Faut-il connaître le prix de la mort pour pouvoir la vendre?
Un mercenaire sur n'importe quel champs de bataille se voit rétribuer un salaire pour avoir verser le sang de celui qu'il combat. Aussi bien les puissants et les riches que les faibles et les pauvres, on peut attribuer un prix à leur mort. On ne chiffre jamais leur vie des autres, on ne quantifie jamais sa valeur sur un champs de bataille, mais plutôt le consentement à ne pas mourir des individus. Combien ou quoi sont-ils prêts à donner pour ne pas mourir? Cependant, il faut prendre en compte le coût supplémentaire que l'offreur de "mort" est prêt à accepter pour changer d'employeurs. Il faut donc incorporer une variable fonction de la puissance du premier commanditaire. Car si un mercenaire rompt son contrat, il se doit d'être prêt à payer le retour de bâton.
Dans ce dangereux métier, il faut avoir le bras lest et puissant. Mais surtout savoir dans quel sens le vent de la fortune souffle.
Si l'on considère la fonction de profit du mercenaire, on obtiendrait quelque chose comme ça:
π= R(commanditaire+butin)-C(sa_propre_vie+intégrité_physique+mental+perspective_d'avenir)+Δ [risques(changement de commanditaires+circonstances_diverses)]
Askeladd arbitre parfaitement dans ces décisions de choix optimal. N'hésitant pas à trahir la personne qu'il servait l'instant d'avant si cela va dans son intérêt. Sa capacité à maximiser son profit est exceptionnelle, et lui permet d'entretenir une véritable petite troupe en menant une vie "paisible" de pirate sanguinaire.
Mais qu'en est-il de sa propre vie? On peut difficilement lui donner une valeur quantifiable. Certes, le capital physique est mesurable. Mais qu'en est-il de vos relations sociales? De vos connaissances? De vos sentiments? Vouloir les monérariser, ce qui est faisable, n'en reste pas moins très difficile.
Alors que notre "aversion à la mort" l'est beaucoup plus facilement. Que sommes nous prêts à donner pour rester en vie. Notre jugement qualitatif nous le permet. Donner tout notre argent et tout nos biens? La vie de ceux qui nous sont proches...
Heureusement, nous sommes rarement confrontés à de telles extrémités. Mais ce n'est pas le cas d'Askeladd qui a mené une vie sur le fil du rasoir. Un vrai edgewalker.
Il a du faire le choix entre sa vie, celle du prince Knutt et celle de tous les habitants du Pays de Galle.
Bien qu'il ai porté allégeance au prince, il ne serait pas à sa première trahison.
Sa propre vie, aussi rude soit-elle, elle vaut mieux que l'incertitude du néant.
Les habitants du Pays de Galle? Territoire de ses origines où il n'a vécu qu'un bref instant, et qui ni lui à eux, ni eux à lui, ne sont grand chose; mais qu'il a juré de protéger.
Il a choisit de mourir. Pourquoi? Il n'y a pas de réponses toutes faites.
Ni sa fidélité pour Knutt, ni son rêve de protéger les gallois, ni par abandon de la vie ne peuvent satisfaire qui que ce soit.
Askeladd est mort parce qu'en un temps T, il s'est retrouvé bloqué, sans savoir comment se tirer d'affaire. Il a tout simplement pété les plombs. Mais il a également préservé l'essentiel un rêve: le Pays de Galle. Cette étoile haut dans le ciel qui sans jamais l'atteindre, lui a permis de se diriger dans sa vie tortueuse.
Pour comprendre un homme, il faut supposer qu'il soit rationnel. Qu'il agisse en fonction d'un quelconque code caché dans le système. Être vivant, être un Homme, c'est beaucoup plus que ça. C'est concevoir que l'absurde nous habite tous, et qu'il habite aussi les autres.
Au moment de mourir, Askeladd se repent de sa connerie. Non. Plus que ça, il la dépasse. Et c'est sur ses sages paroles qu'il fait constater à son "fils adoptif" et éternel ennemi que lu qui va rester en vie devra continuer à vire sans but.
Ne reste pas coincé indéfiniment à cet instant ridicule, va de l'avant, le plus loin possible.