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 Sujet du message: Black Swan
MessagePosté: Dim 13 Fév 2011 10:47 
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Jeunesse et ambition dans l'univers de Tchaïkovski

À New York, une prestigieuse compagnie de ballets organise une nouvelle saison dont Le Lac des cygnes doit être la pièce majeure. Le chorégraphe français Thomas Leroy recherche une nouvelle danseuse étoile dans sa troupe pour remplacer Beth McIntyre, étoile de la danse sur le déclin à cause de son âge. Nina Sayers, l'une des danseuses de la troupe, rêve depuis son enfance d'être un jour la reine des cygnes dans une telle représentation. Elle essaye donc sa chance aux auditions pour enserrer son rêve.



Un vilain petit canard ?

Ma sentence va être bien rapide concernant ce film : c'est une bombe NN qui est lâchée en ce moment dans les salles obscures et j'espère qu'elle va faire des ravages. Magique de bout en bout, le dernier film de Darren Aronofsky démontre une nouvelle fois qu'il y a réellement quelque chose de remarquable à observer à chaque nouvelle ligne de sa filmographie. The Wrestler m'avait séduit la dernière fois, mais Black Swan m'a réellement envoyé à des étages supérieurs dans un style qui apparaît au premier abord comme analogue.

Le film se dévoilant de manière formidable lorsque le spectateur ne s'y attend pas, je vais couper très vite court à la « critique » publique en mettant la majeure partie de cette intervention sous spoilers. Tout au plus, j'indiquerai ici que l'on peut s'attendre en entrant dans la salle à ce que Nathalie Portman soit au diapason avec les critiques actuelles dont elle fait l'objet et que Darren Aronofsky fait plus que honneur à sa réputation. Un film à découvrir de toute urgence.

Spoiler: Montrer
Mais quel film ! Je sais que je suis aisément influencé par l'impression d'ensemble qui peut se dégager du spectacle présent à l'écran, mais là, Black Sawn m'a tout simplement collé des frissons tels que j'en avais pas ressenti au cinéma ces dernières semaines ! Tout y était : du thriller dramatique « en veux tu - en voilà », de la schizophrénie qui déboussole dans la lignée spirituelle d'un Fight Club, un spectacle maîtrisé à l'écran qui vire à l'enchantement dès que les premières notes de Tchaïkovski sont jouées, un casting très bon porté par l'excellence sans bornes du premier rôle... Cette critique va tourner, si ce n'est déjà fait depuis longtemps, au prosélytisme pur et dur pour Black Sawn, mais qu'importe ! C'est un film tellement simple à adorer que je vais m'y complaire sans trop de retenue.

Allez, rendons d'abord justice à celle qui a le poids du film sur ses épaules... [Souvenirs, Souvenirs]

Deu$ a écrit:
La fin d'un Mythe.
La vidéo du « délit »
RIP Natalie Portman, you were such a badass bitch.

Ce n'est pas aujourd'hui que l'on va apprendre que Nathalie Portman est une grande actrice, néanmoins, je ne peux que faire la carpette devant l'excellence de la qualité de son jeu afin de le saluer. Cette mise en abimes qu'offre tout au long du film l'actrice est juste sciant, on se prend au jeu quitte à foncer encore plus tête baissée dans le panneau de la dramaturgie mise en place alors que l'on est conscient grâce au contrat passé par le film que la fin de cette histoire ne peut qu'être tragique. Tour à tour fragile, ingénue et psychopathe si on aime prendre des raccourcis, on en prend plein les yeux sur 1:45 et on comprend la moisson programmée ou effectuée de prix que Nathalie Portman a pu faire ces dernières semaines. Elle donne corps de façon admirable à un personnage et à une histoire écrits avec une justesse élevée ; et éclipse de cette façon tout le casting qui l'entoure alors que celui-ci se révèle pourtant très bon (Vincent Cassel et Mila Kunis en tête). Une rencontre heureuse entre une actrice et un rôle pour servir un dessein aux ambitions bien mesurées.

