Haha! J'avais dit à Leto que je donnerai mon avis qu'après le sien, et la stratégie fut bonne: davantage de compliments qu'attendus, moins de critiques aussi. Contrepartie: il m'a bouffé plein de trucs que je voulais dire!
J'ai globalement bien aimé ce troisième opus. Beaucoup d'éléments d'ensemble et de détail sont réussis, mais j'ai quand même quelques regrets sur les développements apportés dans cette optique de fin de saga, même si au final c'est relativement cohérent en soi pour ce film et pour le propos de Bay (et oui: ça fait bizarre de dire ça, mais que voulez-vous...)
La structure du film tout d'abord est surprenante: deux grosses parties, de tonalité, de propos et d'ambition radicalement divers, précédées d'un prologue encore plus étonnant. Bay m'a donné le sentiment de vouloir faire une sorte de "somme" de ses Transformers, de manière assez intelligente, mais j'ai deux gros regrets quand même au final: la mythologie Transformers est ébauchée quand j'aurais aimé la voir prendre une toute autre ampleur d'une part, ça manque tout simplement d'affrontements entre Bots d'autre part. Je reprends tout ça dans l'ordre.
Le PrologueJ’ai beaucoup aimé. Et si effectivement le passage sur Nixon est remarquable, j'ai bien aimé aussi l'ensemble du prologue, incrustations bizarres des autres présidents comprises (d'ailleurs je reverrais bien ça en détail: ça m'a moins choqué que Leto, et pour Obama je me suis demandé comment ça avait été fait à vrai dire). L'alternance entre images d'archive au grain souligné et images tournées hyper léchées crée un effet de contraste là où le montage travaille une continuité, et ça rend vraiment bien je trouve par rapport au titre du film (dark side = face cachée autant qu'envers du décor).
Evidemment ça peut paraître simple ou simpliste, mais j'ai apprécié ce souci pour lancer son récit, d'autant que tout tourne autour de ce motif/thème initial. Le voyage spatial est rapide, et se dénonce comme illusion lui-même pour le spectateur (qui n'attendait pas une bataille spatiale quand même! dans le genre déceptif, Bay fait fort). On est dans la tromperie tout au long du film, dans le mensonge, dans la nature même des Decepticons, ceux qui trompent, et il faudra jouer au plus menteur, au plus dissimulateur pour l'emporter. Le tout sur fond de relecture historique: on est en plein dans un code narratif de SF, bien aménagé pour moi, faisant sens dans la trame de l'épisode.
Toutefois, bémol: le début avec Cybertron, la rencontre des histoires humaine et transformer me faisait espérer un vrai basculement dans la mythologie transformer. Quelque chose qui finirait sur du mythe plutôt que du politique. Il aurait fallu passer par le space opera certainement, déplacé l’intrigue de la Terre à l’espace, et c’est justement ce que Bay a choisi d’éviter. Je reste un peu sur ma faim, d’autant que l’épisode II, malgré tous les reproches qu’on peut lui faire, s’était engagé en partie dans cette voie.
Le temps des intriguesLa première partie du film, relativement à l’image des précédents épisodes. Il s’agit de placer les nouveaux personnages, de rappeler les anciens pour un petit clin d’œil (les parents : je suis content de les avoir revus, tout simplement !), de nouer à nouveau le lien entre Sam et les Transformers. L’identification à Sam doit pas trop mal marché parce que j’ai effectivement trouvé les Autobots très « distants » pendant toute cette partie du film (enfin globalement durant tout le film je dois dire…). On a quelques belles scènes d’action, dont on ne saisit pas trop la raison d’être (pourquoi l’attaque sur l’autoroute au vu de son dénouement ? Que foutait Optimus alors ? ).
Parallèlement aux intrigues et trahisons, on a la vie de Sam, du côté du monde du travail. J’ai beaucoup aimé, simplement parce que il s’agissait là des seules traces des anciens épisodes pour ce qui relève de la légèreté de ton, du comique. Sam est bien plus sérieux dans cet épisode, plus héros et moins anti-héros d’une certaine manière, ce que j’ai un peu regretté, et du coup j’ai apprécié des personnages relevant du grand n’importe quoi comme le patron joué par John Malkowitch (jusqu’à sa dernière apparition, too much pour moi, mais qui sert de passation de pouvoir en matière de loufoquerie avec Simmons) ou le chinois hystérique. Sans parler de Dempsey, énorme dans son rôle
Pour le reste, il s’agit effectivement d’une succession de saynètes, comiques ou d’action, dont la dynamique manque totalement de clarté, tout ça pour amener la suite. L’avantage est que ça va très vite, avec ce sentiment qu’on ne comprend pas tout ce qui se passe, et pour cause : tout ça est encore une fois un trompe-l’œil pour la seconde partie du film (m’enfin certaines scènes restes énigmatiques pour leur contextualisation, l’allégeance d’Optimus envers Sentinel par exemple).
