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Inscription: 17 Oct 2009 Messages: 2341 Localisation: :noitasilacoL
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RED a écrit: Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je suis quand même surpris par de telles mesures qui me donnent l'impression que l'on baisse les bras et que l'on nivelle par le bas, et cette intervention de l'académie en demi-teinte ne rassure pas vraiment. Personnellement, c'est le genre d'affaire qui me rend totalement fou, pour plusieurs raisons. médias plus dignes de confiance, système scolaire en chute libre (quasiment voulu, j'y reviendrai plus tard), réformes idiotes (je rejoints totalement l'avis de la secrétaire de l'Académie, mais j'y reviendrai plus tard),... Je mets tout ça en spoiler, libre à vous de le lire. Pour mon premier point, sur l'aspect médiatique, ce qui m'énerve c'est le fait que personne ne raconte la même chose, la faute à la course au scoop/buzz, à la désinformation, au manque de sources... Le premier article que j'avais lu à ce sujet disait que cette réforme avait été enclenchée par le gouvernement Hollande, le second disait que cette réforme datait en fait de 1990 et était encouragée par l'Académie, un 3e article disait que l'Académie s'y était opposée,... Ce que je vois là dedans, c'est qu'un plouc a vu que les accents circonflexes (entre autre, parce qu'en réalité ce sont plusieurs règles d'orthographe qui sont concernées) allaient être presque tous retirés des livres scolaires, et s'est dit "quoi de plus vendeur qu'une une montrant qu'en pleine crise économique, politique, martiale, environnementale et sociale, le gouvernement ne se préoccupe que de l'orthographe du mot "gâteau" ?" Et parce que sa réflexion était fondée, Boum ! un petit buzz médiatique éclate, et pendant ce temps, qu'est ce qu'on passe sous silence ? des attentats récurrents en Syrie, bien plus meurtriers que ceux de Paris, et qui ne semblent pas faire couler plus d'encre que ça... Que dire, par exemple, de ce membre des Républicains qui profite de l'affaire pour critiquer le gouvernement Hollande sur cette réforme qui... n'a rien à voir avec ce gouvernement, et qui, de surcroit, se fait tailler bien comme il faut par Najat Vallaud-Belkacem. Voilà ce qu'il en coût d'enfoncer une porte ouverte qui mène à un escalier qui descend :p
Pour le système scolaire, c'est une réflexion qui me vient de plusieurs années immergées dans un système bâclé, rabaissant, et dans une famille de professeurs défenseurs du public, fiers des valeurs de Jules Ferry. Commençons par un petit constat: les écoles privées ont des avantages légaux sur les écoles publiques. Le dernier exemple en date, à ma connaissance en tout cas, c'est la réforme des rythmes scolaires, forcée dans les écoles publiques mais non appliquée dans les écoles privées. ça semble dérisoire, mais cette réforme fout bien la merde dans l'organisation des parents: qui peut se targuer de finir son travail à 15h, lui permettant ainsi d'aller chercher ses gosses à l'école ? Alors bien sûr, il y a des choses mises en place pour ces élèves (= pour la majorité des élèves en fait). Des "activités" de loisirs en général, parfois des récréations prolongées... Depuis mon époque, et je n'ai que 20 ans, on a perdu 4 heures de cours par semaine (on passe de 27 heures à 23 heures). Et ce n'est pas rien, 4 heures par semaine !! Dire que c0'est avec ce genre de réformes que les ministres de l'éducation pensent rendre les élèves plus performants... Dans le même ordre d'idée, on a la suppression du latin, l'allemand l'a échappé belle (mais peut être pas pour longtemps), la suppression des sections européennes (on nous casse le cul à nous rabâcher [oui, rabâcher, et je vous emmerde !] que l'anglais c'est super important à cause de la mondialisation, et on empêche les élèves volontaires de s'améliorer... Des idées brillantes de ce genre, j'en ai quelques autres. L'une de mes préférées, c'est tout de même celle ci: ma mère est enseignante en grande section de maternelle (vous moquez pas, ça paraît inutile, mais en réalité c'est sans doutes l'un des postes les plus compliqués, parce que pour enseigner à 30-40 enfants de 5 ans (donc pas à des jeunes adultes calmes et respectueux :p) à écrire quand ils ne savent pas ce qu'est une lettre, et à compter alors qu'ils ne savent pas ce qu'est un chiffre, bon courage !!). Depuis quelques années, elle est obligée d'utiliser une méthode pour le moins originale pour leur enseigner la droite et la gauche: que la droite, pendant plusieurs mois. Avant, elle avait sa propre méthode, qui marchait, avec laquelle ils appréhendaient le concept de gauche et de droite en un moins et apprenaient à s'en servir de façon autonome en, grosso modo, 3 mois. Mais c'est bien connu, une femme de plus de 20 ans dans le domaine, fille de 2 enseignants de chacun plus de 30-40 ans dans le domaine, en sait beaucoup moins sur les enfants qu'un homme en costume, tout le temps derrière son bureau, qui place les siens à l'école privée et sous la tutelle d'une nourrice et qui n'a aucune expérience dans le domaine de l'enseignement (je charrie, CERTAINS ont été enseignants).
