Tsutomu Takahashi
Voici l'un de mes mangaka favori, Tsutomu Takahashi, un homme qui fit son entrée dans le monde de la bande dessinée à la fin des années 80, en oeuvrant comme assistant pour le compte de
Kaiji Kawaguchi ("
Spirit of the Sun", "
Zipang"). Né à Tokyo en 1965, c'est donc dès 1989 que sa carrière de mangaka débutera avec "
Jiraishin". Un auteur qui verra sa renommé croître de plus en plus, tout d'abord en tant que scénariste, grâce à des oeuvres très dures dans des thèmes abordés avec sérieux et réalisme, mais aussi en tant que dessinateur grâce à un style inimitable, sombre et ultra nerveux. On notera d'ailleurs que parmi les assistants qui passèrent sous son coude, il est intéressant de remarquer la présence de certains grands noms du manga, comme
Tsutomu Nihei ("
Blame", "
Abara", "
Biomega"), ainsi que
Syuho Sato ("
Say Hello to Black Jack", "
L'île des téméraires"). Il se rapproche aussi du milieu cinématographique grâce à l'adaptation de quelques unes de ses oeuvres sur grand écran, en l'occurrence "
Sky High" et "
Alive".
Tsutomu Takahashi, un très, très grand nom du manga, pour moi placé sur une espèce de podium légendaire aux côtés d'Urasawa et Inoue, d'où je l'idolâtre tant ses différentes oeuvres m'ont transportées, me transportent encore aujourd'hui et me transporteront encore sans aucun doute dans les années à venir. Il est toutefois important de rappeler que les mangas de cet auteur sont à réserver à un public averti, pas tant pour une violence graphique très prononcée, mais plutôt par la difficulté des thèmes abordés, avec une vision souvent très sombre de la société. Il est clair que les personnages et les situations qu'il se plait à décrire sont loin d'être des modèles de vertu et contribuent à donner une espèce d'atmosphère déprimante à leurs oeuvres respectives.
Pour terminer, si je devais donner un défaut à ce mangaka et ses titres, ce serait le fait que la boîte ayant acquis les droits de la quasi totalité de ses mangas ne soit autre que Panini. Une acquisition malheureuse pour les fans quand on connaît un peu les hauts-faits de Panini en terme de publication. Une publication chaotique pour certaines séries, je pense notamment à Jiraishin dont je reparlerai plus tard, où à Sidooh, très certainement son oeuvre majeure, et qui fut en arrêt pendant plus de deux ans, alors que la publication originale dépassait celle en France de quatorze tomes... Heureusement, c’est avec une très agréable surprise que, d’après Manga News, une reprise aurait été annoncé pour un total de deux tomes par an (vu le retard pris, c’est assez peu...), et un tome 9 tant attendu pour décembre 2010. C’est en parti pour cette nouvelle chargée d’espoir que j’ai d’ailleurs eu envie de créer ce sujet et, peut être, intéresser certaines personnes à ce mangaka incontournable du seinen.
Un auteur incontournable pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin au seinen et aux bonnes histoires.
Deux oeuvres déjà cultes à découvrir de toute urgence :Sidooh
- 8 tomes (publication en cours - 22 tomes VO)
- Seinen
- 2005
- Panini
Pour commencer en beauté, voici tout simplement le meilleur de Tsutomu Takahashi, sans aucune hésitation et contestation possible ! Une oeuvre forte et magnifique qui s’illustre comme étant, au côté de Vagabond d’Inoue, le meilleur manga de samurai qui soit, et l'une des meilleurs BD qui m'ait été donné de lire. Rien que ça !
Contexte historique : En 1854, au Japon, le Commodore américain Matthew Perry force les portes du territoire japonais obligeant le pays à s'ouvrir aux voies commerciales avec l'étranger. S'ensuivra alors une profonde scission politique au sein du pays, entre le shogun et la noblesse japonaise qui conduira à une passation de pouvoir en 1868, mettant un terme à plus de 200 ans de l'ère d'Edo. Dans cette période politiquement instable où une ouverture internationale de l'état provoque contestations et une certaine forme de honte, le Japon est au plus mal. Cet état de fait est fortement accentué entre 1854 et 1860, une période connue sous le nom de Ansei, où, s'ajoutant aux problèmes de gouvernance, de terribles catastrophes s'abattent sur le pays. En 1855 un tremblement de terre de magnitude 6.9 frappe en son sein la ville d'Edo provoquant des dégâts considérables et faisant plus de 10.000 victimes. Loin de s’arranger, la situation va encore empirer dès 1858, où une effroyable épidémie de choléra ravage le Japon. Associant l'arrivée des étrangers aux causes de leur malheur et à la maladie, un profond sentiment de xénophobie se répandra alors. C’est sous ce contexte de grande misère, d'accentuation des disparités sociales et sous une montagne de cadavres, que débute notre histoire...
