BLACK MIRROR
• Série en production – 2 saisons, 6 épisodes
• Créée par Charlie Brooker en 2011
• Première diffusion au Royaume-Uni le 4 décembre 2011 sur Channel 4
• Jamais diffusée en France
• Trailer
• Au départ prévue pour une saison, la série a été renouvelée pour une seconde saison en juillet 2012, soit plus de 6 mois après l’arrêt de la série et sera diffusée en 2013 (si la fin du monde n’a pas lieu bien sûr).
• Charlie Brooker présente sa série dans un article pour The Gardian
Black Mirror est une série britannique sortie en 2011. Elle est composée de trois épisodes de plus ou moins 50 minutes, tous distincts les uns des autres. Le casting y est différent, la réalité y est différente et le scénario n’a aucun lien si ce n’est le thème : comment les nouvelles technologies interfèrent dans nos vies. Dans les deux premiers épisodes, le créateur de la série se concentre sur les médias de masse et l’industrie du divertissement. Dans le dernier épisode, qui n’a pas été écrit par le créateur de la série comme les précédents, l’intrigue se fonde sur une innovation particulière et son influence sur nous, petites gens.
Pour tous les épisodes, la mise en scène et le casting sont aux petits oignons et nous plonge dans une ambiance haletante nous mettant mal à l’aise en permanence.
***
ÉPISODE 1 – THE NATIONAL ANTHEM (43 minutes)■ Avec Rory Kinnear (qui joue la bras droit de M dans
Skyfall), Lindsay Duncan, Anna Wilson-Jones, Tom Goodman-Hill, Lydia Wilson et Allen Leech
Ce premier épisode est le plus « proche » de notre monde, il pourrait avoir lieu aujourd’hui. L’histoire se déroule en Grande Bretagne. Dans la nuit, le Premier ministre est réveillé pour une urgence. On lui montre une vidéo : une jeune membre de la famille royale, très appréciée de la population, a été enlevée. En échange de sa libération, le kidnappeur fait une demande très sérieuse mais ô combien originale : le Premier ministre doit avoir des rapports sexuels avec une truie en direct sur toutes les chaînes de télévision.
Ca s’est fait… L’un des intérêts de cet épisode est qu’il ne se borne pas à certains personnages, tout le monde est concerné car la confusion est totale : personne ne semble maîtriser la situation. Mais en même temps est-elle maîtrisable ?
Intégrer des technologies de l’information « (dé)passées », comme la télévision, était non seulement réaliste mais intéressant, le contraste entre ces médias nous fait encore une fois nous interroger sur la liberté de l’information. Alors, certes, parfois c’est un peu lourdaud, il n’en reste pas moins qu’on a l’estomac qui se tord comme rarement quand on regarde une série.
ÉPISODE 2 – 15 MILLION MERITS (1 heure)■ Avec Daniel Kaluuya (
Skins), Jessica Brown Findlay, Rupert Everett, Julia Davis et Paul Popplewell
Cet épisode, un peu plus compliqué à résumer, est selon moi le plus faible de la série car le plus « attendu » et le plus « évident ». Il se déroule dans un futur plus lointain, dans une société où le monde du spectacle est omniprésent. Chaque personne dort dans une sorte de cube couvert d’écrans, la télévision et les jeux vidéos sont présents dans tous les plans (et sont obligatoires sinon quoi les personnes doivent payer). On y suit un homme qui tombe amoureux d’une femme qu’il entendra chanter par hasard. Il lui donnera tout ce qu’il pense posséder car elle représente le « réel » (contrairement à ce qui les entoure, insipide). Pour cela, il lui offrira l’accès à un « casting » à l’issue duquel sa bien-aimée pourra vivre libre de « toutes » contraintes en devenant chanteuse. Bien sûr, cela va se retourner contre lui. Comment réagira-t-il ?
L’épisode est un peu long à démarrer mais cela s’explique par le « monde » qui est à introduire. Le personnage principal est extrêmement attachant dans sa quête du « vrai »… Pourtant, on se doute bien que cela va mal se terminer…
ÉPISODE 3 – THE ENTIRE HISTORY OF YOU (48 minutes)■ Avec Toby Kebbell (qui a joué dans
Match Point, oui bon et aussi dans
Alexandre et
Prince of Persia), Jodie Whittaker et Tom Cullen
Un avocat passe un entretien. En sortant, il essaie de se remémorer la scène pour voir si l’entretien est plutôt positif ou négatif. Il fait alors appel à une innovation : un « Grain ». Une puce est implantée dans le cerveau et permet à la personne de se remémorer parfaitement chaque moment vécu (en somme, tout est « filmé », notre mémoire est une vidéo dont on peut faire des marches-arrières, zoomer ou encore lire sur les lèvres des gens qu’on voit parler au loin). Convaincu que l’entrevue s’est mal passée, il rentre chez lui où se tient une petite soirée. La présence d’un homme dont il n’arrive à se souvenir va entraîner une série d’événements qui montrera jusqu’où peut aller l’utilisation du Grain.
L’épisode aborde plusieurs points intéressants. Tout d’abord, la « norme », un domaine qui m’a toujours intéressée, à savoir, pouvons-nous refuser d’intégrer les nouvelles technologies dans nos vies ? Et ensuite, la perfection que permettent certaines innovations sont-elles forcément bonnes ? Cela dépend-il de l’usage que l’on en fait ? Et comment faire pour les personnes qui ne pourront pas l’utiliser à bon escient ?
***
CHARLIE BROOKERCréateur de plusieurs séries (
Dead Set,
Black Mirror et plus récemment
A Touch of Cloth), Charlie Brooker est avant tout un journaliste britannique à la langue bien pendue et l’humour satirique. Il écrit notamment pour
The Guardian (vous pouvez trouver ses articles
ici) et a gagné plusieurs prix pour son travail de journaliste. Il est également l’un des quatre entrepreneurs à avoir fondé la compagnie de production
Zeppotron, filière d’Endemol, grâce à laquelle il produit ses séries.
Et c’est peut-être là l’une des limites de la série. Est-ce que, finalement, Charlie Brooker n’est pas comme son personnage principal du second épisode …
… à dénoncer une situation à laquelle il participe pleinement. N’appartient-il pas à ceux qu’il dénonce ?
***
N.B. : J’aurais tendance à vous conseiller de suivre l’ordre établi des épisodes mais, en soi, on peut très bien commencer par les deux autres épisodes.