Ne pas aimer Shin Angyo Onshi, passe encore ; après tout, à chacun ses préférences. C’est comparer Mun-Su à Sasuke qui appelle à l’hérésie selon moi. D’ailleurs, j’aimerais bien savoir où vous en êtes dans vos lectures respectives du manga, seleniel et SneV…
Quant à moi, inutile de faire semblant, ce sera bien entendu Mun-Su. Alors bien sûr, on pourrait lui reprocher, comme ça a déjà été fait, une certaine lourdeur dans son attitude qui se veut tout à fait fermée alors qu’au fond de lui sommeille une personnalité profondément humaine. Mais ça, ce ne sont que les prémices de ce qu’est véritablement Mun-Su, car il va de soi que pour construire un personnage, encore faut-il d’abord poser les premières pierres de la fondation. A ce que je sache, nul édifice n’a pu être bâti à partir de son sommet. Chez Mun-Su, le bien ou le mal n’existe pas, tout n’est qu’une question, sans cesse renouvelée, d’intérêts personnels. A ce titre, il n’hésite pas à utiliser les pires méthodes – tortures, trahisons, mensonges – pour aider les victimes d’injustice : la fin justifie les moyens.
Mais le fait même que Mun-Su soit un Angyo Onshi, parcourant les terres pour y semer un peu de justice, relève en définitive d’un choix qui est sien de se pardonner à lui-même son passé trouble. C’est parce qu’il pense être l’unique responsable de la chute du royaume de Jûshin qu’il s’est décidé à accepter la mission de préserver ce qu’il reste de beauté en ce monde. En refusant d’aider les gens qui ne font rien pour se sortir des situations malencontreuses, il prouve qu’il est lui-même encore trop faible pour transcender et vaincre son vécu et ses prétendues erreurs. S’il ne veut pas montrer l’attachement qu’il peut éprouver à ses amis, ce n’est pas de gaité de cœur mais tout simplement parce qu’il a perdu – croit-il à jamais – la faculté d’accorder sa confiance à nouveau. En bref, résolument prisonnier de ses souvenirs, son combat porte davantage contre sa propre peur et sa propre culpabilité que contre Ajite, qui, au final, n’est que l’expression concrète de ses pires craintes.
D’ailleurs, sans parler de sa psychologie, ses attraits seuls suffisent à faire de Mun-Su un personnage teinté de symbolismes. Par exemple, la malédiction qui le touche – l’asthme semble-t-il – témoigne de son incapacité à retrouver un souffle nouveau et à repartir de l’avant. C’est contrit dans ses illusions qu’il se suicide à petit feu. De la même manière, son Mahai à trois chevaux, commandant aux guerriers fantômes fait écho au pathos de Mun-Su de vivre hanté et poursuivi par les démons qui le rongent.
L’essor principal de Mun-Su consiste en deux personnalités qui s’affrontent pour aboutir en une synthèse des deux. Mais ce n’est pas un personnage antinomique pour autant : ce sont justement ses contradictions qui lui donnent une cohérence, parce que tout n’est que nuance, le pur n’existe pas. Il n’est ni bien ni mal, il est par-delà bien et mal.
Edit @ seleniel : Oui mais l'asthme n'est que la conséquence d'une cause. C'est un fait, je suis d'accord, et que tu n'y accroches pas, aucun problème. Rien ne dit, au passage, que tu vas plus aimer par la suite, mais à mon sens, après deux ou trois tomes, il est encore un peu prématuré pour condamner Mun-Su. Et c'est sympa que tu ne le fasses pas. Car comme pour Guts, que tu adores, Mun-Su aussi va avoir droit à son odyssée. Peut-être qu'en sachant ce qui sous-tend sa maladie vas-tu changer ton fusil d'épaule, qui sait ? ^^
Sinon, bien entendu, c'était également dans le délire gentillet GT que j'ai appuyé ta remarque sur l'hérésie. ^^
Dernière édition par EnOd le Sam 28 Fév 2009 16:28, édité 2 fois.
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