En effet, il en fallait du talent de part et d'autre pour insuffler une vie à cette histoire de schizophrénie de plus en plus prononcée jusqu'à la chute. Ici, Darren Aronofsky déballe une science bien maîtrisée du cinéma pour capter l'attention du spectateur et ne pas cesser de le surprendre, même si je le rappelle encore une fois on se doute bien de l'issue de l'histoire vu sa tonalité résolument dramatique. Les éléments visuels qui sèment progressivement le doute dans l'esprit de Nina, alors à la recherche de son alter égo de cygne noir, m'ont paru très bien trouvés : en soi même, ces éléments ne sont pas violents ou spectaculaires, mais j'ai trouvé qu'ils étaient amenés de tels manière que le spectateur est obligé de se sentir mal à l'aise et verse à fond dans l'empathie avec le personnage principal (le thème des doigts, ça m'a particulièrement pour le coup à certains moments). Cette science du contre-pied permanent trouve un apogée sublime dans le final du film où l'on se perd avec Nina dans l'électricité du ballet et l'envol ensanglanté du cygne noir. Très impressionnant de bout en bout à ce niveau.

Ce que j'ai aussi trouvé remarquable dans ce film, ce sont ses scènes théâtrales magnifiques : c'est très bien réalisé et on est surtout pris au jeu de s'intéresser à la représentation qui est au final bien captivante. Écho, puis finalement scène de l'éclosion de Nina, on se prend une nouvelle fois au jeu proposé par le film ; même si personnellement ce style de représentation artistique n'est pas ce qui m'attire fondamentalement. Quoi qu'il arrive, on en ressort quand même bouche bée notamment quand le cygne noir fait face au public au grand jour.

Un nouveau point relevé un peu partout et sur lequel je ne vais pas faire l'économie : la souffrance physique dans les films de Darren Aronofsky. Avec The Wrestler, on avait réellement mal pour, et avec, Randy « The Ram » Robinson (comme lors du combat sanglant à la CZW) mais là, on atteint un nouveau degré je crois dans cette réaction avec Black Sawn. Si le début du film se réserve pour une présentation de la douleur classique pour les ballerines (le gros orteil au départ... Ouch), la suite va plutôt loin dans cette thématique de la douleur corporelle chez l'artiste. Encore une fois, le réalisateur parvient très bien à retransmettre ce sentiment de douleur et de peine sans aller, à mon sens, dans un excès simplement tape-à-l'œil ; ce qui assoie d'une autre manière la portée de son film.

Je vais m'arrêter d'ailleurs avec cette dernière : Black Sawn se révèle au final un film très pratique pour le spectateur car il peut lui coller tout et n'importe quoi en terme d'interprétations. Par exemple, en regardant le film, j'ai eu l'impression qu'il y avait une volonté derrière d'élaborer une sorte de conte contemporain ou bien d'extrapoler certaines thématiques des contes classiques à un cadre contemporain. Au fur et à mesure, l'enchainement « Jeune fille ingénue → découverte de la sexualité → sang → mort (?) » qui ne dit peut-être pas son nom m'a fait penser à cela. Mais comme évoqué au début, rien n'est moins, on peut aisément arriver à avoir la lecture que l'on souhaite du film. Et ça, c'est un nouveau bon point pour le film pour ma part, ça souligne que l'on peut toujours proposer un mythe à décrypter quel que soit sa forme au spectateur pour qu'il s'y retrouve selon son envie.

Pour conclure, je ne peux que me répéter par rapport au départ : Black Sawn envoie pour ma part du bois comme ce n'est pas permis et se pose comme un incontournable. On en ressort émerveillé et lavé de cette découverte, on loue la performance de Nathalie Portman et on se convainc une nouvelle fois que Darren Aronofsky a encore une belle étoile au dessus de lui. Du grand spectacle à tous les étages.

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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Dim 13 Fév 2011 17:24 
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Et concernant la vraie polémique autour du film ? A savoir l'inspiration un peu trop inspirée de Perfect Blue ?

