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Inscription: 16 Fév 2009 Messages: 988 Localisation: Au fond de ton regard.
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Le guerrier Tsan–Boom, boom! Une mélodie simple, courte, monotone, tel le doux son du ruissellement d’une rivière que rien ne peut altérer. Tel est le son calme et cadencé que produit le coeur d’un guerrier Tsan, infatigable combattant, imperturbable garde, insensible à la douleur, aux conditions extrêmes et aux émotions personnelles. Il est le soldat de la forteresse, protecteur du grand Gan et porte fièrement sur lui les multitudes marques de blessure, preuves de son courage au combat. –Boom, boom! boom,boom! Le rythme s’accélère, la cadence s'intensifie, le guerrier se questionne, s’interroge. Ce n’est pas un battement habituel, quelque chose perturbe la douce harmonie qui d’habitude règne en son sein. Il doit vite régler cela, retrouver le calme qui est sien. –Boom, boom! Boom, boom! Boom! Boom! Une vrai cacophonie qui ferait honte à n’importe quel guerrier Tsan. Le jeune s’affole, ses mains sont moites, sa prise sur sa lance est molle et glissante, son bouclier lui semble si lourd maintenant! Il sent le soleil mordre sa nuque de ses dents acérées, sa peau endurcie par des années d’exposition lui semble soudainement réagir comme jamais auparavant. Sa vue se fige, les sons se perdent dans l’air, et le temps lui même semble ralentir: “Elle” vient d'apparaître sur la scène. La seule personne que le guerrier ait aimée, la seule à savoir perturber la calme mélodie qui règne dans son torse, l’être qui le hante et le tourmente depuis son plus jeune âge, celle ci même vient d'apparaître à ses yeux, sur la scène en face de son auditoire, elle avance calmement et s’arrête face aux milliers de spectateurs réunis, droite et fière, belle et grave comme le jeune homme avait l’habitude de la voir. Il l’avait toujours aimée, elle jamais, elle avait su très tôt qu’il l’aimait et lui savait depuis longtemps qu’elle ne l’aimerait jamais. Elle avait ri de son audace quand il l’avait courtisée, s’était moquée de ses origines, de son nom, de son visage, l’avait ridiculisé devant ses amis et ses frères d’arme, et il ne l’en avait que plus aimé. Elle avait finalement fait son choix parmi la haute noblesse de l’empire. Son choix s’était porté sur un cousin éloigné de l’empereur, bel homme, bon combattant, fier et discipliné, excessif dans ses amours, dans ses joies, dans ses peines, dans ses colères, et excessif dans ses excès. Un mauvais choix, elle le comprenait maintenant. La jolie femme se dressait devant cette assemblée de curieux, au milieu de la scène, afin de répondre de ses crimes. Les jurés étaient tous assis derrière elle, protégés du soleil hardant par de grandes bâches en toile, et composés des plus grands dignitaires de l’empire. L’empereur, le grand Gan, siégeait au milieu, son cousin et mari de l’accusé à sa droite. Il l’a trouvait encore plus belle, plus grave aussi, ainsi mise en avant devant ses juges. Les semaines passées dans les geôles humides du château n’avaient eu d’effet que sur ses vêtements et ses cheveux, le reste respirait toujours autant la force et la suffisance, la beauté grave d’une déesse parmi les mortels: tout était dans la posture et les yeux! Surtout les yeux. Le cocu bouillait sur sa chaise, fusillant de son regard la femme qui l’avait humilié et ridiculisé dans tout l’empire. Son puissant voisin récitait les charges et prononça la sentence avec une désinvolture digne de son rang. Le guerrier n’écoutait pas. Son coeur battait trop vite, la mélodie était enraillée, détraquée, elle se déchaînait maintenant. Elle était sa seule forme de passion, sa seule faiblesse de guerrier Tsan et dieu que cette faiblesse était grande! Les paroles monotones du puissant souverain cessèrent et le silence s’installa dans l’assistance. Seul le bourreau sembla animé de vie, quand il s’approcha de la belle et qu’il la força à poser sa tête sur le socle en bois brut. La vitesse des battements s’accéléra. Le soldat se revit deux ans plus tôt, quand “Elle” l’avait choisit comme champion, lors de son différent avec la soeur du chef des calides. Il revit son regard plein de fierté quand il avait défait le champion adverse et qu’il avait ramené l’honneur de la belle. Jamais il n’avait été plus heureux qu’à ce moment, jamais elle ne l’avait autant considéré qu’à cette instant. Il aimerait pouvoir recommencer, laver son affront, sauver son honneur. Mais elle était seule responsable de ses actes, elle avait choisit de cocufier sa moitié et avait rit quand il l’avait enfin confrontée à ses crimes. Un son sourd raisonna dans l’assistance et le battement de son coeur se figea. Le bourreau avait abattu sa hache. La tête se sépara du corps de la belle et entama un chemin solitaire jusqu’à son réceptacle en osier. Rien n’aurait pu préparer le guerrier à cette douleur: une pointe de fer chauffée à blanc s’enfonça dans son sein, déchira ses entrailles et alluma le feu de la révolte. Il les voulait mort: le bourreau et le cocu. Son éducation stricte et son entraînement rigoureux le retinrent, aucun son ne sorti de sa bouche, aucun mouvement ne vint animer son bras. Il revoyait son père lui crier les valeurs familiale, lui hurler son nom et le déshonneur qu’il apporterait à sa famille en cas d’échec. Il revoyait son maître lui réciter les paroles des anciens, et entendait encore ses conseils même à travers les lourdes pierres de sa tombe: –Ne laisse jamais tes émotions guider ton bras, Fâce-Brûlé! en cas de doute, prend une grande respiration, compte jusqu’à dix, et expire! Ensuite tu pourras décider. Mais n’oublie pas Fâce-Brûlé! tu dois expirer d’ abord! Le souvenir de son père lui semblait bien loin à présent. L’honneur de la famille? quel importance, que cela lui semblait stupide et vain en cet instant. Son sang réclamait du sang! Le jeune ouvrit la bouche et laissa sa langue goûter l’air âcre et puant qui régnait. Il gonfla ses poumons profondément et commença à compter. Un! Quel sottise! compter jusqu’à dix? pourquoi? se sentirait-il mieux, aurait-il moins mal maintenant qu’on l’avait privé d’elle? Que sait-il de la passion, le vieux salopard chauve? que sait-il de la douleur, lui qui prenait tant de plaisir à en fournir au garçon qu’il était, jusqu’à ce qu’il le supplie d’arrêter? Deux! Que son père se le foute au cul l’honneur de sa famille. Il n’y a aucun honneur à envoyer son unique fils si loin de sa maison, à peine celui-ci sorti de l’enfance! Au diable l’honneur, au diable la gloire, le guerrier veut du sang! Trois. Il se vit abaisser la visière de son heaume d’un geste calme, et écarta d’une main le soldat qui se trouvait face à lui. Quelle distance le séparait de l’estrade? vingt mètres? peut être trente? un simple pas pour un