Alors voilà je vais poster sur un grand classique de la littérature française :
Bérénice de Jean Racine.

A mon sens Bérénice n'est pas la plus réussie de Racine, les personnages de Titus et d'Antiochus ont un potentiel bien plus grand. Néanmoins Bérénice est une pièce qui a un petit truc un plus. La première question que l'on se pose sur cette pièce c'est de se demander s'il s'agit d'une tragédie ou non, en effet à l'inverse des tragédie classique personne ne meurt à la fin. Néanmoins la mort est sublimée. Du point de vue du sublime et de la majestuosité des choses, cette pièce est la plus belle que j'ai eu la chance de lire.
Je vais résumer vite fait la trame, Bérénice est une sorte de Didon bis, je crois bien que Jean mentionne même Didon et Virgile dans l'introduction. Elle aime Titus, empereur romain, mais elle est reine, et les empereurs ne peuvent pas se marier avec des reines (à cause de la haine des romains envers la royauté). Voici l'essentiel du scénario. On a Bérénice qui ne vit que pour Titus. Là où Titus vit surement en grande partie pour Bérénice, mais aussi pour Rome et les romains, et c'est ce qui posera problème. Autre personnage Antiochus, un ami de Titus, lui aussi fou amoureux de Bérénice, celui qui souffre le plus surement.
Le tout est écrit magnifiquement bien par Racine, en alexandrins s'il vous plait. Il arrive à trouver toujours l'équilibre parfait. Sa modestie transparaît à travers son écriture, il ne fait presque aucune paraphrase se contente de l'essentiel(dans Bérénice en plus du texte, le jeu du silence est très important), tout en étant d'une musicalité incroyable. On retrouve le jeu d'apparition et de disparition très cher à Racinne, le jeu entre ombre et lumière. Tout se joue toujours dans l'ombre.
J'aurais pu présenter Phèdre ou Andromaque, mais elles sont, je pense beaucoup plus étudiées en classe. J'ai donc choisi Bérénice, si Phèdre est écrite selon moi à la perfection et si Andromaque a les personnages toujours selon moi les plus réussi (Oreste...) et bien Bérénice est la pièce la plus sensible, la plus singulière. Bref il faut lire Racine.
Allez la dernière tirade parce que c'est trop beau
BERENICE, se levant
Arrêtez, arrêtez. Princes trop généreux,
En quelle extrémité me jetez-vous tous deux !
Soit que je vous regarde, ou que je l'envisage,
Partout du désespoir je rencontre l'image.
Je ne vois que des pleurs, et je n'entends parler
Que de trouble, d'horreurs, de sang prêt à couler.
(à Titus)
Mon coeur vous est connu, Seigneur, et je puis dire
Qu'on ne l'a jamais vu soupirer pour l'empire.
La grandeur des Romains, la pourpre des Césars
N'a point, vous le savez, attiré mes regards.
J'aimais, Seigneur, j'aimais : je voulais être aimée.
Ce jour, je l'avouerai, je me suis alarmée :
J'ai cru que votre amour allait finir son cours.
Je connais mon erreur, et vous m'aimez toujours.
Votre coeur s'est troublé, j'ai vu couler vos larmes.
Bérénice, Seigneur, ne vaut point tant d'alarmes,
Ni que par votre amour l'univers malheureux,
Dans le temps que Titus attire tous ses voeux
Et que de vos vertus il goûte les prémices,
Se voie en un moment enlever ses délices.
Je crois, depuis cinq ans jusqu'à ce dernier jour,
Vous avoir assuré d'un véritable amour.
Ce n'est pas tout : je veux, en ce moment funeste,
Par un dernier effort couronner tout le reste.
Je vivrai, je suivrai vos ordres absolus.
Adieu, Seigneur, régnez : je ne vous verrai plus.
(à Antiochus)
Prince, après cet adieu, vous jugez bien vous-même
Que je ne consens pas de quitter ce que j'aime,
Pour aller loin de Rome écouter d'autres voeux.
Vivez, et faites-vous un effort généreux.
Sur Titus et sur moi réglez votre conduite.
Je l'aime, je le fuis : Titus m'aime, il me quitte.
Portez loin de mes yeux vos soupirs et vos fers.
Adieu : servons tous trois d'exemple à l'univers
De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse
Dont il puisse garder l'histoire douloureuse.
Tout est prêt. On m'attend. Ne suivez point mes pas.
(à Titus)
Pour la dernière fois, adieu, Seigneur.
ANTIOCHUS
Hélas !
Avis à ceux qui pensent que : -Racine c'est compliqué à comprendre parce qu'il parle bizarrement, Racine est du XVIIème siècle certes, mais sa poésie ne repose pas vraiment sur le vocabulaire, plus sur la musicalité et la modestie magnifique de ses vers. Puis le vocabulaire n'est pas franchement vachement compliqué, à part peut être la notion de "transport" mais elle sera expliquée dans le bouquin.
-Racine c'est un truc de vieux, perso j'ai 16 ans donc ... puis le jour où la passion sera réservée au plus vieux, il y aura un gros problème. Donc les sujets abordés sont encore et seront toujours d'actualité.
- C'est quelque chose de pédant, pour les intellos, ça se la raconte. NON ! Racine est surement l'homme le plus humble que la terre ait porté (il s'excusait quand il publiait ses pièces ^^), puis Racine si ses pièces sont intelligentes, elles sont surtout sensibles, musicales. On se laisse porter par une tragédie racinienne. On ne subit jamais une réflexion.
-Le théâtre ne se lit pas : Le théâtre est fait pour être vu, est un spectacle visuel. Mais pour Racine c'est nuançable. La puissance de son texte mérite d'être lu au rythme qui est le notre. Pour ma part j'ai plus de mal à suivre la pièce jouée.
LISEZ DU RACINEOu je vous enracine ... (ahahah j'ai honte)