Je ne crois pas que ce filme soit à classer dans la catégorie de l’histoire d’amour. Tout bonnement parce que Leornard (Also Known as : Kick-Me. Une vrai tête à claque) n’aime pas tellement plus Michelle (Gwyneth, lumineuse quoique dramatiquement chiante en interview, dans on rôle de vedette macrobiotique en plein euphorie due aux joies croisées du pilate et de la maternité) que Sarah (Vannessa Shawn, aussi jolie d’après moi, moins d'après mon binôme masculin mais aussi bonne actrice dans tous les cas)
Je veux dire, bien sûr il croit qu’il aime Michelle, parce qu’elle semble irradier, parce qu’elle a une vie moins dramatiquement fermée que la sienne, et quoique pas épanouie par son boulot et ayant un papa qui a dilapidé la fortune familiale, elle à des copines avec lesquels sortir en boite, un avocat marié et chauve qui l’emmène à l’Opéra, et des potes videurs à qui claquer la bise en coupant les files d’attentes. Elle représente l’inconnu, le changement, la passion brève, le risque.
Leonard, lui est comme un oiseau sans ailes, se traînant sans énergie, suicidaire, handicapé social, ado attardé, aussi mal à l’aise dans son corps que dans l’exercice de la parole.
Qu’à Leonard ? Un père effacé, une mère étouffante (No wonder the kid tried to kill himself), une chambre d’enfant dans un appart glauque qui sent bon la reconstitution des années 70 (c’est même pas moi qui le dis), le souvenir encor à vif de l’abandon de sa fiancée, des antidépresseurs à ingurgiter et une collection de pulls moches…. Bref, un héritage (entre autre génétique : voir les raisons de l’échec de son mariage, mais pas seulement) très lourd. Il pense aimer Michelle parce quelle n’est que tout ce qu’il n’est pas. Voilà ce que sert à symboliser son balayage plus-blond-c’est-albinos tout frais qui irradie la pellicule. Mais Michelle n’est pas libre, Michelle porte haut l’étendard de la fille compliquée pour qui il ne sera au mieux que l’homme de la transition, pas disponible pour lui puisque déjà obnubilée par ses efforts pour en retenir un autre.
Quant à Sandra, ce n’est pas qu’elle soit plus pauvre, moche, stupide ou ennuyeuse, au contraire elle est fine et attentive. Mais elle représente juste la continuation, la fiancée idéale pour ses parents, tant du point de vu religieux (la question de la judaïcité est assez appuyée et je ne sais pas toujours comment l’interpréter) que économique (attention, grosse fusion acquisition à prévoir dans le secteur du pressing New-Yorkais) … rester avec elle, c’est en gros choisir L’homogamie parfaite, la romance tiède, perpétuer l’histoire familiale, se plier aux conventions, choisir un chemin tout tracé.
Le film est très beau plastiquement, très habile dans sa manière de nous faire croire à toutes les possibilités jusqu’à la fin, de transformer peu à peu le pauvre garçon englué en séducteur. Tantôt pathétique, tantôt antipathique, on a autant envie de le voir réussir ses tentatives que de lui coller des baffes tant sa duplicité et sa manière d’esquiver les conflits sont crispantes. De belles scènes de liberté sur les toits, une jolie façon de capter l’effervescence de la boite, ou l’ambiance confinée de l’appartement mais ma scène préférée restera ces quelques secondes glaçantes qu’on croirait sortie d’un filme d’horreur ou Michelle descend de la cage d’escalier et marche dans un couloir plongé dans le noir, deux mèches blondes encadrant un visage invisible.
Un film un peu claustro, au constat amer.
WARNING : Trespassers Will Be Spoiled On Sight: Je trouve que Vicky Cristina Barcelona utilisait un peu les mêmes ficelles (Qui a dit clichés ?) (Blondes VS Brunes; Fiancé matérialiste et puritain VS bel Hidalgo artiste) pour tirer une conclusion semblable en diluant l’amertume avec de la comédie et des clichés Lonely Planet ; la ou Two Lovers joue à fond la carte tragique.
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