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Inscription: 13 Nov 2011 Messages: 742 Localisation: Oh mon dieu, ILS m'ont retrouvé!
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Toujours pas de participation. C'est un peu désolant :/ Bon, autant arrêter les frais, je ne pense pas que d'autres textes arriveront à ce stade. Un texte, que voici, dans le mini-thème n°3 Trois petits chats : Le crépuscule tombe, voilant de noir les dernières nappes pourpre pour accueillir timidement les étoiles. Une paire d'yeux déambule élégamment sur le mur, une autre, furtive, esquive la lumière du réverbère ; toutes deux se rejoignent sous les branches sombres de l'arbre au centre du terrain, sur l'une de celles-ci une dernière paire s'allume, saute à leur niveau. - Que faisons-nous ici ? - Le flair nous a guidé. - Et pourtant, elle, n'est pas là. - Elle est partie. - Pour où ? - Je ne sais pas, mais c'est définitif. La brume, enveloppe le cénacle. - Elle ne pouvait plus. - Depuis trop longtemps ses yeux ne s'accordaient plus avec son sourire... - Elle nous a abandonné ? La fange les aspire par en dessous. - Non, ce qu'elle nous a légué est immense. - A notre tour de transmettre. - Nous devons poursuivre notre chemin. - Nous retrouverons nous ? - Ici je sème des coquelicots, ils pousseront d'année en année. - Avec ces pierres je forme une étoile à cinq branches et nous ne pourrons nous méprendre. - Lorsque l'arbre ne portera que ses fruits fragiles que les coquelicots auront fleuris, nous saurons. Inutile de préciser que les votes pour ce mini-thème seront superflus. Mais à défaut, vous pouvez toujours essayer de deviner l'identité de l'auteur de ces lignes. Et maintenant, le thème principal: Politesse. Qu'est-ce que ce mot vous aura inspiré? Texte n°1: Papaye-LitchiElle m'a laissé en plan, finalement. J'aurais du m'en douter. Il fallait que les choses se règlent entre nous, c'est ce que je pensais, pas ce qu'elle pensait. Mais je me doutais bien que ça n'allait pas se passer comme je le voulais. Ça fait maintenant une heure et demi que j'attends pour rien, elle ne viendra pas plus qu'elle n'est venue. Je finis ma tasse de café, froid, et enfile ma veste. Je sors mon porte-feuille et place la monnaie dans le réceptacle prévu à cet effet. J'en rajoute un peu, parce que la serveuse a vraiment été sympa avec moi, mais je suppose que c'est son travail. Fidélisation de la clientèle.
Je me lève et passe faire un tour aux toilettes avant de partir. Je suis venu de loin, j'ai fait tout ce chemin pour rien. Je n'aurai pas l'occasion de me soulager plus tard. L'affaire terminée, je reviens vers ma table, prends mes clés, mon portable, et commence à m'en aller.
À ce moment là, deux hommes entrent dans les café et s'installent à deux tables de la mienne. Le premier a le visage tendu, les joues rouges. Il a l'air énervé. Le second est plus calme, son visage a quelque chose d'enfantin. Ils se ressemblent, tous les deux. Des cousins ou des frères, peut-être. Mis à part eux, la serveuse et moi, le café est vide. J'allais partir mais je décide le contraire avec l'entrée de ces deux nouveaux clients. Je me rassoie et me déshabille. Ils ont l'air intéressant, peut-être me feront-ils oublier mon échec d'aujourd'hui. La serveuse vient les voir et leur demande ce qu'ils veulent. L’énervé demande une tasse de café noir, sans sucre ni lait, tandis que le calme commande un petit-déjeuner complet : gaufres, bacon et tout. La serveuse repart, et tandis qu'elle s'approche de ma table pour me resservir une tasse de café, parce que leur café est vraiment très bon, tout comme leur tarte aux citrons maisons, calme lui reluque les fesses et la discussion commence.
« Pourquoi n'es-tu pas venu, Yvan ? » Il tape nerveusement la table de ses doigts. Yvan donc. Le regard d'Yvan revient vers énervé. « Je voulais venir cette fois, je ne voulais pas vous décevoir, tous. Alors je suis parti en avance, mais un peu trop, alors j'ai décidé d'acheter une glace. » Le tapotement de doigts s'interrompt immédiatement. Énervé jette un regard noir comme son café à Yvan. « Une glace ?! » répète-il d'une voix forte. Yvan lui prie de baisser le ton tout en regardant autour de lui si personne ne les avait entendu. Je tourne mes yeux vers la fenêtre à ma gauche et prends mon allure la plus dégagée. « Une glace papaye-litchi, si tu veux savoir ! » Il dit cela avec de la fierté dans sa voix, fierté atténuée par son regard fuyant. Il continue : « il faisait chaud, j'étais en avance, ça m'est venu comme ça. Il y avait du monde, beaucoup de monde. » Cette fois, Yvan regarde son assiette de gaufres. « Et ? — Et alors j'attendais, et à un moment un vieux et son petit-fils me doublent. » Énervé lève les yeux au plafond, ce que Yvan ne voit pas, ses yeux toujours baissés de honte. « J'avais chaud, j'étais énervé. C'est pas poli, tu comprends ? » Yvan laisse un temps d'arrêt mais monsieur énervé ne répond pas. Ce que je crois être le frère cadet reprend : « Tu comprends, Alex ? » C'est Alex, alors. Alexandre ? Alexis ? « Non. — Peu importe. Alors je leur dit que c'est pas poli, parce que ça l'est vraiment pas, tu vois. Ensuite le petit me dit qu'il fait ce qu'il veut et que je vais les laisser passer, lui et son grand-père. Et il me tutoie en plus ce petit con, il me tutoie et son grand-père ne dit rien. Alors je lui réponds qu'on ne parle pas comme ça aux adultes. » Alex l'interrompt. « Adultes. » C'est incontrôlable, je souris. Je regarde mon téléphone pour détourner