Je sais en faisant ce topic que son contenu risque d'être assez limité, parce que ne parlant que d'une seule bande-dessinée. J'aurais pu, et même j'aurais dû, parler de Gilles Roussel, son parcours, son oeuvre, Raghnarok, la Rubrique Scientifique, ses relations avec Reno et Lucie Albon...
Et puis non.
La flemme.
Après tout, I'm born to be a larve.
Voici donc pourquoi je me contente ici de parler de Boulet. Son blog. Sa version papier. Son amour pour les kebabs, sa haine des
lolz catz et son envie de ressuciter les raptors pour les remplacer, son combat incessant avec la SNCF, sa fondue de fromage radio-active d'appartement, sa vision de l'effet Peter Pan, sa
Revenge of the Geek, ses enfers des bouclages, ses périodes de fugue donjonesques...
Finalement, il y en a à dire sur la vie d'un geek.
Son premier recueil de notes issues du blog est sorti hier, et c'est pour moi -comme pour d'autres- un évènement attendu depuis longtemps.
Tout d'abord parce que je considère Boulet comme le plus grand maître de la blogosphère. A juste titre. Son talent n'est plus à prouver, Boulet est un très bon dessinateur et scénariste ; il réussit souvent à provoquer le rire avec des choses simples, la débilité de ses personnages (Womoks dont il écrit le scénario est un exemple du genre, tout simplement) son dessin n'est pas prétentieux, mais précis, net et reconnaissable entre cent.
Il parle avec humour de tout et fait une étude sociologique du
geek, un être à surveiller de prêt, par les petites anecdotes de sa vie parfois pas vraiment saine. Il aborde tout, de la Star Ac' aux Raptors, du Mouton de Schrödinger au Petit Prince, et le fait avec talent. Hétéroclyte, ce recueil l'est assurement et à plus d'un titre ; et encore, ce n'est que la première année.
Ensuite parce que le travail qu'il a fait sur son blog est totalement différent des albums qu'il commercialisait jusque là. Comme il le dit lui même, il nous offre une oeuvre beaucoup plus adulte, sans pour autant se prendre au sérieux. De même, il utilise un style beaucoup plus relaché (après tout, son blog est surtout là pour son plaisir), moins cadré et très fluide. Aucun crayonné, il fait tout d'une traite, y rajoutant par la suite à l'ordinateur des teintes oranges.
Pour l'avoir vu me faire une dédicasse, je peux dire que c'est très impressionnant à voir, puisqu'il plaisante et parle en jetant de brefs coup d'oeil sur le dessin, comme si faire des perspectives alambiquées n'étaient qu'une simple formalité. Bluffant.
Et même si les premières notes sont très proches de son dessin habituel, il n'empêche qu'on retrouve dans ce recueil une très grande diversité au niveau des styles, aussi bien graphiques que narratifs.
Il jongle, raconte, met en scène, s'amuse et nous amuse.
Enfin parce qu'on nous promettait des inédits. Et on est loin d'être déçu. En effet, on découvre des strips jamais édités, et pour cause, ce sont en très grosse partie des petites histoires rebondissant sur ses anciennes notes, auxquels il jette un regard neuf et distant, racontant une anecdote amusante dessus. Les inédits sont une façon pour lui de lier l'ensemble des notes, d'expliquer pourquoi, après avoir refuser pendant des années de faire un recueil sur ses notes, il a cédé, et pourquoi il ne voulait pas les faire auparavant.
En deux cent pages, on retrouve avec bonheur ses strips cultes dans une version papier très agréable, même dans son toucher et son odeur (j'aime l'odeur des livres neufs, et je peux vous dire que je le garde auprès de moi pour le sniffer de temps en temps parce qu'il sent vachement bon -très bon point ça- et que ça disparaitra un jour ou l'autre -moins bon point ça), ainsi que des passages narratifs où il s'explique, se justifie un peu sur ce recueil, et c'est un véritable enchantement. Rien que ça.
On ne le poussera pas à sortir le prochain tome expressement sous peu, mais on n'en pense pas moins.
Gilles, mici.