Darren Aronofsky n'a jamais caché dans le passé son admiration pour Satoshi Kon et avait même repris une scène (plan par plan) de Perfect Blue dans Requiem For a Dream - avec l'autorisation de Satoshi Kon.

Là hormis le traitement thématiquement/ambiance qu'on peut facilement rapprocher à Perfect Blue il y aurait également un certain nombre de scènes qui seraient des reprises plan par plan de Perfect Blue (scène du rouge à lèvre et des mirroirs par exemple) et avec un certain nombre de détails troublants : on passe de Mima (Perfect Blue) à Nina (Black Swan) ou encore une chambre de Nina décorée dans le même style que celle de Mima.

Le problème n'est même pas l'inspiration mais l'absence d'information sur cette inspiration avant la sortie du film. En effet avant la sortie officielle du film, lorsqu'on lui demandait qu'elles avaient été ses influences pour Black Swan, Aronofsky répondait systématiquement Les Chaussons Rouges et Rosemary’s Baby. Aucune mention de Perfect Blue alors qu'Aronofsky a cité dans le passé plusieurs fois son admiration pour ce film. Et évidemment depuis la sortie un certain nombre de personnes lui sont tombés dessus et il a écarté la question en reconnaissant seulement une influence mineure. C'est difficile à imaginer et le problème ce n'est pas réellement l'inspiration/influence mais le fait de l'avoir "caché" avant la sortie du film et donc de ne pas réellement l'assumer. Surtout qu'avec le décès récent de Satoshi Kon dans les circonstances que l'on connaît, cette absence de réel aveu d'inspiration passe assez mal. Ici l'attitude d'Aronofsky est clairement Borderline et s'il avait rendu un hommage dans son générique de fin à Satoshi Kon je pense que personne ne lui aurait jeté de pierres mais là ça passe mal et nuit inutilement à son film...

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MessagePosté: Dim 13 Fév 2011 22:10 
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Je n'ai pas lu quelque chose à ce sujet depuis la sortie de Black Swan en décembre dernier aux États-Unis, et ça m'étonne après lecture que ça n'a pas eu un écho plus important vu les arguments avancés et surtout vu la chronologie des évènements (comme Ange Bleu l'a rappelé précédemment, Satoshi Kon étant disparu à l'été 2010 quelques mois avant la sortie du film de Aronofsky). Après lecture de cet argumentaire, je ne pense pas me ranger fondamentalement derrière (je n'ai pas l'impression après coup que c'était « un plagiat ») même si certaines choses en particulier peuvent indiquer des fondements crédibles.

Ange Bleu a écrit:
Là hormis le traitement thématiquement/ambiance qu'on peut facilement rapprocher à Perfect Blue il y aurait également un certain nombre de scènes qui seraient des reprises plan par plan de Perfect Blue (scène du rouge à lèvre et des mirroirs par exemple) et avec un certain nombre de détails troublants : on passe de Mima (Perfect Blue) à Nina (Black Swan) ou encore une chambre de Nina décorée dans le même style que celle de Mima.
En ce qui concerne la scène du bain indiquée, oui, les similitudes sont assez poussées entre les deux (qui font donc trois avec Requiem for a dream) mais elles n'ont pas le même but ou la même chute. Je n'ai pas eu aussi l'impression que durant les premières phases de Black Swan l'approche du miroir soit la même entre les deux films (même si l'on peut retrouver des similitudes vers la dernière partie du long métrage de Aronofsky). Néanmoins, et si on souhaite accréditer et nourrir une analogie entre les deux,
Spoiler: Montrer
Nina va par exemple avoir l'impression de rencontrer dans la rue son sosie comme l'héroïne de Satoshi Kon. De même, la scène où Nina se retrouve durant l'une de ses crises d'angoisse devant ses très nombreux portraits dans la chambre de sa mère peut rappeler une situation analogue dans le film de Satoshi Kon.