guerrier Tsan, pas qu’il fit à la surprise de tous les soldats de sa formation. Le bourreau aussi fut surprit, personne ne l’avait prévenu de cette part du programme, et il n’aimait pas les surprises. Le spectacle qu’il a l’habitude de donner est violent et sanglant, et il n’y a pas de place pour les surprises, c’est pour cela qu’il est bon. Il n’aima pas non plus la lance qui s’enfonça dans sa gorge et lui défonça la base du crâne. Quel drôle d’instrument de mort, rien ne vaut une hache bien aiguisée, pensa-t-il avant de s’écrouler. Quatre. Le sang avait été versé, mais le guerrier n’était toujours pas rassasié. Il sauta de la scène et fit face à la tribune des juges ou se trouvait la seconde moitié de son paiement. D’un bond il devint une menace pour la noblesse de l’empire, encore un et il serait à même de réclamer son dû. Cinq. Mais le vieux Parvis intervint. Un bon soldat, un frère d’arme, un homme pour qui il aurait donné sa vie. Ses exploits lui avaient permis de réclamer une place dans la garde personnelle de l’empereur, place qu’il avait toujours honorée. Mais le temps lui faisait défaut, le poids de l’âge se faisait ressentir depuis quelques temps, et il n’était plus un vrai adversaire pour le jeune homme assoiffé de sang. D’un geste habile, celui ci fit sauter l’épée du vétéran, et d’un autre, lui ouvrit le buste afin d’arroser le sol de ses intestins. Six. Le guerrier s’avança et se trouva enfin à portée de sa cible. Il leva son arme et l'abattit d’un mouvement sec. La lame de Gorgua s’interposa à la sienne. Un bel homme ce Gorgua, et un redoutable combattant. Combien de fois l’avait-il affronté? des dizaines? des centaines peut être. Pour combien de victoire? aucune, Gorgua était l’élu, le Tsan parfait, le guerrier ultime. Le jeune guerrier fit pivoter sa lame et attaqua à la gorge. Gorgua para. Un combat âpre et violent s’engagea entre les deux hommes. Mais rien ne devait contrarier la soif de sang du guerrier, pas même le champion de l’empereur. Il esquiva la lame adverse et trancha son adversaire aux mollets. Ainsi diminué, le combat prit une allure de démonstration. Le guerrier lui fit une entaille au bras, puis au torse, trancha les oreilles et les joues, avant d’enfoncer sa lame dans le sein adverse. Sept. Le soldat sentait la terre trembler derrière lui. L’action s’était déroulée très vite, quelques secondes s’étaient à peine écoulées depuis qu’il était monté sur la scène pour tuer le bourreau. Les milliers de guerrier qui composaient sa formation s’étaient maintenant mis en action et seraient sur lui d’ici peu. Il extirpa son arme du torse de Gorgua et se retourna vers son dernier ennemi. Huit! Celui-ci tenait ses deux mains devant son visage et ses yeux le suppliaient de le laisser en vie. Oui ses yeux! le guerrier tenait à les voir! Il continua de le fixer ainsi, tout en enfonçant son épée au travers une de ses mains, sa bouche, puis sa gorge. Mais ses yeux ne le lâchaient pas, suppliant, implorant, et le guerrier se délectait de ce regard. La vie quitta peu à peu le corps du cocu, et le regard devint vide. Neuf. La mort avait récolté son dû, et le guerrier se tenait debout devant un corps sans vie. Il avait toujours soif, la mort du cocu ne l’avait pas rassasié. Même quand des dizaines de lames vinrent traverser son corps de part en part, et que son esprit sembla se détacher de son enveloppe charnelle, il ressentait encore cette soif infinie, à croire que rien ne pourrait la contenter. Et enfin Dix. Il expira doucement. Sa main droite tenait toujours fermement sa lance et l’autre son bouclier rond. Il se trouvait debout, au milieu de ses frères, à contempler la scène. Le bourreau ramassa la tête de sa belle et la montra à la foule qui exulta, devant les applaudissements de l’empereur et du cocu. On lui avait retiré le plaisir de voir son visage, d’écouter son rire, de jouir de sa compagnie quand elle lui autorisait. Mais rien de plus. C’était un soldat du Gan, et ces choses ne devaient rien signifier pour lui. Il était toujours vivant, promit à un grand avenir, ses amis l’aimaient, sa famille le chérissait. Et l’honneur? Et la vengeance? Ce n’était pas à lui de la venger. Elle ne méritait pas de mourir, mais elle ne méritait pas qu’il meurt pour elle. Il devra vivre avec cette envie de sang pendant encore longtemps, il ne jettera pas la honte sur son nom, sa famille, et respectera les derniers voeux de son défunt maître. Il est dur de devenir un guerrier Tsan, mais une fois le titre acquis, ils peuvent tout endurer. Ils sont les invincibles gardes de la forteresse, les protecteurs de l’empire. .trAnsgression..trAnsgression. - Papy, tu t'es encore endormi ! - Hein ? Quoi ? Ho pardon ma chérie ! Tu sais que je m'endors facilement... ce sont les médicaments, je crois... - Dis Papy, pourquoi tu ne viens jamais avec nous à l'église pendant les fêtes ? À chaque fois que l'on y est, je suis triste que tu ne viennes pas. Tu n'aimes pas ça ? - Ce n'est pas que je n'aime pas ça... Mais je suis un peu en froid avec les églises depuis ma jeunesse. - Pourquoi ça ? Je trouve ça chouette moi de se réunir tous ensemble et de chanter des petites chansons pour Jésus ! Et puis à Noël, il y a la crèche ! - Je sais fort bien tout ça ma petite, moi aussi, quand j'étais petit, j'aimais bien tout cela ! Mais un jour, il s'est passé quelque chose de terrible et depuis je n'ai plus jamais voulu y mettre les pieds ! - Plus jamais ? - Plus jamais jamais ! Et pourtant, Dieu sait que ton arrière-grand-père George a voulu m'y traîner à plusieurs reprises ! Mais j'ai toujours résisté, malgré les menaces et les taloches, et je n'en suis jamais mort ! - Mais qu'est-ce qui s'est passé pour que tu aies peur à ce point ? Je croyais que les papys n'avaient peur de rien ?! - Ah, je suis désolé de te décevoir, mais si, les papys peuvent avoir peur et j'ai de nombreuses fois eu des frayeurs dans ma vie, même si ce qui s'est passé dans l'église fut et restera, je pense, ma plus grande peur. - Mais dis-moi, qu'est-ce qu'il y a eu ? - Je ne suis pas sûr de vouloir t'en parler, tu es encore jeune ! Et puis, même si je le pouvais, je ne suis pas sûr que j'aimerais reparler de ça... Personne ne m'a jamais cru...! Ils ont étés nombreux à se moquer de moi... Je ne voudrais pas que tu me voies comme un vieux fou ! - Jamais ! Tu resteras toujours mon Papou à moi, même quand je serai vieille comme toi ! - Merci ma chérie ! - Bon alors, tu m'expliques ? - D'accord ... Mais par où commencer ? Il y a tellement de choses que tu ne connais pas, car on ne t'en a jamais parlé ou parce que cela n'existe plus tout simplement... Je crois que tu n'as jamais su qu'étant enfant, j'avais une sœur jumelle ? - J'avais une grand-tante en plus et je ne l'ai jamais su ! - Hélas non... Elle s'appelait Sophie... Ça a toujours été un sujet sensible