une attention que j'aurais pu attirer. « Hein ? — Rien. — Ah. Alors là, le grand-père me dit de me mêler de ce qui me regarde en ce qui concerne l'éducation de son cher petit-fils Gontran. Et il sont toujours devant moi dans la queue, tu comprends ? — Oui. — Et donc ils se retournent comme si de rien n'était mais c'est malpoli, vraiment, alors je saisi le vieux par l'épaule et le force à me faire face. Alors je lui demande pour qui il se prend, que les vieux n'ont pas tous les droits, que Gontran c'est vraiment un prénom de merde. Je lui ai demandé où était Picsou, en rapport avec Donald, Disney et tout, tu vois ? — Oui, merci de l'explication. »Alex réplique sèchement. Il est aigre le bonhomme. Yvan poursuit son passionnant récit. « Alors le vieux recule, mais le petit me met un coup de pied dans le tibia, j'avais les larmes aux yeux tellement il m'a fait mal cette petite crevure. Alors je lui mets une balayette, parce que donner des coups de pieds c'est malpoli quand même, il faut lui apprendre. Sa tête cogne par terre donc il pleure. Ensuite le vieux il essaye de laver l'affront fait à son cher petit-fils Gontran, tu vois, alors que celui-ci chiale encore à en décoller les tympans, mais il faisait de la comédie ce petit con, je te jure, ça fait pas si mal. Alors pendant que je lui crie de fermer sa petite gueule, le pépé tente de me mettre une gifle. J'esquive, je lui mets un coup de tête et il s'écroule. Alors je l'enjambe et je repasse à ma place. Mais faut me comprendre, c'est pas poli de dépasser dans la file. Chacun son tour. — C'est tout ? » lui demande Alex, plus énervé que jamais. « Non, j'attendais tranquillement ma glace et les flics sont arrivés sans prévenir et m'ont demandé de les suivre. Et comme MOI je suis poli, je les ai suivi. Mais du coup j'étais trop en retard pour aller à l'hôpital après mon rendez-vous avec eux. — C'est donc pour cette raison que tu n'es pas venu voir ton père. — Oui. J'ai eu le droit à mon coup de fil mais tu n'as pas répondu alors j'ai passé la nuit dans une cellule avec deux clochards bourrés. D'ailleurs je ne comprends pas, c'est le vieux et son Gontran qui auraient dû être dans cette cellule. Moi j'ai été poli. » Alex bout et frappe du poing sur la table. « Tu sais qu'il s'est excusé, notre père. Ah non, tu ne le sais pas, t'étais en prison ! Pour avoir frappé un vieux ! ET UN GOSSE ! Et puis pourquoi voudrais-tu qu'un gamin aille en prison ?! » Si le contact poing-table avait fait sursauté la serveuse (et moi aussi), les cris la font se réfugier dans la cuisine (pas moi). Yvan coupe se qui semblerait donc être son frère, et non son cousin. « Techniquement ce n'est pas une prison, c'est une cellule, il n'y pas eu de jugement à proprement dit, et puis.. — Laisse moi finir ! — Mais tu m'as posé.. — J'ai dit laisse moi finir ! Je sais que nos relations avec lui ont toujours été plus que difficiles, qu'il n'a jamais rien fait pour nous, mais c'était notre père ! Il voulait s'excuser et tu lui devais ça, au moins. — Je sais mais.. — Non ! Ta gueule ! Tu ne sais rien Yvan Pluit ! Au fond il nous aimait et tu ne lui as pas laissé la chance de partir en paix avec lui-même et avec nous ! »
Sauf qu'Yvan n'écoutait plus depuis un moment. Il serrait le bord de la table de ses mains depuis quelques secondes, se retenant de quelque chose. Finalement, il saisit son frère par la nuque, geste qui calme Alex instantanément. Il rapproche et fait coller leurs deux fronts puis recule sa tête, tout en maintenant la nuque de son frère dans sa main. Il lui dit « C'est malpoli de dire ta gueule, tu ne devrais pas dire ta gueule, tu as été malpoli, il ne faut pas être malpoli, il ne faut pas dire ta gueule. » Le tout en restant totalement calme et posé. Et il lui assène un gigantesque coup de boule.
Ayant assisté à toute la scène, je me lève d'un seul coup, par réflexe. Yvan décale la tasse de café de son frère assommé vers la gauche, lui laisse tomber la tête sur la table et se retourne vers moi. Il me demande si j'écoutais ce qu'il s'est passé entre lui et son frère. Je lui répond que non, bien sûr, que c'est très malpoli, mais que bon, frapper son frère comme il l'a fait, c'est pas une grande preuve de politesse non plus. Merde. Je viens de me trahir. Il se rapproche doucement de moi et me dit que ce qu'il se passe entre son frère et lui ne concerne qu'eux, qu'en effet, ce n'est pas poli d'écouter les conversations qui ne nous concerne pas et de se mêler des histoire des autres de cette manière. Puis je vois son poing, de plus en plus proche. Puis je ne vois plus rien. J'ai jamais su me battre. Quelle journée passionnante. Texte n°2: Marek Joy : une question de politesse et d'honneur.Un homme se reposait dans sa cellule d’une prison après avoir mangé sa ration de pain sec et bu de l’eau. Des cris résonnaient partout. L’odeur putride des excréments était vive. De la moisissure se formait tranquillement sur les murs en bois. Recroquevillé dans son lit de paille, il n’arrêtait pas de pleurer. Habillé d’une chemise blanche et de pantalons noirs en lambeaux couvrant à peine son corps maigre, il avait des longs cheveux châtains crasseux, une barbe en pagaille, des dents en état de pourriture et les yeux rouges humides. Quelque chose le hantait à toutes les nuits au point de lui causer de l’insomnie. Pris d’une crise de nerfs, il hurla comme un fauve. Alerte, le gardien vint le rouer de coups et le conduisit vers la potence.
-As-tu une dernière parole à formuler avant qu’on te pende?
