► Manuscrits de la Mer Morte : mode d'emploi pour la prochaine étape de l'HumanitéNB : Suite directe de
Rebuild of Evangelion 1.0 : You're (not) alone, le synopsis de
Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance ne réintroduit pas les éléments entrevus précédemment. La connaissance préalable du précédent film est obligatoire pour comprendre le scénario ici développé.
2015. Au Pôle Nord, la branche européenne de la NERV ne parvient pas à contenir le troisième Ange qu'elle scellait dans ses installations ; l'EVA-05 et sa pilote sont commissionnés pour l'intercepter avant incidents plus graves. Au Japon, Gendô Ikari et son fils Shinji se recueillent sur la tombe de Yui, mère de Shinji disparue en 2004. Alors que Shinji est raccompagné par Misato Katsuragi sur Tokyo III, un Ange apparaît dans le ciel de la ville-forteresse.
► Et Hideaki Anno offrit au Monde « de nouvelles ailes blanches pour aller plus loin et plus haut »Hideaki Anno n'est pas un génie.
Hideaki Anno n'est pas un « dieu ».
Non, Hideaki Anno est au delà ; évoluant dans un univers qui nous est inconnu mais dont les quelques bribes qui nous parviennent sont transcendantes pour le spectateur.
Voilà, c'est ce que j'avais sur le cœur en terme de rédaction pour notre forum depuis le 27 juin 2009 ; et j'ai enfin l'occasion de le faire grâce à la sortie de
Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance en France. Une réaction peut-être démesurée pour certains des potentiels lecteurs de ce sujet mais c'est bien l'un de ceux où je peux m'enthousiasmer le plus aisément. En tout cas, on parlera certainement ici plus de «
Rebuild of Evangelion 2.22 » si on est tatillon vu que l'on peut s'asseoir actuellement sur une sortie nationale dans les salles obscures de
2.0. Je sais que c'est un regret qui me ronge à chaque fois que je vois ce film, mais c'est vrai, j'aurais adoré le voir au cinéma tant la magie EVA est trop puissante avec moi et je l'espère très raisonnée vu la qualité de ce film en particulier.
Comme on a pas le droit de réaliser un sujet sans sortie officielle du film ou bien sans avant-première, une petite photo pour la route histoire de prouver ma bonne foi sur le sujet.

Après la vraie-fausse sortie du 23 novembre, Dybex a commencé ces derniers jours à alimenter certains de ses partenaires avec les DVD et BRD de
Rebuild of Evangelion 2.22 : You can (not) advance. Si le plus grande marque française dans la consommation culturelle indique une sortie pour le mardi 30 novembre ou le mercredi 1 décembre, une célèbre boutique parisienne a eu la bonne idée de mettre en vente ses exemplaires des BRD collectors du film depuis vendredi. Je ne le cache pas, cette boutique, c'est MangaDistribution (allez, petite publicité méritée pour eux au passage) ; un magasin très associé à Dybex et qui a apparemment reçu bien plus tôt que les autres ce film. Alors, pour mieux me concentrer sur le contenu du film, j'évacue le cas de ce BRD collector dont le contenu est une nouvelle fois une démonstration technique de force pour ces nouveaux équipements : Dybex a fait du très bon boulot. Outre la reprise de la charte graphique et de la conception du BRD japonais, on a avec le disque l'habituel livret avec les indications de Anno sur sa démarche artistique mais aussi, et ça m'a beaucoup surpris, une enveloppe. Dans cette enveloppe se trouve une lettre similaire à celle que reçoit Shinji de la part de son père au début de l'histoire et bien évidemment, avec cette lettre est associé un Pass Visiteur pour le Geofront. Cette carte est individuellement marquée d'un numéro unique vu les échos que j'ai vu sur le net, c'est probablement la marque de numérotation qui manquait cruellement à l'édition de
1.11. Un bonus que j'ai apprécié et qui m'a bien remis dans l'ambiance avant de ré-attaquer ce monument de l'année 2009.
Si jamais des néophytes à EVA ou à la tétralogie sont parvenus jusqu'à ces lignes - je leur tire déjà mon chapeau vu le peu d'informations que je leur adresse dans mon empressement – je leur indique en quelques lignes pourquoi
Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance est vivement conseillé.