Voici l'histoire de deux frères...1858. Alors âgés de 14 et 10 ans, Shotaro et Gentaro Yukimura s'apprêtent à embrasser leur destinée. Témoignant des derniers mots et des dernières volontés de leur mère atteinte du choléra, Sho et Gen hériteront du sabre de leur défunt père se jurant de devenir forts et de survivre quoiqu'il advienne. Deux orphelins s'élanceront alors dans le monde sans en comprendre son sens, et feront alors la rencontre d'un homme qui aura une influence considérable sur leur destin, Kiyozo Asakura. Dès lors une nouvelle vie débutera pour eux au sein de la secte des "coeurs purs" où ils passeront tour à tour de marchandises, à esclaves, assassins et terroristes. Mais quelque soit leur situation, ses deux frères continueront de survivre envers et contre tout avec au centre de leur âme, le sabre.
Le Byakurentai, ou le Bataillon BlancSous ce nom se cache une redoutable organisation de six assassins créée par le leader de la secte des "coeurs purs", avec pour objectif principal de combattre le bakufu et d'aider à la chute du gouvernement afin de signaler leur colère quant à l'entrée dans le pays des "démons américains". Maître Rugi : Leader de la secte des "coeurs purs", une organisation malsaine, puissante et coupée de la pourriture du "monde d'en bas". Rugi est un homme dangereux, manipulateur et impitoyable. Il sait imposer sa volonté d'une façon très malsaine, et son influence est surtout dû à son charisme imposant et sa clairvoyance quant aux tournures politiques.
Kiyozo Asakura : Ce ronin, samurai sans maître, entretient des liens étroits avec la secte des "coeurs purs" tout en ayant toujours refusé de se soumettre à la volonté de Rugi et en prenant soin de maintenir un certain écart. C'est un homme intelligent et un samurai de renom. Il acceptera la mission de Rugi en devenant un brillant leader pour le Byakurentai.
Shotaro et Gentaro Yukimura : Les deux frères au centre de cette histoire. Deux garçons qui deviendront rapidement de redoutables escrimeurs mais au caractère bien distinct. Sho, l'aîné, est un jeune homme protecteur, habité par un désir de survivre inébranlable. Il est d'un naturel calme et réfléchi et est désireux d'apprendre et d'assimiler les connaissances qui animent ce monde. Gen, lui, est à l'exact opposé. Impétueux et impatient, c'est une véritable tête brûlée se jetant dans les problèmes sans se soucier des inquiétudes ou de la sécurité des siens. La seule personne qu'il écoute et respecte vraiment est son grand-frère, sinon Gen est un personnage haineux et toujours prêt pour sortir son sabre. Malgré leurs différences, ces deux-là restent extrêmement proches.
Ino Kennosuke : Un garçon grand et fort et vieille connaissance de Asakura. Tout d'abord réticent à l'idée d'intégrer des enfants tels que Gen et Sho dans leur groupe, il nouera très rapidement une relation de confiance et de rivalité avec Gen.
Samejima Tasuke : Jeune homme fin et de petite taille, sa discrétion et sa capacité à se déplacer rapidement et avec agilité font de lui l'espion et l'expert en renseignements du groupe.
Mozu : Seule femme du groupe et, du haut de ses 19 ans, est la plus âgée du Byakurentai après Asakura. C'est la personne idéale pour les missions d'infiltrations dû à sa très grande beauté qu'elle sait utiliser pour arriver à ses fins. Mais il ne faut pas s'y fier car Mozu reste une femme très dangereuse.
