Comme le nom de ce sujet ne l'indique probablement pas, j'aimerais dédié ce sujet à une discussion autour de l'une de ces figures de l'imaginaire typiquement ancrée chez nos amis nippons, le Mecha. Le Mecha, c'est clairement l'une des figures les plus mystérieuses qui soit car c'est toujours coton de comprendre de prime abord l'intérêt marqué que peut susciter un robot géant, qui bien souvent peut apparaître comme le comble du kitsch dans sa démesure et son design. Que ce soit avec la sortie cette année de EVA 1.0 au cinéma en France, la réédition de RahXephon dans la Collection Gold, l'arrivée de EVA 2.0 au Japon ou bien encore l'accueil prochain dans les rayons de nos magasins culturels habituels de Gurren Lagann ; j'ai pensé que ce serait plutôt amusant de réaliser un léger focus sur ces géants des temps modernes qui conservent avec eux une part de Fun indéniable.
Le propos de ce sujet ne sera pas de comprendre en détail les différentes symboliques autour de Mechas de très diverses séries, parce que j'imagine que j'en serais bien incapable, mais tout simplement de voir le phénomène qui peut se tisser autour de ceux-ci et à la fin, présenter une très rapide sélection personnelle de ces fameux Mechas en direction des néophytes, sélection qui me permettra aussi je l'espère de mettre des commentaires en direction d'un lectorat bien rompu au sujet. À noter que ce sujet va tourner aussi principalement, si ce n'est exclusivement, autour des Mechas qui ont émaillé l'histoire de l'anime. Bref, c'est parti pour un rapide voyage de l'autre côté du miroir, là où des robots géants font des pique-niques en plein centre-ville...
Alors, petit tour rapide sur Wikipédia pour voir ce que l'on trouve si l'on recherche le terme Mecha : «
Le terme mecha désigne un sous-genre des mangas et animes shōnen ayant la particularité de mettre en scène des personnages utilisant ou incarnant des armures robotisées généralement de formes humanoïdes. Par extension, mecha désignera également l'armure/robot/cyborg en tant que tel. Souvent, sa fonction principale sera le combat contre d'autres mechas. En effet, les mechas sont en général des sortes de chars d'assaut humanoïdes puissamment armés. ». On a à peine commencer que l'on tombe déjà sur un os avec le terme que l'on va employer... Bien évidemment, on va se concentrer sur la deuxième définition proposée, celle du robot géant. Les pilotes de ces petites bêtes ne seront pas à l'honneur pour une fois. Toujours sur Wikipédia et l'article qui nous concerne, on tombe aussi sur ceci : «
Le terme mecha est une abréviation de mechanics (mécanique) et son acception occidentale est restrictive. En effet, au Japon, ce terme peut s'appliquer à tout élément mécanique (robots, donc, mais aussi véhicules, armes, machines, etc.). ». Grâce à ce passage, on sait maintenant pourquoi nos armes de destruction aux formes humanoïdes sont classés sous ce terme. Pauvres Mechas, ils sont ainsi les cousins malheureuxdes armes à feu et des grosses cylindrées ; « Bonjour la reconnaissance... » pourrait-on dire.
Alors, pour avoir un Mecha, il nous faut donc au choix un robot géant, une armure mobile ou un cyborg géant à vocation militaire ; ça en fait du monde. Quoique, les candidats qui font plusieurs dizaines de mètres de haut ne courent pas non plus les rues... Si on s'intéresse à la chronologie des apparitions des Mechas dans l'histoire de l'anime, on ne peut que remarquer qu'un certain nom se démarque parmi les autres, celui de Go Nagai. En étant très réducteur par rapport au sujet, Go Nagai est quand même à l'origine de Mazinger Z (1972) et Goldorak (1975), deux séries qui ont très certainement créé l'engouement à elles toutes seules pour ce type de séries. Grâce à ce point d'ancrage, on peut quand même commencer à se poser cette question : « Pourquoi le Mecha et pas autre chose ? ».