- EVA est culturellement trop important pour être mis de côté. Que l'on aime ou pas au final de quoi il en retourne, c'est l'affaire de chacun ; mais c'est une œuvre qui a tellement influencé son industrie depuis 1995-1996 qu'il est pratique de connaître les codes issus de cette histoire pour comprendre la portée de certains éléments dans de nombreuses séries.
- Rebuild of Evangelion 2.22 : You can (not) advance, c'est le BRD le plus vendu au Japon. Pas en animation uniquement, mais tous films confondus. À ce petit jeu là, le film a battu Michael Jackson's This is It en 2010, film qui avait pris auparavant la première marche du podium... à Rebuild of Evangelion 1.11 : You're (not) alone (!). Pour peu que l'on s'intéresse à ce qui se passe du côté du Japon en terme d'actualité, ça ne semble pas anodin de s'intéresser à ce qui y a du succès.
- Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance est un film marathon qui n'a que peu d'équivalent en terme d'intensité. Aucun temps mort n'est laissé au spectateur sur plus de 105 minutes, que ce soit en action ou en dramaturgie. Par les temps qui courent, c'est bien évidemment appréciable.
Pour disséquer quelque peu
Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance (intégralement, ça me semble trop monstrueux sans vision plus globale), je vais suivre un plan en trois parties : la première va être dédiée à la réalisation, la deuxième à un listing sur l'écriture des personnages et la troisième va se complaire à revenir sur les possibilités ouvertes par la fin du film. Bien évidemment, tout ça se passe en Spoil, à ne lire qu'une fois le film vu pour éviter toute mauvaise surprise.
[SPOIL]
Rebuild of Evangelion 1.0 : You're (not) alone exhibait déjà cela de façon évidente, Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance continue sur cette lancée : le nec plus ultra de l'animation japonaise actuelle se trouve dans le duo Khara/GAINAX et Anno est inspiré comme jamais quand il s'agit de mettre en scène son univers fétiche. Chaque affrontement contre les Anges est d'une beauté absolue, mais ceux que je retiens plus particulièrement, c'est celui où est introduit de manière aérienne l'EVA-02 (où comment en quelques minutes poser une cool-attitude démentielle alors qu'il fallait un épisode 0.8 de 26 minutes à l'époque pour arriver au même résultat dans une autre histoire) et bien évidemment celui contre Zeruel qui conclue le film. Néanmoins, le combat contre Bardiel ou « les EVA au stade » tout en beauté dans le mouvement contre Saraquiel ; ça vaut largement aussi le détour. Le BRD expose cela de façon évidente mais le soucis du détail dans Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance est ahurissant, notamment les scènes de la vie civile dans Tokyo III. Tout est multitude, tout est précision, tout est surtout profusion pour le bonheur du spectateur qui en prend plein les yeux. L'un des trucs que j'ai adoré dans Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance, c'est que Anno a augmenté le curseur de la violence visuelle pour continuer de souligner une avancée vers un climax d'horreur et de barbarie : c'est simple mais ce n'est pas « trop », et là se trouve un tour de force pour moi. Anno m'a surpris dans ce film avec ses nouvelles attentes pour la bande-son : là où on était habitués à la beauté classique de la confrontation violence/musique classique orchestrale, les compositions avec les chœurs d'enfants à la fin du film m'apparaissent à chaque fois comme déchirants. On ne s'y attend pas la première fois et c'est juste divin. Réalisation, composition, bande-son ; Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance avance comme un bulldozer et écrase toute comparaison possible sur son passage avec ce qui se fait actuellement tout autour. Sur la gestion de l'histoire, Anno n'y va pas par quatre chemins vu le peu de temps imparti à ses films : ça va très souvent à l'essentiel et ça évite quelques faux semblants. En tout cas, si on est rompus à ses exigences de compréhension, on se dit quand même qu'il est beaucoup moins hermétique que dans la série pour exprimer certaines choses (par exemple, cette fois-ci, l'EVA-03 passe clairement par un épisode orageux durant son transport depuis les États-Unis pour nous signifier sa contamination pour faire de lui Bardiel). Niveau rythme de l'histoire, je reste convaincu par la technique narrative employé par Hideaki Anno dans sa tétralogie.

