Chapitre 8 : IntimidationDu long de ses 40 mètres, le navire révolutionnaire en bois de sapin voguait majestueusement sur les flots toutes voiles déployées, sous les vagues houleuses d'East-Blue. Le doux soleil estival baignait le pont qui resplendissait sous l'eau savonnée des matelots chargés de la corvée.
La partie immergée du navire contenait les cales. Elle possédait pour environ quinze-cent kilos de nourriture et pour à peu près la même masse de boissons dont seulement la moitié était constituée d'eau. En supplément de ce stock vital, un tiers de de la surface des cales était consacré à la Sainte-barbe. Des dizaines de kilos de poudre étaient soigneusement entassés, prêts à servir à tout moment. Triés sur des étagères prévues à cet effet, une bonne cinquantaine de fusils et de pistolets trônaient tout en étant facile d’accès. Enfin, sous l’escalier menant au niveau supérieur une cinquantaine de boulets de canons étaient empilés en forme de pyramides.
Ce lieu de stockage n’était pas là par hasard. Etant sous le niveau de l’eau, il était l’endroit le plus protégé des ennemis lors d’un abordage. De plus, le granit marin recouvrant le fond de la coque lui offrait une protection supplémentaire.
Le niveau supérieur abritait les canons. Etant un navire de taille moyenne, il possédait dix canons sur chaque côté du navire ainsi que deux sur le partie arrière, soit un total de 22 canons. Mais la situation n’étant pas au combat, tous les sabords étaient fermés et les canons reposaient docilement sur le sol. Dans ce décor typique, de nombreux hamacs s’enfilaient à travers les poutres du navire appartenant sans doutes aux matelots et autres nouvelles recrues qui n’ayant aucun grade, ne pouvaient coucher à l’étage supérieur.
Celui-ci était composé seulement de dortoirs et habitations. Il possédait ainsi trois dortoirs possédant chacun une petite dizaine de lits. A l’arrière de cet étage se présentait enfin trois cabines personnelles. Désormais elles étaient occupées par Xadros, Fella et Rogerino.
Finalement, au sommet du navire se trouvait le pont supérieur où les seules cabines présentes y étaient pour le travail. La première était consacrée à la navigation, une autre était l’infirmerie, et la dernière y accueillait une grande table et la plus grande fenêtre du navire. C’est là que le capitaine y délibérait sur les décisions à prendre et la pièce abritait donc le seul escargophone du navire que seul le capitaine avait le droit d’utiliser pour des raisons de sécurité.
Et c’est depuis cette salle justement que retentirent en cette superbe après-midi les cris de la capitaine : « Stray, Stray ! Mon chaton où es-tu ? »
La plupart des marins étaient sur le pont, trop soulagés par un si beau temps et ne firent tout au plus que lever la tête. En un gracieux coup de vent, elle accourut jusqu’à la proue du navire où elle aperçut Xadros caressant un chaton gris qui s’agrippait agilement à la rambarde du navire. Elle ne s’attendrit qu’un moment avant de prendre Stray et de trainer Xadros le long du pont avant de le jeter violement à travers la grande pièce. Elle s’assit sur la chaise du capitaine d’un air impérial et laissa Stray se rouler en boule sur ses genoux :
« Bon, il faut qu’on parle, tous les deux… »
Xadros eut un instant de crainte, mais qu’il chassa très vite, Fella semblait contente.
« J’irais droit au fait : quel est ton but, à quoi aspire-tu en rejoignant l’armée révolutionnaire ?
- C’est quoi cette question ? demanda Xadros sur la défensive.
- Raconte-moi ta vie et dis-moi ce que tu veux faire de ton avenir. Dans la Révolution, tout le monde doit se connaître et se comprendre les uns les autres. Cela permet de resserrer les liens et d’éviter de voir ressurgir les « fantômes du passé », dit-elle en faisant clairement comprendre les guillemets.
Xadros fit un œil sceptique, mais finalement, il ne put lui résister.
Pour la première fois de sa vie et, espéra-t-il la dernière, il s’ouvrit complètement.
Il se dévoila comme un livre. Fella entendit ainsi tout ce qui du berceau, l’avait poussé jusque dans son bateau. Quand Xadros se tu, elle sembla quelque peu triste et demanda calmement :
« Pourquoi n’a-tu pas poursuivit la vengeance qui était la tienne ?
- Battre un faible pour l’honneur des morts n’a plus d’importance. Mes parents sont morts, c’est un fait, je ne peux y changer. Et que me resterait-il alors sinon seulement l’espérance de tuer Morgan ?
- Mais n’est-ce pas espérer, justement qui rend heureux ?
- J’ai déjà laissé l’espérance aux portes de l’abîme de Milvalon... je n’ai plus à espérer. L’espoir c’est s’en remettre au hasard, aux aléas de la chance. Là-bas, j’ai bien vu que rien ne sert d’espérer, il faut agir, il faut le vouloir. Espérer ne sert à rien, seule la volonté importe. Même si l’on appelle cela désespoir, c’est là la voie que j’ai choisi. J’ai beau voir le destin me sourire, qui sait s’il m’amènera à Morgan ? Et quand bien même je le tuerais, mon espérance concrétisée, que me resterait-il alors à faire, sinon rejoindre mes parents dans la tombe, l’acte accompli ?