En revanche, le fait de souligner la composition de la chambre de Nina me semble hors à propos pour étayer convenablement cet argumentaire : on comprend en voyant le film qu'on peut difficilement trouver autre chose dans cette situation donnée afin d'envoyer un message type au spectateur qu'il puisse comprendre (d'ailleurs, sa chambre est plus « glauque » dans la mièvrerie que celle de Mima).

Citation:
Ici l'attitude d'Aronofsky est clairement Borderline et s'il avait rendu à un hommage dans son générique de fin à Satoshi Kon je pense que personne ne lui aurait jeté de pierres mais là ça passe mal et nuit inutilement à son film...
Vu l'antécédent entre le réalisateur et ce film de Satoshi Kon, c'est évident car reconnu qu'il y a eu une telle influence durant sa carrière mais je comprends que cela puisse amener des réticences chez Aronofsky de souligner l'origine de tels reliquats, si ils sont intentionnels dans la mise en scène, alors qu'il s'apprête peut-être à voir pleuvoir les récompenses aux Oscars : si jamais Black Swan était le remake occidental qui ne dit pas son nom de Perfect Blue, ça ne le ferait pas du tout j'imagine.
:Ballamy mark:

Mais bon, comme évoqué précédemment, je ne considère personnellement pas Black Swan de la manière dont un tel argumentaire peut le suggérer.

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 Sujet du message: Black Swan
MessagePosté: Dim 13 Fév 2011 22:34 
The old man
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Bullzor a écrit:
Je n'ai pas lu quelque chose à ce sujet depuis la sortie de Black Swan en décembre dernier aux États-Unis, et ça m'étonne après lecture que ça n'a pas eu un écho plus important vu les arguments avancés et surtout vu la chronologie des évènements.


C'est là où je trouve qu'on se rend compte des films "favorisés" par la critique ciné : on peut aller dans n'importe quel forum cinéma FR ou US et on est à peu près sûr de trouver dans le topic Black Swan une discussion autour de Perfect Blue. C'est le plus gros sujet de discussion autour du film sur les forums ciné depuis le mois de décembre (avec les Pour et Contre qui s'affrontent plus ou moins gentillement^^).
Et presque rien ne remonte dans les critiques "officiels" sur ce sujet, qu'elles soient web ou papier. C'est carrément de l'ordre du filtre je trouve à ce niveau-là. Aux US la "polémique" est un peu plus médiatisé mais en France c'est quasiment zéro.
Sans pour autant tomber sur Aronofsky (pas d'avis perso n'ayant pas vu le film) il y a quand même là une question qui mérite d'être abordé et traité. Aronofsky est fan de Satoshi Kon, donc on peut y voir hommage, influence (petite ou grande) ou carrément plagiat, mais en tant que critique cinéma il faut au moins en parler. Passer ça sous silence c'est soit de l'incompétence, soit de la politique de l'autruche. Et je dis ça pour les professionnels du ciné (pas pour le spectateur lambda) : il est impossible que les critiques soient passés à côté de cette polémique qui n'est peut être pas justifié mais ce n'est pas comme si il était inconcevable de trouver une filiation entre les deux films je pense...

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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Lun 14 Fév 2011 14:12 
Ô-Totoro
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Je ne reviens pas sur l'inspiration du film sur l'oeuvre de Satoshi Kon, tout me parait avoir été dit. Pour ma part, j'en sors bien moins enthousiaste que Bullzor.

Il ne faut pas s'y tromper toutefois, BLACK SWAN bénéficie de très bons atouts pour être un film très correct. Que ce soit au niveau de la prestation de ses acteurs (Nathalie Portman se masturbant dans une scène, je subodore l'Oscar), de ses effets spéciaux, de sa photographie, de sa musique (pas difficile, sur ce point) de certains plans, il n'y a pas grand chose à reprocher au film. Techniquement, il tient plutôt bien la route et offre quelques passages très beaux (le plan sur le Black Swan est incroyable).