Maintenant, si l'on se penche sur les personnages...- Asuka Shikinami Langley : Après Reï au dernier opus, celle dont j'attendais bien évidemment le plus le retour. Pour synthétiser, l'écriture du personnage est différente que celle présente dans la série, de façon évidente, mais le même sentiment demeure à mon esprit tant Anno a su y faire pour entretenir la dure dramaturgie propre au personnage. Ici, la plupart de ses scènes-clés ont été modifiées, leur portée aussi mais elles visent toujours à faire du personnage l'un des Children auquel on va le plus accrocher. Que son attrait pour Ryôji saute et que son intérêt pour Shinji devient plus vite flagrant, ça ne m'a pas choqué dans la mesure où le tempo du film demande certainement de nouveaux impératifs. Le seul truc que je regrette à son sujet, c'est que le coming-next de Rebuild of Evangelion 3.0 : Quickening montre clairement qu'elle revient aux affaires dès le prochain film. Je me souviens que le 27 juin 2009, j'avais été choqué d'apprendre qu'elle était en état de quasi-mort à la fin du film, un sentiment évacué à la lecture de ce qui composait le coming-next. Dommage, je pense que le sentiment d'abandon du personnage aurait été terriblement bon d'ici la sortie du prochain film. M'enfin, Asuka domine le sujet, comme toujours.
- Reï Ayanami : Là encore, on sent la nouvelle écriture du personnage dans ce film et ça me plait bien. Pour faire simple, quand je pense au tempo imposé par le film, je trouve que Anno s'en sort comme un chef pour vite faire émerger ses problématiques liées à sa définition de son humanité aux yeux du spectateur (et le teasing envers les fans présenté avec l'évocation de ses divers corps...). Que c'est beau de continuer encore et toujours de contempler la Lune...
- Shinji Ikari : Alors là, c'est celui qui change du tout au tout par rapport au matériel originel. On a perdu notre Shinji dépressif et introverti ! Une lecture clairement plus apaisée de son personnage/miroir par Anno, on sent que la vie maritale et ses plaisirs l'ont amené à revoir à la hausse le degrés de bonheur de son quasi alter-égo fictif. Dans le cadre d'une histoire nouvelle telle que le propose ce film, j'aime beaucoup cette tentative autour de Shinji. La scène inversée de l'abandon du domicile de Misato le montre bien, un nouveau Shinji est dans la place (et précocement divin de surcroit).
- Misato Katsuragi : Un des personnages qui perd en temps d'exposition par rapport au précédent film où sa mise en scène était éblouissante. Personnage égal à lui même, mais qui acquiert à mon sens de nouvelles lettres de noblesse symboliques grâce au traitement très spécial de son histoire lié au Second Impact. M'enfin, les cris hystériques de notre Major préféré après une bonne bière cristallisent la force sûre qu'elle demeure dans l'ambiance de la série.
- Ryôji Kâji : Il perd beaucoup en voyant son lien avec Asuka effacé, mais gagne une présence démentielle à côté, notamment avec Shinji. Après tout, le voir remplacer Kaoru spirituellement pour taquiner Shinji, 'fallait être devin pour le prévoir... Un running-gag que j'aime beaucoup je dois bien l'avouer. Va t-il survivre à la folie des hommes cette fois-ci à l'occasion des deux prochains films vu sa très belle exposition qui lui a été offerte dans ce film ?
- Gendô Ikari : Nouvelle écriture efficace du personnage, plus omniprésent que jamais (et il nous embarque même dans l'espace, chic). Cette fois-ci, Anno prend le temps de montrer les desseins de son personnage de façon précoce (la scène où il voit Yui dans le regard de Reï...) et son rôle de dépositaire des plus importantes intrigues. Bien joué pour ma part.
