J'en viens à me demander si Dofla veut vraiment récupéré Caesar. Son traitement de plus en plus loufoque en fait pour moi de plus en plus un futur comparse (allié, faut pas pousser, même à la Barbe Brune, mais quand même). Surtout, je me demande si Dofla ne veut pas tout simplement tout mettre sur le dos de Law. Après tout, c'est ce dernier qui était sur Punk Hazard, il couvrait aussi ce qui s'y passait, etc.
M'enfin, c'est dit en l'air, parce que pour le moment je ne vois pas trop où tout cela va. Depuis le début, je ne comprends pas la stratégie de Law: la restitution de Caesar est louche en soi, ses conditions étranges aussi; Dofla ne peut que s'en méfier. On est bien parti pour des double-triple jeux: j'espère juste qu'Oda ne va pas s'emmêler les pinceaux ou résoudre tout ça de manière maladroite: il vise un truc subtil, avec des stratèges affichés (Law, Dofla). Si la résolution peut être simple (Luffy pète tout), il faut quand même que les motivations, une fois explicitées, soient crédibles et vraisemblables, en phase avec les personnages concernés. C'est plutôt un challenge intéressant: Oa n'a pas trop donné là-dedans pour le moment!
Sinon, on voit émerger un des gros thèmes de l'arc plus clairement je trouve. Thème majeur pour Oda, de plus en plus fort depuis quelques temps: l'enfance et ses valeurs. Outre l'impact du flashback de Luffy/Ace/Sabo, outre les portraits d'enfants de One Piece Z, on a eu les enfants enlevés de Punk Hazard, la place prise par Kinnemon, et maintenant un pays des jouets et marqués par les imaginaires enfantins.
Avec Dressrosa, on est parti d'une caractérisation hispanique, plutôt adulte en apparence (flamenco, tauromachie) pour glisser vers l'enfance. Les jouets l'annonçaient, mais avec les références à Andersen et celles à Gulliver de ce chapitre, on a des classiques des récits d'enfance qui ont d'ailleurs chacun une iconographie forte, côté livres illustrés (faudrait voir les versions au Japon), mais aussi côté adaptations diverses. A cela s'ajoute la caractérisation des gnomes/lutins: hyper crédules et confiants, comme des... enfants!
D'ailleurs, si la relation Rebecca/Soldat invite à une lecture "amoureuse", et laisse entendre que dans ce pays, soit les jouets sont des créatures en soi, soit elles sont des humains transformés (plutôt la deuxième option d'ailleurs), cette relation affective m'a fait penser à la relation d'un enfant avec son jouet: nostalgie d'un temps perdu, celui de l'enfance, symbolisé par le jouet, avec lequel on voudrait vivre toute sa vie. Cf Toy Story 3, dont on peut rappeler qu'il est l'une des adaptations, lointaine certes, mais quand même, du Petit Soldat de Plomb. En plus, Rebecca a été introduite avec la fameuse statue, non: là aussi, regard vers le passé. Peut-être ce climat autour d'elle qui m'a évoqué cela en plus de la relation amoureuse, lecture plus immédiate.
Un petit mot aussi sur les gnomes/lutins, hyper bizarres quand même! On nous annonce un truc classique (les nains, avec la liste des esclaves en vente), mais au final on a un mélange de plein de trucs: encore une création par condensation d'Oda! Parce qu'on a avec ces créatures: - caractérisation de "fairies" d'abord, de fées: on les voit voler, et dérober des choses, on ne les aperçoit même pas! - lutins: tout petits, genre mini-pouce. Et puis le nez, non? - nains: vivent sous terre, creusent des galeries, sont costauds dans ce domaine - elfes?: maître d'une forêt sauvage, utilisant les ressources des plantes, une introduction qui leur donne un caractère sylvain quand même! - et puis cette grosse queue improbable: moi ça m'a fait penser aux tanuki de Takahata, version Pompoko! D'autant qu'il est censé être un peu voleur sur les bords, le Tanuki, non?
Bref, avec cet arc Oda se fait plaisir du côté des enfants: par la représentation, par le thème, par les jeux référentiels, et puis par le fait de traiter un archétype majeur du nekketsu, genre manga pour jeunes par excellence, avec le Tournoi! Tournoi nekketsu d'un côté, exploration des mythes de l'enfance de l'autre: Oda est finalement assez cohérent vis-à-vis de son public et de son projet!
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