Auteur:
Né à Annecy en 1969 sous le nom d'Humbert Chabuel, Hub a toujours voulu faire de la bande dessinée. Il passe son Bac à Lyon et enchaîne sur une école de dessin qui ne le convainc pas. En 1992, Hub débarque à Paris comme designer pour travailler avec Luc Besson sur Le 5e élément. Puis il crée avec un associé la société "Oki Doki", véritable label artistique qui travaille pour la publicité, les jeux vidéo ou l'habillage d'émissions de télévision. Mais il avait toujours le désir de faire des BDs et c'est donc avec un réel plaisir qu'il écrit et dessine
Okko.
Introduction: Contrairement à de nombreuses autres BDs (ou manga) influencées par le Japon médiéval, cette série se veut très libre et ne se perd pas dans la description d'une époque particulière.
Il s’agit juste d'une composition libre sur le sujet, sans contrainte, plus dans la recherche d'un dépaysement graphique, orienté vers les contes fantastiques du Japon, que dans une reconstitution fidèle de celui-ci. Bref l'auteur écrit cette histoire parce que le thème lui plait rien de plus.
Ainsi
Okko est une série fantastique (c'est de l'héroic-fantasy tout de même) sachant rester légère -et non un récit rendu indigeste pour les néophytes par la codification de sa narration et ne s'adressant qu'à un public restreint de personne déjà initiées au sujet traité, un peu à la
Kaze no sho- même en étant totalement étranger à l'univers nippon on entre très aisément dans l'oeuvre.
Synopsis:En l'an 1108 du calendrier officiel de l'empire du Pajan, période tumultueuse appelée ère Asagiri ou ère de la brume, les principaux clans s'affrontent depuis des décennies pour s'emparer du pouvoir au cours de guerre sanglante. Loin du trouble des champs de batailles, un rônin (samurai sans maître) du nom d’Okko est à la tête d'un petit groupe hétéroclite de chasseurs de démons arpentant les terres de l'empire.
Tout commence lorsque Tikku, un jeune pêcheur, fais appel au service d'Okko pour retrouver sa soeur, petite carpe, enlevée par de mystérieux bandits; une rencontre qui changeras à jamais sa vie.
L'histoire se déroule donc dans l'empire du Pajan, qui est clairement inspiré du Japon médiéval, avec un univers à la fois réaliste et totalement fantastique. C'est assez difficile à décrire, je pense que pour résumer on pourrait dire que Hub à un don pour créer des univers cohérent à défaut d'être réaliste. Ainsi on peut osciller entre petits villages pittoresques et citadelle volante, c'est assez déroutant mais toujours convaincant.
Personnage:
OkkoHub en parle si bien:
"Au début, il était froid, mais inconsciemment, je trouve que l’ensemble gagne en crédibilité : il a un petit côté despotique, surtout par rapport à Noshin. Cela m'intéresse, parce que je n’ai pas envie d’avoir une bande de héros qui s’entendent super bien, qui se tapent dans la main. J’aime créer des tensions, elles rendent le personnage d’Okko encore plus ambiguë et antipathique. J’aime ce héros, finalement, qui est loin d’être le stéréotype d’un héros classique.".
NoburoVassal de Okko, c'est son plus fidèle allié et il lui est totalement dévoué. Arborant toujours le même masque rouge qui cache son visage, il est aussi doté d'une force spectaculaire et est capable de prouesse physique surhumaine (sauter très haut, défier la gravité, etc.). Mieux vaut ne pas l'affronter en combat, ceux qui font ce choix le regrette amèrement... Est-il seulement humain ?
TikkuOrphelin d’une famille de pêcheur, c'est pour retrouver sa grande soeur qu'il rejoint Okko et sa troupe. De par son statut particulier, il est en retrait dans le petit groupe de chasseurs de démons et c'est aussi lui qui tient le rôle de narrateur. C'est typiquement l'archétype du jeune disciple qui prend de l'importance et qui raconte l'histoire en étant devenu un vieux maître, un reconversion qui soulève quelques questions...
NoshinBonze de petite taille et légèrement porté sur la bouteille, il s'est parfaitement accommoder à Okko, qui n'est pas toujours tendre avec lui. Même si il semble tout à fait inoffensif, il est capable d'invoquer des esprits élémentaux et est souvent le pilier de la survie du groupe. C'est aussi lui qui s'occupe de l'éducation de Tikku, pour le meilleur comme pour le pire.
Clans:Quatre clans se partagent le Pajan et se battent pour sa domination, de ce côté le moins que l'on puisse dire c'est que Hub donne ses information aux comptes gouttes jusqu'au tome 7 (premier volume du cycle du feu), où on en apprend plus en une page que dans le reste de l'oeuvre (il était temps me direz-vous !):
La famille du PajanClan ancestral rattaché à la famille impériale. Très attachés au code de l’honneur, leurs dojos ont la réputation de former les plus valeureux samouraïs de l’empire. Ces tacticiens hors pair défendent les intérêts de la famille impériale et sont prêts à tout pour rétablir son pouvoir déchu.
La famille AtakuCe clan a pris ces dernières décennies un avantage politique certain, remportant grand nombres de batailles illustres à l’aide de leurs bunrakus de combats, des exo-armures contrôlés par des marionnettistes et actionnés par des cocons de soies. Il est passé maître dans la construction et la manipulation de ces redoutables machines de guerre.
