Gloutons & Dragons - tome 14 (fin)Clap de fin de cette extravagante série gastronomique, avec l'ultime festin qui prend la forme du traditionnel banquet final. Un épilogue à l'image d'une histoire étrange, parfois un peu dérangeante, souvent burlesque, mais surtout hymne à la vie : il faut manger pour vivre et surtout ne rien gaspiller !
Après une âpre bataille et les choix douteux de Laïos, le Lion ailé est vaincu et définitivement évanoui, ou plutôt dévoré. Le donjon a perdu sa magie et l’île commence même à reprendre sa forme originale, en raison de la malédiction levée. Tout le monde se retrouve, que ce soit les héros et leurs amis, les elfes venus initialement les arrêter, les orques, les notables et même les âmes du royaume doré, qui mettent un peu de temps pour enfin partir en « paix » (en bref, ils s’incrustent encore un peu).
Il est donc temps de mettre en œuvre le dernier des projets de la bande de Laïos. Planifié depuis longtemps, il s’agit en réalité de leur véritable objectif, toutes les péripéties et autres fins du monde n’étant finalement que des contre-temps. Mais organiser un immense banquet, impliquant le maximum de participants, n’est pas chose aisée lorsqu’il consiste à manger Farynn, la sœur de Laïos, ou plus précisément sa partie « dragon ». Et ce, afin de l’en séparer pour lui rendre son état normal.
Inutile de faire durer le suspense : tout le monde connaît très bien leurs penchants culinaires étranges et de toute façon c’est pour la bonne cause. La préparation du banquet et des plats confectionnés à partir du corps de dragon de Farynn se fait ainsi dans la tradition de la série (tourtes, boudins, ragoûts, etc.). Ce temps est également mis à contribution pour faire le point des divers personnages, en s’interrogeant sur ce qu’ils ont l’intention de faire maintenant que le donjon n’est plus.
Ce dernier tome se présente donc comme un long épilogue, qui referme les différentes intrigues du manga. Le destin de Laïos fera bien rire le lecteur. Ryoko Kui propose une jolie fin qui devrait plaire à tous, ayant trouvé le bon point d’équilibre entre les standards de l’
heroic-fantasy et le côté guignol du personnage, qui reste lui-même jusqu’au bout. Et de façon générale, les adieux aux personnages nous ont fait verser notre petite larme.
Débuté au Japon en 2014,
Gloutons & Dragons aura proposé de considérer un donjon comme un écosystème complet. La mangaka aura été très loin, via mille considérations et concepts fascinants, avec bien évidemment à la clé le fait de cuisiner les monstres en tant que véritables plats aux valeurs nutritives détaillées. De plus, l’intrigue aura offerte une véritable quête d’
heroic-fantasy, sophistiquée et inquiétante, au dénouement intense et épique.
Une oeuvre véritablement complète, qui a joué avec une grande habileté avec les notions de désir et d’appétit. Avec son univers précis et détaillé, peuplé de personnages et de créatures pittoresques, la loi de la vie, manger ou être mangé, a rarement été aussi bien illustrée. Ryoko Kui a signé une œuvre indéniablement culte, à découvrir ou à relire avec gourmandise.