- Alors à quoi aspires-tu ? Quel est le but qui donne un sens à ta vie ?
- Je veux être heureux et devenir un héros, c’est avoir le bonheur et la gloire éternelle.
Dans le crime, dans la gloire, le pouvoir absolu ou la création, le bonheur n’existe que pour l’homme d’exception et dans la transgression qui ne sont ni pour l’homme du commun ni pour la norme…
Le bonheur n’appartient pas à la limitation, mais à l’excès, à la puissance et à la beauté. Le bonheur se trouve au plus près de la mort, plus on l’approche, plus on est heureux. C’est jouer avec la mort, la création la puissance et la beauté qui guide les pas de ma vie.
- Hum, je pense que tu t’entendras bien avec Dragon, dit-elle en ricanant, quand on ira le voir à Baltingo, la terre blanche.
- C’est là où nous allons ? demanda Xadros.
- Non, pas tout de suite, nous avons une petite étape à faire avant…
Enfin, petite… C’est une place clef pour la révolution. Nous avons commencé à libérer Ice Pillow, une île hivernale. Elle est très connue pour sa production de Wapométal dont la production industrielle occupe une grande partie de l’île.
Si nous arrivons à conquérir complètement l’île, cela portera un coup dur au Gouvernement, mais cela nous permettra surtout d’avoir un supplément de ressources non-négligeable.
- Mais s’il y a déjà l’armée révolutionnaire là-bas, pourquoi ont-ils besoin de renforts ?
- Ils ont un besoin urgent de renforts, et nous sommes le navire le plus proche. D’après ces informateurs, les forces de la Marine présentent là-bas sont bien plus fortes que prévues…
***
- Amiral, amiral !
- Cessez donc de m’appeler amiral ! répliqua calmement le vice-amiral Katashiro en continuant son origami.
Le vice-amiral était un homme semblant de nature calme et concise malgré un physique assez imposant. Il souriait calmement étirant sa barbe de l’avant-veille et ses cheveux en épis soulignaient son côté nonchalant et décontracté.
Avec la cape de la Marine négligemment portée sur ses épaules il semblait de premier abord être assez laxiste et complaisant. Habillé d’un jean noir et d’un gilet bleu marine rembourré, il ne semblait pas ressentir le froid glacial qu’il faisait dehors. Il avait des cheveux roux sales et sombres et des yeux verts. Mais tout son corps en lui-même semblait empreint de quelque salissure, comme s’il avait toujours été dans la poussière, au plus près de l’action. Il restait malgré tout plongé dans son origami et ne leva la tête que lorsque la personne à sa droite lui fit remarquer :
« Eh, Kata, c’est peut-être important !
-Bon ok, tu as peut-être raison Ploog !
Le sous-amiral Plooger, semblait lui plus ressentir le froid. Il portait un énorme manteau noir rembourré de fourrure avec un pantalon de la même matière et des bottes faites pour les escarpées polaires. Plooger était un homme musclé malgré que l’on remarque surtout sa maigreur. Il possédait de grands yeux noirs et de grosses mèches de cheveux tombaient sur ses épaules en oscillant, telles des tentacules noirs.
« Nous avons capté des signaux d’escargophones appelants à l’aide des navires révolutionnaires, dit enfin l’impatient matelot.
- Le signal vient surement du quartier noir… dit le vice-amiral courroucé
- En effet, am…Mr Katashiro, il vient bien de ce quartier, répondit le matelot avec mépris.
- Allons-y, dit le vice-amiral à toute la salle, il est temps de « préparer » leur arrivée…
***
La fumée des usines commençait à recouvrir totalement le bateau alors que, pris par le froid, les membres d’équipage avaient déjà enfilés leurs vêtements les plus chauds. Mais même dans la fumée, la lumière rougeoyante des fourneaux perçait. Ils étaient sans doute tout proches de l’île et Xadros tendit une oreille, un projectile approchait à grande vitesse.
Il n’eut pas le temps de se retourner que dans le silence glacial, une sphère métallique s’était abattue avec fracas sur le pont du navire. Tous les membres d’équipage se retournèrent en un même mouvement et personne ne fit un bruit alors que la sphère ‘ouvrait lentement.
Un grossier crâne de métal se forma et commença à s’exprimer alors que la brume se retirait peu à peu et découvrait ainsi les contreforts de l’île :
« Inu…. Inutile ! Vos… vos… vos alliés sont morts !
Vo…votre rébellion est… est … futile ! Votre combat ne fera que des m…morts ! »
La brume s’envola de façon soudaine dévoilant l’horreur : des travailleurs habillés de leur habituel habit noir était pendus sur de grandes croix de métal aux bords de la côte. Certains étaient même scarifiés par des traces de lames, sans doute pour les faire parler…
Mais la voix robotisé continua et dit comme un avertissement :
“All your base are belong to us !”
_________________________________________________________________________
De retour !
J'espère que vous apprécierez ce chapitre notamment les références et la partie quelques peu philosophique , mais au pire ne vous prenez pas trop la tête ^_^
Et n'oubliez pas de répondre au sondage, petits garnements !