----------------------------- Dans le modeste village d’Opale, au royaume fort lointain de Fal…
Assis sur une chaise en bois de merisier, Marek Joy travaillait dans son bureau, très propre et bien rangé. Entourée de murs en pierre, cette pièce respirait la sérénité avec un feu de foyer immense, une bibliothèque luxueuse, des fenêtres irradiant la lumière du soleil et un doux parfum de lavande. Sa famille détenait le titre du seigneur d’Opale depuis des générations. En voyage, le prince Cinn de Fal devait faire une brève escale de deux jours à Opale. Pour cette occasion, le seigneur Marek avait la responsabilité d’héberger son supérieur et de sauvegarder l’honneur des Joy. Ses ancêtres paternels avaient édifié un code de conduite particulièrement basée sur la politesse, l’amour envers son prochain et le dévouement envers la famille royale.
Âgé dans la jeune vingtaine, Marek était un fort bel homme. Sa perruque de longs cheveux bruns ondulés, sa barbichette bien fournie, son grand corps athlétique, son visage mince et ses yeux bleus bridés le caractérisaient. Habillé d’une paire de culottes moulantes et vertes, d’un pourpoint blanc sans col de dentelle, un long manteau rouge avec des broderies dorées et des chaussures noires à bec de canard. Il écrivait le programme de la réception sur un manuscrit. À l’arrivée du prince, un groupe de vingt enfants chanteront l’hymne divin de la déesse-mère Ama, Par la suite, un petit tournoi d’escrime aura lieu ainsi qu’une course de chevaux. Pour conclure la journée, les invités iront à un banquet extérieur dans son jardin. Fatigué de sa journée, il décida de se coucher plus tôt. Demain, son prince arriverait. Avant de faire sa toilette, il parla avec un de ses serviteurs.
-Mon cher Yoan. Je te donne congé ce soir, demain et après-demain. Tu l’as mérité. Prends cette bourse. Tu devrais passer du temps avec ta famille.
Son fidèle s’inclina respectueusement et quitta la salle après avoir pris le cadeau.
-Merci sire.
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Le lendemain matin, sur la place principale du village…
Ce lieu emblématique pour les quatre cent huit âmes d’Opale était préparé pour la visite. Installée sur la terre battue, une jolie fontaine en pierre ornait le centre autour des principaux commerces comme le magasin général, la blanchisserie et la menuiserie. Un peu plus loin se trouvaient le cimetière et le temple d’Ama qui longeaient une forêt primaire. Sur un axe perpendiculaire, une rivière, la Saphir, alimentaient les canaux des cens rectangulaires qui s’étendaient sur quatre rangs et dix kilomètres. Pour quitter Opale, tout voyageur devait emprunter un pont qui surmontait le torrent provoqué par une chute de six mètres. Elle consistait en une source importante d’énergie hydraulique pour le moulin et la forge. À l’entrée du village, la topographie étaient marquée par de nombreuses collines abruptes, des forêts sauvages et des pâturages contrôlés par des nains nomades. Bâtie en pierre, la demeure rectangulaire des Joy était tout simplement splendide. Pourvue de deux étages, de deux tours, de multiples fenêtres et d’une cave, elle était réputée pour son jardin paradisiaque avec des érables, des chênes, un labyrinthe de haies, un étang et des chardons sauvages.
Fatigués, les invités arrivèrent à Opale. Transporté sur une chaise en argent, soutenu par des bâtons et de quatre soldats, Cinn apparaissait comme un personnage grotesque. Obèse, il se vêtait d’une robe orange aux longues manches évasées, d’un turban blanc et de sandales. Son visage joufflu était marqué par son nez crochu, ses yeux de porc malveillants, sa grosse barbe mal rasée et ses dents brunes. Son escorte était composée d’une cinquantaine de cavaliers montant sur des éléphants de guerre. Coincé, il débarqua de son siège avec difficulté et regarda les paysans opaliens avec dédain tout en caressant son chien saucisse roux. Marek se prosterna très bas.
-Je vous salue, prince Cinn de Fal, fils du très bon Iskander, premier du nom, grand pontifie, père du peuple et quatrième monarque de la confédération de Fal. Nous sommes honorés de vous recevoir!
Au bord du fou rire, Cinn dévisagea Marek, visiblement mal à l’aise.
-Blabla! Laisse faire les titres royaux, farfadet!
Joy lui murmura.
-Je suis le seigneur d’Opale Marek Joy, altesse. Je vous propose d’écouter notre hymne qui fait partie de notre culture depuis des temps immémoriaux. Allez les enfants! Montrez dont ce que vous êtes capables!
Le prince reprit sa chaise et écouta passablement les jeunes qui psalmodiaient de doux vers dans une langue ancienne et des vocalisations se rapprochant de l’opéra pendant une vingtaine de minutes. La lyre s’ajoutait à ce crescendo impressionnant. Les adultes opaliens étaient envoûtés par ce chant primitif et versaient des larmes d’émotion. À la fin, Cinn ne pouvait plus supporter cela. Il força aux chansonniers de cesser.
-Que la chanson se finisse avant que je me pisse dessus!
N’ayant pas d’autre choix, Marek ordonna à la troupe de finir la chanson et conduisit son invité à la toilette de sa maison.
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Une demi-heure plus tard, sur une colline près d’Opale.
La foule s’y était déplacée pour le tournoi d’escrime, dont le doyen en serait l’arbitre. Mangeant des petits gâteaux présentés par un serviteur, Cinn se fâcha après avoir lâché un rot assourdissant.
-Pas les épées! J’adore la course au fromage, surtout sur une belle colline!
Découragé, Marek écouta les règlements expliqués par un des soldats de Fal. Il n’avait pas le choix de se soumettre et de rester poli envers ce rustre Une cinquantaine de candidats des deux sexes devaient attraper une meule de fromage lâché par l’arbitre en direction du pied de la colline. Au lancer de l’arc, les concurrents coursèrent vers la meule en dépit de la pente raide. Des dizaines de personnes tombèrent et se blessèrent sérieusement, au point d’être sortis des lieux par des civières. Le premier à saisir l’objet décéda d’une hémorragie cérébrale à cause de chocs subis à la tête, laissant derrière lui sa femme et ses cinq enfants. Terrifié, Marek avait honte d’organiser ce concours pour ses villageois qu’il adorait et respectait. Il regardait de plus en plus avec mépris le prince qui riait à bouche déployée devant ce spectacle de casse-cous. Joy se retenait, question d’honneur. Son invité lui servit une tape sur le dos.
