Disclaimer : L’auteur de ce billet tient à préciser qu’il est parfaitement contre le suicide, car il part du principe que pour se suicider, il faut avoir au préalable entièrement raté sa vie. Or, pour entièrement rater sa vie, encore faudrait-il d’abord la vivre entièrement. CQFD.
Si, suite à la publication de cet article, devait être observé un phénomène de disparition des membres de ce forum, son auteur ne saurait être tenu pour responsable. En revanche, si une recrudescence des suicidaires sur ce même forum devait être mise à nue, l’auteur se sentirait beaucoup moins seul.
Que mon testament loue mon désarroi face à l’élimination de Sando ! Parce qu’après une telle tragédie, plus rien n’a de sens…
Dans les lueurs sombres de ta vie, toi qui lis ce précis bien placide, reposé tout contre ton insouciance, as-tu déjà songé à la mort ? Quel soubresaut cela pourrait-il bien provoquer que de voir s’éteindre une lumière qui scintillait depuis si longtemps au sein de ton corps ? Quelle liberté encore que de jouer et de disposer de ton bien le plus précieux comme tu l’entends. Toi qui parcours ces lignes de tes yeux reconquis, ou frêles par le souci du quotidien, si ce poids te ronge aussi, et que jamais plus tu ne pourras supporter ce labeur qui s’éveille à tes sens délabrés, le suicide alors te tend les bras : plonge et deviens la noirâtre douceur de mourir en vain. Toi qui te dis que cette société est pourrie, que ces mots sont dépêtrés, qu’enfin se perdre et se détruire, voilà le vrai bonheur, partagé avec le plus profond mépris. Toi cet être, suis ces quelques conseils qui éclaireront ton chemin aux mille embûches, te précipitant vers la première joie : la bûche.
Immole-toi par le feu, brûle tes inquiétudes : retrouve ta voie en perdant la voix. Offre-toi un moment de plaisir intense sous une pluie d’étincelles. Pour qu’au moins une fois dans ta vie, tu puisses briller et imposer ta lumière au ciel.
Si tu es tantôt plus timide, que de tes pensées résonnent des événements plus tacites, que tu raisonnes comme un solitaire, comme un chat au fond de sa litière, si toi aussi tu souhaites te reconquérir au travers de tes travers, pour mourir en paix, loin de tout, loin des rivages insolites que tu as jadis refoulées de tes pieds foulés ; si tout cela évoque en toi une quelconque nostalgie, ou de tendres refrains qui sonnent ainsi que des estocades sans frein, alors choisis la pendaison.
Pendu par la tête, suspendu dans l’air, que ton corps ne touche plus terre : tu t’élèves une dernière fois, pour briller au firmament. Te voici transcendé, te voici le maître absolu de ton geste résolu. La corde peut être ce lien qui t’unit à toi-même ; dans un souffle inaudible, enfin tu t’accordes le repos.
De toutes les joies, une seule est juste : la mort qui s’ajuste à ton désir de partir. Vois ce que la vie t’a laissé : que de ténébreux désarrois – un toit, une maison, des souvenirs ? Ce n’est pas une raison. Ne te laisse pas emporter par le courant insondable de cette peste infâme qui empeste le drame. Il n’y a rien qui puisse te sauver de ta route fatale, bien vite se teinte déjà la chère déroute, qui parfume de ses relents salés ton univers dessalé. Si chez toi aussi, l’extinction suscite une tanière rassurante, trucide-toi d’une taillade amusante.
D’un coup, tu t’arraches à la vie : une coupure au poignet, est-ce une fin poignante ? Le sang qui surgit de tes veines recouvre toutes tes peines : entends, tu pars vers des rives moins grises. Ressens cent sensations qui encensent tes sens.
Aucune de ces joies ne te convient, Ô toi qui surviens à l’antithèse des mœurs ; et pourtant tu meurs. Qu’une tumeur te tue, c’est le hasard, ne reste pas telle une statue, et provoque ta chance, que dans l’anse de l’au-delà, tu lances tes railleries à la lasse populace. Jamais tu n’as su te baigner de bonne heure dans le courant raffiné du bonheur ? Cesse de te tourmenter à tout mentir, et observe la vraie mort de face, comme tu mords à pleines dents dans une glace.
Noie tes grains de chagrin dans l’eau claire du lac circulaire. Eclaire tes dernières inspirations, tout baigné enfin dans une empathique exclamation. A ton tour, sans détour, étale ta vie aux reflets luisants d’une eau limpide qui s’illumine aux projections lunaires. Comme uni avec toi-même, communie avec ton existence. Et dérive loin des rives.
De tes yeux, tu regardes mais ne vois pas, que la futilité enveloppe ton essence. Alors pour t’initier à l’art du suicide sublime qui sublime le simple suicide, voici dans un bric-à-brac, toutes les méthodes qu'il t'incombe d’expérimenter. Si tu aimes les bals, que cet art t’emballe, utilise une balle. Fais sauter ta cervelle qu’elle serve elle aussi : décore ton corps de sang et de neurones éclatés. Si tu aimes les voitures, qu’elles te font gausser à tel point que tu perds tes moyens tout entiers, dans ce cas, choisis l’accident : explose-toi toutes tes dents. Fonce dans un mur, brise sous une brise celui qui obstrue ta vision, évade-toi de la cloison qui t’enferme dans ce torrent de prison. Si tu es faible, fragile en plus d’être débile, ne te fais guère de bile : enfonce-toi vingt cachets que tu cachais dans tes carnets secrets. Il n’y a de belle mort que celle qu’on se crée.
PS : Je ne suis pas rancunier, et je le prouve en votant Vilma !
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