Mon avis :Avec Sidooh, je ne le répète jamais assez, mais Tsutomu Takahashi tient là son oeuvre phare et l'un des meilleurs mangas qui soit. Tout y est excellent. Un scénario prenant et dynamique dans lequel s'entremêle faits historiques à de la pure fiction. Des personnages tentant de survivre et de combattre un monde en proie à la folie, profondément attachants, voir bouleversants dans les moments les plus difficiles du manga. Un univers où le réalisme est de rigueur, rien ne nous est épargné, torture, viol, et, surtout, au niveau des combats, aussi violents que brefs. Les duels ne font pas d'artifices et ne s'attardent pas sur des chapitres entiers, au contraire les échanges ne se limitent qu'à quelques coups avant que l'un des deux opposants ne s'écroule. Aucun personnage n'est invincible, et le suspens instauré par le mangaka est tel, qu'on a vraiment l'impression que n'importe qui peut mourir subitement, y compris les deux héros. Ici, les sabres ne sont pas plus puissants que les balles, et on sent bien que la fin des samurai approche à grand pas, augmentant l'impression que la quête des héros n'a que peu d'espoir.
Un manga excellent qui vient de s'achever en prépublication et qui comptera au total 25 tomes, pour 8 tomes VF (snif...). En espérant une accélération du rythme de parution par Panini très prochainement et, s'il y a un seul manga de Tsutomu Takahashi à découvrir, c'est bien Sidooh. Une référence.
Bakuon Rettô
- 10 tomes (publication en cours - 14 tomes VO)
- Seinen
- 2003
- Kana
Et voici la seconde histoire longue du mangaka parue chez nous, une histoire un peu particulière par rapport à ses précédentes oeuvres, puisque, ici, il nous propose de nous ramener au tout début des années 1980 pour nous faire visiter un monde qu'il a aimé et côtoyé, le monde des Bosozoku... Avec ce manga, nous entrons dans l’oeuvre la plus personnelle de Tsutomu Takahashi.
Une autre facette de la jeunesse japonaiseLe manga, quel que soit le genre ou le public visé, a très souvent tendance à intégrer dans ses histoires les notions de zoku, ces jeunes en marge de la société constituant de multiples gangs de motards et réputés pour leur violence et leur opposition à toute forme d'autorité ("
GTO" de Fujisawa en étant le meilleur exemple). On les retrouve très souvent représentés dans la BD comme des éléments perturbateurs à l'avancée des héros et restent quand même très ancrés dans leur rôle, celui du gars bête et méchant terrorisant les plus faibles. Tsutomu Takahashi va ici développer cet univers en nous plongeant directement dans le quotidien de ces jeunes très souvent en état d'échec scolaire, coupant peu à peu les liens avec leurs familles, mais avec une passion commune, celle de protéger et d'honorer le nom de leur bande.
C'est ainsi qu'est introduit le personnage de Takashi Kase. Un garçon plutôt introverti, très calme et ne semblant montrer d'intérêt ou de motivation pour quoi que ce soit. Ses parents s'exilèrent eux-mêmes du centre de Tokyo pour une banlieue proche bien plus isolée en raison des mauvaises fréquentations de leur fils. Hélas pour eux, Takashi retombera très vite dans ses vieux travers grâce à la seule chose semblant être capable d'aviver une flamme en lui, la moto et par extension les bandes de zoku suscitant le mépris de tous. Ce jeune garçon va alors rapidement évoluer en jonglant entre une vie d'adolescent classique et son implication dans sa nouvelle famille.
Une oeuvre donc très proche de l'auteur qui nous raconte d'ailleurs son propre parcours sur les jaquettes de ses livres, de petits textes toujours très intéressants. L'évolution de Takashi reste assez troublante au début du manga. Il n'a absolument rien du voyou tel qu'on nous le dépeint si souvent à travers le manga. Il ne cause pas de problèmes, semble assez obéissant, et son physique même n'aide pas à comprendre la voie qu'il s'apprête à emprunter. Petit et sans aucun signes distinctifs, il va bien vite se transformer au côté de quelques amis collégiens, toujours à cause d'une véritable passion qui va de plus en plus s'affirmer, la moto et le désir de ressentir le frisson d'un monde à très grande vitesse. Il est comme mort au début de l'histoire et, lors de sa première virée, c'est comme si on lui découvrait enfin une immense force vitale l'envahissant.