-Hé! Il est l’heure de manger!
Il commença à stimuler son sexe avec sa main gauche et menaça son hôte.
-Tout ça m’a donné envie de me vider les couilles! Trouve-moi illico presto une femme aux gros nichons et avec toutes ses dents dans ce bled perdu! Sinon, ça va mal aller! Je suis un étalon en rut! Hé, Nestor, prépare mon huile érectile!
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Plus tard, en début de soirée, sur la terrasse en bois…
Le vin coulait à flots et les invités se régalaient du rôti de mouton, accompagné de pain, de fromage et de légumes racines sur une longue table en cèdre. Assis à côté de Cinn qui mangeait la bouche ouverte comme un goinfre, Marek n’était pas en bonne humeur avec tous ces incidents. Il faisait des efforts afin de se retenir. Un peu plus tôt, le prince choisit comme partenaire Kayla, la fiancée du cousin de Marek. Soudain, une jeune servante arriva auprès son seigneur.
-Que voulez-vous comme boisson?
Marek lui posa une main apaisante sur l’épaule droite et chuchota.
-Ma belle Evva, j’aimerais avoir un verre de vin rouge, je t’en prie.
Elle partit aux cuisines préparer la commande alors que Cinn commença à commenter à ses hommes son aventure sexuelle.
-Bof, je vous dirais qu’elle ne jouissait pas assez. Trop réservée! Je plains son mari. Cette nuit, faites que vous voulez! Vous l’avez mérité!
Les soldats éclatèrent de rire. Evva revint servir le verre et un de ses collègues commença à donner des pintes d’hydromel sur les tables. Le fils d’Iskander arracha un pichet pour le caler. Tétanisé, il cracha le contenu sur la table et les Joy. Furieux, l’invité versa le reste de la boisson sur Evva et la frappa.
-Je veux de la cervoise froide! Pas de l’hydromel! Va m’en chercher!
Au bord de l’implosion, Marek garda encore une fois la politesse.
-Nous sommes vraiment désolés.
Cinn apporta un python en cage sur la table et le tua sous les regards épouvantés des Joy.
-J’ai encore un petit creux. Du serpent cru! Vous en voulez?
Il le découpa avant de savourer la chair. Son bras-droit, le méchant Pandos lui apporta une femme svelte aux cheveux blonds cendrés courts et à une robe élégante noire. Elle était retenue par une laisse. Grand, borgne et musclé, ce général moustachu, aux longs cheveux jais et rude s’habillait d’un turban bleu aux bases larges, de pantalons jaunes et des bottes noires.
-Elle a été impolie. Personne ne refuse mes avances.
Son chef approuva.
-Cette pute est à toi, mon ami!
Marek reconnut la victime.
-Petite sœur! Vous ne toucherez pas à Irina!
Il perdit tout contrôle en soi et de son code de conduite. Les Joy s’étaient toujours montrées dévoués à la royauté par leur politesse, mais c’en était trop! Une flamme noire de haine s’alluma dans le cœur de Marek. Ce dernier sortit son épée, donnée par son grand-père, pour pourfendre Cinn qui s’effondra mortellement. Il fonça comme une bête sur Pandos et le décapita habilement. Les soldats falois bondirent de leurs places et encerclèrent le meurtrier avec leurs lances.
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Dans la salle de potence…
Affaibli par plusieurs mois d’emprisonnement, Marek cria à son gardien.
-Moi, Marek Joy, j’ai tué le prince Cinn de Fal au nom de la dignité de ma famille et de mon village! Je n’ai aucun remords! Nous formerons un peuple libre! Texte n°3: La politesse des rois- Merde !
Tandis que j’essaye de maintenir mon pas, je lâche un juron de circonstance. Le ciel est gris, il fait lourd, et jamais encore, cette rue pourtant familière ne m’avait parue si longue. J’ai cette drôle d’impression… De longueur. Interminable. Je marche d’un bon pas, mais autour de moi, tout défile comme si je me traînais. Arrivé à la pharmacie marquant symboliquement le milieu de la rue à parcourir pour arriver à destination, je vois un vieillard en sortir. Lentement. Si lentement… Et pourtant, fait tout à fait énervant, à mon rythme. Il aborde le trottoir. Nos chemins vont se croiser. Mais le voilà qui s’arrête pour regarder le néon vert. Je le dépasse. Avec cette horrible impression que j’aurai bien été en peine de le devancer s’il ne s’était pas ancré sur place.
J’avance. J’avance. J’essaie d’allonger mes pas du mieux que je peux. Mais chacun me paraît être un défi en soi. Je dois fournir un effort considérable pour mettre un pied devant l’autre et recommencer. C’est à croire que je ne sais plus marcher ! Et comme si cela ne suffisait pas, j’ai chaud. Je sue. J’étouffe ! L’air se fait rare autour de moi, et je peine à avancer. Ce que j’aimerai m’arrêter ! Mais non. Je ne peux pas. Je dois arriver à l’heure. On m’attend. Alors, vite, vite, vite, il faut que je grouille.
15h47 à mon téléphone. J’aperçois un bus à l’arrêt en amont. La ligne N. Je le prends ? Mais est-ce vraiment rentable ? Les cinq arrêts suivant sont un détour au chemin que je veux prendre, si bien que je ne gagnerai que une ou deux minutes maximum dans l’opération. Et si la circulation comme les passagers le permettent. J’hésite, mais tandis que je réfléchis, trop tard ! Il aurait fallu prendre la décision avant, courir. Maintenant, le bus accueille ses derniers passagers et s’apprête à partir. Je ferai donc le chemin à pied.
