Je ne vais pas me la jouer, mentir ni rien : j’aime bien Sando. Du peu que j’en ai lu du moins, c’était un personnage que j’avais réussi en peu de temps à apprécier à –j’espère– sa juste valeur. Même, le fait qu’elle constitue l’une des favoris de TEW, lui qui en a rarement, est un gage de qualité en soi, du moins à mon sens. Pour autant, cela ne changera rien à mon vote.
Puisqu’en face, c’est Zapan.
Me voici dans l’obligation de faire un dithyrambe phallique par sa taille pour me justifier de mon choix.
En fait, d’abord, ce serait une comparaison plus ou moins malhonnête entre les deux adversaires, ceux-ci n’ayant pas grand-chose en commun. Je ne doute pas que Sando est un personnage majeur de son œuvre et qu’elle constitue un must absolu ; mais je suis par contre sceptique dans son impact sur le lecteur. Sans pour autant la remettre en cause ou quoi que ce soit, ce qui fait de prime la force de Zapan, c’est l’énergie qu’il parvient à dégager en un seul tome. Un seul. Le cinquième. Le plus hallucinant de la série à mon goût (surtout pour ce qu’il rase afin de poser de nouvelles bases assez impressionnantes). Zapan est là dès le premier tome, mais il se cache alors dans l’ombre. C’est un personnage continu, qui ne cesse de grandir, jusqu’à atteindre des sommets insoupçonnables, cataclysmiques, chaotiques, catastrophiques. En très peu de pages, il s’impose comme un adversaire emblématique, passant d’une loque humaine et folle au Destructeur de Kuzutetsu. Si on peut voir qu’il y a derrière tout cela Desty Nova, véritable Némésis de l’Héroïne, Zapan est l’un des adversaires de Gally qui tranche avec les autres dans le fait qu’il n’est pas simplement manipulé par le savant fou. Voyez un peu la manière dont il s’approprie la puissance du Berserk pour assouvir toute sa haine, comment Nova est pris au dépourvu devant ce concentré absolu de karma.
Car il n’est question que de cela chez Zapan. A l’instar des plus grands méchants, il n’a pas une extrême complexité, mais n’est pas simple pour autant.
Il incarne la Haine dans toute sa rage, sa monstruosité, sa splendeur. Zapan n’est pas Absolu, il est homme : il fait constamment des erreurs, chute, pleure. Mais le pire dans tout cela, c’est qu’il n’accepte pas sa condition, il est faible ; il refuse de voir la vérité en face, de prendre ses responsabilités. Là est tout le paradoxe : Force et Faiblesse se battent en lui, pour créer un personnage torturé, vidé de tout sentiment, uniquement dévoué à un sentiment suprême et égoïste.
L’Ivresse de la Vengeance, sa Volonté de détruire sa Némésis –qui le conduirait à sa propre perte–, son Besoin de faire le mal, autant de sentiments enfouis dans Zapan, le tendant tel une arc bandé, il est une bombe prête à imploser et ravager tout autour d’elle.
C’est ce qui fait tout le charme du personnage, toute sa densité, tout son charisme dévastateur.
Zapan marque, s’impose, s’imbrique logiquement dans la continuité de l’histoire, intervient tel un évènement choc et perturbateur qui va détruire toute la vie de Gally. Tueur d’Ido, de Gonzu, de tous les Hunter-Warrior, Zapan est brut et ambiguë à la fois.
L'image est moche, mais elle montre bien que Zapan n'est pas beau au moins.