dans la famille. - Mais qu'est-ce qui lui est arrivé à Sophie ? Elle est morte ? - Peut-être... En tout cas, elle a disparu... Nous avions neuf ans à l'époque, à peine plus jeune que toi. J'ai arrêté de compter les jours où je l'attendais sur le pas de notre porte, à attendre d'abord son arrivée, puis la police. Tu sais, finalement, et c'est ça qui est triste, c'est d'en arriver à vouloir que ce soit n'importe quelle personne qui vienne, du moment que cela mette un terme à l'attente. - Et finalement, ça n'est jamais arrivé ? - La police est venue, pour nous dire ce à quoi l'on s'attendait déjà : que Sophie était probablement morte et qu'il fallait faire notre deuil... Et c'est comme ça que l'espoir est mort. Tu sais, après sa disparition, ton arrière-grand-père a commencé à beaucoup boire et à tout le temps être en colère. C'était sa façon à lui d'exprimer sa peine, je suppose. Pour l'éviter, la majeure partie du temps, je sortais de la maison jouer. Tu vois le bois derrière l'église ? Le bosquet de la Sainte Dame ? - Celui où il y a une chapelle en plein milieu ? - Oui, exactement ! Ce bosquet a toujours été un terrain de jeu fabuleux pour nous. Quand on s'ennuyait avec Sophie, nous partions toujours là-bas. J'ai continué d'y aller après sa disparition, j'avais l'impression que l'endroit était un peu habité par sa présence. Parfois, quand je restais à genou devant la sainte vierge de la chapelle et que je fermais les yeux, j'avais l'impression d'entendre son rire ! - Ça doit être dure de perdre sa sœur jumelle.. - Oui 'est très dur. Un jour, que ton arrière-grand-père avait particulièrement été méchant avec moi, je me suis enfui, dans le début de soirée. Je ne savais pas où aller, je crois même que je n'y ai même pas réfléchi...j'ai laissé mes pieds me guider pendant que je pleurais, les yeux pleins de larmes. Je ne pensais qu'à une chose : rejoindre Sophie... et soudain, sans même m'en rendre compte, je me suis retrouvé à la chapelle. Jamais je n'oublierai ce moment ma petite, c'était comme... - Magique ? - Surnaturel plutôt. Lorsque je suis arrivé, je me suis agenouillé, et j'ai prié la sainte Dame. Alors que je priais de toutes mes forces, j'ai entendu le bruit d'une pierre que l'on lance contre l'eau, Plouf ! Et puis, deux fois à la suite, Plouf ! - Il y avait quelqu'un ! - Tout juste ! Quelqu'un s'amusait à lancer des pierres près du bassin de pierre derrière la chapelle. Essuyant tant bien que mal mes yeux, je me suis dirigé vers le bassin. Et là, j'ai entendu une phrase qui restera graver en moi toute ma vie : " pourquoi tu ne m'as pas cherché, Jean ?"- Sophie ! - J'ai cru que j'allais mourir de surprise. Elle était là, juste devant moi, à me regarder avec ses yeux noisette, un petit sourire aux lèvres. Ma sœur. Celle que je croyais morte depuis des mois réapparaissaient enfin juste devant moi. "Sophie, c'est toi ? Je te croyais morte !"- C'est incroyable ! Comment a-t-elle réagit ? - Elle courut et s'est jetée dans mes bras ! Je me suis mis à pleurer de plus belle sous le coup de l'émotion. Mais pas elle. Elle se contentait de me serrer fort. Notre étreinte a bien duré dix minutes. Et puis, j'ai compris qu'elle n'avait cessé de murmurer depuis que l'on s'était jetés dans les bras l'un de l'autre. - Qu'est-ce qu'elle disait ? - "Pourquoi tu ne m'as pas cherché, Jean ? Pourquoi ?". J'ai été parcouru d'un frisson à ce moment-là, je n'aurais pas su dire pourquoi. Mais j'avais chaud et il y avait une odeur étouffante dans l'air... Alors, j'ai essayé de me dégager. Et là, le cauchemar à commencer. - Le cauchemar ? - Oui... Quand Sophie à sentit que je tentais de me dégager, elle m'a serrée encore plus fort. Et là, j'ai pris conscience de son corps serré contre le mien : ses bras, squelettiques, qui me faisaient mal tant ses os ressortaient. Ses cheveux, sales et éparpillés sur son crâne, comme si elle en avait perdu plusieurs mèches. Et l'odeur. Je me rappelle avoir pris une bouffée et avoir été sur le point de vomir : elle puait... Pas la transpiration, ni la saleté, non... Elle sentait la pourriture. - Elle était peut-être malade ? - Non ma chérie... Quand j'ai enfin pu me décoller d'elle, un bref instant, la vérité m'est apparue dans toute son horreur : ma sœur jumelle était morte. Je ne m'explique pas comment je ne l'ai pas vu tout de suite... Mais des décennies plus tard, cette scène est toujours fixée dans mon esprit, marquée à l'indélébile... Son visage était creusé, maigre comme jamais. Une lèvre semblait avoir été arrachée, laissant des traces de sang et de chair le long de son menton. Et ses yeux, mon dieu... Ses yeux... Ils étaient jaunes, comme s'ils avaient séché dans leurs orbites... - C'est impossible ! - Et pourtant, je revois cette scène comme si c'était hier... Après l'avoir repoussée, elle m'a sauté dessus et m'a fait tomber à terre. Tu vois cette cicatrice à l'arrière de mon crâne ? C'est le résultat de cette chute. Une fois sur moi, je me rappelle, elle a essayé de se pencher sur mon visage et de m'arracher le nez avec ce qu'il lui restait de dents... Je sens encore ce qui lui restait de lèvre, toute sèche, effleuré mon cou, et son haleine, putride. - Mais ne t'es pas défendu ? - Si. Tant bien que mal. Je ne voulais pas lui faire mal, J'essayais tout simplement de me sauver. Moi, je lui donnais des coups et elle, tentait d'enfoncer ses doigts dans mes yeux... Le nombre de griffes que j'ai récolté par ses ongles cassés, je n'arrivais pas à le compter le lendemain. Et soudain, j'ai eu assez de forces pour la renverser et me redresser. Là, j'ai attrapé ce qui me venait sous la main... Une vieille brique provenant de la chapelle... Et puis, mon dieu... Je l'ai abattu de toutes mes forces sur son crâne. - Non ! - De toutes mes forces. J'ai senti son crâne éclater sous l'impact et mes doigts rentrés dans ce qu'il lui restait de tête...Quand j'ai ressorti ma main, ils étaient couverts d'une espèce de gélatine noir et gris, comme si son cerveau avait pourri sous les os... Sophie s'est effondrée, tout comme moi... Je me rappelle avoir rampé jusqu'au bassin de pierre pour tenter de retirer ce qui me restait de cervelle sur la main. Je pensais que ce cauchemar était fini. Mais pas du tout... - Comment ça ? - "Jean, ou es-tu ? Pourquoi tu ne m'as pas cherché Jean ? Pourquoi ?". J'ai levé les yeux sur son corps, totalement terrifié... Et elle était là, à se relever, ce qui lui restait de crâne pendouillant sur le côté de son visage... Et ses yeux, totalement exorbités... J'ai hurlé à m'en faire saigner la gorge... Puis je me suis mis à courir encore et encore. J'entendais ses pieds qui raclaient le sol en courant... Et des bouts de chair qui claquait contre sa peau... flap, flap... - Arrête Papy ! - C'était ce que j'entendais ma chérie... Tu imagines l'état de panique dans lequel