Je précise aussi que j'ai plusieurs anecdotes sur le privées, notamment sur le scandaleux fonctionnement entrepreneurial de certaines écoles (je ne me permets pas de généraliser, n'y étant pas allé et ne connaissant ce fonctionnement que pour 5 d'entre elles). En tout cas, cela concerne des méthodes visant à ne pas garder les élèves qui feraient baisser la moyenne générale de l'établissement, tout en conservant l'argent donné par les parents, ainsi que des affaires qui se passent sous la table chez moi et qui fait qu'il n'y a AUCUN collège/école/lycée dans le centre-ville de ma commune (qui compte tout de même plus de 41 000 habitants).
Où en étais-je dans mon éloge ? Ah oui, le fond du problème. Ayant encore foi dans les capacités intellectuelles de l'espèce humaine, je m'autorise à penser que ces réformes, qui je le rappelle, ne touchent pas toujours le privé (à part pour les programmes, c'est d'ailleurs pour ça qu'on les paye...) ont un but non avoué, celui de créer une migration progressive des enfants du publique vers le privé. Parce que le privé favorise en quelque sorte l'économie, parce que moins y'a de gamins dans le publique, moins faut payer de professeurs et moins faut dépenser de sous pour le développement de l'école publique.
Alors dit comme ça, ça ressemble à la théorie du complot... Je vous le concède. ça en est. Mais même sans prendre cette conclusion en compte, cette différence marquée tend à créer des disparités dans le profil des élèves, et cela tend à favoriser ceux qui sont allés dans le privé. C'est dommage. En Allemagne, ils ont u système que je trouve très efficace, qui permet de faire évoluer les enfants selon leur niveau et sans que cela se ressente sur le CV (avec par exemple un établissement pour les forts et un établissement sur les faibles). Alors vive les Realschule !
Je conclurai la partie sur le système scolaire en disant qu'il y a une réforme toute simple, vraiment idiote qui permettrait aux élèves d'apprendre facilement et sans contrainte: donner des libertés dans les programmes aux enseignants, et les laisser faire leur boulot :p Breeeeeeeeef, mon grand coup de gueule sur l'éducation française étant terminé, je reviens au sujet. Ce qui me dérange, ce n'est pas tellement la réforme en tant que telle. Il est vrai que certaines écritures mériteraient d'être acceptées, d'autant que quand on y pense, certaines orthographes sont issues à l'origine d'erreurs orthographiques (les noms de familles par exemple) [maintenant que j'y pense, je suis un produit de cette nouvelle orthographe, donc c'est peut être assez normal que je ne m'oppose pas à cette réforme]. Si c'est pour faciliter l'apprentissage, je dis "pourquoi pas ?". J'aime la langue française, j'aime sa poésie, j'aime Molière, Rostand, Voltaire (même Rousseau, enfin pas beaucoup mais quand même),... Mais je reconnais qu'elle est truffée de pièges parfois inexplicables. (certains doublement de consonnes quand on passe du verbe à l'adverbe par exemple). Mais quel manque de cohésion de la part des français !! Pourquoi ne pas avoir appliquer la réforme dès 1990, ou quelques années après, le temps de se familiariser avec les nouvelles règles ? Et autre problème: ces règles créent autant de problèmes qu'elles n'en résolvent. Par exemple, l'accent circonflexe ne devient obligatoire que si il change le sens de la phrase. Donc ça génère de nombreux cas particuliers qui ne seront clairement identifiés qu'en appliquant la règle. Pas très pratique tout ça. Le nivellement par le bas dont tu parles, Red, me fait assez peur. Avec les programmes qui tirent de plus en plus vers le bas, on se retrouve avec de joyeux bordels en études supérieures. Je suis de l'année de la réforme qui consistait à mettre beaucoup de choses, vues jusque là en 1ère-terminale, dans le supérieur. Et depuis, chaque année on se retrouve à devoir travailler par nous même pour rattraper des lacunes par ci par là. Par exemple, la chimie des aromatiques est considérée comme un acquis en 1ère année de cycle ingénieur, alors qu'elle n'est plus enseignée en prépa. Pareil pour la mécanique quantique. Impossible de comprendre la RMN et la spectroscopie infrarouge sans de solides connaissances en mécanique quantique, et ce n'est pas un sujet accessible à tous (= suffit pas d'emprunter un bouquin à la B.U.). Enfin bon... Ce n'est pas comme si il suffisait de râler (oui r âler, et je vous emmerde !) pour que ça change quelque chose. En tout cas personnellement, je suis bien content de savoir parler allemand parce que j'ai bien l'intention de mettre mes enfants, un jour, en Realschule, symbole pour moi d'une vraie égalité: on y accepte que tout le monde n'a pas les mêmes capacités/facilités, mais on fait avec, sans créer de disparités.
_________________ le plus puissant des démons, ma fan-fic sur le précédent possesseur du fruit du magnétisme.
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Fluctuat Nec Mergitur.
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