Le temps des combatsC’est une guerre, et c’est un récit épique qu’entreprend Bay ici. Les clins-d’œil aux classiques récents du genre récit d’invasion et affrontement humain/machine m’ont semblé légion. Matrix,Guerre des Mondes, Terminator (le dernier), Independance Day et Cloverfield peut-être aussi, j’ai eu le sentiment que tout y passait, à travers tel plan, telle situation, tel design choisi. J’ai trouvé ça très sympa, même si là, le récit m’a paru encore souvent confus : comme Leto j’ai eu le sentiment qu’il manquait des scènes, qu’il y avait des ellipses, tournées ou non je ne sais pas, qu’on retrouvera ou non dans une autre version du film (quoiqu’avec tout ce que ça implique en post-production, je n’y crois finalement pas tant que ça). On ne voit pas les Bots arrêtés avant que l’un d’entre eux se fasse exécuté, on ne comprends pas trop la traversée du fleuve, j’ai même pas compris comment l’metteur principal tombait sous l’attaque d’Optimus, et le tomahawk sont arrivés comme un cheveu dans la soupe.
Mais ça donne lieu à des scènes formidables, celle de l’immeuble est à ce titre un tour de force majeur : j’ai absolument adoré. Le Worm est d’ailleurs un super deceptikon, vraiment intéressant à voir évoluer. Tout ce qui se joue dans les rues aussi est très bien, le combat de Sam contre Starscream pas mal aussi, et les derniers combats de Bots absolument énormes. Tout le traitement avec Dempsey, ridicule à souhait m’a bien plu aussi, ne serait-ce que parce qu’il ramenait Sam dans une tonalité plus drôle, plus caricature. Tout le QG des militaires, noyauté par Simmons, et de ce point de vue savoureux par son côté très jeu d’enfants !
Manque de BotReste qu’on est là dans un film humains contre machine, bien plus réussi dans le genre que ce qu’avait pu être le Transformers II pour moi, mais manquant de Bots. C’est la guerre, et ça efface les individualités. Sentinel le dit clairement à un moment d’ailleurs : choisir la quantité, sa survie, contre l’identité, l’individualité (la liberté, le libre-arbitre étant les valeurs naturelles de celles-ci). On a donc des tas de Decepticons, sans identité, submergeant les rares Autobots encore présent, ceux connus disparaissant ou étant neutralisés de diverses façons. Les Decepticons à identité sont eux aussi minorés : Megatron est assez terrible avec ses blessures et son nouveau look (c’est quoi sa transformation madmax ?!!), et Starscream revient pour un petit tour rapide. Reste Shockwave dont je n’avais pas de souvenir et dont je n’ai pas compris d’où il sortait, mais qui a lui un vrai développement. Et pour que ce soit vraiment épique, j’ai trouvé que ça manquait de duel, au profit de ces affrontements de vaisseaux ou autre.
Si Sentinel a droit, légitimement à de vrais développements, ce n’est pas le cas des autres Bots, à mon grand regret. Sentinel est classe dans toute la partie guerre, mais dans la première partie, j’avais même pas compris au début qu’il était sous forme de véhicule à un moment donné ! L’intrigue de résurrection de Cybertron est sympa, a bien une dimension mythologie interne mais je reste quand même sur ma faim d’autre chose. Jusqu’à la dernière séquence, au dernier combat, je me suis senti frustré de Robots !
Parce que les Wrekers, sans leur faire injure, et j’étais content de les voir après tout, ça en jette un peu moins. D’autant qu’ils n’ont pas eu de vraies scènes, et qu’on n’a pas pu les distinguer, les identifier ou presque. Ils auront servi à dégager Optimus qui accumule les bourdes pendant tout le film histoire de se réserver le combat final. Parce que quand même : il arrive après la bataille lors du twist autour de Sentinel, il perd sa remorque sitôt arrivé à Chicago, Il s’emmêle des des cordages qui pendouillent, etc. Tout ça pour se déchaîner à la fin, et là, oui, là, c’est jubilatoire, comme dans les précédents épisodes : sauvage, bourrin, barbare, viking, ce qu’on veut, mais comme final c’est marquant ! Megatron finit bien je trouve de ce point de vue : à l’image de son impact dans le 3ème épisode, toujours dans la logique « déceptive » du film d’une certaine manière. J’ai adoré son laïus sur la trêve, sur la nécessité des antagonistes à se laisser survivre, et la réponde de Prime !
Bref, un bon moment de divertissement, bien mené, dans une franchise que j’ai apprécié voir revivre à travers ces trois films. Mon regret va à la prééminence humaine dans certains développements, mais c’est une saga que j’aurais vraiment plaisir à revoir !
EDIT:
Rhof! Un truc étonnant encore, pour lequel il y aurait une "explication"
Alors foutage de gueule, véritable hommage, ou opération "transformers", quasi rélfexive vu le film, à l'échelle même du cinéma à l'ère numérique? A chacun de se faire sa religion, là!