Et de neuf cents! Bon Oda, le temps passe vite, en tout cas c'est un plaisir de se réunir en famille pour commenter un chapitre qui ne manque pas de faire réagir, et avec encore plus de qualité que d'habitude; je tiens à le souligner et à vous faire un gros câlin de remerciement à tous :D
C'est un avis teinté de bilan, au cas où le rideau de l'arc serait tombé pour de bon, il est temps de boucler la boucle.
De quoi Totland est-il l'arc, au travers de l'évolution de ses personnages féminins?Deadlier a écrit:
Pudding triste dans son coin. Tous les habitants de Totland l'adorent pour les avoir sauver et pourtant elle n'a jamais paru aussi triste et abattue. Le contraste est très intéressant, et c'est bien la preuve à mes yeux qu'elle a encore des choses à faire. D'ailleurs, on voit que malgré le fait qu'elle reste seule, elle a dissimulé son troisième œil. Comme si elle ne l'assumait plus qu'avec Sanji.
Aaaah, Pudding, ce
fake comme je le disais il y a déjà un moment, quel personnage? Ce que j'aime bien dans la construction qu'Oda en a fait, c'est qu'au final, Pudding, je ne la comprend toujours pas. On a une idée d'ensemble, d'un personnage un peu à la Janus, avec ses deux facettes qui en font un mi-ange mi-démon, au caractère trouble et peu claire avec son environnement, les lecteurs, et elle-même. De tous les personnages que l'ont a croisés au fil de Totland, je repars avec le sentiment que c'est la seule qui ait été sur un chemin initiatique d'un bout à l'autre des évènements. Choisie pour ses talents de comédienne, la première interaction est amicale et se veut complice avec les Mugis, qu'elle attire en fait dans un piège. Fiancée diabolique, elle fait monter Sanji au septième ciel avant de l'entasser au dernière cercle de l'enfer. Enfant chérie, en même temps discriminée, j'ai eu de la sympathie pour elle en comprenant que ses deux personnalités qui s'entrechoquent sont à l'image de cette jeune fille toujours sur le fil, certainement tiraillée d'une manière qu'elle ne soupçonne peut être pas entre son allégeance à sa famille, et ses rêves personnels. Finalement, l'hyménée qui n'a pas eu lieu, c'est un acte émancipateur: ce qui est curieux c'est qu'en l'occurrence le libérateur, c'est l'ennemi: Sanji. Sanji, en retrait, à la côté de la plaque par rapport à tout, agaçant dans son pathos à certains moments, d'où la question légitime: pourquoi? Pourquoi Oda malmènerait-il en toute âme et conscience ce personnage vu comme du trio de tête? On peut songer qu'il inaugure ici ce que l'arrivée de Jinbei va bouleverser comme hiérarchie dans les rapports de force dans l'équipage, mais est-ce assez? Avec toute la bouteille qu'il a et la finesse narrative d'une écriture à plusieurs niveaux de lecture, je dirais qu'il a peut être avancé les choses autrement.
Magnus a écrit:
Par contre pour ce qui est de Sanji ... autant je me suis fait à l’idee que jusqu’a au moins Wano,si ce n’est plus, il n’aurait pas de gloire au combat, mais là tout son développement de l’arc, qui en plus a divisé, n’a servi à rien ?
Alors, alors, de quoi Totland est-il l'arc? Est-il un arc pour rien, où est la "Robinisation" de Sanji, que beaucoup ont décrié parce qu'il n'était d'une part pas à la hauteur de l'arc d'Enies Loobby? Le flash-back explicatif n'y est pas, le gouvernement n'y est pas, le power-up des personnages ou les combats individuels non plus. Si je devais en faire une lecture en profondeur, je dirais pourtant que Totland est à la fois l'arc des femmes, et celui de Sanji. En fait, Totland est l'arc de Sanji parce qu'il est l'arc des femmes. J'ai l'impression que ce retrait du cuisinier qui en a refroidit plus d'un prend tout son sens au nom de la cause qu'il sert: celle du beau sexe, et de la mise en valeur d'autres enjeux, d'autres thèmes. Au final Vinsmoke ou pas Sanji reste le Prince de l'ombre, le piédestal qui met toutes les femmes en valeur. C'est le cuisinier qui dans l'arrière cuisine n'a pas de contact direct avec les clients, mais dont l'action est à l'origine ou permet la résolution de tout. La pureté de son amour pour les femmes est ce qui fait travailler le personnage de Pudding. Son humanité est ce qui le rend aussi précieux aux yeux de Reiju, qui est finalement la seule du Germa qu'il faudrait sauvait s'il ne devait y en avoir qu'une. Et Big Mom, Big Mom...