j'étais... j'avais les larmes qui me brouillaient à nouveau la vue et je ne pensais qu'à fuir, le plus loin possible. Et soudain, je me suis retrouvé face à l'église... Et là, je n'ai pas hésité, j'ai foncé. - Et Sophie ? - L'espace d'un instant, je me suis cru sauvé. Je me suis précipité au fond de l'église et me suis caché derrière une statue. Et j'ai attendu. Rien. Rien ne venait. Je me souviens avoir commencé à prier : "Merci mon Dieu de me proté...". Mais je n'avais pas fini ma phrase que la porte claquait et que sa silhouette se découpait dans l'encadrement de la grande porte... Elle se tenait courbé, les bras pendant, ses yeux jaunes scrutant les chaises et les vitraux. Sans savoir comment, Sophie savait que j'étais là. - Mais qu'est-ce qui s'est passé après ? - elle s'est précipitée droit sur moi. Elle semblait inépuisable... Je pense que mon cerveau s'est débranché à ce moment-là. Elle était sur moi, je ne pouvais faire qu'une chose : me battre pour sauver ma vie... Je me rappelle lui avoir sauté dessus et avoir senti mes mains se refermer sur sa gorge... Elle a commencée à se débattre et à me griffer les bras et le visage avec ses mains sales... Mais j'ai tenu bon, encore et encore. Puis elle s'est mise à tousser... Elle projetait des bouts de dents pourries un peu partout. Et puis, crac... Mes mains ont transpercé sont coup trop fin et je me suis retrouvé avec mes dix doigts enfoncés dans sa gorge... Je sentais l'air passé sur mes doigts un sang noir couler sur mes mains. Et puis, elle a hurlé et s'est redressé d'un coup, m'attrapant le cou avec son reste de mâchoire - Mais tu n'as aucune trace de morsure sur le cou ! - Je sais bien ! La chance que j'ai eue, c'est qu'il lui restait que peu de dents... Et elle était totalement pourrie. Du coup la seule chose que j'ai vraiment sentie, c'est sa bouche et ses lèvres sèches se refermer sur moi... En y pensant maintenant, ça me fait sourire, comme si elle avait tenté de me faire un bisou... Mais sur le moment, j'ai hurlé et relâché ma prise... Elle en a profité pour me repousser et se relever... Alors j'ai rampé, pour me retrouver sous le présentoir de cierge... Il en restait trois d'allumé, je m'en rappelle encore... j'ai tendu la main pour attraper un des cierges et je lui ai lancé. Jamais je n'aurais cru qu'elle prendrait feu, à vrai dire le cierge était tellement lourd que j'aurais aimé que ça la ralentisse ou l'arrête quelques instants. Mais non, elle a pris feu. Ça a commencé par ses cheveux. Ils étaient tellement secs qu'ils se sont enflammés comme de la paille. - La pauvre ! - La pauvre, oui. Quand son visage a pris feu, elle s'est mise à gigoter dans tout le sens... Je revois encore ses yeux fondre sous la chaleur des flammes... Elle s'est alors écroulée en murmurant "pourquoi, Jean ?" Et puis, plus rien. D'un coup, elle s'est tue et a cessé de bouger... - Tu as fait quoi alors ? - Je me suis remis à pleurer... Et je me suis enfuit... - Mais tu étais un vrai pleurnichard ! - Certainement. Mais je ne m'en fâche pas, c'est ainsi. Je suis rentré chez moi et suis monté me coucher sans demander mon reste. Je suis resté des jours sans dormir. - Mais l'église, elle a pris feu ? - Non, les pompiers sont venus et on éteint l'incendie avant qu'il ne ravage tout. Mais ils n'ont jamais retrouvé le corps de ma sœur ! - Mais c'est impossible ! Pfft papy, tu es sûr que tu ne me mènes pas en bateau depuis le début ? - Tu m'avais promis de me croire ! - D'accord d'accord, je te crois Papou ! Une promesse est une promesse ! - Merci ma chérie... Tu sais, me remémorer tous ces souvenirs m'a un peu fatigué...je pense que je vais faire une petite sieste, tu ne m'en veux pas ? - Mais non, papy ! - Ça va alors ! Allez, va jouer ! * ** - Bonne nuit M'man ! - Bonne nuit ma chérie, fais de beaux rêves ! - Toi aussi ! La porte se referme. La fillette exulte. Et soudain, le grand lit prend des allures de cabane. Le moelleux drap housse se transforme en toit merveilleux. Et tout un monde de rêve s'ouvre alors à la petite fille. Personne pour l'interrompre, ni dans ses actes, ni dans ses pensées. Le monde est vide. Vide de tout souci, de toute angoisse, de secrets de familles inavoués, de souffrances, a moitié digérées. Oui, il n'existe rien, rien d'autre que la fillette et sa lampe de poche. Et ce bras décharné qui sort lentement des ténèbres, sous le lit. Vide, lui aussi. De toute vie. De son sang. D'une grande partie de sa chaire. Seule une seule chose survit, entêtante et angoissante. Une seule chose : une odeur de brûlé UkcisfodjlhikUkcisfodjlhik « Certaines histoires ne demandent qu’à être écrite pour inspirer le monde. D’autres restent hésitantes dans la plume de leurs écrivains. Moi, j’ai choisis d’écouter ces récits qui grouillent dans ma tête, de leur donner forme et vie, ainsi que conscience et liberté. Mais il arriva un jour où j’ai frôlé l’Instant du bout des doigts. La lie que j’ai tant espérée m’as envahie jusqu’à la moelle, ne me laissant plus aucune échappatoire. Et quand cela est arrivé, ça a donné ceci. Voici l’œuvre de ma vie, ma passion, ma mie. Voici… Ukcisfodjlhik. »[…] Depuis quelques temps déjà, la rumeur courait au village que l’une des familles les plus riches du comté se vantait de leur fils, de ses qualités et de sa vive intelligence. C’est le boucher du village, un homme gros et gras, qui avait commencé à répandre la rumeur, lui-même la tenant de son fils, partit travailler à la ville comme boucher. Jusqu'à la visite dudit jeune homme il y a deux jours, personne (ou presque) ne savait que ce jeune prodige venait d’ici même. Ou tout du moins, personne n’en croyait mot, car le boucher était connu pour divertir ses clients d’histoires abracadabrantes. Mais depuis ce jour, tout le village était au courant de l’histoire des deux familles, surtout à cause de la mère Tuvache. Edith et Margareth vivaient au village depuis plus de soixante ans. Ces deux amies ont vécu des aventures palpitantes, provenant tout droit des ragots circulant dans le village. Fidèles au poste, sur leurs chaises en bois, elles s’attaquaient cette fois à l’histoire du jeune homme. -É, Edith, t’a vu l’gosse d’riche qué passé au villach ? -Pour sûr, Magret : C’ti là, c’t’un sacré veinard ! -T’es au courant qu’d’là qui vient… […] Le petit garçon rentrait chez lui en courant. Ses chaussures humides foulaient la neige avec excitation. Les lampadaires vert-pomme, couvert de neige blanche, diffusaient une faible lumière sur le trottoir. À ce faible éclairage, on pouvait remarquer que le veston noir de Nigel était rapiécé, élimé, humide et sale. Mais de cela, Nigel n’en avait que peu de chose à faire. Il revenait de son école, situé non loin de là, où il avait subi deux heures de cours particulier en calcul et en anglais. Deux très longues heures, en compagnie de la maîtresse, Mme