AVENGERS VS. X-MENLe recueil américain sur lequel sont basés mes commentaires comprend Avengers vs. X-Men #0-12, Avengers vs. X-Men : Versus #1-6, un épisode extrait de Point One (2012) ainsi que des Infinite Comics : Avengers vs X-Men d'origine numérique imprimés pour la première fois (#1, #6 et #10). Il n'y a pas de réelle absence en terme de contenu pour couvrir tout le crossover avec cette édition, que je recommande donc pour les intéressés.Désiré par mes soins depuis de nombreux mois, le crossover
Avengers vs. X-Men est enfin entre mes mains et... il ne m'a pas déçu. Et pourtant, j'avais quelque peur de découvrir ce crossover suite à des commentaires pas très élogieux adressés à Marvel ces derniers mois à ce sujet. Même si je dois bien admettre que je comprends la plupart de ces commentaires, j'ai quand même accroché sans trop de difficulté à cette histoire où les deux équipes les plus mythiques de Marvel se mettent sur la figure tout en ayant pour toile de fond une intrigue très importante pour le devenir de la communauté mutante.
Ce que j'ai principalement apprécié dans
Avengers vs. X-Men, c'est que j'ai ressenti l'aspect grandiloquent de cette histoire : on veut nous vendre l'histoire comme énorme et incontournable pour l'univers Marvel, et j'ai eu cette réaction à de nombreux moments car ici, on solde bien et souvent dans la démesure des histoires qui valent le détour ou qui ont leur importance pour les fans ces dernières années. Bien évidemment, étant avant tout par rapport à Marvel un fan endurci des X-Men, je ne pouvais que me sentir concerné par une telle histoire qui marque un changement décisif de direction pour les séries associées. En tout cas, on ne modifie pas ici des cocktails éprouvés qui continuent de fonctionner : action démonstrative, casting chargé et sentiments exacerbés donnent souvent ses lettres de noblesse à
Avengers vs. X-Men (à ce petit jeu, l'épisode 11 est carrément incontournable pour les amateurs de Marvel).
Toutefois, difficile de résister longtemps à l'évocation du plus gros problème de
Avengers vs. X-Men : son inconsistance. En effet, on a pointé ça et là avec raison cette inconsistance au niveau des dessinateurs (Romita Jr n'étant carrément pas dans le coup pour cette fois-ci alors que repose sur lui tous les épisodes de la première partie) mais, et je reviendrai dessus par la suite, on peut aussi souligner celle qui sévit au niveau des scénaristes. En ce qui concerne les dessinateurs donc, Olivier Coipel est clairement au dessus du lot par rapport à Romita Jr et Adam Kubert (qui s'en tire bien tout de même, il ne faut pas faire la fine bouche). Coipel livre donc les épisodes que j'ai le mieux apprécié sur le plan graphique et prouve une nouvelle fois que Marvel devrait encore lui faire confiance les années à venir. Toutefois, tout n'est pas rose non plus en ce qui concerne Coipel : sous son trait, Hope Summers ressemble à une enfant alors qu'on a l'habitude de la voir comme une jeune adulte ces dernières années ; assez étrange...
Écrire un tel scénario que celui de
Avengers vs. X-Men à plusieurs mains (5 scénaristes vedettes de la boîte), ça ne doit pas être facile et le résultat le prouve bien : il y a clairement du bon et du moins bon entre les épisodes. Si Bendis est le celui qui tire le plus visiblement son épingle du jeu en ayant les moments les plus bénéfiques à son crédit, au contraire, Fraction est celui qui se coltine les moments les plus ingrats (la création tarabiscotée des Phoenix Five puis le début de leur corruption) et qui alimente donc les critiques de ses détracteurs. Personnellement, je ne sais pas si il était possible de faire mieux mais, le lecteur que je suis s'attendait à plus de régularité dans la qualité et donc à mieux dans l'ensemble.
