Qui ? Qui ne connait pas Picsou ou Donald de nos jours ? Autant dire personne.
(si vous ne connaissez pas envoyez moi un MP, j'aimerais savoir à quoi ressemble votre grotte)Et leur popularité est due à un homme : Don Rosa, génial compléteur (?) de Picsou, aussi surnommé euh... crotte.
Le copier/coller c'est le mal les enfants !Ce sujet vous est proposé par les productions pifobuse ©, ce qui ne veut pas dire que l'on a fait du pif-au-mètre.
Keno Don Rosa L'homme des canards bis : Oui, j'aime être extrêmement réducteur. Né le 29 juin 1951 dans le Kentucky, Keno Don Hugo Rosa, dit Don Rosa, est souvent - et à raison - présenté comme l'héritier spirituel de
Barks. Mais plus qu'un simple héritier, on pourrait presque parler ici d’exégète tant ces œuvres apportent un nouveau regard sur celles de
Barks. Difficile de ne pas penser ici à l’œuvre de sa vie, La Jeunesse de Picsou, qui force le respect par la minutie de sa construction - mais ne nous affolons pas, on aura l'occasion d'en parler plus tard.
Avant de dessiner des histoires de canards, Don Rosa fit des études et travailla en temps qu'ingénieur civil ; en parallèle il réalisa un certain nombre d'histoires, notamment Le Fils du Soleil, dont il reprendra le scénario pour une certaine histoire sortie en 1987 - quel suspens insoutenable. Toutefois, il décide d'arrêter de dessiner des histoires en 1982, cela lui rapportant trop peu d'argent.
Mais en 1986, avec l'ouverture de la maison d’édition Gladstone qui reçut l'autorisation de publier des comics Disney, Don Rosa décide de proposer son travail à l'éditeur, qui lui propose alors le contrat le plus frileux de l'histoire du comics : si l'histoire est cool, elle sera publiée, sinon des clopinettes. Don Rosa reprend donc son récit en mettant en scène Picsou face à Gripsou. Inutile de dire que l'éditeur fut conquis et l'historie fut donc publiée en juillet 1987, lançant ainsi la carrière de l'auteur favori de certaines personnes
(coucou bubuse).
Jusqu'en 1989 la collaboration fut fructueuse, mais, à cause d'une des nombreuses mesures made in Disney, Don Rosa quitte l'éditeur. C'est en 1990 qu'il se remet à travailler avec cette fois-ci l'éditeur danois Egmont. A partir de cette date il collaborera également avec de nombreuses maisons d'éditions - Hachette, Oberon et même Disney.
En 1995 il remporta un Will Eisner Award - le meilleur prix que peut recevoir un comics aux États-Unis -, pour sa saga qui a fait sa renommée, La Jeunesse de Picsou (
The Life and Times of $crooge McDuck en VO), avant d'en gagner un deuxième en 1997 en tant que meilleur auteur de comics comique - c'est très réducteur, mais c'est toujours sympa.
Personnages : Plus qu'une réelle création, Don Rosa a surtout su donner vie à de nombreux personnages secondaires dont
Barks ponctuait ses histoires, tout en appuyant encore plus l'aspect humain de la bande à Picsou et surtout l'aspect familial.
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Balthazar Picsou (
Scrooge McDuck en VO)
(on ne le présentera jamais assez) : Avec les histoires de Don Rosa, Picsou prend une nouvelle profondeur et on découvre un personnage sensible et profondément mélancolique. Mais ce qui caractérise le plus le Picsou de Don Rosa, c'est l'amour qu'il porte à sa famille - tout en étant un exemple de piété filiale.
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Donald (
Donald Duck en VO)
(idem qu'au dessus) : Le Donald de Don Rosa n’a rien à voir avec celui de
Barks. Ici, il délaisse volontiers la badine et devient un personnage avec une bravoure et un esprit d’initiative pas piqué des canetons. De la même manière, il prouve aussi qu’il est un personnage encore plus touchant sous la plume et le crayon de Keno, certaines de ses histoires faisant presque verser une petite larme.
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Gripsou (
Flintheart Glomgold en VO) : Aah Grispou...
Barks en a fait l'exact opposé de Picsou et c'est donc tout naturellement que Don Rosa en fait le rival numéro 1 de Picsou. Il en fait d'ailleurs son deuxième personnage - non affilié à la famille Duck - le plus récurrent de ses histoires, après la bande des Rapetou.
Le Gripsou décrit par Don Rosa est assez similaire à celui de
Barks, sa malhonnêteté servant bien souvent de ressort aux histoires où il figure.