Grispecs, une horrible femme acariâtre et froide, à la voix ridiculement aiguë, et qui réprimandait de trop ses élèves. Mais cela non plus ne pouvait entamer la bonne humeur de Nigel. Son père bien-aimé revenait à la maison pour une journée, c’était tout ce qui comptait pour lui à cette heure de la nuit. Il trébucha sur quelque chose de lourd et sombre, s’étalant de tout son long sur la neige. Ses livres s’éparpillèrent dans la neige, s’humidifiant dès le premier contact avec le mélange de neige et de boue. Mais malgré cela, Nigel avait toujours un large sourire sur son visage rosis par le froid. Il n’avait pas d’écharpe, car sa mère n’avait plus de sous pour lui en acheter une. Son bonnet étant aussi troué qu’une passoire, il ne lui servait à rien. Et son pantalon en tissus prenait l’eau aussi rapidement que ses livres. Heureusement, l’espoir de voir son père n’ôta pas le sourire de Nigel, qui s’empressa de récupérer ses livres et de se remettre à courir. […] Les quatre autres Frères-de-Haches se mirent à examiner la grotte dans tous ses recoins. Nairi voulut se poser sur la tête d’Agalcatre, qui se penchait sur un quartz d’une belle taille, mais le nain battit des mains pour que l’oiseau s’en aille. Dacrolkteux et Matrasgink s’approchèrent d’une gangue de grès où gisait une pierre de citrine bien plus grosse qu’eux. D’abord, ils voulurent s’en accaparer, mais la présence de six micro-pierres de Méco Gris les attrista et ils révisèrent leurs plans. De leurs côtés, Seperelyn et Tankéz’ allèrent plus en avant dans la grotte, afin de repérer un éventuel passage. Mais la salle était gigantesque, et ils ne parvinrent de l’autre côté qu’au bout d’une longue minute. Ils tombèrent alors sur un cul-de-sac. Cependant, Seperelyn remarqua bien vite que la roche n’était pas la même que le reste de la grotte. Déjà, la pierre n’était pas veinée de pierres précieuses. Ensuite, et c’est ce qui intrigua le plus l’elfe, la pierre portait la trace de profond sillons, des dessins qu’elle ne pouvait pas bien distinguer à cause du manque de lumière. Tankéz’ leva alors les yeux, se tordant le coup au passage, et lança à Seperelyn : -Hé… Je crois que c’est une porte… -J’en ai comme l’impression, fit-elle à son tour. Je n’arrive pas bien à voir, mais on dirait comme une anfractuosité, là-haut… Elle plia alors les genoux, et avant que Tankéz’ n’ait pu lui demander ce qu’elle allait faire, elle fit un bond prodigieux jusqu’à une petite plate forme, avant de sauter à nouveau jusqu’à l’anfractuosité en question. Le tatou fut étonné de voir l’elfe bondir si haut et avec tant d'agilité. Elle arriva au bord de l'anfractuosité, et disparut de la vision de Tankéz'. Le tatou scruta les ombres afin de distinguer quelque chose, sans succès. Nairi vint alors se poser sur son crâne et poussa un petit cri. Tankéz' la prit sur sa griffe, l'observant avec inquiétude. Il était toujours fasciné par la lueur verdâtre brillant au fond de ses prunelles. Sauf que cette fois, le vert empli tout son œil, surprenant le tatou. Une image se forma dans sa tête : Un homme poussant le battant d'une porte en pierre avec une force incroyable. Sans savoir pourquoi, cet image jeta la panique dans l'esprit du tatou, mais avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, l'image disparut, en même temps que la lueur verte dans les yeux de la mouette. Paniqué, il s'éloigna à pas lourd de la porte, se demandant toujours ce qu'il venait de voir, quand son ouïe affinée le titilla : Un bruit sourd venait de retentir. Apparemment il n'avait pas rêvé puisque les cinq nains relevèrent leurs têtes ridées, une lueur indescriptible dans le regard. […] Ils se levèrent en vitesse et s’approchèrent de la faille. Le froid devenait intense au plus ils s’approchaient des montagnes. Wexx avait les doigts gourds quand il posa le pied sur le sol du rebord. Il tremblait de partout, mais tint bon et avançait lentement. Il avait à peine assez de place pour mettre ses pieds. Pour avancer, il devait se mettre contre la montagne, s’y coller littéralement et avancer à la manière d’une chenille : il glissait son pied le plus loin possible, et l’autre le rejoignait aussi rapidement que lui permettait le froid de plus en plus intense. S’il n’avait pas eu un gros manteau et sa chaude couverture sur les épaules, il serait déjà sûrement mort de froid. Il ne le vit pas car n’osant tourner sa tête, mais Krietal avançait exactement de la même manière. Ayant déjà fait le passage, elle ne connaissait que trop bien cette vallée gelée, et savait que le secret de leur survie résiderait dans la vitesse à laquelle ils avanceraient jusque l’autre côté. Derrière elle se trouvait Aniram. Ayant calée son épée contre son ventre, la jeune fille avait aussi froid que Wexx. Ses dents claquaient, son nez coulait, le métal du fourreau de son épée collée contre son ventre lui était très désagréable, mais elle avançait à la même vitesse que les autres. Elle était suivie par son Capitaine. Rémy jetait de fréquents regards derrière lui. La faille, profonde d’une vingtaine de mètre, était sombre et effrayant, ce dernier côté étant renforcée par la myriade de pointes brillants au fond de la faille. Une stalagmite plus grande que les autres semblait le narguer en reflétant le soleil, mettant son côté pointu bien en valeur. Rémy déglutit en imaginant cette pointe perforer son ventre et accéléra le mouvement. Derrière lui suivait Sean, contemplant lui aussi la fosse hérissée de stalagmites. Ses armes cliquetantes résonnaient comme des coups de cannes sur le sol. Sky le suivait de près, gardant Krietal dans son champ de vision. Depuis quelques temps, quelque chose semblait avoir changé en lui, sûrement depuis le moment où elle avait annoncé qu’elle était une princesse. Quand il pensait à sa révélation, il sentait son cœur se compresser sur lui-même. Il n’avait jamais ressenti ça auparavant. Et enfin, Ruyta terminait la marche. Le pauvre homme n’avait jamais eu à affronter les climats plutôt glaciaires, et il se retrouvait du jour au lendemain sur les flancs d’une montagne gelée ! Autan dire que c’est lui qui tremblait le plus, les vapeurs que dégageait sa respiration ne se dissipant qu’au bout d’un moment. Resté sur le rebord de la faille, Sin Karmigo regardait les autres s’éloigner. Lorsqu’il s’assura qu’ils étaient en sécurité (ou tout du moins qu’ils ne risquaient pas encore de tomber dans la fosse), il fit volte-face et observa comment se débrouillait le petit Sultan. […] « Si la transgression est un art délicat, transgresser la cohérence d’un texte l’est beaucoup moins. Car il suffit de prendre 4 histoires à l’apparence très différentes pour que finalement, elles suivent le même fil conducteur. Ne vous fiez pas à ce que vous lisez, mais plutôt à ce que l’écrivain veut vous faire comprendre par les mots qu’il utilise.
