Vote crève-cœur qui m'a demandé pas mal de réflexion mais dont je ne vais pas regretter le choix en dépit de ce qui va suivre.
Il y a une scène dans OP qui restera graver à jamais dans mon cœur. Une scène qui me fait sentir cette petite boule d'émotion à chaque fois que je me la remémore. D'ailleurs, à chaque fois que je parle de OP et des moments qui m'auront marqué au fer rouge, c'est toujours celle-ci que je partage, sans vraiment prendre le temps de réfléchir. Cette scène, c'est le fameux "Je veux vivre!" de Robin. Tout est en place, une Robin dont on avait encore un peu de mal à savoir si elle serait intégrée de façon durable à l'équipage, sa lueur d'espoir de continuer l'aventure avec ses amis et ces mêmes amis qui tendent un bon gros doigt levé envers le gouvernement mondial en brûlant le drapeau. Même pas peur de devenir les ennemis de la plus puissante force de frappe du monde, on te sauve parce qu'il n'y a juste pas matière à discuter sur la vie humaine, point. Et forcément, la question de Luffy à Robin dont découle cette fameuse réponse. C'est une émotion rare qui je pense fonctionnera toujours sur moi et me rappelle pourquoi OP est un excellent manga.
Dans un autre genre, la mort de Barbe Blanche m'aura aussi sacrément bouleversé, infiniment plus que celle d'Ace (comme quoi). De par la symbolique que sa mort sonne la fin d'une époque et un changement radical dans le monde de OP, qu'il est difficile de faire plus viril et shonenesque dans un manga, qu'il est un exemple de courage et de pugnacité, et, la petite touche finale, qu'il relance à sa manière une nouvelle vague de piraterie en annonçant à la face du monde que le One Piece n'est pas une chimère. Ça fait vibrer le palpitant et on se dit à ce moment que le manga va en avoir encore tellement à revendre qu'il semble presque impossible de surpasser ce qui semblait être le plus grand conflit de toute l'œuvre.
Je passe aussi sur la séparation de l'équipage par Kuma, je l'ai déjà expliqué dans mon dernier post et n'ai rien de plus à ajouter si ce n'est que c'est aussi une scène d'une assez rare violence dans sa catégorie, ou comment une ribambelle de personnages qu'on a aimé suivre se retrouve d'un coup être mis en parenthèse pour laisser les projecteurs sur Luffy et à son désarroi.
Bref, si je n'avais pas poussé la réflexion plus loin, je pense que le passage de Robin aurait pu avoir mon vote... oui, "aurait", en dépit de tout le bien et l'émotion que cette scène me procure et ce, pour un détail tout bête: il m'est maintenant impossible pour moi de ne plus voir autre chose qu'un syndrome de "Princesse à secourir" alors que mince, c'est Robin quoi. Je me console en me disant que si Robin avait été un mec, l'émotion aurait été toujours intacte et la scène continuerait d'être efficace.
J'aurais tout à fait pu reporter mon vote sur l'un des deux autres moments que je viens de mettre en avant, mais cette remarque m'a permis de creuser une autre scène qui pourtant, à l'époque, ne m'avait pas fait grand chose je l'avoue. En la reprenant depuis son début jusqu'à sa conclusion, je me suis rendu compte à quel point Oda a su viser juste, à quel point il a réussi à toucher du doigt quelque chose qui pourtant n'est pas palpable. Oda, parvenant à présenter quelque chose de beaucoup plus intimiste, non sans pudeur et avec force de réalisme. Quand on reprend le dit passage dans sa globalité, on remarque que tout y est, toutes les étapes et les épreuves sont retranscrites sur ces planches, on y voit la colère, le déni, on s'accroche à l'énergie du désespoir, on y croit jusqu'au bout parce que il ne peut pas en être autrement et que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir avant d'arriver finalement à ce qu'il ne peut pas en être autrement parce que... il en est ainsi... L'aventure doit continuer et il reste encore tant d'aventures à vivre aux côtés de ceux qui sont toujours présents, continuer pour eux et pour nous.
Je pense qu'à ce stade, on a compris à quelle scène je faisais référence. Ce sera pour moi l'adieu à Merry, parce que nom de Zeus Oda, ce n'est qu'un bateau, alors pourquoi j'ai les larmes qui me montent? Peut-être parce que comme je l'ai dit, on ne peut pas faire plus belle métaphore lorsqu'il est question d'accompagner quelqu'un jusqu'à son dernier souffle, parce que la réaction d'Usopp est criante de réalisme et de sincérité face à un Franky (je pense que l'on peut oser l'allégorie du médecin) annonçant l'inéluctable, que durant un bref instant on a cru à une guérison miraculeuse de Merry alors qu'il était simplement dans ses derniers retranchements pour pouvoir aider ses amis et qu'on ne peut pas plus déchirant en terme d'accompagnement jusqu'à son lit de mort.
Je mets ainsi de côté tout ce qui fait l'aspect shonen avec Robin/Barbe Blanche voir même anti-shonen avec la séparation de l'équipage pour un aspect infiniment plus intime et pourtant universel, qui nous touche ou touchera tous, d'avoir couché sur papier des émotions brutes de décoffrage.
C'est dans ces moments là que je me dis que One Piece n'est pas qu'un excellent manga, qu'il est bien plus quand Oda veut bien s'en donner les moyens et que son travail sur la mort sonne toujours juste, une forme de pudeur qui trouve toujours écho en moi.
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Love Like You - générique complet
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