Depuis pas mal de temps, je voulais faire un bilan des films de Kubrick que j'ai pu voir. Et je me sens aujourd'hui assez motivé pour m'exprimer.
Le premier des films de Kubrick que j'ai pu voir fut Shining. D'ailleurs, je ne savais pas du tout que le réalisateur était celui auquel est dédié ce sujet. Je pensais avoir affaire à un film tout ce qu'il y a de plus normal, à la limite du navet (les films d'horreur et moi...). Mais me voilà projeté dans une histoire vraiment dingue, avec un père penchant vers la folie, une mère stupide et leur fils attentif à ce qui l'entoure. J'avoue que dès les premières minutes du film on peut avoir une vue d'ensemble du film, avec un Jack narguant son employeur : "Non, cela ne m'arrivera pas de découper ma famille à coup de hache, hé hé hé hé.". C'est à partir de cette déclaration que j'ai su que ça allait être un film vraiment spécial. Et le reste n'a fait que confirmer cette idée, avec un plaisir continu à voir Jack passer dans le côté obscur de sa personnalité, au fil des rencontres avec le personnel de l'hôtel Overlook.
J'ai également trouvé les décors fantastiques : on a l'impression que les personnages ne sont rien devant de tels décors. Ils sont ridicules et semblent prisonniers de cette ambiance malsaine (balle qui rebondit pour revenir trois heures plus tard ; Danny qui arpente les couloirs @_*). J'ai vraiment ressenti de la tension devant ces décors et éléments judicieusement choisis. Par exemple, lors de la première visite de l'hôtel, le gérant des cuisines (dont le nom m'échappe, besoin de me re-regarder le film) expose les différents alimentes de la réserve. Et bien, rien qu'avec cette scène, je fus terrifié ! Ne me demandez pas pourquoi des salades, du beaf et de la viande me firent cette impression, mais ce fut de la peur que j'ai ressenti (je sens que ma crédibilité sur le Forum est en chute libre).
Shining fut donc ma première et excellent rencontre avec l'univers de Kubrick, et se classe premier de mes films préférés (voilà comme ça, direct) tant je fus surpris par cet Hôtel et ses occupants.
Puis, apprenant que ce film était de Stanley Kubrick, j'ai voulu voir d'autres œuvres de réalisateur. C'est ainsi que je découvris Fullmetal Jacket. Le film me disait quelque chose : je l'avais entrevu il y a quatre ou cinq ans sur Arte et je ne me souvenais quasiment de rien, sauf quelques bribes de scènes. Je redécouvris donc le camp d'entrainement des Marines de l'US army (accent américain avec plein de gros mots dedans). Et j'ai ris devant Hartmann insultant ses nouvelles recrues. Je savais que c'était vraiment la réalité, avec des instructeurs haranguant les soldats pour les motiver à mort ; mais cela semblait presque irréaliste tant c'était gros. C'est sur ce sentiment que passa tranquillement la première partie du film, que j'ai beaucoup aimé. Il ne se passe rien qui fasse vraiment avancer l'intrigue, mais les méthodes d'entrainement, puis la transformation de l'humain en machine à tuer m'ont beaucoup plu. Je considère d'ailleurs plus ce film comme un film polémique que comme un film de guerre, puisqu'il illustre à la fois les horreurs des champs de batailles et les méthodes qui ont permis d'en arriver là.
La seconde partie m'a quand même moins plu, sans doute par la disparition progressive de l'humour noir ravageur qui avait fait de la première partie un délice. D'un autre côté, la vraie vie au Vietnam durant la guerre fut très bien narrée, mais elle ne réussit pas à me prendre vraiment aux sentiments. Bref, déçu de cette deuxième partie, après une introduction jouissive.
Puis je découvris ensuite Les Sentiers de la Gloire, film encore une fois dédié à la guerre, mais cette fois dans l'absurdité et tour ce qui en découle. Je trouve que le cadre de la Grand Guerre est fort bien choisi, car c'est une guerre vraiment oubliée par rapport à certaines alors qu'elle recèle beaucoup d'éléments à exploiter. Ici, Kubrick exploite au maximum l'idée des jugements stupides au possible infligés aux soldats. Ainsi, les héros de ce film doivent écoper de la peine de mort pour avoir oser reculer devant l'ennemi. Kubrick a parfaitement traité ce sujet durant tout le film, au travers des différents procès de guerre que subissent les soldats. Mais quand même, je n'ai pas vraiment accroché au film en lui-même, mais plus à son aspect polémique. L'histoire en elle-même ne m'a pas enchanté des masses, mais reste vraiment poignante sortie du contexte du film. C'est l'impression que j'ai eu du film. Et à l'inverse de FMJ, où l'on dénonce la guerre dans sa violence, Les Sentiers de la Gloire m'a semblé plus fade de ce côté là.
Vint ensuite Orange Mécanique. C'était de lui que j'attendais le plus, vu que cela semblait être le Kubrick le plus connu, le plus populaire. Et bien je dois dire que ce fut un voyage assez spécial, à mi-chemin entre l'horreur et le dégout (bien sur, dans le bon sens des termes (si si c'est possible)). Je veux dire par là que Kubrick a parfaitement su rendre son film terrifiant pour des gens "civilisés" comme nous. Voir des viols à chaque coin de rue, des lynchages entre bandes partout, c'est rare et irréel. C'est pourquoi j'ai considéré le film comme une représentation plutôt démoniaque de notre monde, mais avec quelques points communs avec le réel. Et ce curieux mélange m'a vraiment beaucoup plu. On redouterait que notre monde devienne cela, avec tant de terreur (mode étoiles dans les yeux).
