(Trailer - theatrical trailer)

~ Avis ~


Ce film très calme et posé n'a pas pris une seule ride, malgré le fait qu'il date de 30 ans. Le casting est irréprochable (Clint Eastwood au top de sa forme, Patrick McGoohan en ignoble, inhumain et monstrueux directeur de prison, Paul Benjamin en English résigné à son sort de vivre éternellement en prison, Frank Ronzio en Litmus et sa souris ...). Voir Clint dans la peau d'un prisonnier - en plus à Alcatraz, c'est sûr que cela donne envi, mais quand en plus, la prestation est là alors, ce film devient un excellent thriller qui nous tient en haleine de bout en bout.
En effet, on y découvre donc un Frank Morris (interprété par Clint Eatswood) plus déterminé que jamais à casser ce milieu et à s'y échapper. Même si on ne connaît pas grand chose de lui (on ne sait pas trop ce qu'il a pu faire pour se retrouver en prison : on sait qu'il s'est évadé à plusieurs reprises et arrive ainsi à Alcatraz), une seule chose l'obsède depuis son arrivée : son désir d'évasion. Il est à la fois solitaire dans l'âme, franc, s'impose vite dans la prison (mais sans trop en faire non plus) et dit ce qu'il pense (notamment face au directeur).
Il cherche les failles d'un système écrasant et insupportable ... et il finit par les trouver, rognant les murs de sa minuscule cellule au coupe-ongle, profitant de l'effritement de la roche sur laquelle est bâtie la prison d'Alcatraz.

J'ai trouvé que le milieu carcéral avait été bien filmé et rendu à l'écran par différents aspects (quelques exemples parmi d'autres) :

- le fait d'arriver "nu" dans la salle des détenus. Cela nous montre la dureté du milieu dans lequel on arrive. Les prisonniers savent à quoi s'attendre dès leur arrivée dans la prison. Ce n'est pas une prison comme les autres.
- le fait d'être sévèrement réprimandé lorsqu'un détenu sème le trouble, les conditions du cachot justement : sans lumière et où on les arrose à grands jets d'eau pour nettoyer à la fois le corps et la pièce - ce qui rajoute encore plus une humiliation envers le détenu
- les bagarres entre détenus, afin de régler les comptes sur de nombreux différents (comme quand Franck ne veut pas devenir la "copine" de Wolf et lui inflige ainsi une terrible correction)
- le fait aussi que le directeur a tous les droits : il prive "Doc" de son seul loisir qui est la peinture, juste par envie et parce qu'il l'a décidé (sans véritables raisons)

Le film est très bien filmé et l'intrigue bien amené. Car même si l'on connaît l'issue du film, on plonge dès la première minute dans le milieu carcéral et dans la fameuse prison d'Alcatraz - véritable forteresse d'où il était apparemment impossible de s'évader de l'intérieur, comme de l'extérieur.
Le réalisateur nous immisce ainsi directement au cœur de cette évasion et de ses préparatifs (en n'omettant pas ni les doutes, ni les positions et réflexions de chacun des protagonistes ...). Tout y passe et c'est tout ce mélange, cette immersion "en huit clos" (quasiment) qui met le spectateur dans cet univers carcéral totalement glacial et inhumain, où la vie se révèle très dure. Glacial pour le côté froid du directeur envers les détenus et aussi, pour ne pas oublier la mer glacée qui entoure la prison, empêchant ainsi toute tentative d'évasion à la neige; inhumain, pour le sort qui est réservé aux détenus et leurs conditions dures (cachot ...).

Bref, un excellent film de suspense à voir et à revoir !

~ En plus ... ~


► Les faits réels :

Ce film s'inspire donc de faits réels, puisque Franck Morris (emprisonné de 1960 à 1962 à Alcatraz) s'est évadé d'Alcatraz en compagnie des frères Anglin (Clarence et John) dans la nuit du 11 juin 1962. Il ne faut pas oublier de mentionner l'aide d'un quatrième complice - Allen West - qui lui par contre n'a pas pu s'échapper à temps. (plus d'infos sur ce site pour les détails de cette formidable évasion)

Ils n'ont jamais été retrouvé. Le mystère demeure encore pour savoir si ils se sont noyés ou ont réussi à s'échapper véritablement et sont toujours en vie.Mais le FBI recherche toujours les trois fugitifs.


► Anecdotes :

Cette évasion fut la seule qui ait jamais réussi, même si on ne sait pas ce que sont devenus les trois hommes (ils sont toujours recherchés par le FBI).

- Pendant le tournage (en décors réels), les touristes étaient autorisés à se rendre sur l'île : l'affluence fut telle que la plupart des scènes durent être tournées de nuit.
D'ailleurs, pas mal de scènes se passent de nuit (notamment l’évasion, mais aussi toutes les scènes de la préparation de l’évasion – l’arrivée de Eastwood à Alcatraz, au début du film, se passe aussi de nuit, par un temps de chien), et l’ambiance générale est vraiment pessimiste, noire.

- Ce film marque les débuts au cinéma de l'acteur Danny Glover. A noter bien sûr, la présence pour le moins marquante, de Patrick McGoohan, le fameux numéro 6 de la série culte Le Prisonnier, qui, c'est un comble, incarne cette fois le directeur de la prison.

- Les scènes dangereuse d'évasion ont été tournées sans doublure : à deux reprises, le réalisateur Don Siegel crut avoir perdu ses acteurs dans les dangereux courants du Pacifique.

- Le nom d'Allen West a été changé dans le film en Charley Butts, interprété par Larry Hankin.

- C'est le cinquième film entre Clint Eastwood et le réalisateur Don Siegel (Un shérif à New York, Sierra Torride, Les proies, L'Inspecteur Harry et L'Évadé d'Alcatraz)

A noter aussi qu'on dénombre quelques clins d'œil :

- Patrick McGoohan que l'on a connu sous le nom de Numéro 6 dans la série Le Prisonnier. Dans cette série, les habitants d'un village étaient soit des prisonniers, soit des geôliers. Le parallèle avec la série est assez évident et fait sourire, car Patrick McGoohan se révèle parfait en directeur de prison vicieux
- Titmus a apprivoise une souris. Tout comme "Mister Jingles" dans le livre La ligne Verte de Stephen King et aussi son adaptation cinématographique.