Mais Tsutomu Takahashi ne tombe pas dans la facilité en nous livrant un manga reposant sur les côtés les plus connus des zoku et les desservant le plus, bagarres, rackets, ... Au contraire, un très grands nombres d'interactions et de situations seront ici décrites, toutes très différentes les unes des autres, tantôt violentes, tantôt tendres, et d'autres fois encore drôles et tout simplement très banales.
La petite vie mouvementée et ennuyeuse des ZokuCar ce sont bien ces deux aspects très différents l'un de l'autre qui vont perpétuellement s'opposer et donner à l'ensemble de l'oeuvre un réalisme et un intérêt certain.
Takashi et ses amis Mitsu et Maniyon vont donc intégrer l'une des bandes de zoku la plus réputée de la région, celle des Zeros. Cette intégration sera très bien mise en avant lors des grands rassemblements, ces moments où des centaines de motos défilent à toute allure dans les rues de Tokyo faisant rugir les pots d'échappements de leurs bolides et bataillant ferme pour faire face à leur pire ennemi, la police routière. Ces défilés là sont de purs moments de bonheur au niveau visuel, le mangaka s'en donnant à coeur joie en dessinant des doubles pages sublimes où l'on ressent parfaitement bien la notion de vitesse qu'il tente de retranscrire. En voyant toutes ces motos d'époque et la description qu'il en fait, on ressent bien la passion que partage l'auteur avec ses héros. Bien sûr, la vie de zoku que suit Takashi se veut aussi être une embarquée dans un monde assez violent. Une violence jamais gratuite et plutôt bien répartie pour qu'elle ne soit jamais omniprésente. Elle se présente surtout sous forme de conflits plus ou moins importants entre bandes rivales, où on assiste là à de grandes batailles bien bordéliques, ou une violence qui va se manifester dans le quotidien du héros.
L'oeuvre se base plus sur une envie de faire ressentir une certaine ambiance. Il le fait en nous dévoilant des personnages à la vie complètement déstructurée. On va notamment passer quelques années en compagnie de Takashi et voir son détachement de plus en plus profond par rapport à ce qu’était sa vie d’avant. Son rapport à la famille, à l’école, aux gens ordinaires ou aux filles. Abandonnant peu à peu tout ce qui fait le quotidien d’un jeune ordinaire, on s’apercevra bien vite que la vie d’un zoku peut paraître très ennuyeuse. Il ne s’y passera pas grand chose hors des grands rassemblements et leur vie au jour le jour reste d’une banalité incroyable. Ce que mettra un certain temps à comprendre Takashi, avant de véritablement commencer à s’interroger sur ce qu’il doit faire de son avenir. En tout cas, en regardant l’évolution de ce personnage du premier tome au dernier sorti, le volume dix, le contraste est saisissant et la maîtrise qu’a le mangaka pour faire vivre ces héros est encore une fois fascinante et passionnante à suivre.
Bakuon Rettô ou le monde des Bôsôzoku tel que vous ne l’avez jamais vu !
Trois histoires courtes, trois perles rares :Blue Heaven
- 3 tomes (série terminée)
- Seinen
- 2003
- Panini
Le Blue Heaven est un immense paquebot luxueux naviguant dans les eaux du Pacifique. En pleine nuit et au beau milieu de l'océan, alors que la fête bat son plein, les membres d'équipage croiseront alors la route d'un petit bateau de pêche à la dérive. Leur portant secours, ils trouveront à bord un homme à moitié mort, affaibli par la faim et la soif, et l'emmèneront d'urgence à bord de leur navire. En fouillant un peu plus en profondeur, ils trouveront alors un second survivant, caché, apeuré et traumatisé, sur les lieux de ce qu'il semble être un effroyable massacre... Et s'ils venaient d'accueillir à leur bord un monstre terrifiant et impitoyable ?
Critique :
Dès lors, pour le chef de la sécurité, Sano, la responsable des relations publiques, Yoshiko et l'homme mystérieux, un chassé-croisé angoissant et oppressant se mettra en place dans cette histoire en 24 chapitres. Et quand une riche famille représentant tout ce qu'il y a de pire dans l'humanité vient se mêler à la fête, les choses vont vite dégénérer à un point où plus personne sur le paquebot ne soit en sécurité.