"L'effet Sanji" sur Big Mom est encore incertain, parce que rien n'est clair à l'issue du chapitre. Le gâteau lui fait-il du bien, ou au contraire, est-ce qu'il va déclencher encore plus de mal? C'est ce que j'apprécie sur le traitement de Big Mom, c'est ce côté imprévisible/éternelle enfant monstrueuse, qui a fait que je ne me suis pas ennuyée avec ses réactions. Aussi de par sa psychologie complexe, même obscure, qui est si bien retranscrite dans l'alternance des images/chant de ce chapitre. C'est vraiment l'utopie féérique contre la violence des combats, et je ne peux m'empêcher de enser qu'en anime, avec une musique de circonstances, le rendu sera dantesque. Mais alors, alors?
Shankaviel a écrit:
PS : On attends toujours la fameuse Smoothie aux 1 milliards de B, mais bon Oda n'a semblerait-il aucune idée concrète de comment traiter correctement ce personnage féminin comme toujours. Intéressant Smoothie, trèèèès intéressant, passionnant même.
Avant de passer au point suivant, et pour nuancer mon propos par rapport aux femmes qui ont côtoyées Sanji pendant cet arc: oui, je suis aussi déçue du traitement de Smoothie, de la sous-exploitation de personnages comme Amande, et du peu d'importance donné à Nami même par rapport à Carrott, qui a été mise en comparaison bien plus en valeur que la navigatrice dont j'attendais qu'elle soit mise en avant. Je ne comprends toujours pas cette absence de Nami d'ailleurs, et je le déplore, parce que le charisme et l'intelligence, l'ingéniosité et l'intuition géniale dont on la sait dotée sont passées totalement inaperçu. Faut-il attendre un arc à "équipage plein" pour revenir aux bons vieux combats individuels épiques? Mais oui; comme Shankaviel j'ai l'impression qu'on nous a vendu beaucoup de rêve de ce côté là et qu'on repart contrairement à Big Mom, sur notre faim...
Le gâteau guérira-t-il Big Mom ou va-t-il entraîner un nouveau massacre cannibale?Léoshka a écrit:
Big Mom qui se remémore les souvenirs du jour de son anniversaire et de la disparition des orphelins + Mother Caramel, ca me fait penser que le gâteau l'a faite complètement vriller et qu'elle risque de rester dans cette nostalgie pour quelques temps encore
Bib Mom va-t-elle rester nostalgique? J'aime bien comment tu l'as formulé et c'est dans la continuité de la problématique de l'utilité de Sanji. C'est lui qui a cuisiné le gâteau, comment, et à quel dessein? Le flash-back nous donne une idée qu'il veut que la dégustation soit un moment heureux pour la cliente, un moment qui pourra le rendre fier de son travail, mais au-delà de ça on voit bien qu'on est loin du schéma si pas attendu, en tout cas sous-entendu: Big Mom mange le gâteau et oh-mon-dieu-c'est-tellement-bon-et-je-suis-repue-et-je-me-réveille-et-qui-a-mis-mon-île-dans-cet-état? Au contraire, au lieu de remplir son estomac et de calmer sa pulsion destructrice, le gâteau agit comme une thérapie: il la ramène là-bas au loin, où débute son traumatisme initial, le fameux dernier goûter d'anniversaire.