Qui dit « shōnen » dit « baston », donc on a besoin de créer un univers et les moyens propices à l'affrontement pour ce type de séries. Reste le problème de savoir quoi mettre dedans pour rendre le tout attractif. Un jeune adolescent qui va mener une quête bien périlleuse ? À coup sûr, c'est porteur à l'époque mais ce n'est pas un thème des plus originaux car repris de maintes et maintes fois. Au moins, on sait dans quel cadre on peut placer ça : la SF. C'est pratique quand même la SF, on peut faire péter les effets spéciaux à volonté et donner un caractère démesuré aux affrontements. Banco, l'option est retenue, reste à voir à élucider la question des moyens toujours en suspens... Dans ces années où sont apparus les premiers Mechas, il faut quand même se rappeler que les hommes derrière ces rêves ambulants sont des hommes de leur temps et qu'ils sont donc fortement influencés par celui-ci. Le Japon de ces années-là, c'est un Japon qui connait un miracle économique fulgurant depuis plusieurs années. Ces hommes, ce sont bien souvent des enfants qui ont connu la guerre ou bien qui ont vécu les difficultés liées à l'après-guerre. En conséquence, ils sont donc marqués par ce contexte. Pour rappel, on retrouve cet article dans la Constitution japonaise rédigée dans l'après guerre, « le Japon renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation ». En gros, pour les hommes de l'époque, cela ne l'aurait pas fait de mettre des références trop marquées à une armée ou à des armes de l'époque dans leurs productions, surtout en direction des enfants. Que reste t-il pour pallier ce problème ? L'imaginaire et le Mecha.
Le Mecha apparaît donc comme une solution crédible : il n'a qu'un rôle que défensif et sa conception technologique supposée poussée renvoie à l'essor économique et technologique que connait alors le Japon. Tout pour plaire à la jeunesse en quelque sorte. Le Mecha, c'est quand même l'une des premières formes de la pensée Cool Japan que le pays continue même de nos jours à véhiculer. Le robot géant est ici protecteur, il a le respect des êtres qui sont moins puissants que lui (Cf l'Homme) et en plus, il protège la planète contre des agressions venant d'on ne sait où. Il a tout pour plaire le Mecha. Et c'est ainsi que la très longue success-story des Mechas débute avec de très nombreuses séries, comme bien évidemment la saga des Gundam qui débute en 1979.
Comment ne pas évoquer Gundam sans évoquer son plus grand fan ?
Le Mecha devient une figure populaire, et aussi commerciale car très vite, le succès d'un Mecha s'accompagne de son lot de figurines et de maquettes à collectionner. De nos jours encore, ce phénomène persiste et les Mechas rencontrent autant de succès chez la plupart des enfants que chez quelques adultes.
La chambre du héros de Densha Otoko, l'archétype de l'otaku. Les Mechas font bonne figure dans les vitrines...
Les jeux-vidéos ont aussi leur dose de Mechas, en plus des jeux directement dérivés des séries qui leur sont respectives. Ainsi, il existe une série en particulier qui leur rend hommage très régulièrement, en plus de remplir le compte en banque à vitesse grand V du développeur et de la maison-mère (Respectivement Banpresto et Bandaï), Super Robot Taisen. La série est apparue en 1991 et tient sa popularité du fait que c'est un Tactical-RPG ayant pour casting les plus divers crossover de Mechas imaginables. Si vous voulez un chiffre qui résume la vitalité de cette série, ce serait pour moi 54. 54, c'est le nombre de références que possède GK dans sa base de données à ce propos, qui sait si il n'y en a pas plus...
Super Robot Taisen, une institution vidéoludique que l'on a malheureusement toujours pas vu débarquer chez nous.
