Avant de passer au duel d’aujourd’hui, qui s’annonce sulfureux, plaçons deux mots sur les puissances qui se tiraillent pour décider de mon sort. Tout d’abord, j’ai décidé de ne pas me défendre moi-même (auquel cas, je serais épargné dans la seconde vu mon éloquence en tous points remarquable – et là, vous vous attendez à un smiley, hein ? Eh ben, c’est ratééé !) Non ! (A prononcer avec une voix suraiguë.) Je vais simplement remercier Bullzor pour avoir sauvé mon existence (mer-ci, Bull-zor !) Quant à Leto et Ryûk, je vous inscris sur ma liste noire, celle réservée pour mes ennemis d’état (boss ou pas, Ch’ti ou pas, l’équation mène à une même conclusion : j’vous détes-TE ! – Smiley ? Non, non…)
Aaah, ça fait du bien de dire ce qu’on a sur le cœur… Bon, l’expression est ridicule car si on avait vraiment quelque chose sur le cœur, on serait déjà aux urgences pour cause de tachycardie (et je sais de quoi je parle : cinq ans de médecine), mais n’empêche qu’ici, ça se prête bien à la situation. Revenons à nos moutons (mwahahah, j’enchaine les formules bien senties), Mun-Su contre Akane Tachibana… Le basketteur, je le confesse, m’a toujours attiré par le biais de I’ll qui me semble être une très bonne série, propos de SSof à l’appui. Bien que je ne connaisse toujours pas ce manga, qui pourtant figure dans mes petits papiers depuis quelques temps déjà, je lui accorde néanmoins une somme étonnante de crédit – sans doute en raison de l’unanimité des avis. Ainsi, je ne m’abaisserai pas à user de stratagèmes peu catholiques (ni orthodoxes d’ailleurs) pour descendre un (disons-le) excellent personnage dans le but seul de sauver (ou du moins de tenter de sauver) le nouvel Angyo Onshi.
Mais alors – susurrez-vous du coin de la bouche – pourquoi diââble devrions-nous tous voter pour cet être antipathique et cruel qui n’a d’yeux que pour son bonheur personnel ? A cette question, je répondrais – si je n’avais pas d’imagination – mais précisément pour ça ! Cependant, j-a-i de l’imagination, par conséquent, je répondrai ça :
Mun-Su est baigné dans un univers impitoyablement onirique, où le rêve va de paire avec le cauchemar. Dans un monde coloré de mille couleurs, une seule parvient à s’extirper de cet imbroglio pour teinter la vie du soi-disant sauveur de l’humanité : le rouge du sang. (Tout est chao-o-o-o-s… Hum…) Le nouvel Angyo Onshi évolue (dans les deux sens du terme) dans un contexte de corruption et de trouble, où chaque rencontre est prétexte à conflit, où chaque ombre parait toujours inquiétante, mais au-delà de ces images, on ressent inévitablement une certaine beauté. Beauté qui se reflète d’abord au niveau de l’histoire que vit Mun-Su, avant de s’iriser à travers le personnage même. Toute la subtilité de ce chef-d’œuvre, c’est de nous proposer plusieurs formes d’interprétation quant à la psychologie de son héros ou quant à la légitimité de ses actes.
En tant qu’Angyo Onshi, Mun-Su est sans cesse amené à faire des choix qu’il réprouve dans le but de sauver le grand nombre. Mais en tant qu’homme, il n’est jamais infaillible. Perfectible, il a déjà fait des erreurs, et il en fera sans doute encore ; c’est justement là que ce personnage prend toute son ampleur. Il progresse au gré de ses pérégrinations : sa vie, c’est une formation pour une vie meilleure, ses torts, il les assume, même si pour cela, il doit sacrifier sa propre existence. C’est pourquoi, il voyage de pays en pays – libérant ces contrées d’une tyrannie, détruisant celles-là pour instaurer une paix nouvelle –, sans jamais perdre de vue son objectif final : réparer le désordre qu’il a jadis semé de lui-même. De son passé douloureux, il en a tiré quelques leçons, dont certaines peuvent être condamnables. Ainsi, éprouve-t-il le besoin de n’accorder sa confiance à personne. Mais malgré tout, on comprend rapidement que ceci n’a été décidé que par une phobie qu’il a développée naguère : une peur monstre de se faire trahir à nouveau. Humain, disait-on, et pas qu’un peu.
Au lieu de débiter dix phrases à base d’élocutions à l’eau de rose, l’ex-général des armées communique de façon bien plus intimiste et marquée : en un regard, tout est dit. D’un sourire, il vous envoûte, et de son aura, il vous montre son affection. En réalité, les mots sont traitres : on peut tout exprimer par des juxtapositions de sons – mais qui nous prouve que ces douceurs ont été émises en toute sincérité ? Mun-Su comprend que la puissance du langage est grande, mais vile aussi, alors il préfère communier par son essence, par ses pensées profondes. On n’a pas besoin de se rassurer quinze fois par jour, un ami reste un ami, qu’on le dise ou pas n’y change rien. Et il se crée une carapace, une sphère de protection pour se prémunir des mauvaises surprises, pour isoler ses véritables sentiments, parce qu’il n’y a pas de faiblesse supérieure à l’amour. Il sait que les mots peuvent être une arme, il s’en sert donc pour blesser. Mais derrière ce comportement se dérobe une incohérence, car ne dit-on pas qui aime bien, châtie bien ?
Ajoutons enfin que Mun-Su demeure un être difficile à cerner. A chaque instant, on se questionne sur le fond de sa pensée. Il nous apparait planer au dessus de tout, il semble n’avoir plus aucune attache ; il est déjà plus proche du divin que de l’humain. Sa force, c’est de littéralement sublimer son environnement. Lui présent, tout disparait. Toutefois, sa fatalité réside précisément dans l’exact contraire de cette assertion : il est voué à disparaitre pour tout faire réapparaitre… C’est le drame de sa vie, c’est l’humain qui jouxte le divin. Pourtant, Mun-Su n’est jamais lourd, ce n’est pas non plus le grand messie, l’Elu qui devra vaincre le Seigneur des Ténèbres – bien au contraire – car si les ingrédients d’un conte tragique sont indéniablement là, son principal acteur n’en est pas un. Le nouvel Angyo Onshi sait être hilarant, voire complètement ridicule. Il n’y parait pas comme ça, mais cette seule touche d’humour renverse curieusement tout le personnage de manière sidérante. Et on saisit dès lors son incroyable complexité, de même que son extraordinaire simplicité.
Bref, votez Mun-Suuuuuuuuuuuuuuuuuu !!
(En plus – argument massue –, Leto est persuadé que j’ai 38% de bons goûts ! C’est vous dire la qualité de celui que je viens de défendre… Et hop, humour irrésistible ! ^_^)
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