Avengers vs. X-Men, c'est aussi de bonnes surprises : moi qui pensais que
Avengers vs. X-Men : Versus serait dénué d'intérêt, je me suis bien trompé. Pour être concis, ce spin-off vise à développer des combats entre les deux factions qui n'auraient pas été développés dans la série principale (qui, étrangement, en a beaucoup moins qu'attendu). Même si tous les affrontements ne sont pas des classiques en puissance, la majorité a été une bonne lecture pour ma part car ces confrontations jouent bien sur l'humour et les stéréotypes que l'on peut avoir des personnages. L'épisode 6 est ainsi un exemple de produit fan-service humoristique que j'aimerais bien revoir un jour. Et puis, ce spin-off bénéficie de l'appui de prestigieux artistes qui n'ont pas eu l'occasion de faire partie de l'équipe de la série principale (Yu, Larocca, Immonen, McGuiness, Dodson, Cheung – ce dernier ayant fait la majorité des superbes couvertures de la série principale). Loin d'être dénué d'intérêt, ce spin-off complète bien la trame proposée par
Avengers vs. X-Men.
Reste à rédiger la conclusion de cette critique : si globalement, j'ai trouvé bon la majorité de ce que j'ai lu dans
Avengers vs. X-Men, il n'en demeure pas moins qu'en tant que fan des X-Men, je ressors abasourdi de cette expérience (n'allez pas croire que c'est pour une hypothétique histoire de défaite aux points contre les Vengeurs, la raison est autre).
Mais... Pourquoi faire aussi mal à l'univers mutant ?
Plus de Phénix ? Hope mise au placard quelque temps ? Cyclope roi des salauds réunis de la Terre ? Les mutants, de sales extrémistes communautaristes qui n'écoutent pas les voix de la raison dispensées par les universalistes Vengeurs ? Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ?!
Crossover clairement porté par l'univers mutant, celui-ci est aussi le fossoyeur de sa spécificité : univers leader de Marvel depuis de nombreuses décennies, j'ai clairement ressenti dans cette histoire que l'on voulait faire passer la popularité des X-Men aux Vengeurs sur le plan des Comics afin d'être au diapason avec l'investissement de Marvel dans le monde du cinéma pour promouvoir ses Vengeurs. Sérieux, qu'est-ce qu'ils m'ont gonflé certains Vengeurs tout au long de cette histoire avec leurs idées arrêtées (et, comme par hasard, on leur donne raison par les évènements). Cap est le premier de la liste : c'est fou comment je n'ai pas pu l'encadrer de tout le crossover. Moi qui ne suis pas un fan endurci de Scott, je n'attendais que la mise au pas de ses mains ou de ses rafales optiques du père la morale américain qui n'arrête pas de houspiller n'importe qui lui tient tête ou veut défendre ses idées.
J'ai été donc déçu de lire au fil des pages que les X-Men étaient des inconscients (par rapport au Phénix) et des inconstants (pas bien, ils ont cru aider le monde en aidant les Phoenix Five à transformer la planète pour nourrir tous les hommes et bannir la guerre et la haine avant que le Phénix les transforme à petit feu...) alors que les Vengeurs sont de fiers et éclairés défenseurs de l'humanité (les Phoenix Five font du bien à l'humanité et il faut continuer de les provoquer, quitte à réveiller l'esprit du Phénix noir chez eux ? Mais oui...). Et puis, quelle différence de traitement : Wanda, qui a provoqué de très nombreuses morts chez les mutants à cause de House of M est une nouvelle fois au dessus de toute justice alors que l'équipe Extinction de Scott sont les pires criminels contre l'humanité qu'on ait jamais connu ? Oh, sérieux...
Et puis, même si c'est un passage très fort de l'histoire, pourquoi avoir sorti Charles de sa retraite ? Lui qui n'avait plus d'influence depuis de nombreuses années dans la communauté mutante, pourquoi lui redonner d'un coup tout son prestige d'antan, quitte à mettre en porte-à-faux le récit par rapport à la réalité que connaissent actuellement les lecteurs assidus des séries X-Men ?
Au rayon des incompréhensions, je passe le débile épisode Illyana/Peter sous l'influence de Spider-Man, la disparition même pas alarmante de Transonic/Laurie on ne sait où à cause des Vengeurs, le fait que Iron Fist et son royaume du Kung Fu soient les remparts contre la puissance du Phénix, le fait que Tony ait trouvé en 5 minutes le moyen de monter un flingue anti-Phénix (ce que ne sait pas faire tout l'univers depuis les années 1980) et le pire d'entre tout, l'über-exagération des pouvoirs de Wanda sous l'influence de House of M (ainsi qu'une baston peu inspirée en duo avec Hope pour faire plier Summers).
Qu'on ne se méprenne pas,
Avengers vs. X-Men reste tout de même un événement incontournable dans sa catégorie en ce qui concerne l'année 2012.