L'imagerie insiste clairement sur une chose: j'en tiens pour le gros plan sur la glotte de Mom, qui révèle une bouche qui s'ouvre sur un cimetière de friandises...tout est dit. Si ça ce n'est pas l'ultime confirmation qu'elle les as tous bouffés...D'autant plus que consciemment ou pas, elle s'adresse à ses âmes non pas comme si elles pouvaient seulement l'entendre, mais comme si elles
sentaient véritablement ce qui se passe dans son corps. Et c'est ce qui est à la fois fascinant et morbide avec Big Mom, ce mélange de gloutonnerie innocente teintée de cannibalisme monstrueux. Les cases suggèrent en tout cas qu'il y a une réaction dans l'estomac, et je m'interroge puisque tout ceci est décidément très psychanalytique: où est la réaction psychologique? Où est le choc, est-ce que le gâteau de Sanji a pour fonction de libérer la barrière du souvenir et de rendre enfin à Big Mom la mémoire, quitte à la terrasser sur place? Parce qu'honnêtement je ne vois pas comment elle se relèverait d'un coup pareil, vu comment les dommages infligés à la photos l'ont paralysées, si elle se rend compte qu'elle est à l'origine de la mort (cet euphémisme) de Caramel est des autres, qu'est-ce qui pourrait bien se passer?
Donc, le gâteau la plonge dans la nostalgie féérique, et tout va bien. Ou alors il ouvre les portes du souvenir, et là...
Eugène D. Rastignac a écrit:
Ce qui m'a frappé dans l'ensemble, c'est le parallèle avec le FB de l'anniversaire de Mama et le fameux croquembouche fatal !
Il est fort probable que Mama soit tellement droguée d'extase par ce gâteau à la crème simsim (sésame) de Sanji, qu'elle en vienne à bouffer son premier fils et les autres aux alentours.
C'est très juste, j'ai l'impression qu'on revit le traumatisme de l'intérieur, et pour finir mon point précédent je dirais qu'en psychanalyse, il y a deux voies: soit on guérit le trauma et tout est pour le mieux (je simplifie), soit on échoue et alors...Alors on reste dans le schéma répétitif qui créé le mal-être et en l'occurrence, la répétition c'est évidemment Big Mom qui se tourne contre sa propre famille non plus spirituelle, mais de sang, et les ravage à leur tour. En ce sens il y aurait un beau parallèle puisqu'à chaque fois c'est un évènement heureux (anniversaire, mariage), qui vire au cauchemar. Et c'est aussi mon option préférée: si Big Mom se met à ravager son équipage, on fait une pierre deux-coups: plus d'Empereur, ou alors avec une force sacrément amoindrie, plus d'attaches pour Pudding, plus de menaces pour les Mugis qui peuvent juste se cacher derrière l'idée qu'elle leur a réglé leur compte, et le plaisir de voir Oda aller jusqu'au bout de son idée.
D'ailleurs je ne pense pas que la réponse définitive de ce qu'il s'est passé lors de la fête d'anniversaire viendra de Big Mom. Je crois que le géant d'Erbaf qui a tout vu et s'est sauvé n'a pas été introduit pour rien, et qu'il est l'intermédiaire sinon la source directe par qui les explications seront rapportées soit à court terme, soit au moment où on aura complètement oublié jusqu'à sa présence ce jour là.
SihemYonko a écrit:
Par contre, je ne suit pas d'accord. Cet univers creepy n'est pas là par hasard et ne s'installe pas avec n'importe quelle personnage. Il s'agit de Big Mom, le monstre égoïste qui ne se rend nullement compte du mal qu'elle commet. Elle a quand même manger des humains sans s'en rendre compte. Voila pourquoi cet univers creepy/féerique lui colle a la peau. Elle se sent héroïne, mais elle est le monstre de l'histoire.
Autre aspect qui est développé jusqu'au bout dans le personnage de Big Mom, c'est le côté ogresse de conte de fées; la construction inversée (je me répète) par rapport au modèle de Barbe Blanche. Et le tout sur fond d'un monde qui même dans le merveilleux de One Piece ajoute une couche de merveilleux, avec les références à Alice, aux thèmes classique des contes de fées dont les héros sont des enfants piégés par une méchante sorcière (Hansel et Gretel) ou des princesses et des princes attendant de marcher de concert vers l'autel de la fin heureuse (qui devient ici l'autel sacrificiel des Vinsmoke).
Hors analyse, ce qui m'a réveillée dans ce chapitre c'est l'incertitude; la fin d'un arc? C'est peu clair, et surtout l'excitation de nous diriger vers quelque chose d'autre, de nouveau, inédit et en même temps terriblement attendu: Rêverie ou Wâno?