L’art n’est qu’une transgression de la perception humaine. Mais la perception humaine n’est-elle pas elle-même une transgression de la réalité tel que le Créateur aurait voulu la proposer ? » Un fâcheux flash- Vous là, halte ! Arrêtez-vous !
Après un grand bruit, une silhouette se faufila dans les ombres et disparut derrière une caisse. Le garde ne sachant que faire, partit à sa poursuite abandonnant ainsi son poste. A son tour, il tourna derrière la caisse. Devant lui se présentait un étroit passage bordé de caisses de toutes tailles, parfois empilées jusque très haut sans pour autant atteindre le plafond. Il essaya de percer l’obscurité s’étalant. En vain. Il faisait trop sombre et en conséquence, le garde dut aller chercher une lanterne pour pouvoir faire son inspection. Le halo de la lampe diffusait une lumière terne et sa portée était plus que réduite. Un mètre maximum, tout au plus. Aussi notre homme avançait-il prudemment, d’un pas lent mais qui ne se voulait pas non plus traînant. Parfois, il s’arrêtait net et tendait l’oreille. Guettant le moindre bruit, il espérait obtenir un indice de la direction dans laquelle se trouvait l’intrus. Mais à chaque fois, rien ne transparaissait. Le hangar de l’association archéologique était toujours aussi silencieux. Et le garde, faisant chou blanc dans ce brouillard noir, reprenait-il alors méthodiquement, comme on le lui avait enseigné lors de son embauche récente, son inspection. Il dut bien se passer quelques minutes pendant lesquelles le garde continua son manège, tâtonnant dans cette lumière trop limitée. Mais de laquelle pourtant il fut tirée lorsque soudain, l’espace d’un instant, le hangar s’illumina, envahis d’une vague de lumière qui s’estompa aussitôt, s’écrasant sur l’extrémité Est du hangar. D’abord déboussolé et un brin ébloui par ce flash soudain, le porteur de la lanterne entreprit de se diriger vers la direction dans laquelle avait semble-t-il, pris naissance la vague lumineuse. S’y rapprochant avec une allure plus décidée, la prudence ne semblait plus de mise. Et le garde se prit même à déclarer haut et fort :
- Arrêtez de vous cacher. Vous ne pouvez vous échapper !
Ce n’eut cependant pas d’effet, car personne ne répondit ou ne se démasqua par un bruit traître. Arrivé bientôt à l’extrémité du hangar sans n’avoir rien trouvé, le garde dût se résoudre à longer le mur. Et c’est ainsi qu’il tomba sur une caisse entrouverte. Le haut avait été déplacé sur le côté et la lumière de la lanterne s’infiltrant, quelque chose semblait transparaître dans la pénombre générée. Le garde se mit à inspecter les alentours, sans résultat néanmoins. Et revenant de fait à la caisse entrouverte, il hésita. Il n’avait pas le droit d’ouvrir ou de regarder l’intérieur des caisses de l’entrepôt, cela n’était pas dans ses attributions. Et il n’avait d’ailleurs pas non plus la légitimité pour. Seules les personnes agrégées y avaient accès. Chose quoiqu’un peu paradoxale puisqu’il était chargé lui-même de l’accès, même si cela n’était que de nuit. C’était donc lui en définitif qui sans intervention de supérieur direct, pouvait dire qui pouvait avoir accès ou non. Aussi se convaincu-t-il de son droit à regarder dans la caisse, qui d’ailleurs était déjà entrouverte. Et laissant le couvercle en état, quel ne fut pas surprise lorsqu’il constata qu’un appareil photo se trouvait-là. Le regardant d’abord avec circonspection, il finit par le prendre dans ses mains, ayant posé sa lanterne sur la côté. Comme s’il s’agissait d’un objet précieux il le manipula délicatement. A première vue, cela semblait un appareil photo tout ce qu’il y avait de plus classique. A vrai dire, il était même curieux que ce qui semblait un vulgaire appareil photo se trouva là. Était-ce un objet archéologique ? Pour lui-même, peut-être pas. Mais ses photos elles, qui sait.
Et puis réflexion faite, notre homme éluda ces questions par une pensée nouvelle. Si la caisse était entrouverte, c’est qu’on avait voulu saisir son contenu. Et donc, l’appareil photo ne pouvait-il être qu’un objet de substitution ! Mais dans son cheminement, le garde se rendit compte de l’absurdité de la chose : pourquoi aurait-on mis un appareil photo à la place du contenu initial de la boîte ? Quelque chose n’allait pas. A quoi cela rimait-il ? Et puis il y avait cette vague lumineuse soudaine. Se pourrait-il que cela puisse avoir un rapport ? On ne pouvait parler exactement de flash, toutefois, c’était bien de la lumière. Et restant sur cette idée, histoire d’en avoir le cœur net, le garde s’essaya à une photo.
Une grande lumière jaillit et l’espace d’un instant, le plongea dans un espace entièrement blanc, sans ombre ni perspective. Cela dura un temps indéterminé, qui put lui paraître tout à la fois une éternité comme quelques secondes. Au retour de l’obscurité, le garde était apeuré. Si le blanc pur lui était apparu, la sensation associée l’avait effrayée. De sorte que c’était lui maintenant qui était blanc comme un linge. Ce qu’il avait non pas réellement vu, mais ressenti, dans les méandres illuminées aux échos… C’était quelque chose d’indescriptible. D’inimaginable ! De l’ordre de l’épouvantable, de l'effroyable, mais sans qu’il eut pu dire pourquoi. Jamais il n’avait ressenti une telle chose, et jamais il ne voudrait l’expérimenter une nouvelle fois. Répondant à l’envie pressante et instinctive de fuir, le garde se pressa de remettre l’appareil photo dans la caisse et de récupérer sa lanterne. Après quoi, il détala. Dévalant les galeries sombres qui autrefois lui avaient fait préconiser la prudence et la lenteur, il finit dans sa précipitation par heurter une caisse mal calée. Il tomba. Brisa sa lanterne. Et se retrouva donc dans le noir. Se relevant aussitôt, mû par une peur insoutenable, il reprit sa fuite jusqu’à soudain entendre, alors qu’il arrivait près de l’entrée :
- Vous là, halte ! Arrêtez-vous !