15h54. J’ai avancé, mais le chemin me semble si long que je peine à croire que je vais arriver à l’heure désormais. Je devrai appeler pour prévenir de mon retard ? Non, pas question. Je n’aurai qu’une dizaine de minutes de retard de toute façon, pas de quoi en faire un drame. Ils attendront bien un peu. Tant pis pour eux !
Je regarde de nouveau l’heure. 16h08. Ce que le temps passe vite ! Mais interloqué, comme pour conjurer le temps qui passe, je ferme mon portable et le rouvre aussitôt. 16h11 passant à 16h12. Incrédule, je cherche du regard une horloge quelconque sur le chemin. Là-bas ! Une croix lumineuse signalant une pharmacie. Différentes informations y apparaissent. Il fait 29°C et … il est 16h15. Puis soudain, devant, j’aperçois un piéton qui lit son journal. Je me dirige vers lui, l’évite et le double. Je m’arrête alors et me retourne. Il a une montre. Une belle montre. Brillante, chromée avec un cadran large, elle semble imposante. Ou alors est-ce dû à sa carrure. Je m’approche alors, et regarde discrètement. Elle n’a pas d’aiguilles ni chiffres non plus. Seulement un fond noir. Je me penche, profitant que l’homme soit absorbé par sa lecture. Au fond, il y a un point. Qui monte. Qui monte. Jusqu'à sortir.
17h26. C’est vaporeux, flottant, comme irréel. On peut même y voir au travers.
- Merde !
Et tandis que je lâche un nouveau juron, le vieil homme surpris rabat son journal.
- Je suis très en retard, réponds-je alors pour faire face à la situation, gêné.
Le vieillard, un drôle d’air sur le visage, m’observe. Il a les yeux brillants. Je sens chez lui une vive émotion. Je reste interdit, et confus me confond en excuse. Puis essayant au mieux de paraître sincère, incline la tête et repars. Devant moi, l’arrêt de bus est désert. Le soleil se couche, et il fait toujours si chaud que je crois en crever. Je suis fatigué mais j’y suis presque, car passé la pharmacie que voilà, j’aurai déjà parcouru la moitié de la rue. J’arriverai coûte que coûte ! Texte n°4: Pensées de dernière minute.Bon je vous fais le topo, rapide hein, parce que je suis sûr que vous avez d’ autres choses à faire (comme lire les textes des autres auteurs, textes sans doute bien plus riches, bien plus travaillés). Bon alors en gros vers Mai (ou Avril j’sais plus, ‘on s’en fout ! ’), le CCE revient pour sa quatrième édition, donc je me dis cool, ça va être sympa, peut-être que je peux tenter une bonne place… Puis j’me rappelle que j’ai quand même des exams (je ne préciserai pas trop lesquels parce que bon je viens de penser qu’en fait le concours est anonyme et que ça va en aiguiller certains… mais bref !). Toujours est-il que qui dit exams dit travail, et dit que j’ai pris une résolution : pas de texte avant la fin, résolution pas si difficile à tenir quand on sait que de toute manière je stressais comme un chat dans l’eau. Bref. Et du coup me voilà à deux jours de la date limite pour déposer les textes, sans même une seule idée. Et là je re-regarde le sujet puis je vois… Politesse. Hum… aucune idée. Pas d’inspiration. Déjà l’année dernière ça avait été fait à la volée mais là … Ma motivation dégonfle, un gros ballon qui se vide d’un coup. Bon on se calme, on va y aller tranquille après tout, t’as que ça à faire ; ouais mais non, l’inspi ne vient pas ; et puis j’ai une soirée aujourd’hui, une autre demain (après l’exam évidemment, on fait la fête, les mecs !) .Tranquille. Pourtant plein d’idées sont apparues dans ma tête : une histoire avec deux familles, hyper civilisées, mais qui en réalité se détestent ; une histoire trop classe avec un navigateur qui découvre des îles, une histoire où la politesse n’existe pas ; un texte où l’on lâche tout ce qu’on a contre la politesse, parce que franchement, on n’a pas d’inspi. Et puis bon, ben au bout de quatre, cinq essais, on fatigue un peu hein ? Aucun ne me passionne, aucun ne me plaît vraiment, pas un qui ne me transporte, un autre qui ressemble vraiment beaucoup (malgré moi) à mon texte de l’an passé. Bref ça ne marche pas. En plus, franchement, la politesse, c’est assez méchant comme concept, vous vous y voyez, vous ? Rho, putain je vous jure, y a plus simple comme thème. Bon j’dis pas, p’tet que si ça se trouve c’est juste moi, mais bon. Du coup, ok, on est le 25, ça craint un peu, vu qu’il est 18h49 (je viens de regarder), du coup la fin elle est dans une heure. Et en plus, il faut que je corrige (ou que je trouve quelqu’un) pour corriger un texte sûrement truffé de fautes (ce qui ne se fait pas tout de même). … … … Aïe, désolé pour l’interruption, j’avais oublié la réunion de famille de ce soir, et les grands-parents, du coup, qui viennent d’arriver, un peu en avance. Du coup je vais devoir faire vite. Ce n’est pas hyper poli mais bon, j’y peux pas grand-chose… Ah tiens, voilà donc où il voulait en venir. .. Et ben oui, je suis totalement impoli. Tiens, tant qu’à faire, je trouve que le premier thème était bien mieux (quoi que), du coup merci à l’organisateur ! De toute façon, je file. Allez, notez bien les autres textes !