Reste un dernier point à entrevoir, pourquoi le Mecha est-il aussi populaire ? C'est vrai, nous, on a eu les Power Rangers avec leur Megazord et pourtant, on n'a apparemment pas grimper au plafond de la même manière, même si la persistance des produits dérivés de cette série dans les magasins me fait penser que l'estime des enfants doit toujours être au rendez-vous pour cette série... Comment peut-on autant s'enticher d'un tas de ferraille pareil, irréel de par sa démesure et inexpressif au possible ? Comment un simple robot peut-il être un personnage à part entière, jusqu'à avoir un designer attitré sur la plupart des séries où ils apparaissent ? Eh bien, sincèrement, je me suis toujours posé la question et je ne crois pas avoir jamais trouvé une réponse crédible. Peut-être tout simplement parce qu'au fil du temps, je me la suis de moins en moins posé pour ne retenir que l'intérêt que dégage la figure des Mechas à mes yeux. Peut-être ne sont-ils que les symboles du succès de leurs séries respectives, peut-être ne sont-ils que l'expression des rêves de grandeur que l'on a enfant ; toujours est-il qu'ils représentent quelque chose de foncièrement sympathique et positif. De même, quand on voit l'évolution dans l'histoire des Mechas, qu'il est passé progressivement de l'arme secrète cachée au fin fond de la campagne à une entité régnant sur le décor urbain pour s'inscrire au dessus de tout, le Mecha ne serait-il pas alors aussi l'une des figures qui représentent le mieux l'évolution sur de très courts termes de l'imaginaire que l'on peut avoir de nos jours ? Le mot de la fin à ce propos, je vais plutôt le laisser à la vision d'une personne qui s'y connait dans le domaine. Cette citation de cette personne se retrouve sur la page 3 d'un dossier promotionnel d'un projet qui doit être vendu à une chaine de télévision japonaise.
« Qu'est-ce qui fait le charme des séries de robots ?
Les « séries de robots » sont l'expression des désirs latents que peuvent avoir les enfants.
En effet, elles sont un moyen de compensation des complexes et de la pression que les enfants peuvent subir, un moyen de résistance, un exutoire.
Les adultes savent goûter la vie, malgré toutes les difficultés qui la parsèment.
Même si ils ont compris que le « rêve » et « l'espoir » souvent appelés « justice et amour » ne sont que des chimères, ils en connaissent la nécessité pour vivre.
Nous pouvons les transmettre aux enfants, d'une façon pure et sans leur faire sentir la différence entre la fiction et la réalité, grâce à l'animation, dont la principale caractéristique est de donner naissance à une certaine vision du monde, et cela uniquement grâce à la main de l'homme. C'est ce qui fait le charme des « séries de robots ».
Dans ce projet, nous voulons revenir à ces éléments de base et retrouver la chose unique qui faisait à l'origine le charme de ce type de séries. »
Et bien évidemment, cette personne en question a fait bien mieux que cela... Cela ne vous étonnera très certainement pas si je vous écris que l'extrait en question provient d'un dossier promotionnel du début des 90's, portant la dénomination de Neon Genesis Evangelion sur la première de couverture. D'accord, c'est clairement du favoritisme pro-Anno de ma part mais il fallait bien que je le recase quelque part dans ce sujet ce bonhomme, non ?
Mais bon, il est temps d'attaquer le nerf de la guerre de ce sujet avec cette sélection personnelle des Mechas qui me paraissent emblématiques, même si cette sélection est loin d'être exhaustive et comporte de nombreux manques qui très certainement donneront des sueurs froides aux amateurs. Cette sélection comporte dix représentants, unique par série ou saga. De plus, pour les séries qui s'étalent sur une très longue période, c'est le premier Mecha emblématique que j'ai conservé et pour certaines séries, ce sont les très vieux modèles qui ont été retenus. Bref, commençons ce tour de revue de suite.
Le Mazinger (1-1972) est l'un des premiers Mechas de l'anime, si ce n'est le premier à ma connaissance. Il a un design plutôt sympathique à mon sens. En tout cas, je le préfère esthétiquement parlant au Goldorak (2-1975), le Mecha qui a tout réalisé chez nous ou presque : il a amené avec lui les longues séries des dessins-animés nippons chez nous en plus de nous faire découvrir l'existence des Mechas. Goldorak, c'est certainement celui aussi qui est synonyme de « robot géant » dans l'inconscient collectif chez nous. Vient ensuite le Gundam RX-78 (3-1979), le premier Gundam d'une longue lignée qui n'est je pense pas interrompue. Je n'ai jamais vu la série originelle de Gundam, je ne sais donc pas si le RX-78 est pour lui même l'un des Mechas le plus emblématiques de sa série mais c'est celui dont le design me paraît le plus caractéristique de l'univers des Mechas. C'est simple, quand je pense à un Mecha, c'est l'image du RX-78 qui me vient en premier à l'esprit. On passe ensuite à un Mecha très imposant, le SDF-1 Macross (4-1982). Je me souviens que la première fois où j'ai regardé les trois premières saisons de cette série à l'époque sur Game One, je trouvais les Mechas de Macross plus attirants par l'idée à laquelle je les associais plutôt qu'à leur place dans leur série. En effet, c'est le mix' improbable entre la musique Pop et les combats de ces Mechas qui m'ont fait conserver le souvenir de ceux-ci dans cette série, et le côté modulable aussi.
Le Mecha de Gunbuster (5-1988), je le conserve à l'esprit car c'est la première série d'un certain réalisateur qui m'est devenu depuis fétiche que j'ai vu. J'aimerais bien revoir la série car j'avoue que je n'en ai pas gardé un souvenir aussi marquant que les deux autres qui ont suivi. Néanmoins, je pense que le Mecha principal de Gunbuster est assez emblématique de son époque pour figurer ici. Après voici venir un Mecha dont je ne me rappelle que le petit nom donné par sa pilote à défaut de son nom original, à savoir le Mecha de Patlabor (6-1989). Ce qui me plaisait bien dans le Patlabor, c'est son côté plus terre et fonctionnel que la moyenne. Là où la majorité des autres Mechas sauvent des planètes entières, celui de Patlabor ne fait que suppléer les forces de police ; et je trouve que c'est un emploi plutôt original dans cet univers.
Devant la très grande étendue de Mechas présents dans la série, j'ai gardé l'EVA-01 pour représenter dans cette sélection Evangelion (7-1995). Dans mon esprit, j'ai toujours dissocier les EVA des autres Mechas de par leur nature. Mais bon, passé ce stade théorique lié seulement à la série, ces humanoïdes de synthèse s'inscrivent naturellement dans ce cadre ici présent. Pour la réflexion liée aux Mechas, je retiens des EVA l'originalité d'être les premiers à présenter un côté incontrôlable, et donc plus dangereux que la moyenne pour l'Homme. Vient ensuite un autre Mecha que j'apprécie, l'Escaflowne (8-1996). Les Mechas qui s'invitent dans les univers de heroic-fantasy sont rares, mais quand ils ont l'envergure de ceux de cette série... Là encore, l'originalité qui émanaient des représentants de cette série font que j'en garde un très bon souvenir.
Le RahXephon (9-2002) n'est pas l'un de ceux que j'affectionne le plus mais il est difficilement évitable dans une telle sélection. Ce n'est pas sa signification et sa place dans sa série d'origine qui font que je n'ai pas de prise avec ce Mecha, c'est dû simplement au fait que je n'ai jamais trop apprécié son originalité esthétique liée aux ailes qu'il possède sur sa tête. Pour le reste, le RahXephon est clairement l'un de ces Mechas qui a marqué les dernières années de l'histoire de l'anime. Pour finir, j'ai retenu le Lagann de Gurren Lagann (10-2007) car même si je ne le connais pas, j'ai l'impression que c'est le Mecha qui a eu le plus de buzz autour de lui parmi les nouveautés de ces dernières années. En tout cas, quand la série arrivera dans quelques mois en France ; j'espère ne pas être déçu et apprendre ainsi qu'il est tout aussi emblématique que les autres.
Voilà, c'est la fin de ce tour d'horizon que j'avais voulu faire sur ces petites choses qui hantent bien souvent de nombreux animes, les Mechas. Bien évidemment, la sélection que j'ai faite est très peu exhaustive ; principalement à mon sens car il manque les multiples séries dérivées de Gundam ainsi qu'une référence à Code Geass of Lelouch pour les séries les plus récentes. Mais bon, si par chance il y a des membres qui souhaitent rebondir sur le sujet, je les invite à compléter cette sélection par leurs connaissances personnelles et pourquoi pas présenter le Mecha qu'ils préfèrent. Personnellement, je ne pense pas qu'il soit nécessaire que je mette noir sur blanc quel est le Mecha que j'affectionne le plus, notamment parce que ce doit être très transparent ou trop prévisible avec le temps. Mais bon, je remercie tout ceux qui auront pris le temps de s'intéresser à ce court voyage dans des univers où la solution à tous les maux prend la forme d'un géant robotique de plusieurs dizaines de mètres de haut.
