A l’approche de ce duel, je n’avais peur que d’une chose : une certaine forme d’hypocrisie dans les votes. Et Dark Link m’a, dès 9h44, donné raison. Comment peut-on voter Reï
parce qu’elle va se prendre une rouste ? D’une, même si cette hypothèse devait être vérifiée, on n’en aurait strictement rien à secouer ; et de deux, comment peut-on le savoir
à 9h44, soit à peine une heure après le début des hostilités ? Si tout le monde faisait pareil, je n’ose même pas imaginer les conséquences désastreuses qu’un tel comportement pourrait engendrer. Sérieusement, les votes de compassion ou de prévision, pourquoi pas, mais je ne comprendrai jamais l’intérêt de faire ça dès le lever du soleil…
Que ce soit clair, j’adore Reï, et par conséquent, je ne m’évertuerai pas à la descendre plus que de raison ; de toute façon, vous le faites déjà suffisamment bien sans que je n’aie besoin d’y mettre mon grain de sel. Seulement, que Bullzor vous dise que le pan lunaire des déesses jumelles (comprendre par là Asuka/Reï, laule) enfonce toute concurrence parmi les personnages qui restent en course pour le titre de ce GT#3, c’est – disons – d’une pertinence tout à fait sienne. C’est-à-dire que ce qu’il avance est loin d’être la vérité qu’il décrit ; bien plus, ce serait même une sorte de publicité mensongère, présente uniquement dans le but de vous arracher un vote
logique. Je veux bien croire qu’EVA est une série d’une immense portée, fondatrice de tout un tas de trucs divers et variés, mais… Nausicaä, n’est-ce pas également une aura culte, une héroïne ayant marqué son temps, un modèle du genre ? N’enfonce-t-elle pas, elle aussi, toute concurrence parmi les personnages restants de ce GT#3 ? La question est posée, et pour moi, la réponse fuse, inévitable, évidente : oui, trois fois oui – oui, oui, oui.
Nausicaä c’est, de l’aveu de Miyazaki lui-même, la rencontre improbable entre deux personnages provenant de deux univers étonnement différents. C’est d’abord
L’Odyssée, ce récit épique de la littérature grecque. Princesse phénicienne, adepte de la harpe et du chant, communiant avec la nature par des jeux ainsi que par une grande sensibilité. C’est ensuite
Konjaku Monogatari, histoires qui sont maintenant du passé. Héroïne japonaise, elle aime les insectes, parcourant les plaines à la recherche de nouvelles merveilles, excentrique. C’est enfin
Nausicaä, chef-d’œuvre de Miyazaki. Princesse de la vallée du vent, elle possède un pouvoir mystique, celui de communiquer avec la nature. Fusion impensable entre ces deux Nausicaä, si éloignées l’une de l’autre et pourtant si proche, elle a gardé la sensibilité de la première, l’amour pour les insectes de la seconde, mais des deux, elle a surtout gardé son indépendance et son unicité.
Echappant aux contraintes sociales, d’un caractère hautement instinctif, elle agit selon ses émotions. Capable de s’émouvoir face à la magie des plantes, tout comme face au mouvement mystérieux des nuages, si elle semble a priori douce et apaisante, elle peut se révéler, de la même manière, violente et impulsive. D’ailleurs, elle a déjà ôté la vie. Lorsque son peuple est menacé, une colère incontrôlable s’empare d’elle et lui dicte ses actions. Alors son naturel pacifique veut qu’elle ait peur d’elle-même plus que de ses présumés ennemis. C’est qu’elle ne sait pas de quoi elle peut être capable car, résolument humaine, c’est aussi l’inconnu qui lui procure cette crainte permanente.
Fille de Jhil, Nausicaä est la seule descendante royale de la vallée du vent, ses frères étant tous décédés. Mature et responsable – avec toutefois cette touche de candeur qui la caractère –, attentive et résolue, elle n’en demeure pas moins une jeune fille simple et attachante, laquelle a besoin parfois des conseils de Yupa pour avancer. Il arrive à Nausicaä d’être éprise de doutes, perdue aux confins de ses propres limites, parce que derrière cette apparence idéale, elle est loin d’être parfaite. C’est précisément pour cette raison qu’elle n’en devient que plus exceptionnelle. Mais ses erreurs et ses faiblesses, on les lui pardonne volontiers, car par-delà cette sombre facette de sa personnalité, elle est dotée d’une empathie à nulle autre pareille. D’un regard, elle parviendra à apaiser Teto, pourtant jugé par Yupa lui-même comme étant sauvage. D’une simple phrase, elle parviendra à calmer la détresse de ses camarades pendant que leur avion s’écrase, allant pour ce faire jusqu’à risquer sa vie en respirant des spores toxiques. Nausicaä est davantage concernée par le bien-être d’autrui que par le sien propre – l’épisode Asbel en atteste sans mesure.
Nausicaä est tel le vent. Dès qu’on tente de l’attraper elle s’échappe. Mieux vaut donc ne pas la décrire plus. Contentons-nous de l’apprécier.
Vote sans hésiter pour mon personnage féminin préféré toutes séries confondues !