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Gracié (
Blackheart Beagle en VO) et la bande des Rapetou (
The Beagle Boy Inc. en VO) : Premier ennemi de Picsou, la bande des Rapetou n'est pas spécialement modifiée par Don Rosa, si ce n'est que la bêtise de la bande est encore plus accentuée ; en dépit de celle du doyen Gracié, qui se retrouve bien souvent abasourdi par la propre bêtise de ses petits-fils.
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Goldie (
Glittering Goldie en VO) : Personnage d’une histoire chez
Carl Barks, Goldie prendra davantage d’importance et de prestance sous le crayon de Don Rosa. Patronne de bar durant la grande ruée vers l’or, cette étoile glacée du Yukon aura réussi à ébranler notre imperturbable chercheur d’or dans sa quête de richesse, dévoilant ainsi avec beaucoup de pudeur une facette presque inédite de notre cher canard aux célèbres rouflaquettes. Chaque apparition ou évocation de Goldie est en soi un événement dans la mesure où Don Rosa s’amuse toujours à placer juste ce qu’il faut de nostalgie et de mélancolie, tendant invariablement le lecteur vers un « et si… ». Un personnage secondaire de premier plan.
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Hortense (
Hortense McDuck en VO) : Mère de Donald et sœur de Picsou, elle a un caractère bien trempé et est à l'origine de nombreuses scènes de pures délires dans
La Jeunesse de Picsou, c'est un peu le joker de Don Rosa pour sortir Picsou de situations épineuses. ^^
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Mathilda (
Mathilda McDuck en VO) : Autre sœur de Picsou, elle a un tempérament plus calme et reposé. Il est bon de noter que c'est le seul personnage de la famille de Picsou que l'on revoit en dehors de
Jeunesse de Picsou.
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La famille McPicsou : Dans sa quête de la cohérence, Don Rosa c'est empressé de faire une famille McPicsou très complète et développée, chaque membre ayant son petit caractère (et surtout un visage propre !), même si certains sont plus récurrents que d'autres. Je pense notamment à Sir Duncan, qui est présent - physiquement ou sous forme de clin d'oeil - dans chaque histoire contenant l'ancestral château des McPicsou.
Dessine moi un canard : Là où
Barks brillait par la fluidité et le dynamisme de son trait, Don Rosa brille par la finesse et le soucis du détail exacerbé qui caractérise son dessin.
C'est que, de par sa formation d'ingénieur, Don Rosa n'use pas des traditionnels stylos de dessin professionnel, mais des stylos d'ingénieur et des stylos à calligraphie : cela se ressent tout de suite à la lecture, le trait est beaucoup plus fin et permet l'ajout de plus de détails. Il utilise aussi des gabarits d'ingénieurs de formes ovales ou rondes, ce qui lui sert notamment à dessiner des cases pleines de pièces avec la plus grande minutie, mais aussi les formes de nos canards favoris. Il est bon de noter qu'il utilise aussi une table illuminé pour pouvoir dessiner les détails les plus fins - un grand malade
*.
Exemple typique de dessin fait à l'aide de ses gabarits d'ingénieurs : chaque pièces (!) du premier plan ont été dessiné avec un gabarit différents. Il est fou ce monsieur. En effet, en digne héritier de
Barks, Don Rosa cultive la passion des petits détails. Mais là, on peut carrément dire que l'élève a dépassé le maitre, tant il arrive à développer tout un monde en arrière plan ; il n'est pas rare que des faits au départ anodins et n'apparaissant que dans le fond prennent une toute autre importance en fin de récit.
C'est aussi par ce biais qu'il arrive à créer de nombreuses scènes cocasses et à intégrer de - très - nombreuses références aux histoires de
Barks, ce qui ajoute davantage de profondeur et de cohérence à son univers.
Quand Don Rosa fait des petits détails, on peut dire qu'il n'y va pas de main morte. L'autre point clé qui caractérise le dessin de Don Rosa - et qui est intimement lié au premier - est le soin apporté aux décors, fourmillant de vie et de détails.
C'est qu’ici, contrairement aux histoires de
Barks, le décor n'est plus là pour faire de la figuration et sert bien souvent de point de pivot aux histoires ; que ce soit sous la forme d'un lieu que l'on visite au gré de nombreux allers-retours, comme dans Le dernier du clan McPicsou avec le château du clan éponyme, ou sous la forme d'un lieu à trouver, comme c'est le cas dans Le Fils du Soleil - et plus généralement dans quasiment toutes ses histoires.
* Pour notre plus grand bonheur ^=^ Histoire : De manière plus générale, la grande spécificité des histoires de Don Rosa est d'écrire des suites aux histoire de
Barks, soit en ajoutant un Picsou absent lors du premier voyage, soit en reliant des faits développés par
Barks sans lien apparent. En fait, toute son œuvre repose sur l'idée de donner une cohérence à l'univers crée par
Barks, tout en l'étoffant avec ses propres idées bien sûr.