Maintenant que j’y repense, si le texte est en plus bourré de fautes, c’est que j’ai pas eu le temps de les enlever, mais bon, après tout ça aussi, ça relève du confort de lecture, de l’égard que je vous porte, donc… Edit: un cinquième texte arrive, sur le fil du rasoir! Texte n°5: Annonces"J'ai une confidence à faire. Enfin, une confidence. Disons un aveu plutôt. J'ai un péché mignon. La majorité des gens sont loin d'attribuer l'adjectif mignon à ma passion, mais bon. Personne n'est parfait et je pense que ceux qui ne savent pas apprécier la littérature font partie des personnes qui ne me comprennent pas. Et qui ne me comprendront certainement jamais. Où en étais-je ? Ah, oui, ma passion. J'adore lire les annonces. Pas celle qui nous promet d'acquérir la plus incroyable et fiable voiture au monde pour le prix d'une poubelle à roulettes, non. Ni celles qui nous certifient que la personne qui a écrit l'annonce a le physique d'Angelina Jolie. Non, ma passion dévorante, c'est de lire les annonces nécrologiques. Oui je trouve ça mignon. Et si, c'est passionnant ! Comment ça ? Vous ne voyez pas l'intérêt de lire ça ? Pauvre de vous. Vous êtes encore plus dénué d'imagination que le commun des mortels. Je vais vous expliquez, et le fait que vous compreniez ou pas ma passion vous classera dans mon cœur comme une personne de gout où comme un lambda de première. Lorsque je lis ces annonces, j'imagine. Tout. Le physique du défunt, la vie qu'il à pu avoir, la réaction de sa famille. Et surtout, la façon de mourir. Les annonces nécrologiques sont tellement riches de personnages tous différent, mais à la finalité semblable : la mort, ainsi que la chance d'être lu une dernière fois par un passionné. La simple lecture d'un nom, d'un prénom et d'une date de naissance et de décès me transporte. Mon imagination travaille alors à grande vitesse et l'espace d'un instant, je peux comprendre ce que la planète Terre à portée et perdu. Ma seule limite, même si l'envie m'en a pris à de nombreuses reprises : assister aux funérailles. Ce serait aller trop loin. Je briserais alors l'étendue infinie de mon imagination. Les possibilités s'effondreraient alors et je resterais déçu et fourbu de n'avoir pas pu imaginer correctement la personne. C'est ma seule règle. L'unique, qui me permet, dans ce monde décidément trop banal de garder la chose la plus importante à mes yeux : l'imagination. * ** - Adam ! Adaaaam, descend ! - Bordel, il est trop tôt... rappel moi dans une heure m'man ! - Le journal est arrivé ! - J'arrive ! Dans un froissement de draps et de chair, le jeune homme saute d'un bond de son lit et dévale les escaliers quatre à quatre. De sa fatigue naguère étouffante ne reste rien, rien d'autre qu'un léger bâillement alors que celui-ci rentre dans la cuisine, arborant sur son visage le plus superbe sourire que l'on peut trouver chez un adolescent un samedi, à neuf heure du matin. - Il est où ? - Bonjour pour commencer ! Tu pourrais ensuite demander à ta petite maman comment elle va ! Et enfin la remercier d'avoir été cherché des croissants ! - Bonjour-tu-vas-bien-merci, il est où ? - Sur le meuble à l'entrée, sale gamin ! répond la maman, dans un geste affectueux où ses doigts viennent mourir dans la chevelure de son unique fils. La course effrénée reprend, imperturbable et ne s'arrête qu'une fois de retour dans la cuisine, posé devant un bol de caco et un croissant, tout luisant de sucre. Le sourire disparait, rapidement remplacé par des bouchées gloutonnes, tandis que les yeux fatigués font place à une attention des plus soutenus, virevoltant de droite à gauche au gré des mots, des phrases, des images. Mr Robert Pierre est décédé de la nuit du vendredi au samedi, le 02 juillet. Il venait d'avoir 90 ans et laisse derrière lui une veuve, 4 enfants et 7 petits-enfants. La famille souhaite remercier de tout cœur tous ceux qui ont eu une pensée, un geste, une présence pour Robert et la famille.
Adam, l'espace d'un instant, ferme les yeux et tente d'imaginer ce qu'avait été le vieil homme. Robert. Il imaginait le vieil homme comme quelqu'un de relativement peu aimé, malgré le texte dans le journal. Distant même. Qu'on ne fasse pas l'éloge de se patriarche le gênait au plus au point et l'imagination du jeune homme porta le problème au niveau supérieur : qu'est-ce qui a bien pu se produire pour qu'une famille entière ne daigne même pas ajouter l'image de leurs père au journal ? Quels traitements les enfants ont dû recevoir pour ne pas même écrire le nom de leurs mère ? Tant de question qui resterait pour toujours sans réponses. Mais c'était ça qui était merveilleux : Adam pourrait passer des journées entières à s'imaginer l'historique complet de la famille de Robert Pierre : ses drames, ses peines, ses succès et ses débâcles. Les yeux rêveurs, son regard se porta sur la deuxième annonce qui, pour le connaisseur qu'il était, le ravi totalement. Tu étais notre printemps L'apparition du bon temps Notre moteur contre maux et vents Mais te voilà parti. A toi, notre enfant, qui nous as tout appris : Le rôle de parents et l'amour d'une famille, Nous te dédions ces quelques phrases Et notre amour infini. Adam souriait. Amour. Unité. Perte. Tous ces ingrédients avaient rythmé la vie du petit bonhomme qui était décédé. Qu'est-ce qui avait bien pu briser un tel foyer ? Quelle horrible farce de la vie avait réduit à néant cette cellule familiale ? Certainement que jamais il ne le saurait mais cela lui faisait chaud au cœur de voir un enfant, qui avait été aimé et choyé durant sa courte vie. Et la prose, d'une bonne qualité, réjouissait sa lecture. "Du fait main, assurément". - Oh putain ! - Adam Solbreux, veux-tu bien faire attention à ton langage s'il te plait ? - S'cuse m'man. Bordel ! - Adam, qu'est-ce que je viens de dire ? - C'est bon, je monte ! La course reprend. Fébrile. Hâtive. Douloureuse même, lorsque