Hum, lassitude, quand tu nous tiens... Il est certain que je maudis le hasard pour ce duel en particulier, car le très large anonymat de Rally sur le forum associé à la très grande popularité de la série du concurrent d'en face a de grande chance de provoquer la sortie, que je trouverai de toutes manières prématurée, de cette concurrente dans la joie et la bonne humeur collective. Mais bon, il ne sera pas dit qu'elle sera sortie de la compétition comme une réelle anonyme et qu'il ne soit pas tenté d'instiller un facteur de culpabilité chez ceux qui l'envoient valser sans regrets parce qu'elle est justement inconnue. Quelques leçons de base sur le thème
« Pourquoi il y a difficilement plus attractif que Rally dans la compétition ? ».
Leçon #1 : Vous n'avez pas remarqué que Rally a des gros Guns de partout ?!
Bah, il n'a pas été prouvé que le combo « Jeune femme + Armes à feu » a toujours été très vendeur depuis longtemps auprès du public masculin sur de très divers supports ? Si on se base sur la composition démographique du forum, ça devrait normalement être un argument qui interpelle une très large majorité de sa population... à moins que cette dernière n'ait renié ses sentiments les plus primaires de consommateur, auquel cas il faudra s'amuser un décortiquer quelque peu ce point-ci.
Si cela avait échappé à quelques personnes au fond de la salle, Rally est une chasseuse de prime de Chicago qui nous est contemporaine. Si cette activité l'amène déjà à se trimballer de la quincaillerie de manière massive, et plus particulièrement son
CZ75, Rally a une autre raison d'être à proximité d'armes à feu : elle est aussi une détaillante qui tient une boutique qui donne son nom à la série. Donc, on a le combo « Jeune femme + Armes à feu » de façon confirmée chez Rally, mais il ne faut pas oublier un point qui fait sa spécificité dans ce domaine : c'est le personnage principal ! Eh oui, ici, cette facette ne s'applique donc pas à un personnage secondaire qui sert de sidekick au héros masculin. Ici, c'est Rally, avant tout et n'importe qui, qui en remontre aux hommes dans un univers qui transpire la testostérone. Il n'est donc pas trop tiré par les cheveux d'affirmer que Rally possède déjà ce mérite qu'est celui de s'incarner de manière admirable dans une figure féminine principale qui régit un monde dévoué dans l'inconscient aux hommes.
Leçon #2 : Rally défonce les cartels de la drogue et vous ne soutenez même pas cet affrontement salvateur pour la société ?!
Bien qu'elle pourrait s'occuper de menues affaires pour remplir son compte en banque, et couler ainsi des jours paisibles tout en s'achetant des customs d'armes divers pour son plaisir, Rally s'ingénie à se fourrer perpétuellement dans les affaires du monde de la drogue. Rally voue une haine viscérale au produit sous toutes ses formes et ne se gêne pas pour plomber ceux qui en font le commerce dans les rues ou qui le dirigent depuis les hautes sphères de décision. Attention, Rally n'en est toutefois pas une justicière expéditive, elle essaye toujours d'amener un tant soit peu vivants les criminels devant la police et ne se substitue ainsi pas à la justice. Une lutte menée de manière « chevaleresque » qui amène les pires cas de conscience à Rally.