La famille YommoCe clan mystique forme les plus grands élémentaristes de l’empire, sur les champs de bataille ses sorciers peuvent à l’aide de puissantes invocations faire basculer la victoire dans leur camp.
La famille BashimonUn clan sournois et énigmatique, composé de diplomates intrigants redoutables et redoutés. Il possède aussi une grande connaissance de la poudre à canon, ses "gueules de feu", des mousquets primitifs, sont redoutables...
Cycles:Okko est découpé en 5 cycles de 2 tomes chacun, le cycle de l'eau, le cycle de la terre, le cycle de l'air, le cycle du feu et le cycle du vide. Ils mettent tous en place une petite péripétie qui contribue à faire avancer l'histoire globale. Actuellement 4 des 5 cycles sont parus (seuleument 1 tome pour le quatrième cycle, celui du feu) et le moins que l'on puisse dire c'est que si le rythme des diptyques est rapide, l'intrigue principale se met en place lentement.
Ainsi au détour d'un dialogue on peut glaner quelques informations sur Okko ou Noburo, les deux personnages les plus mystérieux, mais c'est plus suggérer que réellement dit:
"Certains scénarios ou passages du récit se prêtent plus naturellement que d’autres à distiller une partie des lourds secrets de mes personnages. Les révélations s’accéléreront sur le dernier cycle. Mais je prends un malin plaisir à jouer avec, et je m'efforce de savamment garder une certaine «zone d’ombre» autour de mes héros."Ainsi chacun des cycles à son lot d'information, dans le premier on a juste une installation des différents personnages avec leurs statuts dans le groupe, leurs caractères et leurs spécificités. Dans le second diptyque on a un premier indice sur le passé d'Okko mais ça reste très léger, on a aussi une première apparition de Tikku vieux ainsi que quelques informations sur le passé de Noshin. Et dans le troisième... alors là c'est la foire. On apprend la vraie nature de Noburo, pourquoi Okko est un ronin, le statut de Tikku vieux, et en plus c'est le cycle où il y a le moins de dialogue ! Il est fou ce Hub ^^
Bon le quatrième n'est pas encore fini, mais il est déjà lourd en information et vient confirmer ce que l'on pouvait deviner dans le troisième cycle (on pourra d'ailleurs noter que ce tome contient plus de pages que les autres).
Allez, laissons la parole à Hub pour conclure sur le système de cycle:
"Les diptyques permettent de proposer des histoires d’une centaine de pages, avec en filigrane la découverte de l’univers ainsi que les lourds secrets de mes héros. Le lecteur, lorsqu’il attaque la lecture d’un nouveau cycle, sait que l’année suivante il aura la fin de celui-ci. D’ailleurs, j’aime plutôt les contraintes car je pense qu’elle sont davantage propices à la création que la page blanche."Aspect graphique:La première chose remarquable quand on feuillette un des 7 tomes, c'est le trait de Hub. Son style est réaliste tout en étant très typé, ce qui offre une pléthore de personnage très facilement distinguable, impossible de les confondre ! Dès les premières pages on réussit à identifier les différents personnages. Cette pluralité issue du style graphique de Hub est vraiment très réussie.
Les décors sont aussi très riches et détaillés, ce qui donne un aspect très réaliste à l'ensemble et permet de réellement s'immerger dans l'univers crée par Hub, en plus d'ajouter à la beauté des cases.
La mise en couleur, même si elle est faîtes en collaboration avec Stephan Pelayo, est elle aussi très réussi. On a droit à des ambiances lumineuses très tranchés, avec des occlusions de rouge, de bleu, de jaune -un peu toute les couleurs en fait-, en fonction du moment de la journée, du lieu où se déroule l'action (et parfois on à des couleurs normales ^^).
Hub utilise un découpage des cases sommes toutes assez classique (pas de cases en diagonales ou tout autre type de découpage biscornu), même s'il entremêle et superpose les cases pour appuyer l'action et mieux signifier la vitesse des événements. Il utilise aussi ce découpage lors des nombreux récits ou flash-back, pour les rendre plus dynamiques et rythmés.
Il y a aussi une réelle recherche graphique au travers des nombreuses créatures folkloriques empruntées au contes japonais ou asiatiques que Hub fais intervenir dans son histoire, chaque cycle a son lot de créature mythologiques plus ou moins "retravaillés" par l'auteur. Mais aussi au travers de ses propres créations, toujours inspirés de l'univers nippon, comme les "bunrakus" (marionnettes).
Avis:Je pense que vous l'avez compris, si je fais ce sujet c'est que j'adore ! Comment ne pas aimer l'univers crée par Hub ? Il a réussi a créé un monde beau et magique sur un thème que j'apprécie: le Japon féodal.
Alors oui ce n'est pas encore fini, mais pour l'instant c'est un sans-faute. On a des péripéties haletantes, bien rythmées, avec leurs lots de personnages badass (Noburo notamment), des lieux grandioses dignes des meilleurs livres de fantasy, ainsi qu'un récit mature, ce qui ne gâte pas l'ensemble.
Si vous aimez le Japon et les histoires remplie de créatures surnaturelles,
Okko est fait pour vous. Dans la forme et dans le fond c'est grandiose, à essayer le plus rapidement possible si ce n'est pas déjà fait.