BOn, l'épisode de GT
Blackwaters
C'était très bon, de loin le meilleur de la saison. Pourquoi?
Bah parce que l'un des soucis jusqu'à présent, c'est le coté dispersé de l'intrigue, qui s'étire vers des contrées lointaines ou l'action n'est guère au rendez-vous depuis déjà un moment. Enfin, c'est le livre qui veut ce déséquilibre, ils sont en attente. Il faut savoir que ça passe beaucoup, beaucoup mieux en livre, ou on davantage d'informations et ou ça ne servirait à rien d'avoir plusieurs personnages nous racontant la même chose. Alors que dans la série le fait de ne pas pouvoir suivre une même intrigue plus de 5 minutes d'affilés donne une certaine platitude. C'est de l'adaptation, point-barre. On garde l'essentiel des intrigues, tous les dialogues sont déjà dans le livre (en tout cas, quasiment tous les bons) Ce qui fait que je trouve globalement qu'on gagne à lire les livres avant: c'est un plaisir à infusion lente.
Les meilleurs épisodes sont ceux ou l'intrigue se débarrasse sans scrupule d'une partie du casting pour se concentrer sur un nombre minimal d'intrigues sans se sentir obligé de caser un peu de Jon, un peu de Dragons et un peu de cul parce que c'est dans le cahier des charges.
Dans cette épisode, l'intrigue est concentrée (unité de temps: une nuit, unité de lieu: la citadelle), ramassée géographiquement pour davantage d'intensité. On a brièvement droit au point de vue des assaillants mais globalement c'est une bonne grosse tranche de Lannister aux pépites de Sansa, avec une noisette de The Hound/ Bronn. Un quasi huit-clôt qui met en parallèle la formation de Tyrion et Sansa.
Parenthèse fan-service: Tout le prologue avec Stannis, est un peu laborieux, mais La scène entre Bronn et The Hound est intéressante: c'est toujours cool de prendre un peu de temps pour les personnages secondaires intéressants, surtout dans une série comme GoT ou ça permet d'approfondir le thème de la société de caste, du devoir, du leadership et de la nature humaine (qui est ici, assez pourrie, au cas ou prendriez la série en route). J'aurais bien aimé que la raison de la désertion ultérieure de Clégane soit plus claire, meuh bon.
Mais on se serait passé de la fille à déballer comme un paquet cadeau. Mon indulgence au fan service a été pas mal émoussée la semaine dernière, vu la mise en scène de la scène de cul entre Robb et Jeyne. Même dans une scène hétéro à-priori consensuelle , on a droit uniquement a de la nudité féminine. (Mais on s'en fout d'Oonah Chaplin, on voulais du Richard Madsen à poil)
C'est d'autant plus dommage que je n'ai pas l'impression que les spectateurs se sont réellement investis dans cette romance, en tout cas moi non. Du coup, ce soudain éclat de passion filmé sans imagination n'apporte vraiment pas grand chose à part un quota épisodique de chair féminine. Je ne pense pas qu'il y ai des spectateurs qui ont jubilé sur leur siège en pensant "enfin ! Ils l'ont fait!" comme c'aurait pu être le cas si cette intrigue sentimentale avait été géré avec un peu plus de dynamisme, histoire qu'on ai vraiment la sensation que Robb et Talisa sont faits l'un pour l'autre et que cette scène est un aboutissement.
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BlackwatersL'épisode est émaillé de scènes très, très puissantes, et l'écriture est top. Ce n'est pas toujours le cas dans cette série, mais ici les personnages "cliquent". Ils sont parfaits, rien ne semble bancale ou inséré au forceps sans que ça corresponde à l'univers et à la continuité. Sans doute qu'avoir l'auteur aux manettes aide.
Je pourrais râler sur la réduction considérable de la bataille (ou est la chaaîîîne de Tyrion) mais d'une part ce n'est pas mal fait, d'autre part le coeur de l'épisode n'est pas là. S'il y a une idée à retenir dans les livres, c'est probablement qu' il y aura toujours des gens pour envoyer leur peuple à la boucherie parce qu'ils considèrent que le status de chef victorieux s'assorti très bien à leur rideaux. Du coup les séquences d'actions cool ne sont pas plus importantes que les hésitations de Tyrion ou les scènes de dialogues intimistes entre Cersei et Sansa.

C'est un épisode qui appartient totalement à Lena Headey, qui campe une Cersei drôle et féroce, qui du coup se confie comme jamais. C'est un vrai témoignage du talent de l'actrice qu'elle insufle autant d'humour, aussi noir soit-il à ces scènes pleines de tensions qui en sont dépourvues dans le livre. Superbe dans son corset en forme d'armure qui constitue un choix de costume tellement ironique quand elle raconte son enfance et sa relation avec Jaimie.