l'adolescent se cogne le tibia contre le meuble du hall de nuit. Alors qu'Adam débarque dans sa chambre, son regard croise son reflet dans le miroir de sa garde-robe. Angoisse. Peur. Incompréhension. Tels sont les trois mots qui suent de tous les pores de sa peau de garçon. Sa gorge, nouée, délivre le seul mot qui, dans l'océan de chaos qu'est devenu son monde, parait le plus évident : - Bordel. Bordel. Maxence Levivier, notre enfant, partit trop tôt. Ses seize printemps furent trop courts, Malgré sa joie de vivre immense. A toi, notre enfant, notre amour éternel. Papa et Maman Veillée funéraire au 205, rue des Champs, Manage, 18h. Le regard vide. Les mêmes boucles dans les cheveux. Le même sourire. Les mêmes fossettes. Un reflet le regarde, de nouveau. Fait de papier et d'encre, celui-ci est en tout point comparable a celui fait de chair et de sang. Les mains tremble alors que du doigt, Adam relis une nouvelle fois les lignes macabres. - Il doit y avoir un problème, c'est impossible. Le même âge. Le même physique. Le même genre de pullover qu'il avait gagné à la foire du village, avec son père, il y avait de cela deux ans. Seule l'adresse différait. Seule la vie coulant dans ses veines le séparait de ce clone qui le regardait avec ses grands yeux vides. Les mêmes que les siens. Papa et Maman. Quels sinistres personnages avaient pu imaginer une telle farce ? Quels adolescents dérangés avaient voulu lui faire peur avec une telle annonce ? Adam n'en savait rien. Mais plus le temps passait, plus cela le taraudait. Le brûlait. L'obnubilait. L'espace d'un instant, une intense migraine l'assailli, vite mis à mal par une détermination toute neuve et pourtant flamboyante qui le remplissait de joie : "Ce soir, j'oublie la seul règle que je me suis imposé. Ce soir, je vais voir la famille du défunt ! Ce soir, je suis libre". * ** - Bonjour, Madame, est-ce bien ici la veillé funéraire pour Maxence ? Le trajet lui avait paru interminable. Pourtant non loin de chez lui, l'incroyable conflit intérieur qui l'animait lui parut allonger le temps et les kilomètres à l'infini. Quel était la meilleure façon de percer la blague à jour ? Fallait-il aller confronter les plaisantins de front, où plutôt aller dans la discrétion ? Qui pouvait être l'auteur de cette blague de mauvais gout ? Et pourquoi s'en prendre à lui ? Etait-ce un de ses trop rares amis au courant de sa passion ? Ou l'un de ses nombreux idiots incultes et insensibles à l'art spontané que représentais les annonces ? Aucune réponse à ces questions. Et cette femme qui le regardait, de ses yeux étranges, n'avait pas l'air de vouloir répondre. Adam espérait bien ne pas se ramasser une gifle, si l'adresse que les blagueurs avaient écrite était elle aussi, aléatoire. - J'ai dû me tromper, excusez-m... - C'est ici ! Merci d'être venu ! J'étais surprise de vous voir car nous avons finalement décalé la veillée funéraire à demain. Mais allez-y, rentrez ! La porte se rabattit, avec la même intonation, aux oreilles de l'adolescent, que celle d'une porte de cellule claquant violemment, fer contre fer, pour ne plus s'ouvrir avant vingt ans. La lumière tamisée hantait littéralement la maison. Vieillotte, aux accents démodés, la décoration témoignait une foi débordante pour les saints et les hiboux. " Curieux mélange" pensa l'adolescent, avant d'être interrompu dans ses pensées par la voix chevrotante de la dame. - Je vous en prie, asseyez-vous dans la cuisine. Voici mon mari, Eric. Eric, je te présente...à qui ais-je l'honneur en faites ? - Je m'appelle Marc. Je suis un ami de Maxence. Je vous présente toutes mes condoléances. - Merci fiston, répondis l'homme de la maison, une abondantes moustache noire cachant ses fines lèvres. Tu veux du café ? - Je veux bien, merci...euh... Maxence était vraiment un gars génial. Que lui est-il arrivé ? Un sanglot strident vint ponctuer la fin de la phrase de l'adolescent. La mère, assise sur une chaise, était totalement effondrée sur elle-même, un mouchoir à la main. Sa maigreur étonna Adam tel un coup de poing : jamais, en rentrant, il ne s'était rendu compte à quel point les bras de la femme de maison était d'une maigreur extrême. La peau sur les os, l'adolescent regardait, mortifié, la main osseuse essuyer le coin des yeux du visage calleux de la femme. - Maxence...il aimait beaucoup voyager. Il était toujours partit. A droite, à gauche. On le voyait plus souvent avant qu'il parte. Tu adorais observer les gens, la ville, la nature. J'ai toujours dit qu'il était un gourmand d'observation. Et un jour, en soirée, tu ne m'as pas prévenu qu'il rentrait. J'ai tellement eu peur. La nuit passant sans aucune nouvelle de lui, j'ai appelé la police. Et là, ils m'ont dit que tu...qu'il... s'était fait renversé par un train en passant sur la voie ferrée sans regarder le signal. - Que je pass... - Tu aurais dû faire attention Maxence ! Tonna Eric, de ses fines lèvres. Tu aurais dû faire attention ! - Mais, vous devez confondre, je m'appelle Marc... - Eric, ne t’énerve pas sur lui ! Dieu, dans son infinité bonté et grâce à saint Antoine, nous a rendu notre Maxence ! Qu’il soit loué dans l’éternité ! - Vous devez confondre je crois ! - Ferme la porte Eric. Notre fils nous est revenu, Dieu merci, et plus jamais il ne quittera notre foyer ! D'un bond, l'adolescent quitta sa chaise, balançant sa tasse de café bouillante fraichement servie au visage de la femme. Hurlant de sa voix stridente, celle-ci se jeta par-dessus la table, accrochant ses maigres doigts autour des jambes du garçon. Le visage rougit par la chaleur du café, des cloques commençant à apparaitre sur son front, la femme appuya tout son faible poids dans les jambes d'Adam. D'un même mouvement, le couple s'écrasa à terre dans un bruit de chaise et de verre brisé. - Lâche-moi salope ! Je ne suis pas ton fils ! Le coup de talon que décocha le garçon fit