Le coup d'Euros, sur le principe je trouve ça chouette de densifier la mythologie Sherlock par un nouveau personnage totalement inattendu. Mais son traitement demeure bancal à mon sens, peut-être parce que tout doit être posé et résolu dans un seul épisode. Son génie hyperbolique tient du pouvoir psy plus que l'intelligence au final et ça entrave la crédibilité de l'intrigue. Elle envoûte littéralement ceux qui lui parlent, ce qui décale l'univers vers le genre fantastique ou super-héroïque. D'ailleurs, la forteresse où elle est retenue m'a évoqué ces prisons pour super-vilains qu'on trouve chez les X-Men par exemple. De même, sa nature psychopathe est quand même focalisée sur pas grand chose (son frère préfère jouer avec un copain plutôt qu'avec elle), pour des conséquences colossales et une résolution presque trop brutale et simpliste (un hug et c'est bon).
L'autre souci, pour moi, c'est que toute l'intrigue aurait pu être conduite par un autre personnage. Il n'y avait pas vraiment besoin que ce soit elle, ou pas de nécessité à mettre en scène une sœur cachée. Évidemment, pour justifier cela il y a l'histoire personnelle et intime des deux enfants, le trauma et la résolution, qui permettent aussi de mettre Watson dans la boucle (meilleur ami du passé, meilleur ami du présent), mais ça aurait tout à fait s'imaginer et s'écrire sans cette donnée de la sœur. Ce qui aurait été perdu à ce niveau aurait aisément je pense pu être rattrapé par ailleurs (un Moriarty like, fasciné par Sherlock aurait convenu), et on aurait pu se passer d'un retcon assez massif (pourquoi Sherlock ne se souvient pas de sa sœur: hum...)
Enfin, la structure même de l'épisode est assez paresseuse dès lors que nos héros sont prisonniers d'Euros. Le coup des salles à énigmes et d'euros en pseudo psy qui s'intéressent aux conflits moraux et affectifs, c'est vu et revu et je n'ai absolument pas marché dans la dramatisation mise en place, sauf quand il y avait Molly. Et à ce niveau, j'ai trouvé ça presque trop rapide: on découvre Molly super mal, sans savoir pourquoi et par la suite on ne la revoit plus, sauf un plan dans le final pour suggérer que finalement elle est heureuse. Ok. Un peu sec alors que là on a eu quand même un élément décisif et majeur de potentiellement résolu et qui court depuis le début de la série.
Reste quand même pas mal de choses réussies:
- Euros en soi: j'ai appréciais comme dit plus haut l'idée de ce personnage
- le début de l'épisode jusqu'au retournement de situation dans la prison. Le twist est excellent (même si la cause...) et tout ce qui a précédé ça était très bon
- le trio formé de Sherlock, Watson et Mycroft fait vraiment plaisir. Voir ce dernier véritablement partie prenante m'a beaucoup plu. Même si au moment de tuer le directeur de la prison, je me suis étonné qu'il ne veuille pas le faire: il a quand même déjà été sur le terrain et s'est déjà sali les mains, non? Que ce soit pas les décisions qu'il prend quotidiennement ou bien lorsqu'il avait été secourir Sherlock à l'étranger il me semble. En tout cas, c'était chouette de le voir, même si là encore, la façon dont il a été évacué de l'intrigue pour laisser la place au duo m'a paru artificielle et mal amenée.
- la récupération de Moriarty: doublement bien gérée pour moi. D'une part parce que le peu qu'on voit de neuf du personnage est une vraie réussite et on se dit que la série a eu du mal à se remettre de l'élimination d'un personnage avec tant de poids. D'autre part parce que l'insertion de Moriarty dans l'intrigue s'est faite en douceur, sans relever du mastermind absurde à mon sens. Un traitement équilibré qui laisse la vedette quand même à Euros.