C'est avec une impatience et une appréhension énormes que j'attendais ce
X-Men : First Class. Fan endurci de la mutanité, il m'était bien évidemment interdit de rater ce nouveau rendez-vous dans les salles obscures, même si
X-Men Origins : Wolverine m'avait quelque peu déçu il y a deux ans de cela (doux euphémisme pour écrire que je m'étrangle toujours avec une bonne partie du film quand je regarde à nouveau son BRD) et qu'il m'était alors amer de statuer que la magie n'y était plus forcément depuis le départ de Bryan Singer du giron des aventures cinématographiques des enfants de l'atome. L'an dernier, l'espoir est né chez moi en sachant que Bryan Singer revenait aux affaires et que Matthew Vaughn, dont le
Kick Ass m'avait bluffé, serait à la réalisation. Au même moment un doute terrible était aussi né : est-ce que l'on pouvait faire un bon film sur les X-Men en moins d'un an ?
Eh bien, devant le résultat présenté par le duo précédemment cité, ma réponse est « Oui ». Trois fois « Oui » si il le faut tant j'ai été transporté par ce que j'ai vu. Le miracle a eu lieu : cela demande confirmation, avec une comparaison poussée à la clé, mais j'ai eu l'impression de voir enfin un film qui dépassait le fameux
X-Men 2 tant sur le fond que sur la forme ! Très bon de bout en bout, le film m'a collé la claque que je n'espérais plus, celle d'une adaptation grand public des X-Men qui parvient quand même à filer des frissons aux fans de leurs comics. La pari de ce « reboot » dans les Sixties est très réussi pour ma part et je ne vais pas tarir d'éloges à propos de ce film d'ici la fin de ce message.

Si je devais retenir qu'un seul point du film, c'est le traitement réservé à Magnéto. Dieu sait comment je peux aduler ce personnage en tant normal, mais là, c'était juste de la démence : Michael Fassbender crève littéralement l'écran en donnant corps de cette manière au maître du magnétisme. Sincèrement, même si la plupart des personnages ne sont pas en reste, c'était réellement à mes yeux « Magnéto et les autres » : une écriture cohérente et évocatrice associée à un acteur de valeur, que peut-on demander de plus ?
« (L')écriture cohérente et évocatrice », ça, c'est clairement le deuxième point que je retiendrais dans l'absolu du film : sincèrement, c'est interdit de donner à quelqu'un d'autre la main sur le scénario des X-Men si il n'a pas la même ferveur que Bryan Singer pour cet univers ; surtout après cette nouvelle preuve ! Avec ce
X-Men : First Class, on a l'impression que le fil n'est plus rompu par rapport à
X-Men 2 niveau spiritualité, tout retrouve une cohérence bienvenue, quitte à mettre en porte-à-faux
X-Men 3 et
X-Men Origins : Wolverine sur quelques points de détails (et si on se rappelle quelque peu certains dialogues, même les deux premiers n'y échappent pas niveau incohérences). Pour ma part, cette histoire a une portée dramaturgique indéniable, c'est efficace, elle en met plein les yeux et ça colle un large sourire au spectateur.
Après avoir loué Bryan Singer, passons à Matthew Vaughn : bigre, ça faisait très longtemps que je n'avais pas vu un film X-Men aussi spectaculaire et ouvertement gros-billiste à l'écran. Rien que la scène de fin, elle continuera très longtemps à émerveiller mes souvenirs de fan de cinéma bourrin dans l'âme. Clairement, Matthew Vaughn apporte un punch très appréciable au film ; et c'est là que les regrets se nourrissent d'autant plus qu'il aurait pu officier dès
X-Men 3 si les bonnes décisions avaient été prises à l'époque... Que ce soit le ton Sixties des différents plans ou bien la mise en scène des séquences portées sur l'action, je n'ai pas relevé d'impairs ; encore une belle copie pour ma part de ce réalisateur.
Je pourrais écrire encore que James McAvoy en tant que Charles Xavier, c'est du lourd ou bien que faire rencontrer la petite histoire fantastique et l'Histoire, c'est dément quand c'est très bien mené, mais je vais m'arrêter là pour les commentaires publics.