Devant l’inconcevabilité de la situation dans laquelle il se trouvait, le fugitif s’enfuit de plus belle dans l’obscurité. Échappant par la même occasion au flâcheux gardien de ses songes passés et à venir. Wade Wilson contre les Réplicants <-- Celui qui écrit ce texte n'est qu'une serpillière à foutre !Après la phase d'écriture :/!\ DIALOGUE A LIRE UNIQUEMENT APRES AVOIR FINI DE LIRE LE TEXTE /!\
- Tu vois j'aime bien le délire du texte, je me retrouve bien dedans. - Ben c'est toi qui l'a écris ducon, heureusement que tu t'y retrouves. - Pafo tu marques un point, il y a cependant un truc que je trouve bof, qui me laisse pantois. C'est quand Simon explique sa nature de personnage et qu'il ne peut pas avoir de réelle conscience. La transition qui suit, quand les personnages discutent tranquillement, je l'ai trouvé un peu bourrine, mal amenée. - C'est vrai que c'est pas très optimisé comme passage, tu vas l'améliorer ? Le changer ? - Bien sur que non ! Si je l'améliore je devrai enlever cette partie du texte en off et ça me ferai aussi pas mal chier. - Coca ? - Volontiers, je me demande aussi combien de gens auront lu ce dialogue au bon moment comme indiqué tout en haut. Le chiffre peut être intéréssant je pense. - Chips ? - Volontiers Wade Wilson contre les Réplicants <-- Celui qui écrit ce texte n'est qu'une serpillière à foutre ! Ce texte est dédié à tout ceux qui ont pensés faire un texte ne respectant pas les conditions obligatoires du concours. Big Up à vous les gars je sais qu'on est nombreux !C'est un grand jour pour Simon ! Tâchons d'abord de replacer le contexte. Car oui, la mise en place du contexte est toujours importante pour la bonne compréhension d'un récit. Sans contexte, votre texte manquera de profondeur et de crédibilité. Allons donc établir le notre. Nous sommes donc un mardi, j'avoue avoir oublié la date et le lieu exact. Concernant la météo, je propose de dire qu'il fait beau, ce parti pris simplifie grandement les choses. En effet, quand ce n'est pas le cas, il faut apporter des détails et précisions pas vraiment passionnants. Bref, je préfère dire qu'il fait beau. Si on veut rentrer un peu plus dans le vif du sujet nous devons expliquer qui est Simon et pourquoi ce jour est important pour lui. Car après le contexte c'est à notre trame principale qu'il faut nous atteler, et quel meilleur attelage que le développement de notre héro ? Simon est un jeune homme, de nature assez timide il a toujours été, comment dire ... vous savez ce genre de gars malin qui devine les choses facilement, un rusé voila ! Bon physiquement je propose de dire qu'on s'en fout, disons qu'il est lambda. Je vous demanderai de ne pas voir de la flemme dans le refus de description du personnage, je préfère que vous pensiez que mes raisons sont hors du champ de compréhension de votre esprit, ça me flatte voyez vous. Mais Simon est un être un peu troublé, un peu fou selon certains, cette tendance qu'il a de parler à voix haute même quand personne n'est présent, cela n'a pas vocation à mettre à l'aise son entourage m'voyez. Mais nous, nous savons pourquoi il est ainsi. Lui même sait pourquoi. Mais comment voulez vous que les gens autour de lui savent ? Ce sont juste des personnages de fiction. Ha oui, je vous préviens tant que je vous êtes là, ce texte sera assez capillotracté, franchement soyez cool et relisez le une seconde fois, je pense que ça peut aider ! Voila bisous <3Mais le truc c'est que Simon est amoureux, il n'a d'yeux que pour la belle Solia. Simon est actuellement en classe de terminale au lycée Albert Fish. Simon a bien dormit, pas trop mal mangé, et comme tout les jeunes de son âge il prend le bus pour aller à l'école. Ha oui, Simon a des chaussettes vertes. Rue de Nauzaire, Rue du Tram, Boulevard St Claude, et voila, le lycée Albert Fish. Que dire du trajet ? Une bonne vingtaine de minutes grosso merdo, bien que cela dépende du temps et du trafic bien sur. Pfff comme si c'était la routine ... franchement, c'est quoi cette tentative à la noix d'instaurer un sentiment de monotonie, de répétition ! C'est comme ça que vous “développez votre contexte” ? Hébé ... pas folichon ...Après avoir râlé ET arrivé à destination, Simon descendit du bus. Sac à dos sur les épaules, il traversa la rue et se dirigea vers la cour de récréation. Vous noterez tout de même l’extrême sobriété des descriptions, je propose de dire que c'est un style artistique très complexe (je défend ma peau que voulez vous). Simon aperçut un groupe de jeune au loin (ce qui est plutôt normal pour un lycée vous en conviendrez), c'était des gars de sa classe. Vous savez, ce type de personne qu'on aime bien sans forcément être vraiment ami avec eux, ce genre de gars avec qui on va bien rire mais dont les relations vont immédiatement stopper avec la fin du lycée. Simon décida d'aller les voir pour entamer une discussion quelconque à base de calembours graveleux, soyons clair, il sera question de cucul et de zigounettes. Non pas trop envie. C'est pas contre eux mais j'ai envie de rester un peu seul. Et puis c'est pas comme si tu voulais vraiment que j'aille causer à ces mecs hein !Très bien je comprend, poursuivons voulez vous. Simon traversa la cours du lycée et alla sa caler dans un coin attendant tranquillement le début des cours. Je sais pas trop, je t'avoue.Mais d'où venait le doute de Simon ? Je me demande si je vais pas sécher les cours, j'ai comme l'envie de partir vois tu ^^Non mais Simon, il se devait que … tu … putain c'est chiant de parler à la troisième personne. Écoutes gamin, j'ai commencé sur une histoire d'amour, or la nenette ne sèche pas ses cours, du coup je suis désolé, mais il va très vite être admis entre toi et moi que tu assistes à ces cours. Je t'avoue que, en cas contraire, mes burnes se verraient fortement atteintes dans leurs intégrité physique, en bref me casse pas les noix et obéis ! Et merde, je suis sur que tout les lecteurs ont oubliés ce passage concernant le début d'histoire d'amour que j'avais glissé en intro, mais si c'est le passage en rouge (parce que le rouge ça marque pas mal en général). Non mais c'est ton soucis ça mon gars, il y a plein de gens autour de moi prêt à faire ce que tu veux, pourquoi il faut que ça soit moi ?Simon prit son sac de manière décidé et se dirigea d'un pas ferme vers le portail du lycée. Les cours allaient commencer dans cinq minutes grosso merdo. Hé ho coco, je pense pas qu'on se soit bien compris tous les deux, tu fais ce que je te dis hein, c'est moi le narrateur Ok ! Oublie pas que je peux te pourrir la vie si tu fais pas ce que je désire, et ce que je désire c'est que tu ailles en cours, si tu te dépêches tu peux même arriver à l'heure. C'est