Dans le box des accusés, deux personnages. Un seul survivra, l'autre mourra - et tant pis pour lui, on le balancera à la mer car un cerceuil, c'est trop cher. D'un côté, Raito, un mec absolument misanthrope et c'est bien ce trait de caractère qui me plait chez lui. De l'autre, Ryô, plus connu sous le nom de Nicky, par ailleurs adapté au cinéma avec un certain Jackie. D'un côté, l'absolution des règles établies, la volonté de briser les tabous, le conformisme et le conventionisme. De l'autre, la perversité, reste d'un complexe d'Oedipe mal assumé ou pas assumé du tout. D'un côté, le perso pour qui je ne vais pas voter. De l'autre le perso pour qui je vais voter. Nicky aura mon suffrage, non pas parce que je l'aime mais parce que je n'aime pas son adversaire. Nicky aura mon suffrage, non pas parce que je le trouve drôle mais parce que je trouve son adversaire d'un tempérament bien trop pathétique. Nicky aura mon suffrage, non pas parce que la nostalgie s'exprime par ce biais mais parce que ma rancune envers son adversaire s'exprime par ce biais.
Et ma justification n'ira pas dans le sens indiqué par le code de la route car ma justification prendra un sens interdit : voilà pourquoi je n'ai pas voté pour Raito et non pas, voilà pourquoi j'ai voté pour Nicky.
Death Note... est un manga. Et c'est là tout son problème car en soi, il ne se démarque pas le moins du monde : c'est un manga noyé par des flots d'autres manga tout aussi manga que lui. Death Note, ce n'est pas une profonde histoire, une intrigue palpitante qui nous tient en haleine durant les quelques douze volumes car avant tout, Death Note est un concept, et c'est ce concept qui nous tient en haleine durant tout ce temps. En partant d'une idée, je l'avoue, géniale, la grande majorité a hissé Death Note en légende, a considéré Death Note comme un vent nouveau sur la plaine trop lisse du monde des manga. Pour ma part, un concept, ça ne fait pas tout, encore faut-il développer ce concept pour le tourner à son avantage. Ce que je reproche dans Death Note, ce n'est pas vraiment son scénario, que je trouve plutôt bien ficelé, à tout le moins, concernant sa première partie. Ce que je reproche dans Death Note, c'est en vérité le manque de liant de ce scénario en question car après la mort de L, on passe à une intrigue supercielle, nous faisant perdre littéralement pied par rapport à ce qui nous avait été servi antérieurement. La claque est telle qu'on oublie alors tous les bons moments que ce manga avait pu nous procurer. Et la haine sinon le mécontentement commence à bouillir en nous car la question qu'on se pose de savoir pourquoi ils ne s'en sont pas tenus à arrêter à ce moment là ne trouve nullement de réponse plausible. Auraient-ils pu choquer l'opinion de s'en tenir à la victoire de Raito ? Je ne le pense pas car ça aurait justement constitué l'attraction majeure de la série. Finalement, les auteurs utilisent le prétexte de la non-conventionalité pour mieux nous imposer une fin conventionnelle à souhait et donc déplorable à souhait. Et que dire de la misérable attitude que nous gratifie Raito, nous accablant d'une tristesse absolue ? Je vous l'avoue, j'ai failli pleurer (en m'aidant d'oignons)... Cette seule fin, minable au possible, gâche joliment mais absurdement une oeuvre et un personnage qui ne méritaient pas un tel traitement. Car cette seule fin brise en un tour de main toutes les convictions d'un héros, d'un homme si prêt à se "sacrifier" pour purifier le monde - et c'est lui même qui le dit... En somme, cette queue de poisson nous donne un enseignement : toute cette histoire n'aura servi à rien car (non, non !) il ne s'agit pas de l'histoire d'un homme philanthrope (ou misanthrope, rayez la mention inutile) qui ne veut que la pureté de son espèce. Car (non, non !) il ne s'agit pas ici d'un personnage torturé entre ce qu'il aspire et ce qu'il doit accomplir pour obtenir ce qu'il aspire. En réalité, messieurs, dames, voilà une banale histoire d'un psychopathe, tout juste bon à mourir car (non, non !) il n'est pas suffisament fort pour assumer la conséquence de ses actes. Car (non, non !) ce qu'il a fait, ce n'était pas pour la sauvegarde de l'homme mais pour l'accomplissement de ses pulsions meurtrières... Et c'est passionnément... ridicule !
Votez Ryo car il n'y a que comme ça qu'il est bon de voter.
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