Ce fut un beau duel, dis donc ! Des scores serrés, des débats longs et sinueux, presque cinquante justifications en deux jours. Evidemment, 'suis satisfait du résultat. J'n'aurais pas été mécontent d'une victoire de Spike, qu'importe ! Et désolé pour Tôji, au passage... Quant à cette seconde demi-finale, elle nous fournit une sympathique affiche, opposant deux personnages que je vénère dans leurs séries respectives. Je constate que Musashi se prend une volée qu'il ne mérite pas, avec un p'tit 10-4 à l'heure où j'écris. Remettons quelque peu les choses en place.
Miyamoto Musashi est un escrimeur japonais, ayant réellement vécu au début du XVIIème siècle, et qui rédiga, dans les dernières années de sa vie, le
Traité des cinq roues et
La Voie à suivre seul. Il y explique sa vision du sabre, et bien plus encore. Depuis quelques années, un mangaka du nom de Takehiko Inoue se charge de dessiner les aventures de l'homme, par le biais de sa série
Vagabond. Il parvient, au fur et à mesure des tomes, à retravailler totalement la vie de l'escrimeur. Si bien que plane désormais sur le personnage de Takezo Shinmen, une aura de splendeur et de plénitude.
Les combats de
Vagabond peuvent surprendre de primer abord : lents, se déroulant en quelques passes, beaucoup de temps morts. Cela risque même de dérouter le lecteur, tant le rythme est inconstant. L'auteur s'amuse parfois à y intégrer des flash-back, qui installe sa série dans un faux-rythme total. Il n'empêche que, lorsqu'on prend le parti de prêter attention au déroulement, on se rend compte que ce déroulement au ralenti sert le personnage de Musashi.
Si, dans ses premiers affrontements, le duelliste reste tendu, à l'affut d'une faille dans la défense de son adversaire, on ne peut en dire autant par la suite. Miyamoto évolue. Le verbe "évoluer" est beaucoup utilisé depuis peu, mais il colle farpaitement ici-même. Dans
Vagabond, c'est le parcours d'un homme qui nous est conté, il est donc logique que le dit-homme ne stagne pas, change au gré de ses aventures et de ses expériences.
C'est ainsi que Takezo acquiert une aura, que je qualifie habituellement de zen. Dans les derniers tomes, une aura de plénitude l'accompagne, aussi bien pendant, qu'en dehors des combats qu'il mène. Aucun stress ne paraît, le calme absolu, renforcé par le trait sublime du mangaka. Le personnage semblerait alors se confondre avec le lecteur : on attend avec Miyamoto, dans cette ambiance si particulière. Le manga contemporain offre une narration dense et rapide, des combats explosifs. Ici, c'est le contraire qui est mis en scène. Du fait, une impression d'attente se forge, parfois insoutenable lorsque la tension se trouve à son paroxysme. Et on se prend au jeu. Le jeu du "
Qui bougera le premier ? Qui esquissera le premier geste ?". Le lecteur atteint lui aussi cette ambiance propre au manga, rentre dans le récit, s'y accroche. Tout ça par le biais du personnage principal.
Dans ce manga sublimissime qu'est
Vagabond, Takehiko Inoue parvient à nous plonger dans un état second, pour peu qu'on se laisse le temps d'apprécier les pages qui nous sont offertes. Cette force du manga passe essentiellement par Miyamoto Musashi, qui garde une aura zen autour de lui, et qui semble parvenir peu à peu à cet idéal du combattant imperturbable. Lorsqu'un élément de départ, ici le réel escrimeur Musashi, est repris à tavers différentes oeuvres dans les siècles suivants, sur divers supports que sont le roman, la biographie, ou le manga, cela porte un nom : un mythe !
Miyamoto Musashi, la petite faiblesse qui vous perdra...
Ceci dit...
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