ça ma caille, niveau menace saches que moi aussi je peux te faire des misères … regardes ton titre, n'est il pas mignon ainsi, j'aime bien “serpillière à foutre”, j'avais hésité avec “éponge à tourte” mais ça voulait rien dire c'est con.Tu l'auras cherché salaud, voilà pour toi ! Soudainement une bande de malpropres sorti d'on ne sait où commencèrent à invectiver Simon. Ils étaient relativement explicites concernant la vie sexuelle particulièrement débridé de sa maman et abordèrent le cas de la sœur de Simon quand soudainement, un des loubards déclara haut et fort : De toute façon à part les trous d'uc je vois pas qui veut vraiment être narrateur ! M'est avis qu'il ne devait plus avoir de place dans les autres sections !Ok très bien gamin je vois que tu as de la ressource, un peu de challenge ne me fera pas de mal. Pourquoi tu fais ça ? ça t'avance à quoi de m'avoir fait ça ?De quoi tu parles, c'est quoi ton soucis gamin ? Tu sais quoi ? Je t'aime bien, si tu veux je te mets la petite nénette que tu kiff ce soir dans ton lit ! La petite Solia ça te dit bien ? Bim, re-introduction de l'élément amoureux dans le récit en mode ni vu ni connu.Allez je te sens chaud mon con, tiens toi prêt et sois bon. Solia arriva soudainement dans la rue où était Simon entièrement (dé)vêtu d'un bikini, il faut dire que c'est un beau brin de femme, tout juste 17 ans elle un camion écrasa violemment Solia la tuant directement sur le coup !Mais pourquoi tu fais ça Gamin ? Tu peux pas donner mort à mes personnages comme ça ! Ce n'est pas comme ça que ça marche, ce n'est pas comme ça qu'un texte fonctionne … franchement t'es lourd … c'est con, la petite était tout à toi, quel gâchis. Ecoute, tu te souviens du blabla sur le contexte que t'avais balancé en début de texte ? Tout ça c'est des conneries, des illusions, tu vends de l'illusion aux lecteurs, tu leurs donnes un semblant de réalisme, de cohérence, mais c'est faux. Ceci est un texte, rien d'autre qu'un texte, des mots, de la ponctuation, un amas de phrases, autour de moi tout est vide, les personnages, les lieux , tout cela n'existent pas, ce sont juste des pistes imaginaires. Mais nous, nous qui sommes dans le texte, nous n'existons pas, ici personne n'est et sera, ceci n'est rien d'autre qu'un désert fictionnel ! Solia, tous les autres, ils n'ont pas de conscience, ils ne sont rien. Pourquoi m'as tu donné la capacité de constater l’inexistence de mon être ? Oula gamin qu'est ce que tu me fais là, tu la vis bien ta petite crise ? Déjà je ferais moins le cake à ta place, n'est pas narrateur qui veut. Regarde l'agencement de tes phrases, c'est moche. Tu fais des phrases trop longues et le style est lourd. Le coup de balancer haut et fort des questions existentielles à la “qui suis je ? Où vais je ?” c'est démodé depuis Blade Runner. Là, je suis désolé mais tu passes juste pour un gland. De toutes les personnes qui t'ont lu je suis sur que personne ne t'a pris au sérieux ! Mais malgré tout, t'aime bien faire ça à ce que je vois. Depuis le début du texte tu n'arrêtes pas de me lancer des répliques genre “j'ai conscience que je suis un personnage de fiction et le monde qui m'entoure n'est que vaine illusion”. Bon voila, maintenant que t'as joué ton petit tour de passe passe masturbatoire je propose de continuer l'histoire. Bon, le coup de l'histoire d'amour c'est mort mais je peux toujours m'arranger, qu'ais je encore en stock de plausible ... Enfin bon ton histoire on s'en branle un peu.Pourquoi toujours cette agressivité ? Cette vulgarité, tu peux pas t'exprimer normalement bordel de merde ? Soyons franc, j'ai autant conscience d'être un personnage de fiction qu'un poule morte est dans la capacité de péter un mur ! L'histoire, même celle de base, n'avait jamais pour but d'aborder je ne sais quelle histoire d'amour … D’emblée tu voulais mettre en scène cette pseudo “interaction” entre le narrateur et le personnage. Tu voulais faire comprendre aux gens que même si le personnage de fiction avait l'apparente conscience d'être un personnage, il n'a néanmoins aucune réelle conscience de quoi que ce soit. Tout ce qu'il dit, même dans sa clairvoyance, est mis en scène et préparé à l'avance. Tout cela étant voulu par un seul mec dont je tairai le pseudo vu que c'est un concours anonyme. Force aussi est de constater que, à défaut de le faire comprendre habillement aux lecteurs, tu t'es arrangé pour me le faire dire de manière complètement explicite, bravo l'auteur !C'est vrai que c'est ce que j'ai voulu faire, mais pas dit que les gens apprécient ... Tu crains quoi en fait ?Je sais pas vraiment, peut être vont ils être réfractaires à ce style de narration. Je pense que certains penseront que le texte est pédant et fait preuve d'élitisme masturbatoire. Je vois d'ici les commentaires “l'auteur ne sait pas où il va”, “le texte n'a pas de sens”, “le texte se donne un genre” et d'autres trucs dans le style ! C'est vrai que j'ai moi aussi toujours eu du mal avec ces “œuvres” qui veulent la jouer mise en abîme style “l'oeuvre dans l'oeuvre” ça devient vite un beau bordel.Pas faux, manque plus que des voyages dans le temps et on touche le gros lot ! C'est quoi déjà le thème du concours ?“Transgression”, faut dire qu'on est assez dedans. A ton avis tu penses qu'on doit expliquer le but de ce texte ? Histoire que les gens comprennent ? Ça serait pas un peu prendre les gens pour des cons ?Oui, mais comme ils le sont ça va nan ? Mais comme le thème est la transgression on peut dire qu'on va … … ... “transgresser” … leur respect en leur dévoilant le but de ce texte … nan ? Ça marche pas ? Mec, c'est très très très faible comme argument.Chut et souris à la caméra peut être certains y verront de l'audace ! M'ouais … mets au moins ça sous spoiler. Pas con ! Voila, l'idée du merdier est de mettre en avant un personnage, Simon, qui a conscience d'être dans une fiction. De ce fait, il constate son inexistence par rapport à la réalité et le vit plutôt mal, un texte n'étant qu'un amas de mots. Mais là bim … Twist ! Car en fait, le personnage est, de par sa nature, une création, un pantin. De ce fait, même ses états d'éveil sont voulus et contrôlés par l'auteur du texte, il n'y a donc pas de conscience de la part de quiconque dans ce texte, juste l'auteur qui fait mumuse. Ouaip, bon on a dit pas mal de truc, manque plus qu'à trouver la fin, pfffffffffffffffffffffffff je sais pas trop, je propose juste de ne plus rien dire.
Vendu !
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Nous sommes de l'étoffe dont sont tissés les vents - Alain Damasio
Dernière édition par Celeglin le Sam 5 Juil 2014 23:07, édité 4 fois.
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