Bon. J'ai rattrapé mon retard, en étant reparti de très loin, parce que je voulais être au clair avec le pouvoir de Valentine. Je m'étais arrêté à la mort de Wekapipo, et je suis reparti depuis Civil War et la récupération du Corps par Valentine. J'ai donc pu me relire les deux excellents passage autour de civil war d'une part et de Lucy d'autre part, pas en lien direct avec mon envie de "saisir" au mieux le pouvoir de D4C, mais posaient bien les éléments d'intrigues. Quelques réflexions.
Sur le pouvoir de D4C, quand même, c'est assez énorme. Araki bouge un peu don patron du pouvoir du boss. On n'est plus dans le temps de manière directe, mais dans les univers parallèles, souvent une variante dans les récit de SF utilisant le temps (tout ce qui touche aux uchonies). Mais le plus surprenant, c'est qu'en fin de compte Araki lui donne une dimension éminemment spatiale, une matérialité qu'on voit bien dans les apparitions/disparitions du Boss, dans l'évolution du pouvoir, poétiquement dans la quête même de la saison (la traversée des grands espaces), et enfin dans la double-page: ça justifierait, d'une nouvelle façon, le recours à cette figure (je me réjouis d'avoir travaillé là-dessus!).
Les applications du pouvoirs sont quand même très nombreuses, et Araki semble avoir soit joué, soit tatonné. Je dirais plutôt joué, puisque tout la première séquence, celle des scènes parallèles, fonctionne comme un exercice de style, dénoué par la révélation de la deuxième application du pouvoir de D4C. Le premier usage, celui de "monter" ensemble des réalités diverses, ne sera plus employée par la suite sous cette forme. Peut-être parce qu'elle demande une "élaboration" de la part de Valentine, alors que par la suite il sera plutôt mis sous pression. A la riguer les disparitions de Valentine peuvent être vues sous cet angle. Le deuxième usage est lui monstrueux, et expliqué au fur et à mesure de manière assez tragique: le "remplacement" de Valentine confine plutôt à une sorte de sacrifice avec passage de relai. Ca m'a fait penser au dénouement de The Prestige de Nolan, et en fin de compte, je me demande, étant donné la nature de l'affrontement entre le "duo" Johnny/Gyro et Valentine, si le parallèle ne peut pas être creusé. Le troisième usage, celui de la désintégration de l'adversaire en important le double est monstreux également, et donne lieu à des scène graphiquement folles. L'évolution du pouvoir avec le seuil dimensionnel est juste extra.
La "faiblesse" du pouvoir est assez étonnante: on trouve cette idée de "seuil", d'entre deux pour métaphoriser le passage entre les dimensions, mais quand même! L'affrontement avec Dio est un chef d'oeuvre, et que symboliquement le cavalier finisse coupé en deux, c'est juste énorme: on y trouve mêlé le Johnny du début, la nature hybride mi homme mi-animal de Dio, et le fait qu'il a été vaincu par l'homme des seuils, celui qui passe de l'un à l'autre, qui fait le lien quand Dio se trouve coupé en deux.
L'évolution de Lucy, qui se mécanise, est là encore une jolie image (elle s'appelle steel quand même!), et un ressort narratif sympa puisque les personnages vont "graviter" autour d'elle, comme le monde se met à être attiré vers elle. Comme souvent chez Araki, ça coule de source, c'est évidement, et c'est ça qui est costaud. En revanche, la mise en route de ce nouveau pouvoir ne m'a pas paru évident évident, notamment avec les blessure qui bougent, le poisson qui saute sur Gyro et quelques détails bizarres.
Valentine constitue un boss particulier: sa caractérisation prend une véritable épaisseur dans les derniers affrontements, mais son ambition reste apparemment "positive", comme on l'avait eu d'une certaine manière dans la saison 6. On a des boss qui veulent améliorer/sauver le monde malgré lui en quelque sorte, et des héros qui ne demandent qu'à ce qu'on laisse vivre chacun tranquillement, sans qu'on décide pour lui, ou qui se trouvent impliqués pour des raisons égoïstes pour ne pas dire des questions d'égo, de principes rigides, d'orgueil mal placé. Valentine permet cette caractérisation en creux des héros, et paraît presque plat, mais paradoxalement: c'est le bad guy animé des bonnes intentions qu'on trouve chez les héros basiques. Même le respet qu'il a de ses promesses va dans ce sens. L'attitude critique d'Araki est forte je trouve. Mais surtout, il y a des moments de faille chez Valentine qui sont assez savoureux: le piège pour le conducteur du train est horrible, et la tension finale dans la négociation actuelle avec Johnny est absolument géniale: comment faire de la tension dramatique là où on croit que tout est résolu!
Un dernier mot sur les derniers chapitres. Le pouvoir du rectangle d'or était attendu, avec ses évolutions, mais les dégats progressifs sur Valentine, jusqu'à son vieillissement (motif du temps qui revient là où on ne l'attend pas), j'ai adoré. Les deux assauts successifs, de Gyro puis de Johnny en bord de mer, c'est splendide. La tentative de survie de Valentine, la torsion de son corps et de son stand, les sacrifices à répétition, c'est tout bonnement fou. Et j'ai l'impression qu'Araki nous joue la prolongation du combat final de la saison 5. Diavolo aussi était bloqué dans une boucle infini de souffrance, comme dans un supplice issu d'un mythe antique (et comme dans la saison 5, on a un artefact qui porte l'évolution du stand: Silent Requiem d'un côté, Lucy transfigurée de l'autre; le héros en bénéficie dans la saison 5, l'antagoniste dans la saison 7). Mais là, Valentine semble avoir une ouverture pour y échapper, et le lecteur est pris dans le même dilemme que Johnny puisqu'on veut aussi voir Gyro revenir. Aaahh!!!
Merci Araki!
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