Blue Heaven est une histoire courte et violente. Sans faire dans la démonstration gratuite de violence graphique, certaines scènes procurent vraiment un sentiment de gêne chez le lecteur. Notamment celles où apparaissent les membres de la famille qui va s'opposer à l'homme infiltré, des personnages au design et à l'attitude extrêmement dérangeante. Le personnage principal, cet homme énigmatique qui va être à l'origine de la catastrophe du Blue Heaven, est un personnage dégageant une classe et un charisme immense.
Le manga est loin d'être la plus grande réussite de Tsutomu Takahashi, mais la lecture reste néanmoins très divertissante par une très grosse dose d'action et de suspense. L'aspect le plus plaisant de ce livre selon moi, est le thème principal de l'histoire, une interrogation de l'auteur sur la capacité des hommes à vivre les uns avec les autres, quelques soient leurs origines. A de multiples reprises, que ce soit dans la narration ou dans les mots de certains de ses protagonistes, on s'aperçoit que le mangaka aime à comparer ce paquebot de luxe à une miniaturisation de notre planète. Ici, des personnes de tout horizon se sont rassemblés, principalement regroupés entre les américano-européens et les asiatiques, avec pour seul point commun l’argent. Et que se passe-t-il lorsqu’on introduit un élément dangereux ? Automatiquement, les différences entre les gens se font de plus en plus apparentes dans une escalade d’incompréhension et, fatalement, de violence. Pour reprendre une citation du manga que j’aime beaucoup :
« Ce bateau est à l’image de la Terre. Quoi qu’il advienne, nous sommes tous bloqués sur cette planète... Même si un malade décide de lancer dessus une bombe atomique.
Notre pauvre Terre ! Il suffit d’un forcené pour qu’elle s’écroule comme un château de cartes ! »
Une excellente bande dessinée qui, au-delà de la course à la violence et à l’action sur trois tomes, pose là de vraies questions et un regard sombre et fataliste sur le monde.
A découvrir.
Sky High Karma
- 2 tomes (série terminée)
- Seinen
- 2002
- Panini
Voici encore une fois une histoire très sombre et emprunte de surnaturel, qui, pour moi, reste peut être son oeuvre la moins intéressante, mais néanmoins représentant un passage nécessaire pour tout amateur du mangaka. C'est une histoire angoissante de vengeance et d'esprits malfaisants comme savent si bien le faire les japonais. L'héroïne de cette histoire, une jeune fille à l'avenir prometteur, fera une découverte effrayante à la suite d'un accident de voiture. Observant les radios prises suite à son accident, elle apercevra sur son crâne comme la trace d'une main fantomatique... Pas très réjouissant comme nouvelle. C'est en se rendant dans l'enceinte d'un temple que le débuts d'une enquête cauchemardesque débutera, lorsqu'un spectre mystérieux et vengeur lui apparaîtra. Dès lors, et aidé d'un jeune médium atteint de cécité, elle n'aura de cesse de combattre sa malédiction en recherchant les origines de sa possession. Et ces origines là risquent fort de la conduire à une révélation effroyable...
L'histoire est loin d'être mauvaise, mais reste toutefois bien moins originale que ses autres titres. Ce manga a le défaut de se confondre dans l'amas d'histoires de fantômes déjà existant. Après, c'est sûr, les qualités artistiques de Tsutomu Takahashi font que l'on retrouve des personnages qui campent à merveille leur rôle, et son trait est capable de nous procurer quelques frissons à l'apparition des spectres. Y a quelques éléments que j'aime particulièrement, notamment la relation de l'héroïne avec sa mère et les révélations chocs qui attendent le lecteur sur les origines de la malédiction.
Et, comme pour Alive, Sky High est lui aussi un manga quasiment introuvable de nos jours. Je sais que Tsutomu Takahashi a développé d'autres histoires autour de Sky High mais uniquement paru au Japon. Peut être aurons nous droit à une réimpression de l'oeuvre en plus de ses compléments, car début 2010, le mangaka annonçait une courte suite à sa série. Un jour, peut être...