Si toi, derrière ton écran, tu as appris depuis
The Dark Knight que les criminels voient tout rouge quand on commence à les frapper en dehors des sentiers balisés, tu n'auras aucun mal à comprendre le rouage du cercle vicieux qui se trame autour de Rally. Évidemment, ces fameux criminels de Chicago s'organisent de manière à taper la méchante fillette qui nettoie les rues et les entrepôts de leurs produits, ils se mettent donc à placer sur son chemin des champions du crime organisé. Si l'un d'eux, l'as de l'asphalte Bean Bandit qui n'a rien d'un criminel si ce n'est jouer au
Transporteur, devient un soutien régulier, les autres veulent bien voir Rally passer l'arme à gauche. Ici, le concept des antagonistes pour Rally se base presque, selon moi, sur le schéma des Comics : l'ennemi ne s'abat pas forcément et renvoie tel un miroir aux contradictions intérieures du héros. Rally est donc mise en valeur par ces affrontements, et avant tout par celui contre Goldie, la baronne de la drogue venue toute droit d'Italie et qui, en plus d'être bien évidemment la plus mortelle ennemie de Rally, est son équivalent dans le monde du crime car elle est une femme qui impose son emprise sur un monde supposé très masculin. Rally évolue donc au milieu d'un univers assez glauque et qui ne lui fera aucun cadeau pour préserver sa morale ou tout simplement son équilibre : par exemple, les stratagèmes de Goldie l'obligeront bien souvent à utiliser diverses drogues sur des victimes de cette dernière, celle-ci les ayant rendus addicts contre leur gré quand ils étaient sous sa coupe. Et encore, c'est l'un des exemples les plus softs de ce qu'est obligée de faire Rally pour sauver la situation... Rally a donc cela aussi pour elle, être une héroïne à qui rien n'est épargné mais qui fait survivre une lueur salvatrice dans la crasse ambiante.
Leçon #3 : Rally adore les armes à feu car c'est sa libido qui le lui dicte ?!
L'institution culturelle de Boulogne-Billancourt m'a suggéré que c'était vendeur un tel sujet, donc on va verser sans subtilité dedans histoire de voir si ça peut vendre cette concurrente contre toutes attentes.
Tout d'abord, il faut savoir quelque chose sur la papa de Rally, celui qui l'a couché sur le papier dans les années 1990... C'est l'un des potes de Anno. *stupeur, vous ne pensiez pas que ça surgirait jusqu'ici, hein ?!* Je ne sais pas si c'était le leitmotiv de leur génération, mais Sonoda s'est intéressé lui aussi à travers son récit à la libido de ses personnages (celui au fond de la salle qui parle de FanService à peine déguisé aurait peut-être aussi raison, mais attendons avant de statuer). De manière très schématique, Rally est innocente, donc elle est virginale. À l'inverse, son amie et associée Minnie May est espiègle, donc elle est très expérimentée dans le domaine (ce à quoi est associé une histoire assez dérangeante d'un bordel à Chinatown à un âge qui rapproche le tout de la pédophilie, mais ça, c'est carrément une autre histoire). Présenté comme ça, c'est très simpliste comme vision des choses, mais c'est néanmoins utilisé de manière intelligente dans le récit. Par exemple, May n'a jamais manqué de faire remarquer à Rally que si elle fait ce métier, c'est pour se défouler de son manque d'action ailleurs. Mais là, ce n'est pas une question d'attractivité qui est en cause...
Ce caractère chez Rally devient ainsi dans le récit un angle déformant à la folie progressive de certains de ses adversaires. Il n'est pas rare de tomber sur des gars qui souhaitent lui faire passer l'arme à gauche pour s'amuser ensuite avec son cadavre. De même, sa plus grande ennemie Goldie est lesbienne et a pour ambition secondaire, outre détruire Rally jusqu'à ses plus profondes convictions ou idéaux, de faire d'elle un simple objet sexuel qui rejoindra sa « collection » de jeunes filles droguées. Là où Sonoda aurait adjoint de manière racoleuse cette thématique autour du package « jeune fille avec des armes à feu », il a au contraire introduit un produit qui renforce terriblement la dualité entre les idéaux de Rally et l'univers contre lequel elle se base. Et ça, ça donne bien évidemment un intérêt marqué à Rally.
En conclusion, si il y a des personnes généreuses qui souhaitent filer un coup de pouce à un personnage qui peut potentiellement se prendre une taule on ne peut plus imméritée dans ce duel, qu'elles le filent à Rally ! Avoir un personnage aussi cool qui part aussi vite, ça serait quelque peu dommageable.
