, drôle et moralisateur sans être excessif.
Ainsi, on parcourt l’histoire et l’évolution du régime politique iranien à travers le XXème siècle. Tout commence par la prise du pouvoir par Reza Khan, dont l’ambition de faire de la Perse une république moderne sera altéré par la proposition des anglais de créer un empire ayant des accords économiques avec la Grande Bretagne. Puis, lors de la succession du fils de Reza Khan, ce dernier, le Chah, exerce une dictature violente amenant à une révolution et la chute du régime au profit de la République islamique marquant le début des "commissaires de la révolution" qui contrôlent tenues et comportements. Suit la guerre contre l'Irak entraînant bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère.
C’est à partir de ce moment que Marjane, âgée de quatorze ans, avec sa langue trop pendue, va devoir quitter son pays pour aller à Vienne, où elle vivra une deuxième révolution : l'adolescence, la liberté, les vertiges de l'amour mais aussi l'exil, la solitude et la différence.
Marjane toute petite et déjà très énergique contre le Chah, entourée par sa grand mère et ses parents.
L’adolescente, bientôt jeune femme, va alors se sentir exclue de ces deux mondes : d’un côté, Vienne avec lequel elle n’a pas de point commun, elle ne partage pas la culture et se sent isolée à cause de ses origines ; de l’autre, l’Iran, où les gens qu’elle connaît souffre et ont connu une guerre qu’elle a fuit. Entre les fêtes secrètes, l’Université où l’anatomie est étudiée de façon étrange, le machisme, Marjane ne va plus avoir d’équilibre, va connaître la dépression et trouvera le réconfort auprès de son futur mari. Seule sa grand-mère et ses parents resteront pour l’épauler, même lors d’un mariage décidé précipitement et qui va la convaincre de partir de son pays pour toujours, pour aller en France.
Notons au passage que le titre fait référence fut la capitale de l’Empire Perse Achéménide, montrant l’attachement de la réalisatrice pour son pays, comme le moment où elle s’énerve sur deux viennoises se moquant de ces origines.
Un esthétisme sublime apparaît dans ce subtil mélange de couleur pour le présent et le noir et blanc donnant ces limites au Flash Back. Notons que même si l’utilisation des couleurs se rapproche de Sin City, les deux esthétismes n’ont aucun point commun puisque l’un accentue la violence et l’autre renforce l’émotion, comparaison déjà vu avec le Canada Dry : ça en a la couleur mais ça n’a pas le même goût. Un dessin très beau, différents paysages se rapprochant de l’univers Burtonien (surtout certains arbres), des silhouettes jaillissantes par moment, tout a été soigné pour que l’émotion soit encore plus palpable. Une réussite à tous les niveaux de ce côté, les personnages sont finalement très faciles à reconnaître malgré ce que l’on pouvait penser.
Marjane adulte au premier plan et derrière son arrivée à Vienne.
Bref, ce film est une réussite de tous points de vue, une histoire poignante car vraie, une morale qu’on devra nous même se faire, un dessin audacieux, une touche d’humour bienvenue. A voir au cinéma et à acheter en DVD (quand il sortira bien sûr).
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pavillon, par contre, problème avec les images non résolu par Canal Blog pour le moment)