Cependant, je me demande comment on peut traiter un sujet si gracieux avec autant de lourdeur.
Je ne sais pas si c'est dû au fait que BLACK SWAN ressemble énormément à tout film ayant déjà traité du fantasme, de la paranoïa, de la schizophrénie, mais j'ai vu venir chaque scène de très loin et cela m'a empêché de rentrer vraiment dans l'intrigue. En lisant le synopsis, j'en ai même deviné le final (et ce n'est pas histoire de dire que Leto il est trop fort, il ne se laisse pas avoir et il est plus malin que tout le monde). Tous les artifices (blessure inexistante, scène lesbienne, miroir réfléchissant un double inquiétant, meurtre confus et suicide final) fonctionnent, bien évidemment, mais l'ensemble manque cruellement d'ampleur, d'originalité, limite de viscéralité.
De plus, le scénario nous oblige, en tout début de film, à une scène où l'histoire du Lac des Cygnes va nous être bien expliquée pour que l'on puisse comprendre que BLACK SWAN va être une double relecture. Hormis nous le mettre sous le nez pour qu'on ait bien l'impression d'être pris pour des débiles, pourquoi ne pas avoir squeezé cette scène ? qui ne sert d'ailleurs à rien puisque plus tard, Nina Sayers expliquera à nouveau les enjeux du ballet plus tard.

Je n'ai rien contre les films qui empruntent beaucoup aux œuvres qui les ont précédés, d'autant plus que là cela pourrait le servir dans sa volonté de réécrire une "version vicérale et mystérieuse", à la fois du ballet et du film paranoïde, mais BLACK SWAN m'a paru vraiment trop grossier dans la manière d'amener les éléments et de construire la psychose de son personnage principal pour que je puisse l'apprécier pour ses qualités. Un peu plus de légèreté ne lui aurait pas fait du mal.


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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Lun 21 Fév 2011 20:26 
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Spoiler: Montrer
D'accord. Vous n'allez pas aimer cette critique. J'ai beaucoup aimé ce film.
Un film littéralement oppressant, magnifiquement rendu par la multitude de gros plans serrés dont les décors ne sont visibles qu'à travers les miroirs. Très intelligent, très bien rendu, les techniques cinématographiques sont pratiquées à la perfection, les effets spéciaux sont discrets mais efficaces. Nathalie Portman est géniale. Voire plus. Et encore, j'ai été bluffé. Non pas par sa dance -oui bon d'accord, elle SAIT marcher sur ses doigts de pieds, elle sait bondir avec style, s'envoler avec grâce, il n'y a pas QUE ça- mais par son jeu d'actrice extraordinaire: sa voix fluette perdue et fragile, son visage qui semble se décomposer, ses yeux contamment en larme(s?). Mais surtout la façon dont elle communique avec les acteurs, très réaliste, pas trop dans le pathos mais assez pour nous faire frissoner.
Bref, sur la forme, rien à dire, c'est parfait. C'est un scénario à la Inception (un film pseudo-intelligent, sans connotation négative, et qui attire pas mal de monde) fait par un mec talentueux et de bons acteurs.

Soit.

Ceci dit, je me lasse de cette vague de films schyzophréniques faits, re-faits et re-re-faits par Hollywood. Oui bon, on a un personnage super étrange, à côté de la plaque, paranoïaque et qui pète les plombs à la fin du film (le twist-ending est OBLIGATOIRE- han, mais ce personnage est un double du héros/héroïne!! Ce n'est pas comme si je l'avais vu dans Fight Club, The Machinist, Identity, Donnie Darko, et pleins d'autres!), soit. Mais stop.
D'accord ça me plait. Mais là c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Il faut vraiment que cela cesse.
Au fur et à mesure du film le réalisateur s'enfonce dans des clichés navrants: une boîte de nuit pour un mauvais trip, une amie/ennemie, une mère/père flippant(e), un boulot épuisant etc... Les analogies sensées enrichir le film en tension et en énigmes ont toutes été utilisées par le passé (le miroir vilain, les yeux rouges, la dégradation du corps/esprit, les voix flippantes en background....).

Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce film. Bidon ou chef-d'oeuvre en retard ?


EDIT: Au fait j'ai carrément oublié! Pour vous, à la fin,
Spoiler: Montrer
N. Portman meurt ou pas ?
Film pessimiste ou optimiste ? Effet de style ou ratage complet de l'auteur ? Au final je n'ai pas compris, ça me stresse.


DOUBLE EDIT@ Leto: Certes, mais j'ai réussi à voir à la fin, une "renaissance". Nina, prisonnière de l'appartement de sa mère, enfermée dans un monde enfantin malsain, et dont les talents se limitent à une reproduction de dance parfaite mais sans émotion, se scarifie (euphémisme) pour "tuer" ce qu'elle était: un cygne blanc voué à la mort. Finalement, elle devient un cygne noir: sensuelle, osée, rebelle.
Pour moi, j'y vois une forme d'optimisme: tout le film (donc toute la période de cygne blanc) est angoissant, et seules les scènes où elle traîne avec Lily (boîte de nuit, salle de répétition) "allègent" le film de sa lourdeur oppressante habituelle.
Et le dernier plan ressemble fortement à celle du Machinist: mauvaise fin en soi (prison/souffrance) mais libération (fin du cygne blanc/fin de la culpabilité) le tout accompagné d'un fondu en blanc.


EDIT 3: J'avais cru voir de l'ironie dans les propos de Leto mais après relecture non ^^"
Autant pour moi, nos deux avis sont les mêmes

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Dernière édition par Donnie Darko le Mar 22 Fév 2011 12:04, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Lun 21 Fév 2011 20:55 
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Ca me donne pas forcément envie d'aller le voir là O.o -> Promis, je mangerais pas de pop-corn !!


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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Lun 21 Fév 2011 21:38 
Ô-Totoro
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Donnie Darko a écrit:
Film pessimiste ou optimiste ?

Spoiler: Montrer
Dans la mesure où tout le film montre Nina s'enferme dans la paranoïa et sombrer dans la schizophrénie, peut-on déjà y voir une larme d'optimisme ?

Et vu que sa dernière réplique est "I was perfect... " et que le Lac des Cygnes s'achève sur le suicide de son personnage principal, je ne sais pas si on peut l'interpréter autrement que par la mort du personnage.

FIGHT CLUB, c'était il y a douze ans et ça n'accumulait pas tous les poncifs que tu décris. La comparaison me parait malvenue, en tout cas (pas vu les autres films que tu cites, cela dit).


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 Sujet du message: Black Swan
MessagePosté: Lun 21 Fév 2011 22:44 
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Pour répondre à la question posée par Donnie Darko à partir de mon point de vue :
Spoiler: Montrer
Contrairement à Leto, j'ai eu l'impression que Nina Sayers s'en tire bien à la fin ; contrairement à la plupart des héros de Darren Aronofsky. En fait, sa blessure me paraît plus « superficielle » que le mal qui rongeait ses prédécesseurs, et j'ai donc conclu qu'elle pouvait bien s'en tirer après quelque soins. Après, j'ai trouvé l'ouverture de la fin plutôt teintée d'optimisme : avoir conscience que l'on a tenu la transcendance de sa personne le temps de quelques minutes, ça doit quand même signifier quelque chose de plus valorisant que d'être conscient de sa schizophrénie grandissante.

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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Mer 30 Mar 2011 16:13 
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Au US, on s'écharpe actuellement pour savoir si Portman à réellement effectué les passages dansés du film, ou si une danseuse professionnelle à prêté son corps et son expertise. Les Oscars étant une machine à récompenser les campagnes de promo les plus habiles, les gens se demandent si Nathalie aurait obtenu son Oscar si on avait pas si lourdement insisté sur son exigeante, douloureuse, et pauvre en calories "transformation" en ballerine. La vidéo youtube présentant le travail d'effet spéciaux effectué ayant été expurgée par la Fox des passages montrant le visage de Portman incrusté sur le corps d'une danseuse, les commentateurs crient au coup monté.

La vidéo complète est encore disponible sur internet. Que cela influe, ou non sur la réception que l'on a de la performance d'actrice, le travail de retouche est spectaculaire. (défilez un peu vers le bas)

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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Mer 30 Mar 2011 16:36 
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Il est vrai qu'il faut souligner que N. Portman n'est pas du tout une danseuse étoile (cela se saurait hein ^^). Néanmoins, il semblerait qu'elle se soit entraînée comme une dératée pendant un an (et même pendant que les autres acteurs faisaient des pauses, elle continuait pour ne pas refroidir les muscles) pour arriver à un résultat honorable pour le film (et quel film) ! On se doute que ce n'est pas elle que l'on voit tout le temps ! Sa doublure serait elle jalouse de la notoriété de Portman et voudrait elle que l'on a salue elle aussi ?!? oO
Pourtant, doubleur est un dur métier et ingrat ! Ils agissent dans l'ombre ...

Il a noté aussi que le réalisateur a défendu l'actrice en précisant que 80 % (environ, si ma mémoire est bonne) des scènes que l'on pouvait voir dans le film étaient joués et interprétés par Nathalie Portman.

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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Mer 30 Mar 2011 16:55 
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Localisation: Échappe à la connaissance
Ce qui m'impressionne, c'est qu'à la base il y ait des gens pour croire que N. Portman a tout dansé sans doublure et qui sont en train de se dire "tiens, le cinéma c'est pour de faux ?" On a l'impression que ce qu'il ont appris à 4 ans, ils l'ont oublié entretemps et tombe des nues comme des enfants, du haut de leur naïveté.
Je veux bien que N. Portman ait travaillé dur pour le rôle, mais comment peut-on croire qu'un an de préparation puisse permettre de faire des figures que seule 0,0001 % de la population mondiale pourra faire en y travaillant toute une vie ?

el-d-brokeur a écrit:
Sa doublure serait elle jalouse de la notoriété de Portman et voudrait elle que l'on a salue elle aussi ?!? oO

C'est surtout que la promo du film essaye d'effacer totalement sa performance, croyant que celle de N. Portman en serait amoindrie. C'est comme MI:2, où T. Cruise avait tout fait pour que ses doublures n'apparaissent jamais dans une promo ou les bonus DVD du film, histoire que le monde croit que T. Cruise fait toutes ses cascades tout seul. La jalousie n'a rien à voir, mais c'est dégueulasse de se faire étouffer par la promo pour éviter de récompenser sa performance, qui vaut physiquement celle de N. Portman.

Le problème là dedans, c'est qu'on a l'impression que pour la majorité des gens, un effet spécial (parce que l'utilisation de la doublure en est un) amoindri forcément les qualités d'un film. Or, ce qui importe est moins l'existence de l'effet spécial que le rendu à l'écran. Et si l'illusion fonctionne pour le spectateur, pourquoi une doublure serait-elle un mal ? Pourquoi une image de synthèse serait-elle pire qu'un costume ? etc.


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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Mer 30 Mar 2011 17:15 
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Leto a écrit:
Ce qui m'impressionne, c'est qu'à la base il y ait des gens pour croire que N. Portman a tout dansé sans doublure et qui sont en train de se dire "tiens, le cinéma c'est pour de faux ?" On a l'impression que ce qu'il ont appris à 4 ans, ils l'ont oublié entretemps et tombe des nues comme des enfants, du haut de leur naïveté.
Je veux bien que N. Portman ait travaillé dur pour le rôle, mais comment peut-on croire qu'un an de préparation puisse permettre de faire des figures que seule 0,0001 % de la population mondiale pourra faire en y travaillant toute une vie ?

el-d-brokeur a écrit:
Sa doublure serait elle jalouse de la notoriété de Portman et voudrait elle que l'on a salue elle aussi ?!? oO

C'est surtout que la promo du film essaye d'effacer totalement sa performance, croyant que celle de N. Portman en serait amoindrie. C'est comme MI:2, où T. Cruise avait tout fait pour que ses doublures n'apparaissent jamais dans une promo ou les bonus DVD du film, histoire que le monde croit que T. Cruise fait toutes ses cascades tout seul. La jalousie n'a rien à voir, mais c'est dégueulasse de se faire étouffer par la promo pour éviter de récompenser sa performance, qui vaut physiquement celle de N. Portman.