X-Men : First Class est pour moi un très bon film, l'un des meilleurs que j'ai pu voir cette année (là, c'est assurément le fan convaincu qui parle). Un spectacle solide servi par de grands acteurs, c'est la bonne astuce du moment dans les salles obscures. Rejoignez les enfants de l'atome dans leurs péripéties !

Pour rebondir sur des points plus précis du scénario :
- Très bonne idée d'avoir mis Sebastian Shaw comme gros Bad Guy, c'était inattendu pour moi de voir un tel choix pour un film grand public. Kevin Bacon donne matière de manière très intéressante au personnage. Par contre, je reste assez sceptique de le voir associé à un passé de scientifique nazi qui aurait appris à Erik à se servir de ses pouvoirs... Quand au casque, je n'en parle même pas... Mais bon, à univers différents, histoires différentes.
- J'ai bien aimé le ton décontracté des adolescents, ça colle bien à l'esprit de la série quand elle est apparue dans les années 1960 (vous savez, les passages infaisables de nos jours où Jean et Scott se tournent autour à coups de bulles de pensée durant d'innombrables années). Leur caractère moins posé ne m'a pas choqué outre mesure.
- Si Sebastian Shaw, c'était de la très bonne pioche ; que dire des mutants choisis qui font plaisir certainement à une gamme très élargie de fans ! Que de « seconds couteaux » emblématiques, que ce soit avec Havok mais surtout Banshee ! Ravi aussi de voir trainer Darwin dans le coin pour les lecteurs les plus récents, même si le pauvre est toujours aussi peu mis en valeur autant dans le film que dans X-Factor.
- Le Hellfire Club avec sa représentation traditionnelle de lupanar de luxe dans un film grand public ? J'achète.
- Enfin, le Fauve a une existence cinématographique valable : quel choc que sa scène de transformation...
- J'ai adhéré à l'écriture déstabilisatrice de Charles, ça donne une « humanité » plus prononcée au personnage que d'ordinaire.
- En ce qui concerne Emma, je suis mitigé : elle n'a pas eu le temps d'exposition valable pour en faire le personnage incontournable que l'on connait de nos jours. Néanmoins, on est loin de la faute professionnelle de X-Men Origins : Wolverine et l'espérer aux côtés de Magnéto dans un futur film, ça promet énormément pour rattraper un léger retard à l'allumage.
- Moïra McTaggert agent de la CIA ? Pourquoi pas, ça fonctionne dans ce film mais ça la met de côté pour n'importe quelle suite.
- Est-ce qu'un jour, Stryker sera le même d'un film à l'autre ? C'est déjà son troisième visage, ça fait beaucoup (et comme par magie, il rajeunit avant d'aller chercher Logan et Victor durant la guerre du Viêtnam ?).
Cielo a écrit:
Azazel (les chorégraphies de ses combats m'ont paru bien plus fades que celles de son fiston, dommage !)
Je suis d'accord sur ce point là : autant les accessoiristes se sont fait plaisir avec ce personnage, autant le chargé des combats n'a pas l'air d'avoir eu les possibilités qu'offrait pourtant Kurt dès X-Men 2 (scène d'introduction indépassable pour les téléporteurs mutants au cinéma ?).Cielo a écrit:
Dommage quand même qu'on ait pas eu droit à une scène entre Azazel et elle.
Si ils avaient suivi l'histoire de Raven, ils auraient dû avoir Kurt avant la Seconde Guerre mondiale de souvenir, j'imagine que c'est là l'un des nombreux points évacués pour que le film soit cohérent pour lui même. Après, en ce qui la concerne plus spécialement, je ne trouve pas que le personnage ait été sabordé (OK, on est très loin de Mystique telle qu'on la connait d'ordinaire) car il y a cette question de jeunesse débridée dans l'air tout au long du film. Après, personnellement, ce qui m'a étonné, c'est le rapprochement très intime entre elle et Erik.- Alors que je ne m'y attendais pas du tout, énorme scène que celle de la rencontre entre Charles, Erik et Logan : même en étant « absent », Wolverine impose sa griffe.