Les award ont du bon: ils rappellent des textes commencés mais non finalisés! D'autant que je voulais répondre sur le thème des mères, mais ça attendra (mais vite fait: disctinction figure parentale en général d'une part marquée par la perte, et d'autre part figure maternelle dont le substitut est l'aventure en mer (sans véritable jeu de mot) selon les principes des fonctions des rêveries sur l'eau. Et puis la mère d'Ace qui impose massivement une figure concrète de la mère dans One Piece).
Et donc, en attendant, ce que je voulais poster depuis un bon moment:
Les Gueules bis : parcours du combattant
Pour prolonger la réflexion d’ange bleu sur les gueules, quelques petites observations.
On peut voir une évolution dans l’emprise de gueules sur les nouveaux personnages du manga. On a dit que l’évolution suivait une forme de maturité d’Oda d’une part (il s’autoriserait davantage), des personnages de l’autre (différence entre personnage dans leur jeunesse et dans le présent pour Iceburg et Wiper par exemple, ou personnages plus « matures », qui ont inscrit leur vécu sur le gueule, notamment pour l’équipage de Barbe Blanche).
Zones géographiques, zones physiologiques
Du coup, il est intéressant de remarquer que cette évolution est aussi celle de l’aventure et de ses zones géographiques. On peut aisément la découper en 3 parties, et tenter de voir la proportion de « classe » et de « gueule » dans chacune dans l’apparition des personnages ou dans leur « inscription » narrative. Ainsi, si on distingue East Blue (EB), Grand Line (GL) et le Nouveau Monde (NM), il faut aussi songer au fait que certains personnages qu’on a déjà vu dans GL relève en fait par diverses mentions du NM : on peut penser aux capitaines alliés de Barbe Blanche qui en vient, à Moria qui en a été chassé, ou encore à Barbe Noire et les siens qui s’y installent pour y régner.
En gros, la progression vers l’étrange et l’incontrôlé qui caractérise l’aventure de Luffy – son parcours depuis une mer « facile » (EB) pour entrer sur une mer difficile (GL) et s’affirmer dans une mer impossible (Le NM tel que décrit depuis Marine Ford, avec la surenchère du nouveau log pose) – ce parcours géographique est représenté par une sorte de parcours physiologique : des gueules de plus en plus extraordinaires, des marqueurs physiques de plus en plus fréquents.
Classes de personnages
L’autre critère qui permet de voir la progression des « gueules » est le découpage entre héros, alliés et vilains, et l’application du principe aux différentes zones géographiques, pour voir s’il y a une logique, une progression chez les uns ou chez les autres. Voir si la classe des personnages est homogène, suit une évolution globale, géographique, ou bien se démarque.
Chez les Héros, le recrutement sur EB concerne des types physiques relativement classiques. Il faut attendre GL pour que le recrutement dérape en termes de physique (un renne humanoïde, un cyborg, un squelette, et une femme dont la particularité est de multiplier ses membres), avec des écarts concernant les âges des héros en plus. Il est intéressant de remarquer que Gaimon, rencontré sur EB, est une sorte de freaks avant l’heure, et n’a donc pas été recruté, tandis que Vivi, personnage classique en retard, homogène au premier recrutement en physique et en âge, mais recontré sur GL, n’a pas accompagné les héros. Pour le Nouveau Monde, la logique serait qu’on prolonge la démesure : recrutement d’équipages et non plus d’individus, recrutement d’individus relevant d’autres « races » : homme-poisson suggéré avec Jinbei, mais aussi géants, long-bras, longues-jambes, etc.
Chez les Alliés, on est pour le moment dans des schémas assez homogènes où le physique est davantage lié à la fonction de l’allié. On a le plus souvent une jolie jeune femme, une sorte de mascotte ou de personnage comique, une figure de patriarche et/ou une figure classe de tuteur. Les gueules semblent donc s’inscrire dans un cadre de fonction du personnage, avec tout de même un aspect global plutôt « normal ». Reste que ponctuellement des écarts sont cultivés, apparaissant peut-être plus fréquemment depuis la fin de GrandLine : gueule de Cami suprise, sirène moins « classe » que les autres… A voir.
Chez les Ennemis, on observe qu’à quelques exception notables, qui dévient clairement vers le bouffon (Baggy, Wapol, Foxy) et proposent des intermèdes, le boss qui affronte Luffy se devait d’être classe/impressionnant (Crow, Krieg ( ?), Arlong, Crocodile, Ener, Lucci et même Hodi V2). Face au reste de l’équipage, la règle est moins stricte et quelques gueules viennent dynamiser le récit. Le passage par Thriller Bark est cependant intéressant puisque Moria peut être interprété comme une gueule momentanée, à la Baggy et autres, ou comme marquant une étape, comme signalant que les gueules s’imposent désormais dans les Hautes Sphères, chez les véritables Boss. Par la suite, le passage à Impel Down peut le laisser envisager, ainsi que la première version de Hodi (un peu bedonnant), et l’aperçu que l’on a de Big Mom. Tout cela s’inscrit dans la mise en avant de l’antagoniste ultime, Barbe Noire, clairement du côté des « Gueules », par lui-même et par son dernier recrutement.
L’environnement
Enfin, troisième critère, celui du micro-environnement, c’est-à-dire celui des îles traversées. Toutes sont marquées par l’extraordinaire, mais certaines tendent clairement vers le fantastique, la fantaisie. Inévitablement, en raison d’une sorte de loi qui fait de l’environnement un marqueur du physique des autochtones, on a des gueules qui « explosent » dans certains environnements. L’étalon de cela est donné dès EB avec l’île de Gaimon qui annonce le merveilleux de GL, ce que l’on retrouve du côté animalier encore avec Long Ring Long Land. Côté « humain », les lieux « thématiques » qui sont apparus récemment avec Thriller Bark et Impel Down (mais on peut aussi songer à l’équipage disparate et baroque de Foxy) peuvent laisser penser qu’une forte thématisation d’un lieu engendre une caractérisation plus poussée des personnages, et donc l’émergence de gueules. Reste à savoir si Oda us ou va user davantage de ce procédé de thématisation des lieux et/ou équipages, déjà présents depuis le début, mais ne touchant pas forcément pleinement des groupes de personnages.
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