Le problème là dedans, c'est qu'on a l'impression que pour la majorité des gens, un effet spécial (parce que l'utilisation de la doublure en est un) amoindri forcément les qualités d'un film. Or, ce qui importe est moins l'existence de l'effet spécial que le rendu à l'écran. Et si l'illusion fonctionne pour le spectateur, pourquoi une doublure serait-elle un mal ? Pourquoi une image de synthèse serait-elle pire qu'un costume ? etc.
Attention, Leto loin de moi l'idée de dire que Portman a tout fait hein ^^
je sais bien que les doublures existent (ironie exists ^^)
Alors oui je veux que l'on reconnaisse le talent et les doublures quand ils sont là (et ils sont toujours là) !
Car on dit bien aussi, sans les doubleurs, l'acteur n'est rien ^^

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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Mer 30 Mar 2011 17:26 
Ô-Totoro
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Non mais ce n'est pas contre toi el-d que je m'énerve, c'est contre les gens qui s'offusquent que N. Portman puisse être soupçonnée d'avoir eu une doublure sur certaines scènes de danse très complexes parce que ça remettrait en cause toute sa performance. Et aussi contre l'actrice qui en remet une couche, aidée par D. Aronofsky qui en dégringole encore plus dans mon estime (si tant est que j'en ai eu pour lui).

Et s'il dit que N. Portman a fait 80 % des séquences de danse toute seule, à la vue de la vidéo postée par Namienator (où quasiment toutes les séquences montrent que ça a été retouché), trois solutions sont envisageables :

- Il compte dans les séquences de danse tous les moments où elle se croute/se plante/danse mal, auquel cas je veux bien admettre que ce soit vrai.
- Il s'est enfoncé dans la spirale perverse de son directeur marketing en reniant toute la partie VFX du film, auquel cas, ses collaborateurs dans ce domaine feraient mieux de claquer la porte parce que c'est un ingrat.
- J'ai dormi pendant 80% du film, auquel cas j'ai loupé toutes les séquences authentiques de N. Portman. Ce qui ne serait pas improbable, vu la légèreté du machin qui te fait sentir dix minutes comme une heure poussive.

Bon, allez, promis je me calme :p.


Edit : Un bonus pour la route, une citation de Sieur Djoumi qui résume bien la situation.

Rafik Djoumi a écrit:
Les mecs arrivent à 20-30 balais en s'imaginant encore qu'avant c'était "pour de vrai" et que maintenant "on triche". Avant, les figurants ils se faisaient fouetter et ils portaient des rochers de 600 tonnes pour construire des pyramides. Et Charlton Heston il faisait une galipette au-dessus d'un char lancé à tout allure, acclamé par 100 000 figurants tous costumés. Jamais on trichait quoi. Toute information, et y'a qu'à se baisser pour en ramasser, qui vise à leur prouver que leur vision du Cinéma d'avant c'est du pipeau, un pur fantasme, est censurée.


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 Sujet du message: Re: Black Swan
MessagePosté: Mer 30 Mar 2011 19:35 
125 000 000 Berrys
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Inscription: 12 Oct 2006
Messages: 916
Localisation: Ici.
J'avais justement lu un truc intéressant dès la sortie du film, je ne sais plus si c'était dans Télérama ou Libréation, mais un spécialiste avait été quémandé uniquement dans de but de faire un article sur les qualités de danseuses de N. Portman.
Il avait analysé le film et appuyait bien sur le fait que les scènes où elle danse sont essentiellement filmées en gros plan, sans montrer au spectateur son bassin trop maigre et son allure trop chétive pour pouvoir réellement accomplir entièrement sa performance. N.Portman était, effectivement, bien trop maigre à mon goût pour copier ce que les professionnel(les) font depuis des années.

Par exemple, une vidéo au pif (si si) sur youtube pour illustrer mon propos:

SPOIL!

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