Bien sûr, quand l'on parle de lui, les premières pensées se dirigent d'elles mêmes vers sa création phare La jeunesse de Picsou, qui est un peu l'aboutissement absolu de cette idée de rendre cohérent cet univers complexe à base de canards. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est très réussi ! Par exemple, lorsque je lis une bédé Picsou à l'italienne - avec un univers complètement différent donc -, je ne sais pas pourquoi mais ça sonne toujours faux pour moi ; non pas que l'univers soit moins riche, c'est surtout qu'il lui manque une grande œuvre fédératrice comme
La Jeunesse de Picsou. Et puis une fois lue, c'est trèèèès difficile de se sortir cette version de l'histoire de Picsou de la tête. Mais en même temps ce n'est guère étonnant, quand on voit avec quelle minutie il a construit cette saga et placé ses références aux œuvres de
Barks, on ne peut que saluer l'artiste.
Mais ce serait très réducteur de limiter Don Rosa à cette seule saga, face au reste de son œuvre, c'est presque une goutte de merveille dans l'océan du fabuleux
(faire passer les œuvres de Don Rosa pour un truc enfantin -> check). Don Rosa est avant tout un auteur extrêmement complet qui a abordé tout les grands thèmes initiés par
Barks : la recherche d'un trésor ou d'un lieu, la remise au goût du jour d'un conte classique, les affrontements dantesques avec Grispou ou les Rapetou - sans oublier Miss Tick bien sûr -, mais surtout, surtout, de grandes histoires d'aventures. C'est d'ailleurs toujours des histoires de
Barks mettant cet aspect en avant que Don Rosa a repris.
Réédition : Comme pour la réédition des œuvres de
Barks, c'est Glénat qui s'en occupe pour celle de Don Rosa ; du coup mes remarques et critiques sont
grosso merdo identiques, même si pour l'instant il n'y qu'un seul volume et que c'est donc un peu plus dur de faire un constat général.
Si l'on regarde le contenu de l'édition, le travail est encore une fois nickel. On a droit a une préface qui nous présente le tome et l’œuvre de Don Rosa dans sa généralité - et elle est de Pascal Pierrey en plus
[1] ! - ; la petite nuance par rapport à la réédition de
Barks, se situe dans le fait que chaque histoire n'est plus précédée d'un petit encadré nous présentant de petits détails sur l'histoire ou l'édition originale, mais par un petit texte de Don Rosa lui-même - inutile de dire que c'est toujours très intéressant.
Le volume est aussi précédé d'une petite note sur les fameux D.U.C.K. de Don Rosa, en nous invitant à les chercher dans les histoires que contient le tome. Et, pour bien aller au bout de cette idée de chasse au détail, le volume se termine sur une page résumant l'emplacement de tous les D.U.C.K. du tome, avec image à l'appui. J'ai trouvé que c'était franchement une bonne idée, ça permet de bien se rendre compte à quel point Don Rosa est un grand malade du détail ^_^
Les deux premiers tomes de la réédition made in Glénat En revanche si on regarde du côté du format de l'édition, il y a encore plus de points qui me chagrinent.
On a encore les mêmes "défauts" : la couverture est en carton souple, une couverture rigide aurait été plus que bienvenue pour ce genre d'édition ; le format est un peu petit, c'est franchement dommage parce que le dessin de Don Rosa fourmille de détails et on a bien du mal à pleinement les apprécier sur d'aussi petites pages ; et surtout, surtout, le prix est absolument exorbitant : le premier tome coûte aussi cher que celui de
Barks, mais il est deux fois plus petit !! Vendre ce volume aussi cher est une honte, surtout que l'on a une couverture souple, grrr !!
Bon par contre il y a encore les même bon points, la fresque sur la reliure est une bonne idée (même si pour l'instant c'est difficile de voir ce qu'elle représente ^^) ; le papier est aussi de très bonne qualité et est bien relié, on n’a pas peur d'arracher des pages lorsqu'on les ouvre en grand (et il le faut bien pour regarder le détail des pages).
[1] Pascal Pierrey, ou Prof Pierrey pour certains aficionados (dont je fais partie), est - pour faire court - celui à qui on doit la "barkisation" du Picsou Magazine dans les années 80-90, ce qui est à l'origine de la passion de beaucoup - dont votre humble (?) serviteur. Une petite conclusion peut être ? Rosa rox. Je dirais même qu'il rox des poneys
(subtile petite pique n'est-ce pas ?).
Oui c'est court, mais que dire de plus ? Bon aller, une petite phrase pour la route :
Les histoires de Rosa c'est de la bonne, mangez-en !.
Best meeting ever.