Je viens de visionner Homeland. Pour des raisons évidentes (
voir là pour ceux qui ne savent pas pourquoi), ce n'était pas possible pour moi depuis le lancement de la série. La libération de mon oncle nous a un peu décoincé et du coup on s'est lancé dedans (on en a même parlé, évidemment, lors du diner le soir du retour, Maître Kiejman y faisant allusion du fait des barbes que les 4 arboraient encore). Du coup, review en deux temps: celle du spectateur lambda et celle d'un membre d'une famille d'otage.
De manière simple, j'ai bien aimé cette première saison, ce que proposait, globalement
Homeland dans ces premiers développements. Au rang des bonnes choses, il y a bien sûr le développement de Brody, ses atermoiements, l'ambivalence qu'il véhicule. Saul aussi constitue un très bon personnage et si Carrie glisse fréquemment vers un modèle d'héroïne hystérique (avec l'alibi de sa maladie pour justifier cela...) son "combat" est vraiment très agréable à suivre tout au long de la saison. Le final qui lui donne raison en la brisant m'a surpris et j'ai finalement trouvé très bon ce développement de descente aux enfers dans la mesure où l'on n'a pas eu la remontée miraculeuse de dernier épisode. Donc chouette.
Autres bonnes surprises: reconnaître les comédiennes principales. Entre Claire Danes que j'avais beaucoup aimé dans
Stardust et Morena Baccarin que j'avais adoré dans
Firefly, je me suis senti comme en confiance en débutant la série. Mais si la première a un vrai rôle à interprêté, la seconde peut un peu pleurer. On la voit dans une sorte de version neurasthénique Terry Hatcher en Susan Meyer de
Desperate, même physiquement c'est frappant. Ce qui n'arrange rien pour elle, c'est qu'elle est sacrément peu crédible en mère d'une gamine de 16 ans. A peine la trentaine au moment du tournage, pas vraiment vieillie pour la série, au contraire, j'ai eu du mal à croire à la situation au début...
Sinon, ce qui m'a vraiment gêné, et qui ramène clairement cette série au rang des productions sympas mais ultra formatées, c'est tout le déploiement des intrigues familiales mièvres et convenues, avec une galerie de personnages qu'on a envie de baffer et de situations qu'on souhaite voir exploser en cours de route. Entre le gamin triste, le meilleur ami qui couche avec l'épouse qui pensait son homme mort mais oh ciel non en fait il est vivant, et la grande fille rebelle qui comprend tout et qui du coup est la seule à faire ce qu'il faut (argh! l'appel dans le bunker!), on en tient une brochette. Et j'ai eu du mal à ne pas voir d'énormes similitudes avec, par exemple,
Walking Dead. On est dans des schémas ultra stéréotypés et pas très bien explorés/exploités. Pas dramatique en soi, mais ça ralentit beaucoup l'action et rend certains épisodes, pas beaucoup mais quand même, laborieux.
Pour la coucherie entre les héros, on la voyait venir à 10 km tant les premiers épisodes mettent en scène une tension sexuelle évidente et insistent sur la frustration sexuelle des deux héros. Au moins, c'est vite dégagé et utilisé intelligemment ensuite dans l'intrigue. La naïveté de Carrie et la perversité de Brody sont un régal, notamment à la toute fin.
Tout ceci pour dire qu'on va regarder la saison 2 dans la foulée a priori.
Maintenant un mot sur la manière dont tout l'aspect espionnage/otage est montré dans la série. Sans entrer dans les détails, tout simplement parce que c'est trop compliqué pour en parler sur un forum ainsi, il y a des choses qui me semblent franchement pas crédibles. À commencer par la façon dont Brody est accueilli, dont Carrie est la seule à s'interroger sur le bonhomme. Ce que je peux dire sur le retour des 4 otages d'Arlit, retour que j'ai suivi d'assez près, c'est qu'ils ont été questionnés à de très nombreuses reprises, sur une période assez longue, sur leurs conditions de détention et sur le déroulement de celle-ci. Pour Brody, le simple passage à Ramstein me semble peu. De même, côté surveillance, les familles ont été sur écoute pendant toute la durée de la détention ou presque. Je l'ai été les derniers mois de la détention, lorsque qu'il y a eu l'accélération de la communication avec les médias et que je faisais le suivi à Paris. Qu'il n'y ait rien sur Brody de base, sur sa famille ou celle de Walker m'a semblé léger. Le fait même que Brody soit récupéré en politique me semble aussi bizarre. Pour les otages d'Arlit, il y a clairement des domaines qu'ils ne peuvent pas réinvestir, du côté de la sécurité notamment. Par précaution de base. Alors un engagement en politique, comme ça, sans que ce soit davantage creusé/analysé, c'est étrange pour moi et j'ai du mal à y croire. Trois exemples parmi d'autres, mais tout au long de la série, il y a eu des petits détails qui m'ont fait tiquer et on j'ai senti qu'on était vraiment dans la nécessité dramatique et pas du tout dans une vraisemblance "réaliste".