Je trouve que Cersei continue d'être l'un des personnages sur lesquels la série à fait un bon boulot. Les interprètes apportent beaucoup plus de complexité à des personnages à priori très antipathiques, le meilleur exemple étant Théon, qui a du coup, je trouve la trajectoire la plus intense et intéressante à suivre cette saison. Il devient vraiment un personnage tragique dans la série. Et j'ai pleins de commentaires à faire là-dessus mais je vais me taire pour ne pas spoiler.
Les scènes de dialogue avec Sansa, qui continue à croire en la chevalerie et en la galanterie en dépit de toutes les preuves que c'est une complète arnaque, sont un régal. "
But you were Robert's Queen" proteste-elle devant une remarque particulièrement amère de Cersei sur le mariage. "
And you will be Joeffrey's, Enjoy" rétorque Cersei, pas dupe des qualités de sa progéniture, en portant un toast parfaitement ironique.
Quand je pense aux prises de bec que j'ai eu l'année dernière en expliquant que Robert ne m'inspirait pas la moindre sympathie.
Ca peut paraitre de la pure cruauté et du bluff de la part de Cersei, mais j'ai l'impression que ce que l'épisode nous dit, c'est que d'une certaine façon elle retrouve un peu de sa propre candeur passée dans celle de Sansa et décide de la former, de la débarrasser de ses illusions tenaces afin qu'elle sache à quoi s'attendre. Non pas que Sansa n'ai pas commencé toute seule : on voit bien tout le mépris que lui inspire les bravades de Joeffrey, quand il lui demande d'embrasser son épée, en guise de substitue phallique pas si subtile que ça. La maturation de Sansa qui quitte sa peau de fillette gâtée pour devenir une adulte plus lucide et armée, c'est même une des intrigues que j'ai trouvé la plus agréable à suivre cette saison. Et j'ai crains pendant toute cette scène avec Joeffrey qu'il n'agite son épée vers le visage de Sansa, malgré qu'il soit déjà établi que Joeffrey préfère terroriser des jolies filles, tant qu'à faire.
Pour en revenir à Joeffrey, Jack Glesson a quand même géré avec force un personnage pas franchement valorisant. La scène ou il est rappelé par sa mère, et demande avec une nonchalance feinte si elle a des affaires urgentes à traiter, est très réussie. Si Joeffrey se régale de la violence, c'est uniquement en temps de spectateur distant de tournois / exceptions / batailles lointaines / humiliations publiques (/ slashers movies / ?). Son incapacité à gérer la proximité d'une vraie violence à été traité plusieurs fois cette saison: quand ont lui jette de la merde, une agression essentiellement symbolique, il ordonne de massacrer la foule. Là, il est terrorisé à l'idée de devoir descendre sur le front lui-même et se raccroche à l'excuse représenté par sa mère comme un homme qui se noie. Un bref moment d'humanité pour un type que cinq minutes plus tôt la vue des hommes qui crament à distance mettait en joie…
Tyrion est d'un autre bois. De la même manière que ça ne le fait pas tripper de battre des prostituées, il a la décence d'être horrifié par les effets du Wildfire. Mais il comprend la nécessité de donner une représentation à ses troupes, d'incarner le leader, d'être en première ligne et se fend d'un beau discours à l'effet galvanisant. Et avant que l'épisode ne se termine Tyrion a accompli sa transformation de semi-homme honni par la populasse (on se rappel la comparaison avec le singe quelques épisodes avant) en héro de guerre acclamé par ses hommes.
Way to go, Halfman.
L'épisode se finie abruptement sur une note douce-amère : bien sûre, Cersei seule avec Tommen dans l'obscurité de la salle du trône, dix gouttes de Nightshade au creux de la main, c'était terrifiant et on est heureux que le final nous épargne qu'elle se transforme en Médée. Mais en même temps, Tywin Lannister c'est un peu le boss de fin de niveau, le grand méchant du moment, et sa joie n'est jamais bon signe : qui a envie de voir cette bande de blonds rester au pouvoir ?
(On me signale en régie qu'en face c'était Sir Stannis "
coinços-je-suis-le-manuel" Baratheon.
Ah, ok, quand on a le choix entre Charybde et le prochain Scylla…)
Bref, je pense que la semaine prochaine on aura un debrief de comment cette bataille s'est vraiment gagnée.
Et n'oubliez pas les enfants:
