Pour ma courte expérience dans ce domaine, qui doit dater de la période de mon inscription sur la Volonté, j'ai découvert l'existence du scantrad par simple curiosité et sur une poignée de titres. Curiosité d'apprendre de nouvelles infos sur des séries que j'achetais déjà en volumes reliés. Me voilà donc entrer timidement dans ce monde, ne lisant au début que quelques petits passages de chapitres en me laissant de gros blancs dans l'histoire séparant la VO de la VF, j'en suis venu rapidement à séparer mes lectures en deux catégories. Une première constituée de mangas pouvant se lire très rapidement, sans trop de dialogues ou de complexités, car lire sur un écran m'est extrêmement pénible (One Piece, Naruto, Bleach, Reborn, Gantz et Hunter x Hunter). Une seconde regroupant des titres aux synopsis accrocheurs, en ne lisant que quelques uns des premiers épisodes pour me faire une idée de mes potentiels prochains achats (Liar Game, Shi Ki, Psyren, Judge,…).
Aujourd'hui, un peu plus d'un an après m'y être embarqué, j'avoue éprouver de moins en moins d'intérêt face à cette nouvelle façon de lire, si bien que mes lectures les plus régulières se sont vues réduites les unes après les autres jusqu'à ne plus suivre que du Bleach à un rythme hebdomadaire (et très certainement du HxH lorsque ça reprendra). Un changement qui s'est surtout fait suite à un constat gênant, le fait d'éprouver moins d'envie à chaque nouvelle sortie de tome.
Je retire quand même beaucoup de points positifs à la lecture en ligne qui parleront forcément à un très large public :
- L'attractivité financière, évidemment. Comment un jeune étudiant pourrait-il répondre aux tarifs en vigueur sur le livre, en n'oubliant pas de compter les augmentations de prix abusives par la quasi-totalité des éditeurs ? Surtout lorsque ces mêmes augmentations ne vont toucher que les collections leur étant adressées… C'est fou.
- Le côté pratique. De ne pas avoir à se trimballer quantité de papier encombrant pour pouvoir lire par exemple en déplacement. J'y connais rien en matière des super téléphones multi fonctions ou autres ipod, mais j'imagine qu'il est possible d'accéder à Internet et de lire un peu ce que l'on veut, où l'on veut avec ces engins (?).
- La facilité proposée quant au fait de découvrir de nouvelles choses encore non disponibles en français. Le point qui me parle, ou parlait, le plus.
- Et enfin, autre point très important, la possibilité de dégoter une œuvre en arrêt de commercialisation (en VF) et devenue une pièce presque introuvable et hors de prix.
EnOd a écrit:
Ma facon de voir les choses est la suivante : au contraire des avis sceptiques, je crois assez fermement au pouvoir economique du scantrad. D'abord, les consommateurs de scantrad sont vraisemblablement des fans de manga, c'est-a-dire des demandeurs et des acheteurs potentiels, quel que soit leur age. A partir de la, il n'est pas completement impensable de dire que le scantrad peut servir a populariser et promouvoir les manga ne serait-ce que par le biais du bouche a oreille ou simplement parce que la decouverte d'oeuvres variees aura d'autant plus affirme la passion du consommateur. De fait, meme si les amateurs de la lecture en ligne ne vont pas necessairement et systematiquement acheter les manga qu'ils devorent, pour moi, leur potentiel economique sera tot ou tard libere dans ce sens ou, tot ou tard, ils vont injecter de l'argent dans ce commerce.
Je suis d'accord pour dire qu'effectivement, le Scantrad a un effet évident sur la grande "mode manga". Même si certains points que tu énonces me semblent plus discutables, mais j'entrerai là un peu dans du hors sujet, je pense.
Encore une fois, je ne connais pas grand chose sur la manière dont s'est construit et développé le monde de la lecture en ligne mais je pense bien connaître le milieu des librairies spécialisées en bande dessinées, et plus particulièrement celles des mangas depuis une bonne dizaine d'années. Et pour moi, d'un point de vue acheteur, il est indéniable que le lien entre l'explosion de popularité du Scantrad et la profusion de nouveaux visiteurs/clients dans ces boutiques est évident. Je suis convaincu que la lecture en ligne est un service à la vente. D'autre part, critiquer cette tendance en se plaignant d'une baisse des chiffres de vente me rend assez dubitatif lorsqu'on voit qu'au moins un nouvel éditeur entre par an sur le marché et la diversité incroyable des oeuvres qui nous sont proposées chaque mois. Je vois dans ces critiques beaucoup de mauvaise foi de la part des éditeurs qui devraient peut-être se remettre eux-mêmes en question, et on en revient, entre autre, à la hausse des prix abusive qui à mon avis reste leur frein principal. Ah, qu'il est loin le temps où je me payais mes Fly et mes Flame of Recca à 4,75 euros...
Malgré tous les bons côtés que je peux trouver au Scantrad, dans le fond, la petite flamme orangée qui brûle dans mon cœur de collectionneur Larfleezien, me dit de prendre garde. Je crois qu'il est évident que les éditeurs japonais se tourneront un jour ou l'autre vers un moyen de commercialiser cette idée de lecture en ligne, comme ce qui se fait aux Etats-Unis. Cette intention même de rechercher de nouvelles manières de diffusion par le biais d'Internet, je vais élargir un peu la question d'origine, que ce soit la lecture en ligne pour les romans, le scantrad pour le manga ou les comics digitaux pour les comics, le tout associé à une évolution constante des outils multimédias et leur propagation au sein de toutes les classes sociales et chez des enfants de plus en plus jeunes, me fait me poser une question inquiétante : quel avenir pour nos bibliothèques ?
Je vais peut-être utiliser des propos qui paraîtront extrêmes et exagérés, bien que je les pense sincèrement, mais le livre, quel qu'il soit et tel que nous le connaissons aujourd'hui, n'est-il pas menacé dans les décennies à venir par tous les avantages offerts grâce à ce nouveau type de lecture ? Que ce soit pour le lecteur ou l'éditeur, ne serait-ce qu'avec la suppression des coûts de distribution.
On n'est certes pas à un stade si avancé du commerce de mots et d'images via le web mais je pense qu'on s'en approche de plus en plus chaque jour et que cette manière de lire s'inscrit de plus en plus dans l'esprit collectif, surtout des plus jeunes qui deviendront inévitablement et bien vite la cible privilégiée d'un tel commerce.
Tout ça pour dire que pour un amateur de papier, le scantrad c'est l'Adversaire !!!
Voilà, j'ai peut-être débordé et j'en suis désolé si je ne suis pas aller dans le sens attendu. Mais bon, quand j'entends les termes scantrad ou lecture en ligne, bien que je reconnaisse sans souci les nombreux avantages qu'ils apportent, je les associe immédiatement avec toutes ces idées très noires et touchant un sujet qui me passionne. Et c'est avec beaucoup d'inquiétudes et un regard très pessimiste que j'attends de voir où en sera l'équilibre mangas papier/mangas numérique d'ici dix ou quinze ans…