Alive - One Shot
- Seinen
- 1999
- Panini
Ce thriller fantastique nous propose d'entrer dans une histoire malsaine et oppressante. Condamné à mort pour meurtre, le destin de Yashiro Tenshuu sera une nouvelle fois bouleversé grâce à une étrange proposition qui lui permettra d'échapper à son exécution. Lui et un autre condamné seront alors soumis à une expérience inquiétante et feront très bientôt la connaissance d'une jeune femme désespérée et possédée par une sorte de parasite...
Pas grand chose à en dire vu que le récit avance à un rythme très soutenu et ne s'étale que sur un seul volume. Certes, c'est de l'excellent Tsutomu Takahashi mais on en ressort forcément avec un léger goût de frustration à l'issu de la lecture tant on aurait voulu prolonger l'expérience offerte par ce manga. On nage complètement en territoire inconnu tout du long jusqu'à une fin assez brutale laissant place à la libre interprétation du lecteur pour répondre aux questions en suspens. En plus du récit principal, l'auteur nous propose à intervalles réguliers de nous faire découvrir le passé et les raisons qui ont conduit le héros à être accusé de meurtre.
On se retrouve au final avec tous les ingrédients qui ont su faire le succès du mangaka, des personnages très recherchés et profondément abîmés par la vie, une écriture dans la narration et les dialogues fluide et qui nous entraîne jusqu'à la dernière page sans temps mort, et un dessin sombre avec cette petite touche particulière qui lui permet de retranscrire une atmosphère quasiment palpable.
C'est en un tome, c'est court, c'est excellent, mais malheureusement quasiment introuvable de nos jours, dû à une politique de distribution et de réimpression catastrophique de la part de Panini. Je sais néanmoins que quelques tomes sont disponibles actuellement sur Amazon (mais en anglais) et qu'une adaptation cinématographique a été faite il y a quelques temps déjà (et que je n'ai pas vu).
Le manga intronisant le personnage de Tsutomu Takahashi :Jiraishin- 19 tomes (série terminée)
- Seinen
- 1993
Jiraishin, première de ses séries, est le manga pour lequel j'ai le moins de choses à dire puisque je ne l'ai tout simplement pas lu. Ce manga publié entre 1993 et 2000 rassemble au total dix-neuf tomes, ainsi qu'une version deluxe en huit tomes. Il me semble que les droits du titre furent obtenus par Panini (j'en suis absolument pas sûr), et reste encore à ce jour inédite de par chez nous.
C'est d'autant plus dommage que l'histoire de base paraissait plutôt bonne et qu'il est toujours intéressant de découvrir les premiers travaux d'un artiste afin de voir l'évolution de son dessin et de son écriture au cours du temps. pour la petite histoire, donc, le manga narrerait les aventures de Kyôya et Yamaki, deux inspecteurs un peu brutaux dans leur méthode et travaillant sur des affaires toutes plus sombres les unes que les autres, reflétant la part d'ombre de toute société moderne.
Donc, voilà, pas grand chose à en dire de plus, et qui sait, peut être que la sortie du neuvième de Sidooh lancera une nouvelle vague de réimpression et de réadaptation sur les titres de Tsutomu Takahashi. (on peut toujours rêver...).
En tout cas, ce mangaka est vraiment une perle au niveau de toute ces histoires qui prennent aux tripes. Un artiste proposant un graphisme d'une très grande beauté au service de scénarii extrêmement variés, entre la grande époque des samurai, une histoire fantastique de fantômes faisant froid dans le dos, de mystérieuses expériences scientifiques, d'un thriller oppressant ou d'un récit sur des tranches de vie de jeunes voyous, Tsutomu Takahashi est l'un de ces auteurs qui est capable de se renouveler à chaque fois. Il a énormément de choses à nous raconter, beaucoup de personnages à nous faire rencontrer et continue de se réinventer à chaque fois depuis plus de vingt ans avec une base très solide de fans totalement conquis par ses oeuvres.
Ses mangas ne sont pas forcément très faciles à trouver en librairie, mais je conseille vraiment la lecture de Sidooh et de Bakuon Rettô, encore disponibles sans trop de problèmes.
Voilà, voilà ! En espérant avoir pu intéressé certaines personnes, et qui sait, peut-être certains sur ce forum ont-ils déjà lu l'une de ses oeuvres ou sont tous simplement déjà fans du bonhomme ?