mouche du premier coup : celui-ci, à pleine vitesse, vint écraser le nez de la mère du défunt dans une explosion de sang. Le cartilage, sous la pression, craqua dans un bruit sec. Un cri retentit à nouveau, puis un autre : celui d'Eric, une batte de base-ball au-dessus de son crâne, prêt à l'abattre de toutes ses forces sur celui d'Adam, toujours au sol. Dans un réflexe salvateur, le jeune homme roula sur lui-même, libre de l'étreinte faiblarde de la femme, évitant de justesse la batte qui s'abattit sur le carrelage dans un bruit clair. La douleur percuta presque immédiatement le bas du dos du garçon : sa roulade, bien qu'elle lui avait sauvé la vie, l'avait tout droit conduit sur les bout de porcelaine de sa défunte tasse. Et soudain, non loin de lui, sur le sol : un couteau, certainement présent sur la table avant le saut de demeuré de la femme, échoué là sous la chute collective d'Adam et de son agresseur. Alors qu'il s'en saisit, il vit, du coin de l'œil, la batte de baseball reprendre sa chute meurtrière : l'impact se fit des deux côtés en même temps : la batte s'écrasa sur son épaule, provoquant une explosion de douleur dans le bras de l'adolescent. Pourtant, malgré la peur de l'impact, l'adolescent avait réussi à enfoncer de toutes ses forces le couteau dans la cheville du père. D'un coup sec, Adan extirpa le couteau vers l'arrière de la cheville, tranchant tendons, chair et artères. L'homme hurla, tombant à genou et dans un geste désespéré, se propulsa sur le jeune homme, le couteau toujours à la main. L'impact du poids de l'homme contre son épaule lui lança une nouvelle vague de douleur dans son bras et dans sa tête. Dans une panique convulsive, il sentit les mains de l'homme, larges et calleuses, se fermer autour de son coup, compressant violement la trachée du garçon. - Tu vas être puni pour nous avoir laissé, Maman et moi ! S'il ne s'était pas retrouvé sous son agresseur, à moitié étranglé, Adam aurait certainement ris de cette phrase. Mais, sentant ses forces déclinées petit à petit, le sourire quitta l'adolescent et dans une convulsion nerveuse et hargneuse, réussi à rejeter Eric dans un coin de la cuisine. Haletant, étouffé, Adam rampa à l'opposé du père de famille, prêt à recevoir un autre coup. Mais rien ne vint. Les pupilles dilatées, fixant le vide, du sang coulait le long d'une plaie béante d'où sortait le couteau, en plein milieu de la poitrine de l'homme. Adam ne s'était même pas rendu compte que le couteau avait quitté sa main, lors de sa dernière ruade, pour se retrouvé planté en plein cœur de l'homme. Un sanglot d'horreur secoua l'adolescent, alors que son regard se porta sur un mouvement, à l'extrême de son champ de vision : la femme à la voix stridente rampait, moitié quatre pattes, moitié plat ventre. Dans un réflexe prédateur, Adam sauta sur elle et de son bras valide, agrippa ses cheveux poivre et sels. Tirant sa tête en arrière, la frêle femme émis un râle aigue, avant d'hurler de douleur, lorsque l'adolescent, de toute la force de son bras, abattit sa tête contre le sol. A nouveau, le sang gicla de la femme : par son nez totalement éclaté d'abord, puis aux arcades sourcilière jadis anguleuse, à moitié écrasée sous l'impact du choc. Les yeux vides, la tête de la mère de famille s’effondra sur le sol, un léger sifflement provenant de sa respiration. Titubant sous la douleur, Adam s'enfuit tant bien que mal. Pas plus de dix minutes ne s'était écoulé depuis qu'il avait pénétré dans la maison, et pourtant, le soleil couchant lui apparut comme un miracle et la sensation qu'il éprouva, lorsqu'il sortit, fut presque la même que lorsque la femme avait refermé la porte derrière lui : il se sentait libéré de prison, comme s'il venait purger sa peine de vingt ans. Et pourtant, un gout amer de déception flottait autour de lui. Répondre à cette annonce et franchir la seule limite qu'il s'était toujours imposé ne l’avaient pas avancé d'un cran. Tout ça n’était qu’une terrible et misérable coïncidence qui s’était terminé en bain de sang Mis à part la rencontre de deux frappadingues, qu'avait-il gagné ? Une épaule brisée. Une vision à jamais noircie par ses actes de ce soir. Et peut-être, au bout de lui-même, une transformation que l'adolescent soupçonnait à peine. La vie était déjà assez noire ainsi : quel plaisir sain pouvait-il retirer de lire les annonces nécrologiques ? Certes, elles lui avaient apporté du bonheur, pendant longtemps. Mais travailler son imagination aurait tout aussi bien fonctionné avec les annonces de naissances. "Société malade. Gens malades. Esprit malade". Bientôt, l'écœurement vint poindre le bout de son nez sur les lèvres d'Adam, ainsi qu'un profond désir : ne plus jamais lire les annonces nécrologiques. Par peur de son propre désire malsain. Par peur de rechuter dans sa quête d'histoire tordue. Par peur de tomber sur le bout d'histoire auquel il avait mis fin ce soir. Adam était résolu : la veillée funéraire auquel il avait assisté activement clôturait définitivement son morbide passe-temps. Les votes pour le concours principal sont ouverts. Étant donné le peu de textes à disposition, vous aurez à voter pour trois textes, avec le barème suivant: 1er: 5 points 2ème: 3 points 3ème: 1 point Avec un point Coup d'cœur pour le texte de votre choix, qui sera comptabilisé en cas d'égalité. Et évidemment, toujours pas de vote pour son propre texte, on n'en est pas arrivé là encore è_é Les paris sur qui a signé quel texte sont eux aussi ouverts, dans l'anonymat total cette fois-ci. Sachez que tous les auteurs de cette édition sont inscrits, régularisés et vaccinés. N'hésitez pas à farfouiller dans le Cabinet si vous voulez tenter de reconnaitre l'un ou l'autre.
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Dernière édition par Triplem le Mar 28 Juin 2016 22:10, édité 1 fois.
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