- Ritsuko Akagi : Aïe, notre célibataire trentenaire préférée ne bénéficie pas d'un énorme coup de zoom pour elle, si ce n'est débiter ses analyses sur les modes occultes des EVA. Dommage que la scène où elle conseille Reï lors de ses visites médicales ait sauté, ça aurait été pratique pour les néophytes pour mettre la puce à l'oreille sur un certain sujet. J'espère qu'elle reviendra plus forte dès Rebuild of Evangelion 3.0 : Quickening.
- Maya Ibuki : Oh, juste un court passage pour écrire que j'ai été ravi de voir ce personnage en particulier aussi mis en avant dans de nombreuses séquences. Elle nous laissera jamais indifférence l'opératrice même si elle reste campée au second plan.
- Mari Illustrious Makinami : L'énigme absolu du film pour moi. Je l'apprécie plutôt bien, ce n'est pas tous les jours que l'on a une Children qui pète le feu tout en semblant bien dérangée du cerveau une fois le LCL flairé (et puis, ce n'est pas anodin d'introduire The Beast dans la tétralogie). C'est un personnage dont j'attends quand même plus, notamment sur ses liens et ses desseins vis à vis de la NERV européenne (bah, qui contrôle qui si on croise les sorties initiales de Mari et de Ryôji sur le sujet ?). Avant de voir le film, j'avais eu peur qu'elle ne détruise l'équilibre pré-existant mais son côté décalé a écarté cette idée chez moi. Vivement toutefois qu'elle devienne l'un des vecteurs des vagues de révélation sur cette nouvelle histoire.
- Kaoru Nagisa : Seconde plus grande énigme du film qui demeure pour moi derrière cet éternel sourire, qu'est-ce qu'il peut bien vouloir indiquer sur sa relation avec Shinji à la fin du film ?! Toujours aussi perturbant celui-là.

Il me reste à évoquer la fin de Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance, qui a certainement dû terminer de convaincre n'importe quel spectateur à propos de l'idée que l'histoire nous emmène dans l'inconnu. Shinji et Reï sont donc enfermés dans l'EVA-01 après que l'EVA-06 mené par Kaoru l'ait empalé grâce à une lance de Longin depuis l'espace, se faisant, il interrompt la main-mise de l'EVA-01 sur la réalité grâce à son éveil. De nombreuses questions affluent devant une telle ouverture : comme vont être récupérés Reï et Shinji ? Que signifie réellement les propos de Kaoru ? Ce dernier connait-il Shinji depuis une vie antérieure ? À quoi va servir la clé de Nabuchodonosor qu'a reçu Gendô ? Comment va se placer Mari dans l'équation ? Pourquoi cette dernière se retrouvera face à Reï et ses clones ? L'ONU va t-elle se retourner contre la NERV comme dans The End of Evangelion après l'éveil de l'EVA-01 ? Que va faire Kaoru auprès de Lilith alors qu'il sait que Adam était avec lui sur la base lunaire de la SEELE ? D'où et pourquoi ce bandeau sur l'œil gauche de Asuka ?! Beaucoup de questions et peu de pistes de réponses, mais ça, tout viendra à qui sait attendre grâce à Rebuild of Evangelion 3.0 : Quickening. [/SPOIL]
Doté d'une somme immodérée de qualités,
Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance en impose à tous les instants. Un film magique qui ouvre des perspectives nouvelles pour cet univers, et qui ouvre (ou du moins, « a ouvert » depuis juin 2009) surtout une période de cogitation intense en attendant
Rebuild of Evangelion 3.0 : Quickening chez les fans et les amateurs. En sachant en plus que Hideaki Anno a des crédits illimités pour réaliser ce dernier selon la
GAINAX, je vais continuer d'espérer un nouveau degrés d'excellence pour ce film ; chose qu'a su brillamment faire
Rebuild of Evangelion 2.0 : You can (not) advance par rapport au premier épisode de la tétralogie.