J'ai également bien aimé le parallélisme entre les deux parties du film, avant et après le traitement d'Alex. On sent bien qu'à vouloir trop maitriser les pulsions violentes, sexuelles, destructrices, on en change complètement le visage de la société. Alex est devenu un déchet, sans possibilité de répondre aux violences qu'il reçoit de la part de ses anciens camarades et devenu incapable de faire quelque chose qui nécessiterait un tant soit peut de violence. Le fait qu'il se mette aussi à détester la musique de Beethoven est aussi dingue ! Je n'y avais pas du tout pensé en l'écoutant en bande sonore au travers de la vision d'Alex, avec au-delà les camps de la mort, les massacres, etc. Mais le traitement chamboule tout ce qu'il projette, musique comprise. On retrouve là aussi la notion de changer l'homme, à ses risques et périls. C'est sans doute ce qui m'a le plus marqué dans ce film, que j'ai beaucoup aimé.
Ensuite, dur de passer après Orange Mécanique, mais j'ai pourtant beaucoup plus aimé Barry Lyndon que le précédent. Je ne saurai dire pourquoi mais je me suis bien pris au jeu de l'ascension sociale de Barry, avec tous les changements que cela implique. On le soutient, alors qu'il est un simple soldat ou un pion pour espionner le Chevalier de même nationalité que lui. Et puis, j'aime beaucoup contempler un homme arrivé au sommet du prestige chuter inexorablement. C'est assez bizarre, proche du sadisme, mais c'est un fait, c'est tout. Et c'est pour ça que j'ai a-do-ré la seconde partie du film. Les problèmes financiers, les drames familiaux, les rivalités entre Barry et son premier fils : tout cela fait de cette deuxième partie une parfaite représentation de la déchéance humaine. Et que dire alors de la scène finale ?! Entre un Barry éméché mais toujours digne, et son fils, en pleine ascension mais lâche, le duel final est époustouflant. Kubrick réussit à faire un duel palpitant avec juste trois-quatre coups tirés et des personnages statiques, alors qu'on nous habitue à toujours plus de mouvement dans les films d'aujourd'hui. C'est donc tout naturellement que j'ai énormément aimé ce film, malgré ses longueurs et quelques scènes inutiles.
J'ai aussi pu voir Eyes Wide Shut. Je pense que ce fut le seul Kubrick que je n'aurai pas voulu regarder de moi même sans mon souci de vouloir tout voir de ce réalisateur. Les aventures sexuelles d'un couple ne m'avaient pas l'air franchement passionnantes. Mais je dois dire que je me suis laissé prendre au jeu. Tom Cruise et Nicole Kidman sont fascinants dans ce film. Le multiple jeu d'intrigues qui se noue autour du mari rend ce film passionnant. Je n'en garde tout de même que peu de souvenirs, vu que je n'ai que moyennement apprécié le sujet du film (les aventures d'un couple qui se trompe mutuellement, ce n’est pas ma tasse de thé). Mais même avec un tel handicap que ce dégout du sujet, j'ai pu rester durant la durée du film, sans en être dégouté ou ennuyé. Un constat en demi-teinte donc.
Et le dernier des Kubrick que j'ai pu voir est Lolita. J'ai aimé cette relation entre un père qui n'en est pas un et une petite fille innocente qui n'en est pas une. J'ai ainsi bien plus aimé la première partie du film, avec la mère envahissante que la seconde, où la place de père remplace par son ennui le côté trépidant de la vie d'amoureux secret. Le film m'a semblé plus long après la mort de la mère, car je m'y suis ennuyé ferme, avec toutes les répétions de la vie de famille ("papa laisse moi sortir, ziteplaiiit"). Malgré ça, son final m'a plu, avec les retrouvailles sans grand sourire entre le père et sa fille adoptive. Et le parallélisme avec la toute première scène est très bien joué également, avec une déchéance qui suit Lolita dans tous ses ébats amoureux. Là aussi un bilan mitigé pour ce film, bien que la première partie soit parfois hilarante.
Bon j'avais dit que Lolita était le dernier des Kubrick vus, mais j'ai oublié 2001. Et bien, je n'ai pas du tout aimé =P J'ai trouvé le film long, ennuyeux et un peu trop "space" (ha ha ha ha loliloool) surtout vers la fin. Mais je ne commenterai pas plus vu que j'étais fort fatigué le jour où j'ai pu le voir. D'ailleurs, j'attends de pouvoir le réemprunter à la médiathèque du coin pour vérifier si oui ou non, ce film était d'un ennui mortel ou pas (mais n'ayez pas trop d'espoir, ça ne changera sans doute rien).
Si je devais faire un classement, cela serait :
1/ Shining
2/ Barry Lyndon
3/ Orange Mécanique
4/ Fullmetal Jacket
5/ les Sentiers de la Gloire
PS: Spartacus vient de rejoindre mon lot d'emprunts hebdomadaire et attend d'être visionné.
Et je cherche toujours désespérément Docteur Folamour, toujours "indisponible, désolé, revenez plus tard".
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